dossier spectacle

Transcription

dossier spectacle
présente
Salomé
Variation polyphonique
d’Oscar Wilde
Mise en scène
Jérémie Le Louët
En tournée en 2011/2012
Création les 13 et 14 janvier 2011
à l’ECAMau Kremlin-Bicêtre
La Compagnie des Dramaticules
42/44 rue Cauchy - 94110 Arcueil
www.dramaticules.fr
01.55.01.04.53
Diffusion Noémie Guedj
06.99.38.15.30
[email protected]
De la musique dans le théâtre
Avec Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Noémie Guedj, Katarzyna Krotki,
Jérémie Le Louët, David Maison et Stéphane Mercoyrol
Scénographie et costumes Christophe Barthès de Ruyter
Lumières Jean-Luc Chanonat
Son Simon Denis
« Si vous dansez pour moi, vous pourrez me demander tout ce
que vous voudrez et je vous le donnerai. »
Tirée des Evangiles, l'histoire est célèbre : un soir de pleine
lune, Hérode, Tétrarque de Galilée, demande à sa belle-fille,
la jeune et troublante Salomé, de danser pour lui. En contrepartie, elle exige de lui la tête du prophète Iokanaan, qu’il
retient prisonnier.
Salomé fait partie des rares œuvres écrites en français par un
écrivain anglophone. Lorsqu’il séjourne à Paris en 1891, Oscar
Wilde a déjà lu l’Hérodias de Flaubert, À rebours de Huysmans
et les pièces de Maeterlinck. Il fréquente « les Mardis » de Mallarmé (dont il lit l’Hérodiade) et y côtoie les poètes français
de son époque. Salomé est le fruit de ces lectures et de sa fascination pour la langue française.
« Pour moi, il n’existe que deux langues : le français et le grec. »
Oscar Wilde
Il pense à Sarah Bernard pour créer le rôle titre à Londres en
1892 mais la pièce est censurée. La première a lieu à Paris le
11 février 1896 dans l’audacieux Théâtre de l’Oeuvre (théâtre
des symbolistes que dirige Lugné-Poe), quelques mois avant la
création d'Ubu Roi d’Alfred Jarry.
Salomé est un météore dans l’œuvre théâtrale de Wilde, l'une
des oeuvres les plus représentatives de l’esprit décadent, avec
ses intentions parodiques, ses hommages et ses grincements
de dents. Les enjeux sont universels et intemporels : la tentation, la foi, la loi. Dans un déferlement verbal empreint
d’exotisme et de sonorités baroques, Wilde fait chanter à ses
personnages toute la gamme des sentiments, dans l’harmonie
et la dissonance. Il leur confère une ambivalence radicale,
troublante, qui alterne le ridicule et le sublime, le pathétique
et le terrifiant. Rongés par le désir, la démence et la haine,
les personnages de Salomé sont traqués dans leurs fantasmes,
à l'instar de Wilde lui-même qui devra répondre devant un tribunal de son homosexualité.
En 2010, à une époque où l’on n’a jamais autant légiféré sur
le fait religieux et où la pornographie est une esthétique
convenue, j’ai souhaité questionner le désir dans une société
décadente et fanatique, celle de la Galilée d’Hérode et la
nôtre.
« Tout ce qui est dans l'amour, dans le crime, dans la guerre
ou dans la folie, il faut que le Théâtre nous le rende, s'il
veut retrouver sa nécessité »
Antonin Artaud, Le théâtre et son double
L'acteur est souvent prisonnier du sens littéral des mots, empêtré dans la syntaxe et la psychologie. Le sentiment est alors
véhiculé de manière démagogique, psychologique et stéréotypée. Salomé, par l’utilisation persistante des leitmotivs, des
pauses, des silences, des tirades enflammées et des violentes
ruptures boulevardières, résiste à une approche psychologique
ou conventionnelle.
Je demande aux acteurs de se méfier de la prosodie officielle,
de faire confiance à l’intensité du verbe, aux souffles musicaux mais sans posture formelle, pour rendre compte de l’isolement lunaire des personnages.
« Il est certain qu’à chaque sentiment, à chaque mouvement de l’esprit, à chaque bondissement de l’affectivité humaine correspond un souffle qui lui appartient.»
Antonin Artaud, Un athlétisme affectif
La poésie précieuse, le sarcasme fiévreux, le lyrisme incandescent et la structure de la pièce proche de celle d’un opéra
sont le terrain idéal pour interroger l'art de l'acteur. Ce sont
autant d'invitations au « sprechgesang » (parlé-chanté), « souffle » que je n’ai de cesse d’explorer depuis la création de la
Compagnie des Dramaticules.
Jérémie Le Louët
Extrait
« C'est beau et sombre comme un chapitre de l'apocalypse. »
Pierre Loti
« Salomé est un opéra, une variation polyphonique sur le rapport entre l’art et la nature. »
James Joyce
HERODE : Ecoutez. J'ai des bijoux cachés ici que même
votre mère n'a jamais vus, des bijoux tout à fait extraordinaires.
J'ai un collier de perles à quatre rangs. On dirait des lunes
enchaînées de rayons d'argent. On dirait cinquante lunes
captives dans un filet d'or.
Une reine l'a porté sur l'ivoire de ses seins.
Toi, quand tu le porteras, tu seras aussi belle qu'une reine.
J'ai des améthystes de deux espèces. Une qui est noire
comme le vin. L'autre qui est rouge comme du vin qu'on a
coloré avec de l'eau.
J'ai des topazes jaunes comme les yeux des tigres, et des
topazes roses comme les yeux des pigeons, et des topazes
vertes comme les yeux des chats.
J'ai des opales qui brûlent toujours avec une flamme qui est
très froide, des opales qui attristent les esprits et ont peur
des ténèbres.
J'ai des onyx semblables aux prunelles d'une morte.
J'ai des sélénites qui changent quand la lune change et deviennent pâles quand elles voient le soleil.
J'ai des saphirs grands comme des oeufs et bleus comme des fleurs bleues.
La mer erre dedans, et la lune ne vient jamais troubler le bleu de ses flots.
J'ai des chrysolithes et des béryls, j'ai des chrysoprases et des rubis, j'ai des sardonyx et des hyacinthes, et des calcédoines et
je vous les donnerai tous, mais tous, et j'ajouterai d'autres choses.
Le roi des Indes vient justement de m'envoyer quatre éventails faits de plumes de perroquets, et le roi de Numidie une robe
faite de plumes d'autruche.
J'ai un crystal qu'il n'est pas permis aux femmes de voir et que même les jeunes hommes ne doivent regarder qu'après avoir été
flagellés de verges.
Dans un coffret de nacre j'ai trois turquoises merveilleuses.
Quand on les porte sur le front on peut imaginer des choses qui n'existent pas, et quand on les porte dans la main on peut
rendre les femmes stériles.
Ce sont des trésors de grande valeur. Ce sont des trésors sans prix. Et ce n'est pas tout.
Dans un coffret d'ébène j'ai deux coupes d'ambre qui ressemblent à des pommes d'or.
Si un ennemi verse du poison dans ces coupes elles deviennent comme des pommes d'argent.
Dans un coffret incrusté d'ambre j'ai des sandales incrustées de verre.
J'ai des manteaux qui viennent du pays des Sères, et des bracelets garnis d'escarboucles et de jade qui viennent de la ville d'Euphrate... Enfin, que veux-tu, Salomé ?
Dis-moi ce que tu désires et je te le donnerai.
Je te donnerai tout ce que tu demanderas, sauf une chose.
Je te donnerai tout ce que je possède, sauf une vie.
Je te donnerai le manteau du grand prêtre.
Je te donnerai le voile du sanctuaire.
LES JUIFS : Oh ! Oh !
SALOMÉ : Donnez-moi la tête d'Iokanaan.
HÉRODE s'affaissant sur son siège : Qu'on lui donne ce qu'elle demande ! C'est bien la fille de sa mère !
Parcours
Jérémie Le Louët, metteur en scène
Il effectue sa formation théâtrale dans les classes de Michel Fau et Stéphane Auvray-Nauroy.
Entre 1999 et 2002, il joue notamment dans Elle de Jean Genet au Théâtre le Colombier, Marion
Delorme et Le roi s’amuse de Victor Hugo au Théâtre du Marais, Occupe-toi d’Amélie de Georges
Feydeau au Théâtre le Trianon.
En octobre 2002, il réunit un groupe de comédiens de sa génération avec lesquels naît la Compagnie des Dramaticules. Dès lors, il interroge les notions d’interprétation et de représentation
en portant un regard critique sur l’Acteur et en défendant le lyrisme et le grotesque ; ce grotesque,
qui renvoie inexorablement à la condition dérisoire de l’homme, prend sa source dans le ridicule,
le pathétique et le terrifiant.
En février 2003, il crée Macbett de Ionesco au Théâtre Le Proscenium. Il y pose les bases de son
travail sur le tempo, la dynamique et le phrasé. En octobre 2004, il illustre, par un prologue, la
Symphonie Pastorale de Beethoven interprétée par l’Orchestre de Paris, sous la direction de
Marek Janowski, au Théâtre Mogador. En 2005, il présente une recréation de Macbett de Ionesco
au Théâtre 13, et y interprète le rôle de Duncan. Il joue ensuite le rôle de l’Officiant dans Rated
X, création d’Angelo Pavia présentée à la MC93 à Bobigny en septembre 2006. En décembre
2007, il met en scène Hot House d'Harold Pinter, spectacle dans lequel il interprète le rôle de Lush. En janvier 2009, il met en
scène Un Pinocchio de moins ! d'après Les aventures de Pinocchio de Carlo Collodi, il interprète les rôles de Geppetto, Mangefeu,
le Grillon-qui-parle... Il crée Le Horla de Maupassant au festival d’Avignon 2010. Il interprète Hérode dans Salomé d’Oscar
Wilde, qu’il met en scène en janvier 2011.
La Compagnie des Dramaticules
2004/2005
Création de Macbett d’Eugène Ionesco au Théâtre 13 à Paris
Festival d’Avignon 2006
Reprise de Macbett au Théâtre du Balcon
2007/2008
Création de Hot House d’Harold Pinter au Théâtre de Cachan - Jacques Carat
Création de Arrêt de jeu, forme courte autour d'Harold Pinter
Festival d’Avignon 2008
Reprise de Hot House au Théâtre du Balcon
2008/2009
Création de Un Pinocchio de moins ! d'après Collodi au Théâtre Romain Rolland, scène conventionnée de Villejuif
Création de Affabulations, forme courte autour des Fables de La Fontaine
2009/2010
Création de Plus belle la vie d’une compagnie, feuilleton en trois épisodes à la Grange Dimière à Fresnes
Festival d'Avignon 2010
Création du Horla de Guy de Maupassant au Théâtre Le Petit Chien
Reprise de Macbett au Théâtre Le Petit Louvre
2010/2011
Création de Salomé d'Oscar Wilde à l’Espace Culturel André Malraux au Kremlin-Bicêtre
Création des Décadents, forme courte autour des conteurs français de la fin du 19ème siècle
Les résidences
2007/2011
Résidence sur la Communauté d'Agglomération du Val de Bièvre (Arcueil, Cachan, Fresnes, Gentilly, Le Kremlin-Bicêtre, L’Haÿles-Roses et Villejuif)
2011/2013
Résidence à l’Arc-En-Ciel, Théâtre de Rungis
Oscar Wilde
Oscar Wilde est né à Dublin le 16 Octobre 1854, d’un père chirurgien très célèbre et d’une mère poètesse. Il perd sa soeur
cadette en 1867 et en gardera un traumatisme profond. Il acquiert au Trinity College de Dublin la passion de la littérature et
de la culture grecques. A Oxford où il étudie entre 1874 et 1878, il lit Pater et Ruskin qui deviennent ses deux maîtres à
penser et lui font découvrir la valeur fondamentale de l’esthétique et suscitent en lui un vif intérêt pour la religion (le catholicisme en particulier).
En 1878, il remporte le prix de poésie de Newdigate avec Ravenne. Il s’installe ensuite à Londres en 1879. Ses traits d’esprit
et ses excentricités le rendent rapidement célèbre. En 1881, ses poèmes connaissent un grand succès. En 1882, il donne aux
Etats-Unis et au Canada une série de conférences sur le préraphaélisme et l’esthétisme.
En 1884, il épouse Constance Lloyd, qui lui donnera deux fils. Le prince heureux qu’il écrit en 1888, marque le début d’une
période d’écriture des plus prolifiques. En 1891, il tombe amoureux du fils du Marquis de Queensberry, Lord Alfred Douglas,
qui lui fait connaître les milieux clandestins de la prostitution masculine. Il publie parmi d’autres oeuvres ses Intentions
(1891), dialogues et essais de critique esthétique et Le portrait de Dorian Gray (1891), un roman décadent, en partie inspiré
de celui de J.K. Huysmans, A rebours (1884). Il contribue très largement à un nouvel essor de la comédie anglaise avec
L’éventail de Lady Windermere (1893), Une femme sans importance (1894), Un mari idéal (1895) et L’importance d’être
constant (1895).
En 1895, Oscar Wilde est accusé publiquement par le père de son amant de pratique homosexuelle et est condamné à deux
ans de travaux forcés à la prison de Reading. Il y écrit De Profundis, une longue lettre à Alfred Douglas. Après sa libération,
il écrit La ballade de la geôle de Readind. Ruiné et moralement très affaibli, il se réfugie en France en 1898, sous le pseudonyme de Sébastien Melmoth. Il meurt à Paris dans la misère et la solitude le 30 novembre 1900.
Bibliographie
Ravanna, 1878
Véra ou les nihilistes, 1880
La Duchesse de Padoue, 1883
Le Fantôme de Canterville, 1887
Le prince heureux, 1888
Le Portrait de Mr. W.H., 1889
Le portrait de Dorian Gray, 1891
Le crime de Lord Arthur Savile, 1891
Intentions, 1891
Une maison de grenades, 1891
Une femme sans importance, 1893
L'éventail de Lady Windermere, 1893
Poèmes en prose, 1894
Le sphinx sans secret, 1894
De l'importance d'être constant, 1895
Un mari idéal, 1895
Salomé, 1896
La ballade de la geôle de Reading,1898
De profundis, 1905
Calendrier
La production
Production La Compagnie des Dramaticules
Coproduction Théâtre des Quartiers d'Ivry, Théâtre de Saint-Maur, l’Espace Culturel André Malraux au KremlinBicêtre, L’Arc-En-Ciel Théâtre de Rungis
Avec l’aide à la création de la Communauté d’Agglomération du Val de Bièvre du Conseil Général du Val-deMarne et de la région Ile-de-France
Les représentations 2010/2011
Création le 13 et 14 janvier 2011 à 20h30 à l'Espace Culturel André Malraux au Kremlin-Bicêtre
Le 21 et 22 janvier 2011 à 21h à l'Arc-en-Ciel Théâtre de Rungis
Le 03 et 04 février 2011 à 20h30 au Théâtre de Cachan
Du 09 au 11 février 2011 à 20h30 au Théâtre de l'Ouest Parisien à Boulogne-Billancourt
Le 18 mars 2011 à 20h30 au Théâtre de Saint-Maur
Le 22 mars 2011 à 20h30 à l’Auditorium-Théâtre de Poitiers
En tournée de mars à mai 2012
La presse
Une « Salomé » au souffle somptueux
Sous la houlette d’un Jérémie Le Louët, « Salomé » électrise la scène théâtrale. « La fille tragique de la passion » décapite la
tête du public et emporte notre adhésion. Loin de nous livrer des réponses sur cet ovni théâtral d’Oscar Wilde, le metteur en
scène entretient son mystère dans une version superbe et diablement « décadente ».
Vierge effarouchée ou garce magnifique ? Salomé est une des figures les plus problématiques du Livre saint. Avant qu’Oscar
Wilde ne s’empare du sujet, cette jeune fille, qui ose réclamer la tête de Jean Baptiste, avait un statut déjà étrange dans la
Bible. La proie est donc toute trouvée pour les écrivains « fin de siècle » : sous leur plume « décadente », elle devient une
Vénus pervertie, belle et hideuse tout à la fois, mais résolument insaisissable. Wilde entretient donc cette ambiguïté troublante.
Et Jérémie Le Louët l’a bien compris : en mettant au diapason la cadence du débit des comédiens et la note formelle et musicale
du texte, le jeu est vu par la lorgnette de l’étrange et du bizarre. Dans cette « variation polyphonique » (sous-titre donné au
spectacle), ce directeur d’acteurs a su insuffler une dimension « à rebours » si nécessaire aux personnages lunaires de Wilde.
À lire ces lignes, on pourrait croire qu’un tel jeu devienne vite artificiel et redondant. Pas si les comédiens empoignent leurs
tirades avec justesse et profondeur. C’est là tout le paradoxe, mais aussi le résultat d’un beau travail mené sur la voix et sur
le souffle depuis la création de la Cie Les Dramaticules. La respiration de la phrase est quasi pneumatique, déposant délicatement à l’oreille du spectateur – tel le souffle du zéphyr – un verbe d’une beauté ahurissante. Une façon de jouer qu’on n’avait
plus vue depuis belle lurette au théâtre. Et une pièce qu’on a aimé redécouvrir dans ce beau « parlé-chanté » des comédiens.
Dans ce jeu d’équilibre, chaque personnage évolue sur une corde raide. Pour certains, ils sont tels des funambules qui tentent,
désespérément, de ne pas basculer dans la folie ou dans le néant. Pour d’autres, ils sont désincarnés et protéiformes. C’est le
cas de Salomé, à qui Noémie Guedj donne vie. La voix est éthérée, le corps léger, comme si la jeune fille évanescente se mettait
à flotter : l’allure est quasi immatérielle. Avec ses grands yeux de myope et sa diction à couper le souffle, la comédienne réussit
à donner ce tour insaisissable, si propre au rôle. Un air chaud et froid plane sur le plateau.
Le Louët vise juste
Comment Iokanaan peut-il résister ? Sur nous, l’hypnose est puissante. Et le clou du spectacle reste bien dans « la danse des
sept voiles » tant attendue. Sans révéler la parade, disons que Salomé ne défie plus les canons de la beauté, et le rire surgit là
où on l’attendait le moins. Le Louët vise juste : il traduit la Vénus déchue et dégradée des poètes symbolistes. Et cette danse
dénonce les désirs et les fantasmes qui éclatent en pustules purulentes sur une société fanatique. La nôtre ? Allez savoir ? Cette
Salomé est un magnifique magma subversif.
À se demander même si Jérémie Le Louët n’a pas trouvé son inspiration dans un des Esseintes pour composer cette créature !
Enfin une Salomé « surhumaine et étrange » ! Enfin se matérialise « la déité symbolique de l’indestructible Luxure, la déesse
de l’immortelle Hystérie, la Beauté maudite […] la Bête monstrueuse, indifférente, irresponsable, insensible, empoisonnant,
de même que l’Hélène antique, tout ce qui l’approche, tout ce qui la voit, tout ce qu’elle touche ». Ainsi, ce metteur en scène
(ajoutons brillant !) effleure (pénètre ?) avec intelligence le mystère de Salomé. Attention, la distribution est de choix, et la
fille énigmatique et autoritaire n’est pas la seule à mener cette « danse macabre ».
Il nous faudrait alors nommer cette équipe de huit comédiens pour rendre justice à cette belle orchestration malgré quelques
dissonances légères et ponctuelles. Principalement, une Katarzyna Krotky (Hérodias) que nous n’avons pas trouvée détonante
: si le rythme donné au verbe est tout aussi bien cadencé dans sa bouche, les mots ne sont pas mâchés et digérés avec la même
force et la même conviction. Cependant, l’ensemble a l’envergure d’un opéra en un acte. Il n’y qu’à écouter les notes de
Strauss (Salomé) qui, pianissimo, accompagnent superbement la parole du Juif (Julien Buchy). Un travail d’orfèvre.
Les mots sont cassés, à l’image de ce personnage… fêlé
Gardons le meilleur pour la fin : le rôle d’Hérode (tenu par Jérémie Le Louët lui-même). Il compose un roi titubant et névrosé.
Son jeu nous transporte au cœur de la problématique schopenhauerienne qui sous-tend toute la pièce d’Oscar Wilde : la volonté
du tétrarque ne peut être entendue (celle de ne pas couper la tête d’Iokanaan) puisque la moralité même du personnage est
perturbée et dégradée dans ses fondements (mariage incestueux avec Hérodias oblige !). Ainsi, il aura beau gueuler (meugler
même), supplier ou chuchoter (superbe de maîtrise, cette tirade entièrement dite sur le souffle et entendue par toute la salle
!), ses suppliques resteront lettres mortes. Dans sa bouche, les mots sont cassés, à l’image de ce personnage… fêlé, qui respire
à pleins poumons l’air décadent.
La saison avait mal démarré avec la mise en scène peu convaincante d’Anne Bisang. Celle de Jérémie Le Louët compose une
Salomé bien différente. Cette pièce a de toute façon toujours fait couler beaucoup d’encre, et il est très possible que ce jeune
metteur en scène trouve sur son chemin une certaine critique, radicalement opposée à ses partis pris. Et pourtant, que d’intelligence dans la façon dont il s’empare des décadents ! C’est sans compter une scénographie graphiquement superbe (nous y
reviendrons dans l’entretien que nous publierons prochainement). Difficile d’être indifférent à une telle envergure.
En garde, ennemis farouches ! Rangez vos plumes et remballez vos bons mots ! Que les nôtres fassent mouche devant ce beau
travail… Quant à vous, spectateurs, à l’assaut ! ¶
Sheila Louinet - LES TROIS COUPS (Parution le 3 mars 2011 - www.lestroiscoups.com)
LE HORLA de Guy de Maupassant
“ Récital cauchemardesque lumineux, Le Horla de Jérémie Le Louët fait passer plus d’un frisson dans le dos. Frisson d’effroi ? Oui-da. Frisson d’admiration aussi devant l’impeccable performance d’un artiste doué. Bref, frisson d’ovation.”
Cédric Enjalbert – LES TROIS COUPS
“ Jérémie Le Louët se livre à un travail d’ébéniste, de sculpteur. Il sculpte le texte aussi par la lumière qui découpe le noir,
et le son qui rompt à peine le silence, ou s’y répercute comme à l’infini. Le personnage est intemporel et sa conscience de
sa folie et son incapacité à y résister sont remarquablement rendues et font froid dans le dos.” Alain Pécoult – LA PROVENCE
HOT HOUSE d’Harold Pinter
“ Il suffit de très peu de temps pour se savoir face à un travail rythmique de haute envergure – travail qui n’a rien à voir avec
une pure prouesse formelle, et tout à voir avec la compréhension d’un texte, et l’intelligence de sa portée sur scène.
En sortant d’une telle soirée où l’on a autant ri, on traque tout de même les recoins de la mise en scène qui auraient pu être
plus faibles. Comme on en trouve pas, on se dit simplement que « ça joue », que ça donne envie de voir jouer encore, et
Eve Beauvallet - MOUVEMENT
(plus rare) que ça donne envie de jouer soi-même. “
“ Une mise en scène très maitrisée qui distille tout le malaise de cette satire du pouvoir, entre comique et cruauté ”
Gwénola David - LA TERRASSE
“ Une direction d'acteurs très serrée, une mise en scène extrêmement dessinée, Jérémie Le Louët confirme un talent, ô
combien, déjà remarqué dans son Macbett de Ionesco, aucun doute sur le sujet. C'est excessivement intelligent et plein de
Sophie Bauret - LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
sens, et d'une drôlerie avérée et révélée, tout pour faire un succès.”
“ S'il y a une compagnie dont on doit retenir le nom, c'est bien celle des Dramaticules. Grâce à une mise en scène dynamique
et cadencée et à des comédiens formidables, on ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est à la fois drôle, grinçant, décalé, cyAudrey Moullintraffort - LA PROVENCE
nique et effrayant. Que dire de plus lorsque tout frôle la perfection ? ”
“ Jérémie Le Louët a appréhendé Hot House comme une partition musicale avec ses monologues et dialogues, ses silences,
ses contrepoints, ses répétitions. Il a su épingler les mots comme des notes sur une portée. Tout sonne juste. Un grand moAlain Massonneau - LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE
ment de théâtre.”
MACBETT d’Eugène Ionesco
“ Certains, étant petits, ne jouaient aux Légos que pour construire, en l’imitant, le modèle sur la boîte. D’autres préféraient
se jeter les pièces à la figure. Les Dramaticules, eux, devaient bâtir sans cesse d’élégants vaisseaux spatiaux, des ponts improbables, des maisons du futur et du passé, autant parce qu’ils s’étaient dispensés de la notice, que parce qu’ils avaient pris acte
de la forme et de la nature de l’emboitement des Légos. Ils s’étaient approprié les contraintes : les possibilités de construction
Gilles Juan – MOUVEMENT
étaient infinies.”
“ A la tête d’une petite et vaillante jeune troupe, Jérémie Le Louët a parfaitement saisi le sens de la pièce et mène à toute
Dominique Jamet – MARIANNE
bribe son attelage, entre sublime et grotesque, entre Hamlet et Ubu.”
“ Lumières soignées, comédiens dirigés avec précision, espace intelligemment utilisé, cohérence dans la lecture de l’œuvre,
tout concorde pour une belle réussite du spectacle. La mise en scène de Le Louët est incontestablement bien meilleure que
Jean-Luc Jeener – LE FIGAROSCOPE
celle de Jacques Mauclair à la création.”
“ Le metteur en scène manie avec bonheur tous les ressorts de la convention théâtrale. S’il prend des libertés avec le texte,
en malaxe le rythme et les sonorités sans vergogne, c’est pour extraire tout le burlesque macabre et la force critique de
Gwénola David – LA TERRASSE
cette réflexion bien pessimiste sur le pouvoir et les bégaiements de l’histoire.”
“ Une excellente soirée où tous les enfants, de 7 à 77 ans, peuvent rire de concert.”
Jean-Marc Stricker – FRANCE INTER
“ Jérémie Le Louët s’est risqué avec audace dans l’aventure. Le public, un instant déconcerté, réserve finalement, et en
André Lafargue – LE PARISIEN
toute justice, une ovation au spectacle.”
“ Jérémie Le Louët dépouille la tragédie de sa pompe, brise l'antique et grandiloquente déclamation, s’agrégeant les faveurs
de jeunes spectateurs. Ce n'est pas là son seul mérite. Le crescendo dramatique est négocié avec beaucoup d'intensité par
Myriem Hajoui – A NOUS PARIS
des comédiens dotés d'une belle ferveur. ”
“ Un vrai coup de maître ! ”
Justine Marti – ARTELIO
“ Un spectacle pertinent, à la plastique impeccable, servi par une maturité de jeu et une mise en scène inventive qui tienElsa Mingot – RUE DU THEATRE
nent du prodige. ”

Documents pareils

Mise en page 2

Mise en page 2 Jérémie Le Louët, metteur en scène et comédien Il effectue sa formation théâtrale dans les classes de Michel Fau et de Stéphane Auvray-Nauroy. Entre 1999 et 2002, il joue notamment dans Elle de Jea...

Plus en détail