extrait - Fleuve Editions
Transcription
extrait - Fleuve Editions
EXTRAIT « Les mèches de cheveux, ça, ça nous emmerdait. On n’avait jamais vu une signature pareille. Aussi bizarre, aussi illisible. Par conséquent, quand Daphné a proposé de nous en remettre à celui qui avait la lourde tâche de nous aider à dézinguer les incubes et les succubes qui peuplaient nos nuits, on s’est dit qu’effectivement c’était la chose la plus intelligente à faire. On l’a interrogé sur la symbolique des cheveux de femmes. Il a commencé par les choses très simples, le fait que bien sûr les cheveux soient la parure érotique des femmes, un attribut qu’elles bichonnent et qui a une grande importance dans leur estime d’elles-mêmes et dans leur rapport aux autres. Aux hommes. Il nous a parlé de la symbolique de la couleur et de la longueur, des trucs qui n’ont rien ajouté à ce qu’on savait déjà, la blonde candide ou fatale, la brune dominatrice ou indépendante, la rousse vénéneuse et un peu sorcière. Longs cheveux de l’enfance, coupe sophistiquée de l’âge adulte, sculptures féroces de la rébellion, deuil intense de la perte. Les Garçonnes qui se dépouillaient de cette parure pour acquérir le même statut que le mâle. Bon. Mais nous on voulait savoir, ça veut dire quoi de couper des mèches de cheveux aux femmes. Hors salon de coiffure, s’entend. Dans un processus tordu. Lâchez la bride à un psy, et c’est le début d’un voyage inattendu bien que légèrement écœurant. […] J’ai consacré le reste de la journée à consulter les banques de données pour rechercher des victimes de meurtres aux longs cheveux blonds, et, accessoirement, à qui on avait coupé une mèche. Résultat : beaucoup de blondes et pas de mèches coupées. Les seules victimes blondes que j’ai pu dénicher avaient les cheveux courts, et quoi qu’il en soit il n’y avait aucun recoupement possible dans les modes opératoires. Donc, en gros : « Blondes » il y en avait, mais pas dans des meurtres tordus ; « Zone géographique B. + femme assassinée » ces derniers temps, rien de ressemblant, seulement la Coréenne ; « Mèche » par contre ça a donné quelque chose, mais peu en rapport avec notre affaire : des plaintes contre X déposées par deux femmes à qui on avait coupé une mèche de cheveux dans le bus. L’une était brune, l’autre rousse. » Contact communication : Estelle Revelant • 01 44 16 07 37 • [email protected] Contact relations libraires : Bénédicte Gimenez • 01 44 16 05 69 • [email protected] Rejoignez-nous sur 1502034-CP-Neuser-190x297.indd 4-1 12/02/2015 18:13 LA FABRICATION D’UN MONSTRE D ébut des années 2000. Dans une petite ville anglaise, deux fillettes viennent de trouver leur mère assassinée. Elle gît dans sa baignoire, les seins découpés et disposés de chaque côté du corps. Entre ses doigts, deux mèches de cheveux. Lily, couturière et mère exemplaire, n’avait jamais fait parler d’elle. À quelques mètres du foyer de Lily Hewitt, celui de Damiano Solivo. Alors que tous les soupçons se portent sur cet immigré italien suintant protégé comme un chiot par sa femme, celui-ci oppose suint alibi parfait : il travaillait. Pour preuves de sa bonne foi, il a u al un TROIS QUESTIONS A MARIE NEUSER PARLEZ-NOUS DE LA GENÈSE DU DIPTYQUE « PRENDRE FEMME ». « Prendre femme » m’a été inspiré par un fait divers réel ayant défrayé la chronique en Italie et en Angleterre entre 1993 et 2011. Le diptyque est né dès que j’ai appris, par les actualités italiennes, qu’on venait de retrouver le corps de cette jeune fille qu’on cherchait depuis dix-sept ans, et c’est surtout le lieu de la disparition et de la découverte du corps qui m’a fortement troublée. L’Italie était en émoi et les médias ont commencé à dévider la pelote inextricable de l’affaire, dévoilant des éléments qui étaient tous plus incroyables, farfelus, scandaleux les uns que les autres. Une foule de conservé son titre de transport et se trouve en mesure de prouver cons qu’il a signé la feuille d’émargement ce matin-là. Aux yyeux de Gordon, policier en charge de l’enquête, ce discours bien rodé est un écran de fumée. Trop d’éléments concordent en faveur de son intuition première : un comportement déviant, un faveu meurtre non élucidé, des témoignages troublants… Mais surtout, meur fait divers à peu près semblable survenu une dizaine d’années un fa gangrenée par le vice. gang PARUTION LE 15 MAI 2015 528 pages – Prix : 19 € env. Marie Neuser réussit le pari fou de tenir en haleine son lecteur autour d’une affaire dont on connaît d’emblée le meurtrier. Son style est noble, sec et suffisamment bouillonnant des codes du thriller pour serrer son lecteur à la gorge. Elle semble douée d’un talent particulier pour propager l’effroi et la beauté. LE DIPTYQUE Prendre Lily est le premier volume de « Prendre femme », diptyque noir en forme de critique sociale qui pose la question de la responsabilité des instances supérieures quand survient un drame de l’ampleur de celui décrit dans ces deux romans. Comment, ainsi, construit-on des monstres et comment se fissure la supposée confiance entre une organisation et ceux qui chaque jour travaillent, enfantent, vivent avec des croyances et des valeurs qu’ils pensaient inébranlables. Prendre Gloria, le second volet, paraîtra en 2016. 1502034-CP-Neuser-190x297.indd 2-3 © Melania Avanza pathe, une âme, sous des dehors apathiques et inoffensifs, pathe to plus ttôt en Italie… On tient là un méthodique, un dangereux psycho- e en 1970 à Marseille. MARIE NEUSER est né enseigne, vit et écrit Agrégée d’italien, elle . Elle est l’auteur de dans sa ville d’origine les enfants français deux romans, Je tue ailler, 2011 ; Pocket, dans les jardins (L’Éc son expérience de 2014), qui s’inspire de et Un petit jouet professeur de collège 2012) qui sera publié mécanique (L’Écailler, le 15 mai chez Pocket. ais dans les jardins Je tue les enfants franç reux prix littéraires, a été finaliste de nomb Littérature policière, dont : le Grand Prix de Polar, 2012 et le Prix 2012 ; le Prix SNCF du non, 2012. de Villeneuve-lès-Avig e lauréate du 10 Prix Marie Neuser a été apprentis PACA en littéraire des lycéens et mécanique. 2014 pour Un petit jouet protagonistes dont personne ne connaissait ni ne comprenait les motivations. Un océan de mensonges, de détournements, de faux témoignages, de procès ouvertement orientés, de faux coupables... et un vrai tueur, qu’on avait laissé filer. Ce fait divers est devenu une véritable obsession pour moi. Il fallait que j’insuffle la lumière, que j’invente des motivations et de la logique au cœur de ces nébulosités. QUELS SONT, EN QUELQUES TRAITS, LES PROFILS DE DAMIANO SOLIVO ET GORDON McLIAM ? Damiano Solivo est un être « borderline » en tout. Il a à la fois l’image du gentil garçon et de l’araignée tapie, du fils de bonne famille et de l’enfant construit dans la solitude et le mépris. Il inspire à la fois la confiance et un léger malaise. Il semble parfois à la limite de la débilité mais se révèle très intelligent. Il sait se construire à travers le mensonge que personne ne peut prouver et justifier chacun de ses actes avec un aplomb de fin stratège. Il est, comme le dit Gordon, le « diable en soutane ». Gordon est un personnage que j’ai beaucoup aimé construire ! Au début de son enquête, il est « bleu », presque naïf, il se dévalorise beaucoup, conscient de n’être qu’un simple flic au potentiel assez limité. Mais au fur et à mesure qu’il se laisse happer par « sa » morte, il s’affine, laisse apparaître ses fêlures et ses obsessions – le temps qui passe, l’amour, la justice qu’il confond parfois un peu avec la vengeance... Il se laisse submerger par la souffrance au point de dépasser la ligne rouge car au fond, il n’aspire qu’à la paix... VOUS NOUS DONNERIEZ LA BANDE-SON DE PRENDRE LILY ? La bande-son de Lily, c’est évidemment As Time goes by ! Sa rengaine mélancolique, sa tristesse de jour de pluie, et son temps... son temps... son temps... 12/02/2015 18:14