L`Amant - Théâtre du Grand Rond
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L`Amant - Théâtre du Grand Rond
Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » Une pièce de Harold Pinter Mis en scène : Denis Rey Avec Sylvie Maury et Denis Rey Création Lumières : Michael Vigier Visuel : Martin Catherine Construction décor : Cécile Maury L’AMANT. Résumé Richard : « La réalité est simple : je suis un homme marié qui ouvre les portes toutes grandes à l’amant de sa femme… l’après-midi, en tout cas, chaque fois qu’elle le désire. » Mariés depuis dix ans, Richard et Sarah se sont installés dans l’infidélité pour assurer la stabilité de leur couple. Ils ont opté pour un amour libre et minutieusement planifié. Sarah a un amant qu’elle reçoit plusieurs fois par semaine au domicile conjugal. Richard est tendrement prié de ne rentrer du bureau qu’après l’adultère consommé. La franchise faisant partie du contrat de mariage, ils s’organisent, se parlent, se dévoilent et la sincérité semble être une règle de vie intangible. Mais derrière cette transparence affichée se cache un couple un peu plus trouble qu’il n’y paraît et Harold Pinter se plait à transgresser les codes du vaudeville. Les dialogues, les sous-entendus et les silences retentissants laissent planer une menace… En brouillant les pistes, il nous montre des êtres en pleine métamorphose qui pour mieux résister au réel font de leur vie un spectacle. Quelques notes d’intentions. L’Amant est une pièce d’acteurs. Elle offre aux comédiens la possibilité de jouer des personnages qui eux mêmes s’amusent à en jouer d’autres, qui mettent en scène leur propre vie. Il s’agit de se travestir pour mieux échapper au réel, de magnifier son quotidien pour mieux le transcender. Derrière la retenue et la pudeur, l’auteur nous invite à la démesure. Ses personnages finissent par tomber le masque, mettent en scène leurs démons, sont les champions de la rupture et du dédoublement. Leur petite ronde se transforme vite en violente corrida. C’est dire s’ils donnent aux acteurs qui les interprètent de magnifiques occasions de jeu… Monter L’Amant, c’est vouloir se frotter à une écriture très ciselée, très musicale. C’est vouloir être au plus près du texte, de sa précision et de sa mécanique. Nous attacherons donc une importance aux didascalies, les actions proposées par l’auteur traduisant la difficulté qu’ont les personnages à communiquer. Nous respecterons scrupuleusement les temps et les silences qui parsèment les dialogues. Ils sont évidemment nécessaires aux jeux, aux enjeux, mais sont également parfaitement inscrit dans la partition. Le rythme en dépend. Le jeu Au début du spectacle, le jeu devra être le plus simple, le plus sincère, le plus naturaliste possible afin de laisser entendre l’écriture de Pinter qui à elle seule témoigne des fêlures des protagonistes. Les postures corporelles seront quant à elles très tenues afin de témoigner d’une certaine contrition dans le comportement des personnages. Puis le « rituel » des amants convoquera un jeu plus flamboyant, non réaliste, beaucoup plus burlesque. Quelque chose de l’ordre de la caricature, de l’imitation. Comme une sorte de sas de décompression pour Richard et Sarah… Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » Enfin, le dérèglement de la situation amènera un jeu tout en rupture, les rythmes et les états étant constamment bouleversés. Le but étant de perdre le partenaire comme le spectateur : jusqu’où le jeu de rôle s’arrêtera-il ? C’est du moins le parcours envisagé pour traduire le malaise qui envahit les personnages. La scénographie Un intérieur épuré, très graphique, fait d’éléments simples. Une image design. Un seul décor : des panneaux et des parallélépipèdes blancs ou colorés, rappelant peut-être le cubisme, les tableaux de Mondrian ou l’architecture constructiviste. Façon aussi d’évoquer le quotidien et l’utopie, le projet d’une nouvelle vie. L’idée étant de marquer l’équilibre apparent dans lequel les époux se sont organisés. Les costumes Des costumes classiques, voire neutres pour les époux. Un léger décalage venant éventuellement signifier l’étrangeté des personnages. Des tenues « vintages », très colorées, pour les amants, clin d’œil aux années soixante, à l’imagerie des séries télés britanniques. Les lumières Des lumières très douces qui se radicalisent sur la «grande séquence des amants». Du réalisme au psychédélisme ? Il s’agit donc d’inviter le déséquilibre chez un couple qui a pourtant tout fait pour organiser l’harmonie… Denis Rey. Extraits Richard d’une voix tendre : Ton amant vient aujourd’hui ? Sarah : Mmm-mm. Richard : A quelle heure ? Sarah : A trois heures. Richard : Vous avez l’intention de sortir, ou de rester ici ? Sarah : Oh… Je crois que nous allons rester ici. Richard : Tu ne m’avais pas dit que tu voulais aller à cette exposition ? Sarah : Si, si… mais aujourd’hui je crois que je préfère rester ici avec lui. Richard : Mmm-mm… Bon, il est temps que je parte. Il repasse dans le vestibule, prend son chapeau melon dans le placard et s’en coiffe. Il se retourne vers Sarah. Richard : Tu penses qu’il va rester très tard ? Sarah, avec un signe de tête affirmatif : Mmm-mm. Richard : Nous disons donc… six heures ? Sarah : Oui Richard : Bon après midi. Sarah : Mmm-mm. Richard : Au revoir Sarah : ‘voir Richard ouvre la porte et sort. Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » Petites biographies… Sylvie MAURY Né en 1982. Comédienne. Formé à Toulouse au Grenier Théâtre puis au Conservatoire national de région de 1997 à 2001. Elle a également participé à des stages de danse contemporaine, rythmes et claquettes. En 2001, elle rejoint la troupe Les Vagabonds dirigée par le metteur en scène toulousain Francis Azéma au Grenier Théâtre et au Théâtre du Pavé. Il joue dans toutes les créations de la Compagnie des auteurs aussi variés que Molière (« Tartuffe, peut-être », « Dom Juan », , Labiche, Handke (« Outrage au public »), Tchekhov (« La mouette »), Camus (« Les justes »), Lagarce («Derniers Remords avant l’oubli », «Juste la fin du monde »), Fosse. (« Hiver », « Visite » dont elle assure la mise en scène). Elle participe également à plusieurs spectacles de danse-théâtre au sein de la compagnie Les (Fu)rieuses dirigée par la chorégraphe Brigitte Fischer. Elle travaille également avec d’autres metteurs en scène de la région Midi-Pyrénées: Jean-Pierre Beauredon, Anne Lefèvre... Parallèlement à ses activités de comédienne, elle dirige plusieurs ateliers de formation adultes et adolescents et intervient en milieu scolaire dans les collèges et lycées de Toulouse. En 2010, elle créé, met en scène et interprète « Le cabaret canaille », un tour de chant sur des textes coquins, accompagnée au piano par Philippe Gelda Denis REY Né en 1965 à Belfort. Comédien. Formé à Paris à l’Atelier Ecole Charles Dullin, à la Sorbonne Nouvelle en études théâtrales et enfin au Grenier Maurice Sarrazin. Il est aussi diplômé de l’ENSATT Rue Blanche à Paris en éclairage et sonorisation de spectacles. C’est Maurice Sarrazin qui lui fait connaître Toulouse. En 1996, il rejoint la troupe Les Vagabonds dirigée par le metteur en scène toulousain Francis Azéma au Grenier Théâtre puis au Théâtre du Pavé. Il joue dans toutes les créations de la Compagnie des auteurs aussi variés que Molière, Rostand, Havel, Sarraute, Labiche, Handke, Tchekhov, Camus, Lagarce, Fosse... Parallèlement à ses activités de comédien, il dirige plusieurs ateliers de formation adultes et adolescents et intervient en milieu scolaire dans les collèges et lycées de Toulouse. En 2006, il décide de quitter la compagnie des Vagabonds et retrouve d’autres metteurs en scène de la région qu’il a déjà croisés : Jean-Pierre Beauredon, Maurice Sarrazin, Jean-Louis Hébré, Eric Vanelle, Arnaud Rykner, Anne Lefèvre... Avec eux, il apprécie de se confronter à des auteurs contemporains tels que Koltès, Copi, Albee, Visniec, Kermann, Levey… Il joue également en 2010 sous la direction de Laurent PELLY dans Funérailles d’hiver de Hanokh Levin au Théâtre National de Toulouse puis au Théâtre du Rond Point à Paris. En 2008, il se met en scène dans un solo de Serge Valletti Et puis, quand le jour s’est levé, je me suis endormie. Le spectacle continue à être joué sur Toulouse et en tournée. Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » Harold PINTER Harold Pinter, Prix Nobel de littérature en 2005, est né le 10 octobre 1930 à Londres, de parents juifs immigrés. L'antisémitisme joue un rôle important dans son envie d'écrire des pièces de théâtre. Il prend des cours de théâtre dans les écoles londoniennes les plus prestigieuses tout en publiant ses premiers poèmes dans des journaux. En 1957, la première pièce de Pinter, La Chambre, écrite en 4 jours, est présentée à l'université de Bristol. La même année, il en écrit une autre, Le Monte-plats, qui ne sera jouée qu'en 1960, après le succès de ses deux pièces suivantes, L’anniversaire et Le Gardien. Dès lors, il est considéré comme un grand du théâtre anglais. On crée même un terme autour de son nom, "Pinteresque", pour désigner ses pièces à la fois sombres et claustrophobiques, où la vie des personnages est irrémédiablement marquée par l'horreur et la culpabilité. Harold Pinter écrit également pour la radio, la télévision et surtout pour le cinéma, notamment en collaboration avec Joseph Losey pour les films The Servant et Accident. En 2005, il annonce qu'il arrête sa carrière de dramaturge pour se consacrer à la poésie. Dans le même temps, il se politise de plus en plus en prenant par exemple position contre le gouvernement Bush et l'intervention en Irak. Il décède le 24 décembre 2008. Parmi ses pièces les plus célèbres, on peut citer : La collection, Le retour, No man’s land, Trahisons, Hot-House… Pinter associe un style concis, fragmenté et syllogistique à une perception aiguë des métaphores de notre époque. C’est l’idée du mensonge qui ressort au cœur de l’œuvre. Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » La Presse LE CLOU DANS LA PLANCHE Un mariage sain, dit-elle Décidément, il y a comme un vent de Pinter qui souffle en ce moment sur Toulouse. Après la rarement montée Hot-House, donnée à l'Espace Bonnefoy en ce début d'année, voici l'œuvre célébrissime présentée à la Cave Poésie : L'Amant bien sûr, pièce qui fit date, tout comme sa mise en scène française par Claude Régy en 1965 – avec Jean Rochefort, qu'on imagine délicieux… Et depuis, des cortèges de metteurs en scène et de comédiens se livrant à l'inconfortable et redoutable partition de l'auteur, en oubliant parfois le doigté, l'esprit so british, le carcan dramaturgique. Autant d'occasions de s'y fourvoyer. Denis Rey, lui, a décidé de pourvoir et à la direction, et au jeu : on ne le voit pas si souvent metteur en scène, n'est-ce pas, en revanche les spectateurs reconnaîtront en lui un comédien à qui les matières conjugales sont familières (récemment, La maison et le zoo ; avant cela, Qui a peur de Virginia Woolf ?…). Quant au rôle féminin clé, sa distribution surprendra seulement ceux qui gardent en tête Pour rire, pour passer le temps – pièce aux antipodes, dans laquelle Sylvie Maury donnait à Denis Rey (parmi d'autres) des répliques d'un style fort différent. Et pourtant, combien de pièces n'ont-ils pas joué ensemble dans la compagnie des Vagabonds… Bref, un duo-trio d'acteurs qui s'annonçait complice – cette belle première en fut la preuve. "Une vie merveilleusement équilibrée" Il faut se figurer le contexte, sous peine de perdre le sel de la pièce. Alors oui, naturellement ses problématiques sont atemporelles et concernent le couple lambda, il n'empêche, on ne me l'enlèvera pas : son piquant tient beaucoup à une certaine société. Prenez l'épouse, elle garderait presque son grand E : une femme sans enfants, certes, mais au foyer tout de même. Nul autre emploi que celui qui consiste à choyer son mari, à lui cuisiner son dîner (si possible "chaud"...). Le mari qui, justement, travaille au sacro-saint bureau, avec ses fameux horaires à l'élasticité appréciable. Prenez enfin le pays : il le faut, sous peine de ne pas goûter la saveur de cette fameuse "heure du thé", symbole d'un rituel quotidien malmené au cœur. Bref, figurez-vous un couple d'Anglais dans les années 60. Sarah est de ces épouses qui reçoivent. Un après-midi par-ci, un par là, de préférence après l'heure du déjeuner et avant celle des retours de bureau – au pire elle demande, telle une enfant qui souhaiterait un sucre de plus, une petite rallonge. Car non, Richard n'est pas de ces époux qui ignorent l'adultère : il sait et elle dit tout, depuis toujours. Et d'ailleurs, partant de là, il semble difficile de parler d'infidélité. Sur leur front, l'étiquette "honnêteté" se dispute à celle de "liberté" et ils s'en gargarisent… Jusqu'à ce que le mari, un beau soir, commence à s'intéresser à "l'heure du thé". Jusqu'à ce que l'épouse, un beau soir, commence à exiger la même transparence. On aurait attendu le mot "maîtresse", c'eût été justice, penseront certains : non, c'est "pute" qui s'impose sans pudeur, avec l'explication attenante – la double vie sexuelle répond à des besoins différents pour les femmes et les hommes, etc… Ce hic dans le reflet sera-t-il le quatrième personnage d'un trio déjà complexe? Du trio amoureux selon Pinter On s'arrête là en ce qui concerne la fable, pour ceux qui auraient encore leur pucelage. Du reste, le final n'est rien sans l'esprit du texte mené depuis la première minute : cette nécessité de voir se grignoter un couple d'une terrible banalité. On s'y attendait pour l'avoir déjà vu à l'œuvre, Denis Rey excelle en la matière : il est de ces comédiens au charisme paisible et sûr, dont la justesse de ton et de rythme, de gestes menus, imposent un réalisme à toute épreuve. On le voit, on y croit, à ce mari plein d'un amour débonnaire, mangé de curiosité, osant à peine rompre le serment et interroger sa femme. On aperçoit et la devanture, et la fissure. On le voit Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » également, cet amant (Max) aussi joueur que maladroit, puis soudainement las et cruel – on y croit, à cette lâcheté masculine écrite par un homme. A ce désir de scénarios sexuels, ces brefs films que les amants se jouent, qui semblent être autant de fictions esquissées pour sauver du quotidien. Et quand la pelote se dévide, quand les notions de jeu et de fiction s'emballent et se mêlent, le fil dramaturgique est joliment tenu – pourtant, la partition serrée de Pinter ne tolère pas d'écart. C'est alors que la pièce profite réellement à Sylvie Maury, jusque là maintenue dans une écriture très balisée, stéréotypée, et qui prend enfin son ampleur : doute, colère, terreur même à l'idée que son monde double, idéalement complet et équilibré, ne s'écroule. Dans ces moments charnières, il y aurait peut-être quelque montée dramatique à tirer de la mise en scène, en travaillant davantage le face-public, en étirant un peu plus les instants finaux qui pour l'heure se retournent très vite. Mais c'est là pinaillage, exigences sur de petits détails car dans l'ensemble le doigté est trouvé. Il tient aux minuscules références dans le décor, aux indices de rupture, au choix de l'humour corrosif parfois, bref au peu que le dramaturge autorise – car admettons-le, la pièce laisse peu de marge pour la mise en scène et l'invasif serait ici de mauvais goût. C'est d'ailleurs là le défaut de l'écriture autant que sa qualité : les rails sont si solides que l'inventivité d'un metteur en scène reste muselée et qu'on ne peut guère être surpris, sinon en négatif. Clairement, L'Amant n'est pas de ces pièces que l'on revoit cinquante fois, ou alors simplement pour se régaler de ce "trio" acidulé - quand il est ainsi mené - et pour… pinailler, justement. Car après tout, on aime bien ça. || Le 18/01/12 Manon Ona DIRECT MATIN Les faux adultères Il fallait bien que ces deux là se retrouvent. Réunis avec bonheur, la saison dernière, par Anne Lefèvre dans Pour rire, pour passer le temps, Sylvie Maury et Denis Rey créent à la Cave Poésie L’Amant d’Harold Pinter, avec un brio que n’entachait, mardi, que l’imperceptible tension des premières. « Tu vois ton amant aujourd’hui ? » Posée avec la plus grande bonhommie, la question cueille le spectateur dès la première réplique. Car Sarah et Richard, couple bourgeois à la vie bien réglée, ne connaît des unions sans histoire que l’apparence. Deux à trois fois par semaine, elle, reçoit son amant l’après-midi. Deux à trois fois par semaine, lui, l’interroge sur sa journée, évoquant sans émotion cette relation qui ne suscite en lui rien de plus que la curiosité tranquille portée au quotidien. Les choses, on le devine, ne sont pourtant pas si simples et le cours des jours, des conversations, finit par révéler les détours de ces amours troubles, nichés dans l’identité réelle de Max l’amant et de cette « pute » que lui fréquente, les mêmes après-midis. Il y a comme un parfum de Qui a peur de Virginia Woolf ? mais à l’anglaise, dans ce texte dont l‘efficacité tient à une mécanique aussi précise que celle du vaudeville, auquel il emprunte un très familier triangle amoureux qu’il détourne et distord avec maestria. Rompus à l’interprétation des passions tortueuses, des amours dévoyées aux apparences trompeuses, Sylvie Maury et Denis Rey se coulent sans peine dans le rythme implacable d’un texte qui n’admet ni coupure, ni retouche. On ne pouvait rêver mieux que ces acteurs pour ces rôles-là. Justes, précis, jouant avec finesse des contrastes du banal et du flamboyant, de la sérénité et de la violence, le rire qu’ils font naître laisse vite place à l’inconfort que suscite la compréhension malaisée de ce qui les lie : un désespoir d’aimer portée jusqu’à la perversion. Le 19/01/12 Jacques-Olivier Badia Cave Poésie René Gouzenne « L’Amant » LA DEPECHE DU MIDI Le bel « Amant » de la Cave Po Formidables interprétations que celles de Sylvie Maury et de Denis Rey dans « L’Amant » d’Harold Pinter donné en ce moment à la Cave Poésie, à Toulouse. Le plaisir suscité par le superbe numéro d’acteurs qu’autorise une intrigue aux revirements radicaux a de quoi réjouir le spectateur le plus blasé. Une histoire de couple « libre » aux rapports « transparents » qui commence dans un climat de tolérance courtoise se mue en un duel aux fondements de jalousie et d’amour propre bafoué des plus classiques. L’interprétation des deux acteurs est à la fois vraisemblable et si caricatural qu’on applaudit des deux mains. Autre plaisir franc : celui d’une mise en scène inspirée et pleine d’humour du même Denis Rey. On retiendra le désopilant numéro de charme de Sylvie Maury. On saluera son talent d’actrice capable d’être aussi bonne dans « La douleur » de Duras que dans ce vaudeville et l’égal de Denis Rey, acteur subtil et juste quelque soit l’auteur contemporain qu’il serve, ici, dans le double rôle du mari complaisant puis révolté et de l’amant fantasque au mari volage culpabilisé. Courez-y, vous ne le regretterez pas, si vous avez la chance de trouver encore des places ! Le 20/01/12 Annie Hennequin