III/REGARDS SUR L`AFRIQUE
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III/REGARDS SUR L`AFRIQUE
Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. III/REGARDS SUR L’AFRIQUE (environ 10% du temps consacré à l’histoire) HISTOIRE DES ARTS I.O Connaissances : une civilisation de l’Afrique subsaharienne (au choix) Démarches : temps long de l’histoire africaine entre le VIIIème et le XVIème siècle ; l’exemple de l’empire du Mali. Capacités : Décrire quelques aspects d’une civilisation de l’Afrique subsaharienne et de sa production artistique. Objectifs : - L’Afrique a longtemps été considérée comme un continent sans histoire hormis ses rapports avec l’Occident et l’Orient. Il s’agit de réévaluer la culture africaine et à travers elle l’homme africain. « Le chasseur gagne toujours car le lion ne raconte jamais l’histoire » dit un proverbe africain. - Question du « temps long » : VIIIème / XVIème siècle. Jusqu’ici le découpage du temps était hérité de l’Occident ou de l’Orient. Or l’histoire de l’Afrique n’obéit pas au même découpage du temps. Monter que certains phénomènes ont perduré durant des siècles. Bibliographie : Les Arts d'Afrique, Alain-Michel Boyer, éditions Hazan, 2009 Emission « Le Dessous des Cartes », 2004 Vidéo en ligne sur you.tube : Sur les traces du Renard Pâle, Germaine Dieterlen avec Jean Rouch et Luc de Heusch, 1983 – (Dogon cosmogony). A paraître : Documentation Photographique : Histoire de l'Afrique subsaharienne, Jean-Pierre Chrétien. Numéro 8075 (mai-juin 2010). Musée de l’infanterie de Montpellier : salle Saharienne : « le Sahara, un espace charnière et non une frontière ». Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. La diversité des ethnies qui composent le Mali est l’un de ses atouts. On appelle ethnie un peuple ou un groupe humain ayant un héritage culturel commun. Cinq groupes ethniques principaux habitent le Mali. A l’intérieur des ethnies, on distingue des lignages, dont la généalogie fait remonter la parenté sur plusieurs générations jusqu’à un ascendant unique. Le lignage est subdivisé en clans qui regroupent plusieurs familles. Chez les Malinkés, un système de castes organise la société, autour de 3 grandes catégories : - Les horons (nobles) souvent cultivateurs, commerçants ou chasseurs. - Les jons (captifs) qui sont descendants d’esclaves affranchis. - Les « gens de castes » dont les griots. Le groupe Mandingue représente 40% de la population, avec en majorité les Bambaras, qui dominent la vie politique et l'administration. Les masques Bambara ne sont qu’un élément d’un ensemble qui comprend à la fois le cimier ou heaume de bois, le costume du personnage, les accessoires tenus en main, les parures, la danse dont les pas accompagnent la musique, et l'esprit que le tout est censé incarner. Ils masquent au propre et au figuré celui qui les porte afin de l'aider à personnifier une force, un esprit ou un dieu. Ils sont associés au savoir et au pouvoir et sont entourés du mystère qui touche au sacré. Taillés en secret, ils ont un pouvoir magique et peuvent décider de la guerre et de la paix, de la vie ou de la mort des hommes. Plus un masque remplit sa fonction, plus il est vénéré. Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. Le groupe soudanien représente 20% de la population, avec les Songhaïs dans la vallée du Niger, les Dogons et les Soninkés. Statue d’un nomo Masque zoomorphe buffle Les plus anciennes statues dogons sont reconnaissables à leurs formes allongées. Elles représentent un personnage qui tend ses bras vers le ciel, dans un geste qui pourrait être celui d’une prière (afin que les dieux accordent la pluie, par exemple). Stylistiquement, ces statues dogons ressemblent à celles de leurs prédécesseurs les Tellem. Elles sont parfois nommées de « style tellem ». Du sang des sacrifices, du gruau de mil et de la bière est répandu sur les statues, ce qui donne à la patine un aspect croûteux. Les statues comportent à la fois des éléments féminins et masculins car, pour les Dogons, la séparation entre les deux sexes n’est pas absolue. L’hermaphrodisme montre la puissance vitale de ces statues. Le dieu créateur dogon est Amma. Les sculptures représentent en général l’un des huit ancêtres primordiaux ou Nommo (corps sinueux et la partie inférieure serpentiforme). Un des rituels dogon, le sigui, a lieu tous les soixante ans. Il est destiné à l’expiation des pêchés et présente des masques anthropomorphes ou zoomorphes (antilope, lièvre, buffle, singe, oiseau, hyène, lion) très importants en taille (jusqu’à dix mètres pour le masque – serpent). Le masque serpent est le symbole de l’ancêtre mort. Il est effectué au cours d’une cérémonie. Les inities doivent le garder et sont considérés comme responsables de l’âme de l’ancêtre. Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. Les peuples voltaïques (les Sénoufos, Mossis, Bobos) représentent environ 12% de la population, et vivent le long de la frontière avec le Burkina Faso. Les Peuls, qui sont environ 630 000, vivent surtout dans le centre du pays entre Mopti et Sikasso. En raison de l’interdiction de représenter les personnes et les animaux, l'Islam a renforcé le goût africain pour la conception géométrique et la répétition de motifs dans la décoration de la surface des textiles et des objets d’artisanat. Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. Les populations nomades (environ 7 à 8% de la population) : les Touaregs, les Arabes et les Maures, vivent à cheval sur la frontière avec le Niger et l'Algérie. On recense 21 modèles différents de croix touarègues du Niger (cf. : salle saharienne, Musée de l’infanterie – Montpellier). Chaque croix est le symbole d’une ville et permet de connaître la provenance des personnes. Selon certains historiens, elles datent d’une période pré-islamique où les tribus ont été influencées par le christianisme. Selon d’autres sources, elles symboliseraient les quatre points cardinaux, transmis de père en fils : « Mon fils, je te donne, les quatre points du monde, car on ne peut savoir où l’on mourra » (Proverbe touareg). Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. FICHE ELEVE : Pourquoi l’art africain a-t-il longtemps été méconnu ? A/La couleur Noire au Moyen Age : Diable noir. Jugement dernier, XIVème siècle. 1. Quelle est la couleur du diable ? Noire 2. Donne des éléments qui se rattachent à la couleur noire : la nuit, les ténèbres, le péché et le vice, la trahison... 3. De quoi est au contraire synonyme le blanc ? le bien, l’innocence, la pureté selon l’Eglise au Moyen Age. B/Au 19ème siècle, les premiers explorateurs ont pris les œuvres africaines pour des curiosités, des trophées coloniaux "pittoresques". Au mieux, elles ont été exposés dans ce que l'on appelait précisément au 19ème siècle, les cabinets de curiosités. A ton avis, pourquoi ? Fétiche africain, d’écorce et de paille. Il est recouvert de gruau. Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. 1. Elles étaient trop éloignées des canons de l’esthétique occidentale 2. Certaines œuvres étaient couvertes de sang ou de nourriture. 3. D’autres étaient faites de matériaux « non nobles » ou périssables : des écorces de bois, de la paille etc. Quelle influence a pourtant eu l’art africain en Europe ? Aide-toi des tableaux ci-dessous : Modigliani, la fille aux yeux pers, 1917. Claire DEVEZE – Académie de Montpellier. Picasso, les demoiselles d’Avignon, 1907 (détail). Il a incité les artistes européens à échapper à l'illusion figurative. Il a inspiré nombre de peintres tels Modigliani ou Picasso dont les visages ressemblent à des masques africains. 2. Au XXème siècle, on a considéré que les œuvres africaines étaient bien de l’art mais de l’art « tribal » ou « primitif ». Comment appelle-t-on cet art aujourd’hui ? On parle aujourd’hui « d’arts premiers ». 3. L’art africain est encore bien vivant mais il demeure, un art invisible, si l’on excepte l’architecture. Pourquoi ? - Certaines œuvres relèvent de cultes privés. D'autres n'interviennent que lors de cérémonies qui ont lieu quelquefois dans l'année. - Enfin, certaines effigies sacrées sont strictement interdites aux femmes africaines. Appartenant à des confréries d'hommes, ces "objets" n'apparaissent que la nuit. Ces œuvres ne sont guère séparables de leur puissance magique.