Décembre 2013 - OPI des Tescou`s
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Décembre 2013 - OPI des Tescou`s
32 u Entre-Nous PATRIMOINE COMMUNAL SPÉCIAL n° Ces tapisseries en papier peint datent certainement du premier quart du XIXème siècle (1820?1830?), collées à même le mur en terre au moment de la construction de la maison où elles se trouvent. Constituées de multiples dominos rectangulaires, elles représentent Rome et sa campagne où évoluent quelques personnages. Cette composition qui appartient au patrimoine local est classée à l'inventaire des Monuments Historiques. Ces scènes, à quelques détails près, sont visibles au Musée des Arts Décoratifs de Paris et ne comportent que peu de reproductions. 100 DÉCEMBRE 2013 écrivions un journal Nous Bonne Année 2 0 1 4 u SEPTEMBRE 2013 ° Mise en page : Thierry Jamme [ [email protected] ] ° Un journal fut créé afin que dans ses pages Nous nous y retrouvions, recherchant nos aïeux Car, chacun, nous avons des trésors prodigieux Qui deviendront ainsi des beaux livres d’image. Nous écrivions un journal... De ce numéro Un, qui de vous s'en souvient ? Le journal 'Entre Nous' venait juste de naître. Nous étions satisfaits, car il pouvait paraître. Mais allait-il durer en commençant si bien ? Ce fut encore mieux, un vrai couronnement ! 'Entre Nous' arriva loin, aux quatre coins de France, Encore bien plus loin, au gré des préférences, Parlant des uns aux autres, au passé, au présent. De trimestre en trimestre, on les a vus passer Ces journaux un à un nous racontant la vie En récits bien divers, un brin de poésie. Et nous, nous écrivions, toujours sans nous lasser. D'après Aurélie Agard Voici qu'est arrivé le dernier exemplaire. Grâce à vous nos amis et fidèles lecteurs, 'Entre Nous' devenu le grand élan du cœur Fut de Villebrumier l'image populaire. Réjouissons-nous bien, car c’est fête aujourd’hui. Souhaitons bonne année à tous, ceux que l’on aime Ou que l’on n’aime pas. Ô joie! En ce jour-même, Il vient de naître un an nouveau depuis minuit. Ce vieil an qui n’est plus vient d’écouler son temps. Il est dans le passé, n’ayant plus rien à dire, Comme un livre fermé lorsqu’il n’est plus à lire. De loin, nous le verrons s’éloigner prestement. Mais l’an ne passa point sans tristesse et cafard. Et comment oublier les instants de déveine Quand on est imprégné de souffrance et de peine? Heureusement, l’espoir soulage sans retard. Comme le clair matin naissant après la nuit, Comme l’onde suivant, en sa course éternelle, L’eau fraîche du torrent, passant toujours nouvelle, Cet an succède à l’an fini depuis minuit. C'est la mémoire de Villebrumier Et c'est l'histoire de son passé Que nul ne voudrait oublier : Une saga, presqu'une odyssée. Ses créateurs, avec esprit, Ont traité l'actualité Et dans un style toujours fleuri Ont écrit sans ambiguïté. Des dictons au 'parler d'ici', Sachons donc en tirer profit. Si les Anciens souvent témoignent, Que revive notre patrimoine ! Déjà, ces sept dernières années, Pour le plaisir de ses lecteurs, On l'avait vu s'illuminer : Entre Nous prenait des couleurs. Vous l'attendiez tous les trois mois, Il donnait toujours tant de joie Ce journal qui nous est si cher, Disons-lui des mercis sincères. Changement d’année Merci à Entre Nous Il donna quelques jours qui ne s’effacent pas, Des moments de bonheur et de joie ineffable. Que de bons souvenirs! Combien c’est agréable Lorsque la vie est belle et clémente ici bas! D'après Frédéric Pellissier 2 u Entre-Nous u Hommage à Aurélie Agard 2013 2014 Ils et Elles ont apporté leur contribution à Entre Nous'... Tout au long des 100 numéros, nombreux sont celles et ceux qui ont coopéré à la réalisation du journal. Que ce soit des rédacteurs fidèles ou occasionnels, grâce à leurs articles, leurs informations, leurs témoignages, leurs photos ou leurs dessins, leur collaboration a été précieuse et a contribué à la variété et à la richesse des sommaires. La liste qui suit est publiée en guise de remerciement et d'hommage, en sollicitant l'indulgence en cas d'oublis. Les chevilles ouvrières... Depuis le n° 1, ils et elles ont assuré le bon fonctionnement de l'association et du comité de rédaction : Agard Aurélie et Cogoreux Andrée et jusqu'à ce jour Brugnara Georgette, Jamme Guy (Président), Jamme Kléber (Trésorier), Moréno Denise, Tournou Yves (Secrétaire)... Arrivés un peu plus tard mais toujours présents : Bizot Pierre, Jamme Thierry (maquettiste), Laporte Bernard, Frédéric Pellissier. Ont fait partie de l'équipe durant un temps : Audy Jean-Michel, Blanc Michelle, Brugnara Sylvette, Boyé Camille, Claulin Lucien, Dupoiron Colette, Garcia Jean-Louis, Gée Thomas (créateur du site Internet), Guillion Bernard et Jeanine, Rougé Eliane, Tapiolas Fernand (Premier trésorier), Vialard Jean... Les conférenciers... Astoul Guy, Béchard Gilles, Camphin Christian, Castès Albert, Combes Gérard, Delord Jean-François, Delbouys Marcel, Dignac Christian, Olivier Madeleine, Raynal Alain, Sabatié Norbert, Serbat Jacques... rci Me Les contributeurs... Les écoliers de la commune et de Nohic ainsi que les enfants du Centre de Loisirs, Abbé Jaubert, Amiel Gabriel, Ambayrac Claudine, Amsellem Robert, Arqué Thierry, Ausset Serge, Astoul Etienne, Astoul Guy, Astoul Raoul, Barthélémy Alain, Barthélémy Josiane, Blanc Jean et Damien, Blanc Michèle, Blanc Pierre, Boun Gérard et Nadine, Bourdelle Emile, Brugnara Franck, Carrio Jacqueline, Davis Hélen et John, Bricout Maurice, Brugnara Hugues, Cayla Jean-Luc, Chauvières Josée, Cossoul Annie et Jean-Claude, Cougoureux André, Crouzat Nicole, Depeyre Antoine, Di Santolo Brigitte, Daures Nicolas, El Bouazati Najat, Eymeric Gilles, Fabra Amandine, Fournier Anne-Sophie et Pierre-François, Frayssine Jean, Frigoul Philippe, Gardes Louis, Garrigues Fabrice, Gilbert SA, Gausserès Jean-Claude, Giraudie Luc, Groussac Pierre, Guillion Henri, Hécart Roger, Issart Jean-Claude, Kleitz Francis, Koszezyo Gilbert, Leseul Pierre, Guillion Henri, Jacob Jacqueline, Jamme Delphine, Jamme Lucien, Jamme Nunzia, Junca Christophe, Kleitz Lydie, Lacaze Nelly, Laroze Frédéric, Laval Hubert, Leloup Georges et Noëlle, Lesage Céline et Eric, Norman ?, Marigny (de) Jean, Marini Alain, Marty JeanLouis, Massip Annie, Mauret Nicole, Monchoux Claire, Montet Maurice, Nory Jean, Orlhiac René, Pascal Fanny, Pinson Régis, Prince Jean-Luc, Pontié Giselle, Py-Lebrun Aurélie et Marie-Paule, Raynal Jean, Rebel Hélène, Reyniès (de) Antoine, Roca Didier, Roméro José, Sahuc Ginette et Jean, Santiago Josette et Joseph, Savy Françoise et Hervé, Schwartz Bertha, Sellier Marie-Josée, Simian Gabrielle, Simon Georgette, Stirlé Christian, Taste René, Temporal Jacqueline, Tessier André, Tourde Yvette, Tranier Pierre, Turroques Jean-Pierre, Vialard Jean, Vidal Paul, Vigouroux Aimé, Viliare Béatrice, Walk Jean, ? Marion... auxquels s'ajoutent les noms de ceux qui ont envoyé une correspondance ... à s! Tou Les annonceurs... Boulangeries Gasc, Durand, Briaud et 'Chez Néné' ; Boucheries/charcuteries Galaud, 'Chez Hubert', 'Chevaline Muscat', Jean-Claude Fontorbes ; Café/Bar/Tabac /Presse 'Chez Michel', 'Le temps des Copains', 'Quai des Brumes' ; Carrelage Fualdès ; Carrosserie Rivière/Pavan, Bordonava Sports ; Coiffure 'Monique', 'Patricia' ; Crédit Agricole ; Dépannage Prégno ; 'Dépan'express Augustaud', 'Dépa'Service' Balaguer ; Dessinateur Dupont ; Discomobile 'Miami', 'Félix Organisation' ; Espaces verts 'Taup'Green' ; Garages Proto, 'Méca-Service Della-Maestra' ; Groupama ; 'Idéal Bâches' Taste puis Monrufet ; Maçonnerie Ségato, Miotto. Peinture Bernat, 'F.G. Peinture', Taillade Jean-Pierre ; Plomberie 'ITM Bayle', Poux ; Produits fermiers 'EARL Le Taulat Abeilhou', Pierre Blanc, Guy et Julien Delmas ; 'Publi-Max' ; 'Sud-Médic' ; Supérette 'Euco/Soldadié', 'Utile', 'Vival' ; Taxi Da Cruz ; Toilettage 'Christy Dog' ; Travaux Publics Péris... DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 31 L O PARLAR D ’ AICI Tout au long de ses parutions, 'Entre Nous' s'est efforcé de faire vivre le langage local à travers des expressions souvent issues de l'occitan. Voici un dernier florilège de notre parler à dire avec l'accent savoureux de notre midi. Dis, pitchou, tu me fais un poutou ? Boudu quel rambal dans cette salle ! Arrête de saloupéger ton cahier ! (salir) (une bise) (chahut) u A quoi peux-tu bien sousquer ? (réfléchir) u u Ah, tu aimes bien poutounéjer, toi ! Tu vas encore rapetasser ces chaussettes ? u (embrasser) (rapiécer) Avec ce soleil, quelle sécade! (sécheresse) u u u J'espère que tu vas profiter en vacances ! Apporte donc ce rascle à la déchetterie ! En rentrant le bois, j'ai pris une bonne susade ! (grossir) (vieil objet désuet) (suée) u u u Mais qu'es aquo ce truc ? Quand tu tires, arrête donc de raspailler ! Quel tabanard celui-là ! (écervelé)... (qu'est-ce que c'est?) (racler loin devant la boule) … il donne des tèques ! (coups) u u u J'aime bien faire quatre heures moi ! Quand ils perdent, qu'est-ce qu'ils sont tignous Il faut tâcher moyen de trouver la panne ! (goûter) (teigneux, hargneux)... (faire en sorte) u u u Il est vraiment quelqu'un, ce gosse! … et ils n'arrêtent pas de répoutéguer ! C'est inutile de tchaoupiner comme ça! (spécial) (rouspéter)... (trifouiller) … ou de rouméguer ! (maugréer)... u u Il faut encore quicher pour que ça rentre ! …et ils font la trougne (mauvaise tête) Il n'est bon qu'à tcharer ! … et la ruque me monte ! (colère) (appuyer, tasser) (parler beaucoup) u u u Le pauvre vieux va de plus en plus répaBon, à quicon près, tu as ton compte ! Tu es timboul ou quoi ? (fou) péger ! (radoter)... (à quelque chose près) u … ça devient ressègue ! (rangaine) Il se déplace encore avec cette trapanelle ! u Tu ne trouves pas qu'il y a quicon qui truque ? (vieille voiture) u Eh bé, tu es requiquillé ! (remis) (quelque chose qui ne va pas) u Comme il ne peut que se trigosser u u Dis, je te sers un peu de riquiqui ? Oh, ça raï, tout va bien ! (se déplacer difficilemen)... (eau de vie) (quoi qu'on en dise) … il ne peut que trastéger . (tâtonner, hésiter) u u Quel mal rasoune, avec tous ses raisonnements ! Oh, ton affaire remonte au roi Cézet ! u (à belle lurette) (mauvais esprit avec ses contestation) Il doit s'en voir, le pauvre malheureux ! (endurer) u u uuu Solution du numéro précédent LES I II MOTS CROISÉS III IV V VI VII VIII IX X XI XII 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 DE P IERRE 1 HORIZONTALEMENT 1- L'imprimante les met au chômage. 2- Se préoccupent du matériel. 3- Échassier. Pour quelqu'un de la Haute. A toutes ses voix. 4- Satisfait le cabot. Romains. Smart. 5- Obéissance à François. 6Voyelles. Concernent le cubitus. 7Appel du dalmatien. Amines cycliques. 8- Consonnes. Passé récent. Blanc et bleu. 9- Article. Crique. Fan de l'endroit. 10- Pince. Étendue monotone. 2 3 4 5 6 7 8 9 10 O I S E A U L Y R E T O U R B I L L O N II I u Entre-Nous u E D I N E S I E R E I E R S A M O R I E D E S I A E L L O S S I E T E I T l’aventure de Entre Nous se termine C O e numéro 100 mérite bien un sommaire plus fourni qu'à l'ordinaire avec quelques plongées dans l'histoire locale, notamment par le biais d'un rappel de l'origine de notre canton ou de l'activité de 'La Lyre', d'un dossier important consacré à la Grande Guerre 14/18 et par une évocation des liens des artistes Bourdelle et Virebent avec Villebrumier. Mais après 25 ans d’existence, la, parution de 'Entre Nous' va probablement cesser. Malgré l'appel pressant fait aux bonnes volontés, malgré le projet de diffusion par courrier électronique,.personne ne s'est manifesté encore pour renforcer l'équipe de rédaction. Notre association est née en 1989. C'est grâce à la subvention allouée par la Municipalité, certes, mais aussi grâce à l'apport financier que chaque association de la commune a consenti, que le premier numéro distribué dans chaque foyer a pu paraître en mars. Ces aides ont été décisives. Par la suite, le montant des abonne- R I A L ments a permis l'autofinancement pour développer les activités: édition trimestrielle du journal et de hors-série, animations diverses comme conférences, soirées-poésies ou débats... Bien sûr, notre équipe ressent beaucoup d'amertume à arrêter là l'aventure. Mais ce sentiment est tempérée par une réelle fierté, celle d'avoir réussi, au fil des années, à mettre au jour de nombreux pans de l'histoire locale et, par là même, d'avoir fait connaître les personnalités liées à la commune, d'avoir traité des sujets d'actualité, d'avoir relaté la vie de la commune en montrant ce qui s'y passait de plus insolite et d'avoir fait une place de choix à la poésie. Un sincère merci à tou(te)s les abonné(e)s, certain(e)s sans discontinuer depuis le début, à tous les annonceurs, à toutes celles et tous ceux qui ont contribué, d'une façon ou d'une autre, de faire vivre le journal. Le Président, Guy JAMME PS : Lire le bilan de l’activité de l'association page 30 L'équipe de Entre-Nous organise III IV V VI VII VIII IX X XI XII U L O U S A U S U R B U F R U I T A R N I C T E T C L E S S U L A N O S S U C C E S E I L L E E N E E S VERTICALEMENT I- Plonge se mettre à l'abri. II- S Réconcilier. III- Sensé.. IV-Ce n'est pas mieux. A régler. Demi braiment. V- Mieux que TTC. Paysanne mais libre. VI- Elles passent du jaune au vert. VII- Tout au début. VIII- Mal vu à Saint Étienne. Au battement séducteur. IX- Telle une narine enrhumée. X- Tas d’États. A l’envers : écrivain jeune ou ancien. XI- Symbolise la rivalité. Extrémités inverties. XII- Fond de commerce. C’est à dire. 30 UN POT AMICAL SAMEDI 18 JANVIER à partir de 17 h salle des fêtes Ouvert à tous Une dernière occasion pour les volontaires de se manifester pour assurer la survie de l'association... Un terrain multi-sports vient d'être installé Place de la Mairie à l'emplacement de l'ancien court de tennis, à proximité de l’École et du Centre de loisirs. L'espace, limité par des barrières métalliques et muni d'une pelouse synthétique, permet de pratiquer mini-foot, handball, basket, volley et tennis... et toute autre activité sortie de l'imagination des utilisateurs. 4Des UNES de Entre Nous. 4Nous écrivions un journal... 4Edito. Dictons. Morale. 4Poésie. 4Un petit chef-lieu de canton. Insolite. 4Dossier : La Guerre 14-18. 4Immigrés d’Italie. 4Quand Bourdelle écrivait à De Marigny. 4Des admirateurs de Virebent 4Lettre de De Marigny. à Bourdelle. 4Insolite. 4La Lyre. 4Insolite. 4Rubrique à brac. 4Collectionneuse de tortues miniatures 4Evénements marquants initiés par Entre Nous. 4Le coin des poètes. 4Parler d’ici. Mots croisés. 4Les contributions à Entre Nous. 4Patrimoine communal. 1 2 3 4 5 6 16 18 20 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 DICTONS Quand on a l’hiver avant Noël, on est sûr d’en avoir deux. u Mois de janvier sans gelée n’annonce jamais bonne année. u Ail difficile à peler, hiver prolongé. u Quand la neige naît des étoiles, il ne faut pas demander s’il gèle. LO PARLAR D’AICI Il faut encore que tu ailles porter la voiture au mécano (emmener). u Macaniche, après cette marche, j'ai mal aux poumpils. (mollets) u Quelle pousque sur cette armoire ! (poussière) u Le toubib m'a donné une nouvelle poutingue (médicament) DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous 3 u Frédéric Villebrumier, bonjour ! 82008 : «Les 20 ans d'Entre Nous» avec jeu de piste à la découverte du patrimoine local, forum de discussion, repas, spectacles et conférence. Sondage 82010 : Édition de «Villebrumier, un patrimoine», monographie de 100 pages de Guy Jamme diffusée dans tous les foyers de la commune. Décembre : Présentation du livre «Al canton de Villebrumier» par Chistian-Guy Bedel, auteur de l'ouvrage de 300 pages ; plus de 250 exemplaires diffusés sous l'égide de Entre Nous. Le sondage proposé dans le numéro précédent a recueilli 26 réponses écrites et quelques autres orales sur 111 abonnés. ✔ Personne ne propose d'intégrer le comité de rédaction. ✔ 1 demande l'arrêt de l'abonnement. ✔ 4 accepteraient de recevoir le journal par courrier électronique 82011 : 6 novembre : Conférence de Guy Astoul portant sur «La ✔ 22 préfèrent la formule papier gestion des forêts sur les coteaux de Villebrumier du XVII eu XIXèmes siècles» et édition d'un supplément. 120 abonnements. ✔ 12 souhaitent une parution trimestrielle, 7 semestrielle, 6 n'ont pas de préférence. 82013 : n° 100-spécial... et dernier ? 111 abonnements. L e c o i n d e s p o è t e s Sur la route des coteaux C'est bien là, loin du fracas des villes, Qu'on apprécie toute la douceur de vivre. Le temps lui-même, à sa cadence, défile, Et c'est d'air pur que l'homme ici s’enivre. Sur le Tarn, le grand pont métallique Semble étirer ses membres dégingandés Tandis que le grand fleuve bucolique Vous invite à venir gambader. Villebrumier, entre le ciel et l'eau, Au son de l'Angélus se réveille Et la vie reprend dans les coteaux Ranimés aux rayons du soleil. Mais soudain, déchirant les nuages, Pour teinter de feu toute la ville, Le soleil que l'on croyait volage Illumine d'abord la campanile. Un lavoir incongru en ce lieu Nous rappelle que l'on fut un empire ; Des maisons, les briques en camaïeu, Sur la rive en espalier, s'étirent. J'ai connu Villebrumier dans la brume, Un brouillard à couper au couteau : A deux pas, on n'voit plus le bitume Et le froid vous traverse jusqu'aux os. La route qui s'élance à travers les coteaux Il est toujours plaisant de voir sous le soleil C'est un instant précieux qu'il faut mettre en son cœur Passe dans la nature où l'ombre nous Cette plaine embellie par toute la culture, Tous ces vergers en fleurs aux beautés sans Et ressentir très fort ce doux moment de accueille pareil grâce Avec ses chants joyeux et celui du ruisseau Qui murmure toujours dans les eaux qu'il recueille. Et toute ces maisons cachées sous la verdure. Car la petite route est celle du bonheur Qui sait donner à tous un plaisir qui délasse. Elle monte en douceur en méandres gracieux Qui traversent souvent une belle campagne Pour déboucher enfin dans un coin merveilleux Où par un très beau temps on peut voir les montagnes. Tout au pied des coteaux les berges ombragées Protègent notre Tarn qui s'écoule en silence. Dans la douceur du jour, on aime partager Toutes les émotions qu'on vit depuis l'enfance. Nicole Crouzat (extrait de «Sur les ailes du temps») Le sentier Souvenirs d’une indicible tendresse… Dans mon enfance… Un sentier d'allégresse ! Goût de liberté, premières ivresses… Dès le printemps, on cueillait tes richesses. Pas de trafic routier ; un vrai bonheur ! Tu séduis nouveaux ruraux, les marcheurs… Sportifs, jeunes ou seniors, promeneurs… Le contemplatif, poète et rêveur. Témoin de mes escapades, jeux, rires, Éveillant mes sens, tu m'appris à lire Les choses de la vie, à découvrir Trésors naturels pour m’en réjouir. Gloire à ton nom : «Sentier de randonnée» ! A la société, tu dois pardonner ; Elle évolue ; une autre heure a sonné. Résiste ! Tu as tant à nous donner ! Du mystère, paix, parfums, sons, silence… De tes qualités, prenions-nous conscience, Tandis que bourgeonnait l’adolescence Dont les fleurs exprimaient la quintessence? Georgette (2013) Sentier, tu fus depuis la nuit des temps Compagnon de route du paysan ; Sa sueur exhumait l’amour des champs. Avec le progrès, plus de sentiments ! MOTS CROISES - Solution du numéro G R I B O U I L L E Tu es notre patrimoine…Courage ! Au nom du profit, on t’impose outrages. Dans ce monde inconscient et plein de rage, Réapprends-nous à être humain et sage. 4 u Entre-Nous u R A B I B O C H E R A P V I I S S E D U I H A I N H O T A S I E N N E S V I L A I N E DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 L I M I N A I R E S O G L L Y C C E I R L I N E T E U E S E N T V O H I C K S E S L O I P E 29 E N I L P Entre-Nous u u Evénements marquants Publication d’un Hors-série : «Témoignages sur la Seconde Guerre Mondiale: les Chantiers de Jeunesse et le Service de Travail Obligatoire». 134 abonnements. Conférence de Marcel Delbouys: «L’affaire Stanislas Walezewski: 1942/1947» et diffusion d’un Hors-série à 400 81989: Création de l’association et, fin mars, édition des premiers numéros trimestriels. 81998: Soirée « Poèmes à dire et à écouter » avec la participation des écoliers et de plusieurs associations 1989 à 2013 initiés par Entre Nous de exemplaires. Rencontre avec Betty et Jonh Davis, habitants du 81990: Édition d’un album de 36 reproductions de vues de Villebrumier sous forme de cartes postales anciennes. 166 abonnements. 81991: Réalisation en juin de l’animation «Associations et Patrimoine» en collaboration avec la plupart des associa- Nouveau Mexique (USA) et conférence de Christian Camphin: «Jean Pendaries, ou l’itinéraire d’un enfant de Villebrumier en Amérique». Projection publique de la vidéo: « Si Villebrumier m’était conté » réalisée avec le concours de «Midi Vidéo Créations». Passage au traitement de texte informatique pour composer le journal. tions locales. Dans ce cadre, conférence de Jean-François Delord: «Antoine et Jean Pendaries, curés de Villebrumier». Publication d’un Hors-série «Histoire politique et sociale de Villebrumier de 1263 à nos jours». 157 abonnements 81999: Diffusion de 130 cassettes-vidéo «Si Villebrumier m'était conté». Conférence de Marie-Madeleine Olivier: «L’industrie du balai» éditée en Hors-série. Publication d’une brochure «Le Château de Villebrumier, une belle demeure dans la vallée du Tarn». 144 abonnements. 81992: Conférences de Gérard Combes : «Pierre Gerla, enfant de Villebrumier» et de Guy Astoul: «Villebrumier et son seigneur au XVIIème siècle» publiées en Horsséries. 145 abonnements. 81993: Conférences de Jacques Serbat: «Origine et signification des noms propres d’Occitanie» et de Gérard Combes: «Jean de Lettes », toutes deux éditées en Horsséries. Participation au Forum organisé à Saint Nauphary par l’Aipadav. 144 abonnements.. 81994: Récital de chant de Jean-Paul Lafargue. Conférence de Gérard Combes: «La fin de la famille Gerla (1834/1878)» et édition en Hors-série. 134 abonnements. 81995 : Conférences de Albert Castès : «Vie et Culte de Saint Théodard, évêque de Narbonne de 885 à 893» et de Guy Astoul : «Vivre à Villebrumier à la fin du XVIIème» et éditions des Hors-séries. Organisation en collaboration avec d’autres associations de la manifestation «39/45, notre village», qui a connu un vif succès, et publication d’une plaquette. 131 abonnements. 81996: Soirée occitane, avec la participation des écoliers, de «La Clé des Chants» et du groupe «Les Reviscols» de Saint-Nauphary, groupée avec une conférence de Alain Raynal: «L’Occitan hier, aujourd’hui, demain». Conférence de Gérard Combes: «Trois destins d’exception de la famille Du Bousquet, seigneurs de Villebrumier aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles» et édition d’un Hors-série. Soirée rencontre sur le thème: « Pourquoi habiter et vivre à Villebrumier? ». 135 abonnements. 81997: Soirée chant avec Kathy Boyé. Conférences de JeanPaul Damaggio: «Villebrumier au temps de Front Populaire en 1936» avec édition d’un Hors-série et de Gérard Combes: «La vente des Biens Nationaux sous la Révolution». 28 u Entre-Nous u 82000: Après-midi d’initiation à Internet. Édition d’un Horssérie «Le Tarn, un atout majeur dans le développement économique de l’Est aquitain» de Guy Astoul. Manifestation «Villebrumier 2000» avec soirée contes, exposition «Regards sur le XXème siècle», atelier Internet, sensibilisation à l’architecture locale, présentation de métiers d’antan et de vieux outils. et tirage de la 'Photo de l’An 2000'. 137 abonnements. 82001: Publication d’un « Spécial n° 50 » de 48 pages. 21 octobre : journée d'étude de la Société Archéologique et Historique du Tarn-et-Garonne portant sur des sujets locaux qui a permis l'édition d'un livret de 44 pages extrait du Bulletin annuel de cette association. 2002 : Conférence de Guy Astoul «L'abbé Balthazard, curé de villebrumier de 1813 à 1831». 5 octobre : exposition relative à l'école d'antan et 24 candidat(e)s de toutes générations présent(e)s pour subir les épreuves du Certificat d’Études. 82003 : : conférence de Christian Dignac consacrée à la généalogie. 127 abonnements. 82004 : Conférence de Guy Jamme pour l'édition de sa monographie de 70 pages «Villebrumier pendant la Guerre 39/45» diffusée très largement. 29 novembre : projections en présence du réalisateur et de la bouvière Renée Nouveau découpage du canton Depuis 1793 Villebrumier était chef-lieu de canton D ésormais, le département comptera 15 cantons au lieu de 30. Les électeurs de chacun d'eux éliront, au printemps 2015, un binôme homme/femme, ce qui va assurer la parité des sexes du Conseil départemental. Le nouveau découpage paraît garantir un meilleur équilibre démographique entre territoires ruraux et zones urbaines avec un écart maximal de 20% à la moyenne départementale qui s'établit à 16.100. La nouvelle circonscription dénommée 'Canton n°5 de Labastide-Saint-Pierre' comporte 15 communes (Bruniquel, Corbarieu, Génébrières, Labastide, Léojac, Monclar, Nohic, Orgueil, Puygaillard, Reyniès, Saint-Nauphary, La SalvetatBelmontet, Varennes, Verlhac-Tescou et Villebrumier) et concerne environ 18.000 habitants. Cette répartition ne tient pas compte des entités intercommunales existantes. C'est en 1793 que Villebrumier devient chef-lieu de canton de la Haute-Garonne. A ce moment-là, ce territoire rattachée au district de Catelsarrasin, est composé de 11 communes : Villebrumier, bien sûr, Corbarieu, Reyniès, SaintNauphary, Varennes, VerlhacTescou, mais aussi Nohic et Orgueil, ainsi que La Vinouze, Moulis et Puylauron, trois localités qui avaient alors le statut de communes. Quelques années plus tard, en 1799 (an VII), en vertu d’une décision du Conseil des Cinq Cents (où siégeait Pierre Gerla), à leur demande, Nohic et Orgueil «sont distraites de leur canton » et «sont réunies » à celui de Grisolles tandis que Villebrumier est confirmé comme chef-lieu. Cette décision .est contestée par le notaire de Reyniès, maître Martin Lamotte qui a présenté un mémoire au gouvernement de l’époque où on peut lire: «Le canton de Villebrumier n’a donc été maintenu que parce que quelques intrigants en ont imposé au Gouvernement en lui représentant que la réunion de ce canton à celui de Montech ou à celui de Grisolles présentait des obstacles de nature insurmontable ou nuisible. (...)» Il est dit aussi que «C’est par exception à la règle générale que ce chétif canton existe» alors que son territoire «n’est que d’un myriamètre au plus» et que «la population ne s’élève qu’à 4.218 personnes de tous âges et de tous sexes, encore même ce nombre est-il suspect». Pourtant, «la loi exige impérativement pour population moyenne d’un canton le nombre de 10.000 âmes et pour étendue 125 km²» Pierre Gerla, qui était visé par cette diatribe, rétorque que ledit canton mesure 150 km2 (alors que 125 suffisent) et que 4.658 habitants le peuplent (alors que d’autres entités comptent une population bien inférieure). Après 220 années, Villebrumier perd, dans les faits, son statut de 'cheflieu de canton'. Avec quelles conséquences ? insolite Ce magnifique meuble est en fait un... véhicule datant du règne de Louis XV. Il s'agit en effet d'une chaise à porteurs qui se trouve dans une maison du village... Cette cabine est munie de brancards pour déplacer à bras d'hommes une personne assise. Ce moyen de transport fut très utilisée par les «personnes de qualité» du XVIe au XVIIIe siècles, en France comme en Europe. Bagelet du film «Femme paysanne» qui a réuni environ 250 spectateurs en deux séances. 82005 : Édition du recueil «Les Poésies d'Aurélie» (69 poèmes). 14 octobre : soirée poésie en présence de plus d'une centaine de personnes. 82006 : Pièces de théâtre avec Catinou et Jacouti, personnages occitans truculents. Juin : 70ème numéro de Entre Nous qui paraît désormais en couleur. Décembre : édition du DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 5 Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier la Guerre 14-18 Les célébrations du Centenaire de la Grande Guerre 14-18 vont se succéder jusqu'en 2018. Entre Nous propose une série d'articles dont certains déjà publiés mais qui conviennent à l'actualité. 1- Quelques aspects locaux de la Grande Guerre dans notre région Des statistiques impressionnantes Les statistiques concernant ce conflit mondial sont impressionnantes : 8 .plus de 60 millions de soldats engagés par les belligérants dont les hommes français nés entre 1867 et 1899 qui représentent, par rapport au recensement de 1911, 40,6 % de la population masculine et 62,7 % des travailleurs actifs ; 8 près de 10 millions de morts dont 1,4 Français, 5.223 tarn-et-garonnais (soit 11 % de la main d’œuvre active départementale) et 24 villebrumiérains figurant sur la stèle ; 8 740 Poilus 'fusillés pour l'exemple' dont 4 tarn-et-gaonnais abattus par les balles des pelotons d’exécution français ; 8 environ 21 millions de blessés ou invalides dont 3,740 millions de Français; 8 550.000 prisonniers français dont Boisset Pierre «Mort en captivité, inhumé à la Nécropole nationale des prisonniers de guerre français à Sarrebourg» ; 8 7,7 millions de disparus ; 8 d'innombrables veuves et orphelins ; 8 de vastes régions dévastées ; RUBRIQUE À BRAC - SUITE Cueillette : Adéfaut de trouver des cèpes, qui se sont montrés bien discrets dans les bois alentour cette année, au mois de novembre, les connaisseurs ont ramassé des espèces aussi goûteuses comme chanterelles, trompettes de la mort ou pieds de mouton... Belle cueillette de pieds de mouton 8 baisse importante de la natalité... La construction des Monuments aux Morts Pour honorer les 'Morts pour la France', les Pouvoirs Publics ont décidé d'ériger des Monuments aux Morts, et, en majorité, ils l'ont été entre 1920 et 1930. Le premier construit dans notre commune date de 1923. En Tarn-et-Garonne, 460 plaques apposées à travers les localités recensent les Poilus tombés au combat. Auparavant, il n'existait que peu de stèles listant les morts lors d'un conflit. Les premières, dédiées aux victimes de la Guerre de 1870, ont été élevées à partir des années 1880. Dans le département, on en recense à Moissac ou à Beaumont-de-Lomagne, où elle a été inaugurée le 26 octobre 1909. A Bardigues, Montgaillard, et Puygaillard-de-Quercy, les noms sont ajoutés à la liste de la Grande-Guerre. A Garganvillar et Lamagistère, une plaque apposée au cimetière rappelle le souvenir des victimes. A Montauban, à l'entrée rive droite du Pont Vieux, trône l'œuvre de jeunesse d'Antoine Bourdelle dont la construction fut lancée en 1895 pour une inauguration le 14 septembre 1902. L'édifice est voué aux «Morts, Combattants et Serviteurs du Tarn-etGaronne». Monument aux Morts de la Guerre de 1870, œuvre de Bourdelle inaugurée à Montauban en 1902 Le registre des décès de Villebrumier ne laisse pas apparaître de tué lié à la Guerre de 1870. En revanche, le 23 avril 1871, la commune a pu déplorer la mort de Léon Botte, caporal au 51ème de Marche, survenue à l'Hôpital Ambulance du Vésinet où il avait été transporté deux jours avant suite à une fracture du crâne. La date du décès et l'emplacement de la localité, proche de la capitale, laissent penser que ce soldat par- u Vin nouveau : On a fêté l'arrivée du vin nouveau au 'Quai des Brumes' le jeudi 21 novembre. Une soirée où la musique a couvert le bruit des bouchons tirés. u Démographie: Selon l'Insee, au 1er janvier 2014, Villebrumier compte 1.252 habitants (+ 12 par rapport à 2013). Le canton actuel en recense 6.813 (+ 886 depuis 2011), le Tarn-et-Garonne 251.042, soit un accroissement de + 1,5 % par an, le plus rapide des départements de France métropolitaine. u Nécrologie : Daniel Pascal et Roger Proto nous ont quittés récemment. Ils étaient tous deux de fidèles lecteurs du journal. L'équipe de 'Entre Nous' partage la peine de leurs proches. u Changements : Le médecin généraliste Cyprian Mindru, installé depuis le 1er août, a arrêté son activité fin septembre. Le docteur Anne Saint-Palais assure des consultations au sein du cabinet du docteur Etienne Astoul. u Chorale: La 'Clé des Chants' a participé à deux concerts de haute tenue, l'un vendredi soir 13 décembre Eglise du Breuil à Albi en compagnie des hôtes 'Les Cançonnaïres' et en présence de quelque 150 personnes, l'autre le dimanche après-midi 15, Eglise de Villemur, abondamment garnie de près de 400 auditeurs, avec comme invité le Choeur d'hommes du Béarn. 6 u Entre-Nous u Collectionneuse tortues miniatures de E lle trouve ces objets dans des boutiques de cadeaux, en ville, sur des sites touristiques ou lors de séjours à l'étranger. Ils sont exposés dans une vitrine et attendent la venue d'une représentation différente pour enrichir la collection. Depuis quelques décennies, ma fille se passionne pour collectionner des reproductions miniatures de tortues composées à partir de matériaux divers : corne, métal, céramique, lave de volcan, pierre, perles, coquillages, tissus paille tressée, peluche, bois ajouré ou peint... Pour en savoir plus Les tortues forment un ordre de reptiles dont la caractéristique qui les singularise est de porter une carapace qui est constituée d'un plastron au niveau du ventre et d'une dossière sur le dessus reliés par deux ponts sur les côtés du corps. On distingue les tortues terrestres, les tortues aquatiques d'eau douce (ou tortues dulçaquicoles) et les tortues marines qui composent en tout 329 espèces divisées en 14 familles dont près de la moitié est menacée de disparition. Les femelles sont ovipares et pondent environ une fois par an. Leur alimentation varie selon les espèces et se compose de viande ou de végétaux. Elles vivent dans des habitats très divers répartis sur une bonne partie du globe. Cet animal a une importance toute particulière dans la numismatique. En effet, parmi les premières pièces de monnaie de l'Histoire, on trouve les drachmes d'Égine frappés d'une tortue sur l'endroit et dont l'existence remonte au VIIe siècle avant J.-C.. YVES Jouer avec le Mot Marcher ou avancer à pas de tortue très lentement u 'Le lièvre et la tortue' fable de La Fontaine u Former une tortue avec des boucliers les soldats romains en formation de combat se couvraient la tête avec leurs boucliers pour se protéger des projectiles. u Anagrammes de 'Tortue' 'touret' et 'tourte'. DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 27 RUBRIQUE À BRAC Éclairage : Afin d'éviter l'éblouissement à hauteur des yeux des conducteurs franchissant le pont, des tubes de lueur bleue ont remplacé ceux diffusant une lumière blanche trop vive. u Eléphanfare : Samedi 19 octobre aprèsmidi, dans le cadre des 'Embarcadères', un volet de la saison culturelle en Pays Montalbanais, en partenariat avec l’association 'REEL' et en liaison avec 'Yaka Jouer', a eu lieu un événement festif original. La manifestation a débuté par un défilé en musique dans les rues du village avec pour vedette un éléphant grand format en papier mâché créé à partir d’une histoire incroyable par des enfants. Après une halte aux «Chênes Verts», bien appréciée des résidents, les festivités ont continué dans la salle des fêtes avec un spectacle de cirque présenté par 'La Boîte à Malices', l'école d’initiation aux arts du cirque de Montauban, qui a enchanté petits et grands avant de découvrir une démonstration de percussions et danses africaines proposée par les enfants du centre de loisirs. Acteurs et spectateurs, venus en famille, se sont rassemblés autour d’un goûter offert par la Communauté de Communes puis autour d'un repas type 'auberge Espagnole'. Une façon de mettre en avant la culture en tant que lien social. u Chemins de randonnées : La Communauté de Communes (CCTGV) a mis en œuvre son projet de randonnées pédestres sur l'ensemble de son territoire. A ce titre, un itinéraire a été retenu sur la commune de Villebrumier qui sera répertorié au programme départemental. u Téléthon : Certains pompiers de Villebrumier sont également motards. Ils ont rassemblé 40 motos et 61 participant(e)s pour rallier d'abord Saint- Nicolas-de-la-Grave puis rejoindre Montpezat-de-Quercy pour le repas pris au restaurant 'Le Camillou' géré par Christelle Contard, la fille de Camille Boyer, aujourd’hui disparu, qui fut longtemps chef de centre chez les sapeurs-pompiers de Villebrumier. Le retour s'est fait via Caylus, Saint-Antonin, Bruniquel et Monclar-de-Quercy... soit une balade touristique de 220 km. Les bénéfices de cette initiative qui s'inscrivait dans le cadre du 'Téléthon' ont été entièrement reversés à l’Association Française contre les Myopathies. u Rallye pédestre : Le samedi après-midi 21 septembre, l'édition 2013 a rassemblé 51 marcheurs qui ont dû parcourir 8 kilomètres tout en répondant 24 questions ludiques et en participant à 6 jeux alliant l'adresse, le hasard et les connaissances. Les 5 plus perspicaces se nomment Jérémy Ségato, Emilie u Entre-Nous u constitués comme les Anciens Combattants et leurs porte-drapeaux, la Gendarmerie et les Sapeurs Pompiers, ainsi que des écoliers accompagnés du directeur de l’école, des villageois de tous âges… Comme le prévoit le protocole, se sont succédés la levée des couleurs, le dépôt des gerbes, les discours officiels, l’Appel et la sonnerie 'Aux Morts', la Minute de silence, et l’hymne national. Le vin d’honneur qui a suivi, offert par la Municipalité, a permis de nombreux échanges d’impressions. u Aînés : Les responsables du club 'Les Joyeux Baladins' proposent régulièrement des activités ludiques et culturelles aux adhérents. Outre les rendez-vous hebdomadaires au local de de la Maison Gerla et les concours de belote mensuel de la salle des fêtes, ils ont organisé, le lundi 18 novembre, A380 en cours de montage Arnoul, Alexandra Pezet, Bernard Linas et Quentin Linas. Le repas du soir a réuni 56 convives. Les organisateurs se disent satisfaits par la venue de nouveaux visages, l'arrivée de jeux attractifs et l'excellente ambiance. u Soirée : Le spectacle cabaret proposé le samedi soir 5 octobre par la nouvelle association 'ATIP'Q' n'a réuni qu'une faible affluence. Dommage. u Pêche : L'habituel 'Enduro de la carpe' s'est déroulé les 19 et 20 octobre. Les prises (toutes remises à l'eau) représentent plusieurs dizaines de kilos, dont un spécimen de 15 kg, u Lotos : La tradition perdure : quelques associations comme le Club des Aînés, 'La Clé des Chants', la Boule lyonnaise, le 'Football Club des 2 Ponts', ont proposé un loto en vue d'alimenter leur trésorerie. u Nouveauté : L’Association Modélisme Villebrumier (AMV), présidée par Félix Balaguer, propose, toutes les deux semaines, en soirée à la salle des fêtes, des sessions de courses de bolides modèles réduits sur une piste conçue à cet effet. u 11 novembre : Sous un soleil agréable, une foule plus nombreuse qu'à l'accoutumé a assisté à la cérémonie du souvenir devant le Monument aux Morts. Parmi l'assistance, on notait la présence d’élus et des corps 26 une visite fort instructive du site d'assemblage de l'Airbus A380 à Blagnac. La cinquantaine de présents a pu apprécier non seulement le gabarit impressionnant des appareils mais également les prouesses technologiques qui permettent à ce géant des airs de transporter jusqu'à 900 passagers sans escale durant 14.000 km. u ticipait aux combats liés à la 'Commune de Paris' (18 mars/28 mai 1871) et non à la guerre de 70. Le symbolisme des stèles Les Monuments aux Morts sont intégrés dans l'espace urbain et font partie du patrimoine communal. Leur aspect, bien différent d'une localité à l'autre, sobre ou plus pompeux, est parfois l’œuvre d'un artiste de la région. Assez souvent, c'est un Poilu qui est représenté, comme à Montech, Nègrepelisse, Verdun-sur-Garonne, Villemur ou Villebrumier, pour la première version. La forme d'un obélisque est courante comme c'est le cas actuellement dans notre commune. Un bâti type mur est plus rare mais existe par exemple à Orgueil ou MasGrenier. En principe, ces constructions sont conçues comme des lieux de souvenirs, de mémoire et d'histoire locale pour rendre hommage aux morts pour la patrie. Souvent, placées bien en vue sur une place publique, quelquefois surmontées d’un coq gaulois, on y glorifie les courageux soldats, leurs combats et leurs victoires par des formules «patriotiques» évoquant l’honneur : «Hommage glorieux et reconnaissant aux enfants de Montech morts pour la France» ou «Si tu veux la paix, prépare la guerre» ou «Gloire aux enfants de...» ou «Aux enfants de…tombés glorieusement». Poilu représenté à Montech Bourse : Le dimanche 1er décembre, l'Association de Parents d’Élèves organisait sa bourse aux jouets, une manifestation qui a drainé bien des curieux à l'approche de Noël. u CCTGV : La Communauté de Communes des Territoires de Grisolles et Villebrumier qui comptait 10 communes depuis sa création va s'étendre à compter du 1er janvier à Canals, Fabas et Pompignan. Le Conseil Communautaire formé des élus de chaque localité a décidé la création d'un 'Centre Social', une structure qui entend favoriser le 'Vivre ensemble' en menant des actions qui visent quatre domaines spécifiques : l'associatif, l'adolescence, les personnes âgées et les jeunes parents. u DÉCEMBRE 2013 Au Mas Grenier, en plus du Monument aux Morts, trône le Monument des Combattants Les stèles «classiques» ou «civiques», les plus nombreuses, sont caractérisées par leur dépouillement (c'est le cas à Villebrumier pour l'ac“Monument du tuelle), et souvent entourées d'une grille en fer forgé, parcombattant” à Mas Grenier fois accompagnées d'obus, comme à Campsas. On y lit alors une formule plus neutre, simplement civique, comme «Aux morts pour la Patrie. Villebrumier à ses enfants», ou «La commune de… à ses enfants morts pour la France (ou la Patrie)» ou simplement «A nos morts». Quelquefois, malgré la loi de 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État, des plaques se trouvent dans des églises et portent des signes religieux comme des croix ou des inscriptions faisant appel à la foi. Il est vrai qu'elles sont dédiées aux paroissiens. D'autres représentations, plus rares, d'un tout autre concept, délivrent des messages pacifistes et montrent la douleur d'une mères et de ses enfants. Les slogans sont sans ambiguïté : «L'union des travailleurs fera la paix du monde » (reprise d'une citation d'Anatole France)», «Maudite soit la guerre et ses auteurs » ou «La ville de …à ses enfants victimes de la guerre», «Guerre à la guerre, Fraternité entre les peuples». Au Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne), existe au sein du cimetière le Monument aux Morts classique, une grande paroi portant les noms des tués, mais en plus trône sur la place le 'Monument des Combattants' réalisé par le sculpteur toulousain DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 7 Auguste Guénot (1882-1966) : cette œuvre originale, inspirée du 'David' de Michel-Ange, plante un Poilu pacifiste, bel athlète nu, sans arme, seulement protégé d'un casque, tenant pour cacher son sexe un écu où apparaissent gravés les noms des batailles où a péri la jeunesse française. A Lavercantière (Lot), sous la représentation d'une femme éplorée, on lit : «Pauvres drôles» ('enfants' en occitan). A Cazaril-Laspènes (HauteGaronne), comme dans plusieurs cas de la Creuse, apparaît la mention «Maudite soit la guerre». Encore dans ce département, à Royère-de-Vassivière, sur la tombe d'un soldat fusillé pour l'exemple en 1915 pour délit de lâcheté, (et réhabilité en 1934) ses amis ont placé l'inscription suivante : «Maudite soit la guerre ! Maudits soient ses bourreaux ! Baudy n'est pas un lâche, mais un martyr !». Certains sculpteurs de renom ont été sollicités pour concevoir un Mémorial. Ainsi, Antoine Bourdelle a réalisé celui de Montauban, situé Cours Foucault, dont l'idée de création date de 1919, inauguré le 13 novembre 1932, après sa disparition, Le même auteur a créé également celui de Capoulet-et-Junac (Ariège), classé monument historique en 2007, sensé représenter la peur, la souffrance et la mort. A Négrepelisse, c'est le fils du montalbanais Léon Cladel, Marius, qui a sculpté le personnage. Quelques particularités A Villebrumier, la liste des morts apparaît par année de la classe, mais ailleurs, les noms sont gravés soit par ordre alphabétique, soit par année du décès. A Bruniquel, un quatrain en occitan est gravé sur le mémorial : «Sus aquel monument ont ton uèlh s’escarquilha Passant i legiràs lo nom de la familha Qu’a de son sang pagat de la França un talhon Que per ela a donat çò qu’aviá de melhor » Ce qui signifie : «Sur ce monument où ton œil s’écarquille/ Passant tu y liras le nom de la famille/ Qui a, de son sang, payé de la France un morceau/ Qui, pour elle, a donné ce qu’elle avait de meilleur»). A Orgueil, la date est curieuse : 8 u Entre-Nous u Marius, œuvre du fils du montalbanais Léon Cladel, à Nègrepelisse «Guerre 1914 -1919». A Saint-Nicolas-de-la-Grave, le monument inauguré en 1923, présente une iconographie exceptionnelle, non seulement en raison de la qualité de la sculpture, mais aussi pour le thème choisi par l'artiste André Abbal. Le soldat est habillé réglementairement, avec ses bandes molletières, ses cartouchières, sa gourde, sa capote bien boutonnée. Il n’est ni blessé ni mort. Il n’est pas dans une Sculpture à Saint Nicolas de la Grave position de combat, car il semble manifestement se reposer, mais il est en première ligne, car son fusil est dans un emplacement de tir, et ses grenades se trouvent à portée de main. Songe-t-il aux siens, aux travaux des champs ? ou de lâcheté. Se pose la question de les réhabiliter globalement ou d'examiner les dossiers au cas par cas. La réponse divise encore les spécialistes. Émile Busquet, de Saint-Cirice, considéré dans ses états de service comme un bon soldat, au demeurant grièvement blessé le 26 septembre 1914, est fusillé à 22 ans suite à l’arrêté d’exécution du tribunal militaire du 19 octobre 1914, accusé de mutilations volontaires. Émile Crébessegues, de Dunes, condamné à mort, fut renvoyé au front et tomba sous les balles ennemies le 14 décembre 1914 dans la Marne, si bien que son nom est donc gravé sur le monument communal. Louis-Raphaël Périnin, natif de Rennes, mais résidant à Castelsarrasin. lourdement condamné à quatre années de prison militaire pour plusieurs désertions, retrouve le 8 mai 1917 son bataillon. A nouveau déserteur, il est fusillé pour abandon de poste le 19 octobre 1917. Casimir Fajournel, de Castanet. participe aux batailles de la Marne et de Champagne. Blessé le 15 mai 1915 avec d'autres compagnons, il se réfugie à l’arrière comme eux et est accusé d’abandon de poste et condamné à mort. Le 1er juillet 1927, la Cour de cassation l'a réhabilité à titre posthume. Cyr Roques de Saint-Cirq, après avoir participé aux grandes batailles de Bertrix en Belgique et de la la Marne, est d'abord blessé à une cuisse puis le 20 décembre 1914, lors d’une offensive, à un doigt. Il est accusé de s'être mutilé, version qu'il réfute, et condamné à mort par le Conseil de Guerre le 6 janvier 1915. Son nom figure néanmoins sur le monument aux morts. Par ailleurs, des prisonniers allemands ont séjourné dans les casernes de Montauban, notamment dans celle du quartier Pomponne. Edouard Duleu et son dynamique ensemble». Le dimanche de Sainte-Cécile, (patronne des musiciens, fêtée le 22 novembre) «à la messe de 11 heures, les musiciens, sous la direction de M. Sol, ont exécuté magistralement la marche triomphale 'L’Apothéose', 'L’Arlésienne' de Bizet, 'L’Ave Maria' de Schubert, 'La Marche solennelle' de Grieg, (…) A l'issue de l'office, un cortège formé de la clique, des enfants, d'une délégation des pompiers, des Anciens Combattants, des élus de la Municipalité et d'une foule nombreuse s'est rendu au Monument au Morts où une gerbe a été déposée et où le Maire a prononcé une allocution à la mémoire des disparus. (…) A 12 h 30, un délicieux et copieux repas d'une cinquantaine de couverts a été servi à la 'Pension de famille' préparé par Mme Lebon» En 1960, «à l'occasion d'un bal organisé par La Lyre dimanche soir, a eu lieu l'élection de la Reine du canton et de ses demoiselles d'honneur. (…) Le jury a désigné, entre une dizaine de concurrentes, Melle Fanny Muratore, 20 ans, un jolie brune aux yeux noirs et un teint de pêche, ouvrière dans une entreprise de pâtes alimentaires. (…) La première demoiselle d'honneur s'appelle Wanda Jorga, 16 ans, de Reyniès, et la seconde Solange Mercadier, 19 ans, de SaintNauphary». Les trois lauréates ont par la suite concouru au titre de 'Reine du Carnaval du Quercy' à Montauban organisé par le 'GERM'. Les courses cyclistes Une autre liasse montre que Michel Lacaze se passionnait pour le sport en général et le cyclisme en particulier. Il y est précisé qu'avant guerre, l'homme présida le 'Sporting Club Villebrumiérain'. Le club comportait alors une section 'football' au sein de laquelle il joua et une autre 'cyclisme' qui comptait 5 licenciés et organisait le jour de l'Ascension de célèbres courses d'envergure nationale sur le vélodrome en terre battue situé à l'emplacement actuel du groupe scolaire. Puis, à partir de 1947, devenu président du Comité des Fêtes local et du célèbre 'Guidon montalbanais', il organisa un 'Gand Prix des Fêtes de Villebrumier' le lundi de la fête votive : «Tout d'abord, le circuit passait par Les Sapinettes, Saint-Nauphary, Montauban-Les Trois Ponts, Corbarieu, Reyniès et Villebrumier. Puis, la distance fut réduite à une boucle de 870 mètres autour du village. (…) Ce lundi 12 juillet 1954, les 50 participants auront à cœur d'inscrire leur nom au palmarès à la suite des Saint-Laurent, Gury, Pineau, Rascagrères... (…) Plus de 30.00 francs de prix (dont 10.000 au premier) seront distribués, sans compter les nombreuses primes proposées par le réputé speaker Martial Paris. (…) Le comité organisateur au sein duquel figurent outre Michel Lacaze, Yvan Lurdes, Roger Lages, tous trois conseillers municipaux, et le maireconseiller général Raymond David, a décidé d'éliminer, pour assurer le parfait contrôle de cette kermesse, un coureur tous les deux tours jusqu'à n'en compter que 20 ;en course» Les aspects plus personnels Une troisième série de coupons concerne les manifestations départementales consacrées aux « déportés, internés et familles de disparus ». En effet, Michel Lacaze est un rescapé de la déportation et était l'un des 2.521 passagers partis de Compiègne dans le tristement célèbre 'Train de la Mort' qui a livré 984 cadavres à l'arrivée à Dachau. Une photo immortalise la remise de la médaille de la déportation en 1961. Un quatrième lot de feuilles rappelle les engagements de Michel Lacaze tant au plan professionnel au sein du 'Syndicat Départemental de la Boucherie' qu'au niveau politique comme membre du Parti Radical. Il fut candidat tête de liste à plusieurs reprises aux élections municipales, mais s'il fut élu, il ne put briguer le poste de maire faute de majorité parmi les conseillers. Par ailleurs, l'homme fut le premier chef du corps des sapeurspompiers créé en 1955 et le Centre de secours porte d'ailleurs son nom. Informations recueillies par GUY insolite Route de Saint-Nauphary, lieu-dit 'Valgilade', on remarque, derrière le muret, une taille un peu spéciale de la haie : c'est un... lapin géant qui se prénomme Lupin, c'est un gros malin qui ne mange pas de foin. Fusillés pour l'exemple Parmi les 740 Poilus 'fusillés pour l'exemple', ont été recensés 5 cas de Tarn-et-Garonnais. accusés de désertion DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 25 Impulsée par Michel Lacaze, la Lyre animait le village dans les années 50/60 La création de la Lyre date de 1953 Une coupure datant de 1958 précise «'La Lyre villebrumiéraine' est une société de musique forte de quelque soixante exécutants, fondée en 1953 par une poignée d'animateurs locaux : Michel Lacaze, Raoul Astoul, Michel Blanc, Andrée Cogoreux, Madeleine Cyprien et le dévoué chef Jean Sol». Michel Lacaze, boucher de son état, e montrait très actif : il présidait cette association et en animait plusieurs autres La lecture de ces documents donne plusieurs informations : «Depuis 5 ans, Villebrumier célèbre avec éclat le jour de la Mi-Carême (…) et a eu la plaisir de recevoir, en 1957, dans la coquette salle du Foyer Rural la délicieuse Cécile Marion en compagnie des fameux clowns Fratelli (…) Ce jour-là, quel monde à Vllebrumier !» ; «La Lyre donne habituellement un concert du lundi de Pâques» ; «La sympathique société a fait applaudir au deuxième carnaval du Quercy à Montauban son magnifique char 'Notre Spoutnik'». 24 u Entre-Nous u 2- L’histoire des Monuments aux Morts de Villebrumier Ginette Sahuc/Lacaze a retrouvé dans sa maison familiale, sise à l'angle des rues des Anneaux et Gambetta, des dossiers contenant des coupures de journaux jaunies. Elle les a confiées à 'Entre Nous' pour en tirer profit... Séance de théâtre donné par La Lyre La fête de la Mi-Crême Cette année-là, la Mi-Carême a revêtu un faste exceptionnel : «Jeudi dernier, la Lyre a magistralement donné un aperçu de ses talents d'organisateur. Après la matinée enfantine, le concours de travestis et le goûter de l'après-midi, sur le coup de 21 heures, 800 personnes (le double de la population de la commune) se pressaient sur le parcours jalonné de feux de bengale en dépit d'un ciel incertain. La foule a applaudi le défilé de 7 chars illuminés parmi lesquels la création locale 'Notre Spoutnik' et la prestation des musiciens des lyres de Fronton et de Villebrumier . Vers 22 h 30, cette fête inédite se prolongea par un grand bal avec le virtuose accordéoniste C’est lors de la séance du Conseil municipal du 1er avril 1920, présidée par le Maire Irénée Coulom, qu’est retenu le principe de «l’érection d’un Monument commémoratif pour les Morts de la Grande Guerre». L’œuvre est confiée à Joseph Gabriel Sentis, artiste sculpteur de Villemur, qui en a conçue plusieurs autres alentour. Elle représente «un groupe de deux figures avec piédestal» en ciment armé, le tout mesurant 4,65 m de hauteur. Par ailleurs, un certain Séguéla s’engage à fournir «une plaque de marbre avec gravure de 24 noms à fixer». Si l’on ajoute le placement de 4 obus reliés par une chaîne et les autres frais d’aménagement, l’ensemble est estimé à 5.650 francs. Une souscription sera lancée et rapportera 1.492 francs. Cette somme sera versée à Sentis le 12 juillet 1920 par Joseph Valette, conseiller municipal et Président du Comité de Souscription. Le 1er août 1920, l’assemblée communale contracte un emprunt dont 4.500 francs serviront à financer l’ouvrage. Le Président de la République A. Millerand approuve, par décret du 31 janvier 1921, l’érection de cet édifice. Mais l’exécution tarde a être réalisée comme en atteste la déclaration du Maire lors du Conseil municipal du 12 juin 1923 : «(…) le Monument aux Morts de la Grande Guerre que jusqu’ici on n’avait pu faire aménager définitivement faute de main d’œuvre le sera incessamment». Il présente alors les devis relatifs au surélèvement, au dallage et à la pose de la grille puis propose que le contrat des travaux fasse l’objet d’un marché de gré à gré. L’édification sera enfin réalisée cette année-là. L’œuvre de Sentis ne durera guère que trente ans. En effet, le 8 octobre 1953, l’assemblée communale dirigée par le Maire Raymond David, décide de «raser entièrement l’ancien Monument aux Morts qui tombe en ruine et d’en ériger un nouveau avec un matériau résistant à l’épreuve du temps. Le sentiment de la majorité de l’Assemblée est que le nouveau monu- L’ancien Monuments aux Morts oeuvre de Joseph Sentis, 1923 L’actuelle Stèle érigée en 1953 ment devrait être en place le 11 novembre prochain». Manifestement, cette intention n’est pas unanimement partagée puisque la délibération indique : «Monsieur le Maire attire l‘attention du Conseil sur le fait que la dépense qui résultera de cette décision n’a pas été prévue au budget, ce qui provoquera de sérieuses difficultés pour le financement. Le Conseil passe outre. Monsieur le Maire propose alors de confier à M. Daudibertières, ingénieur des Ponts et Chaussées, l’étude d’une maquette. Cette proposition est écartée. M. Lacaze propose purement et simplement, sans souci de l’irrégularité que cela représente, de DÉCEMBRE 2013 confier l’érection du monument à un entrepreneur, et le Conseil se range à son avis. M. le Maire renouvelle ses réserves». Un marché de gré à gré est ainsi passé entre le Maire et l’entrepreneur Alban Delmas de Montauban pour «la reconstruction du Monument aux Morts conforme aux règles de l’art» à l’aide de « matériaux de choix, chacun suivant son espèce». 26 noms gravés sur le marbre Parmi des 26 noms des soldats figurant sur la stèle, deux, Louis Viguié et Gaston Montardy, sont détachés parce que ‘Morts pour la France’ au printemps 1940, lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Si l’on prête attention à la liste des morts de la Grande Guerre, on peut noter quelques curiosités, anomalies ou mystères. Deux curiosité apparaissent. D’abord, l’ordre des patronymes n’est ni alphabétique, ni chronologique, ni par dates de décès ; il apparaît par ‘classe’, ce qui n’est pas d’un usage courant. Ensuite, Boisset Pierre est un prisonnier de guerre «Mort en captivité, inhumé à la Nécropole nationale des français à Sarrebourg». Enfin, deux soldats sont décédés à l’hôpital de Vouziers (Ardennes) après la fin officielle de la guerre, le 11 novembre 1918. Ainsi, Pélissier Jean, classe 1896, est mort le 23 Décembre 1918 des suites de maladie contractée en service commandé. De même, Rouquette Jean Marius est décédé le 28 Février 1919. Des anomalies sont à signaler. Alors que 24 noms sont inscrits sur la plaque, il n’existe en Mairie que 19 transcriptions d’actes et autres jugements, attestant des décès des soldats habitant la commune tandis que sont dûment enregistrés à Villebrumier, mairie de leur dernier domicile connu, les noms des soldats Pujol Jean-Louis et Lardemelle Louis, décédés en temps de guerre, qui n’ont pourtant pas été gravés dans le marbre. A contrario, d’autres y figurent, alors que la transcription de leur décès a été enregistrée dans une autre commune où DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 9 La liste comporte quelques anomalies leurs noms apparaissent : Terrancle Victor Elie, à Labastide Saint Pierre (82) et Soulié Louis Jules, à Villemur (31). Janis Louis est porté décédé à son domicile en avril 1917 à Reyniès (82) où est inscrit Janis Emile né en 1894, sans doute un frère. Il semble que les anomalies relevées ici se retrouvent sur beaucoup d'autres stèles. Et si pour y être inscrit, la reconnaissance du statut de 'Mort pour la France' est légalement nécessaire, cette règle n'est pas strictement appliquée. Quelques mystères subsistent. Concernant Taillefer Louis, il existe bien, à Villebrumier, un acte de naissance du 12 Juin 1874, mais il s’agit d’un Louis Tailhefer (avec un LH et non 2 L). S’agitil du même homme ? S’agissant d’Eymeric Joseph, aucune trace d’acte de naissance ou de décès n’a été relevée. Et pour cause : son nom ne figure pas dans la liste officielle des 'Morts pour la France' et cet homme, semble-t-il, n'a jamais résidé à Villebrumier durant la guerre, sa famille ne s'étant installée dans une ferme du coteau, du côté de 'Noble', qu'en 1919. La mention ‘A Bénech’, gravée immédiatement après le nom de Janis Louis, n’a pas été expliquée. Le patronyme Bénech suivi du prénom avec une initiale 'A' se retrouve à Cazals et Montauban (Amédée), Fajolles (Antonin) et Septfonds (Antoine). Enquête de GUY JAMME avec l'aide de JEAN-LOUIS GARCIA. Sources : archives municipales ; journal Entre Nous n°36 ; sites Internet. 10 u Entre-Nous u 3- Carnet de route du poilu Ernest JAMME «M. Jamme Ernest, soldat au 95 ème Régiment classe 1896 n° matricule 345 est rappelé à l’activité par Ordre de Mobilisation Générale du 1er août 1914; incorporé au 121 ème RIT arrivé au corps le 13 août 1914 arrivé en renfort au 96 RI le 15 mars 1915 arrivé en renfort au GBD en exécution de la note du GBD n° 43 381 du 30 octobre et de la note ministérielle de la 31 DI n° 2 320 en date du 17 novembre 1918 arrivé au GBD le 19 novembre 1918 démobilisé le 29 janvier 1919. Copie certifiée conforme Lieuran les Béziers, le 8 octobre 1919». Ainsi, à l’âge de 38 ans, mon grand-père, quitte sa femme, ses deux jeunes enfants, (l’un de sept ans, l’autre de six mois), sa famille et son village pour aller faire la guerre... Il note sur un petit carnet un certain nombre de repaires qui permettent de suivre son parcours dans la Marne, non loin de Valmy, aux alentours des communes de SommeSuippe, Somme-Tourbe, Saint-Jean, Perthes., Dommartin. .A travers ces écrits, certes laconiques, il est possible de deviner les conditions d’existence d’un Poilu. .J’ai retrouvé ce document dont j’ai relevé quelques passages significatifs. «Vu le premier aéroplane. Passé à Châlons sur Marne sur le pont qu’avaient démolis les boches, remonté par le Génie porte la toute première annotation. Chaque feuillet indique la date, le nombre de jours de guerre passés et la durée de sa propre campagne. Le lundi 24 mai 1915 (294/1), depuis Béziers, Ernest prend le train de combat du SP 133 pour gagner le front. Le convoi passe et s’arrête à Sète, Nîmes, Avignon où «une bonne dame (lui) donne un quart de café» et arrive à Lyon le mardi soir. Le samedi (299/6), c’est le contact avec les combats: « Le soir à insolite Un jeton de téléphone (pile et face)-1937 Ernest Jamme 5 heures, les avions français ont survolé les lignes boches. Tirs des canons allemands. Départ à 5 h 30 du 1er bataillon pour aller dans les tranchées.». Le dimanche, est traversé un «village bombardé par les Boches (où) il ne reste plus que l’église et un hangar» Le lundi (301/8), on lit:«Coucher dans les tranchées. Reparti à 8 heures du matin pour rejoindre le campement.». Tout au long des jours, alternent des périodes d’accalmie et des moments à risques: «jeudi 3 juin: Promenade des chevaux. Dormi jusqu’à 4 heures. vendredi 4: Repos. Pansage. Deux marmites passent sur nos têtes et vont éclater plus loin. samedi 5: Matin: un Taub (avion allemand, ndlr ) survole nos lignes . Vive canonnade. A minuit, vive canonnade. Des mitrailles incessantes. Briquet des années 1935/1940 (??) avec l'estampille et l'inscription : "MINISTERE DES FINANCES" Voilà un objet bien curieux qui date du XVème siècle, possession d'un habitant de la commune... C'est un «baston à feu», en fait un fusil en fer coulé. La poudre noire utilisée, un mélange de salpêtre, de souffre et de charbon, était versée par la gueule et tassée puis la balle introduite par le canon. Cet engin d'un maniement dangereux a remplacé les armes de jet comme l'arc ou l'arbalète dès le XIVème siècle. Citation à l’ordre DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 23 Lettre de Jean de Marigny à son ami Antoine Bourdelle La lettre de Jean De Marigny reproduite ci-dessous atteste des relations suivies qu'il entretenait avec Antoine Bourdelle. Cette missive montre combien ce notable local adule l’artiste dont il est le mécène. Elle confirme que le sculpteur aimait peindre des portraits au pastel et elle témoigne aussi tout à la fois du temps qu’il faisait à Villebrumier, de l’état de santé de son épouse, de son imprégnation religieuse... (document trouvé par B.LAPORTE) Villebrumier, janvier 98 Elle a bien mal fini et elle commence bien mal pour nous, mon cher ami, cette année nouvelle. Si les vœux des humains peuvent attendrir l’implacable destinée, les vôtres seront sûrement exaucés: l’artiste, en effet, qui est plus un esprit qu’un corps, doit avoir avec la Cause de Tout des affinités que nous autres, vautrés dans la fange, ignorerons. Les élévations de votre âme, agenouillée aux sommets de l’art éternel, ne sont-elles pas des prières? Et Dieu peut-il refuser quelque chose à ceux qui s’essayent à traduire quelques fragments de cette Beauté qui réside en Lui? Nous n’avons point ici de givre étoilant les arbres, et le soleil étriqué n’a cessé de luire sur nous pendant ces premiers mois d’hiver. Mais nous sommes tristes, et la voie douloureuse où nous sommes condamnés à marcher s’allonge à l’infini devant nous, sans une halte en vue pour s’y reposer. Ma pauvre femme souffre depuis 3 mois environ. Elle garde le lit, résignée et douce comme un oiseau dont on aurait cassé les ailes. Et nous restons à son chevet, impuissants à la remettre sur pieds, et attendant qu’il plaise à la Providence de marquer le terme de cette épreuve. Le long repos forcé a. provoqué chez la chère malade une gastrite aiguë qui l’empêche de se nourrir et qui a augmenté sa faiblesse. Les médecins ne sont pourtant pas inquiets de cet état , ils m’assurent même que l’affection dont souffre ma femme (en dehors de son estomac) est en bonne voie de guérison, qu’il suffit de s’armer de patience .Ah! la patience! Nous n’avons que ça depuis 10 ans et cela ne nous sert point à grand chose! Bref, nous sommes cloués à Villebrumier pour une période indéterminée, peut-être pour tout l’hiver! Irons-nous à Toulouse, à Paris? Mystère! Nous vivons au jour le jour, dans l’attente d’une amélioration qui ne vient jamais... en nous demandant si le fatalisme des orientaux ne vaut pas mieux que notre hypocrite résignation ( que nous avons l’habitude de n’arborer que lorsque nous ne pouvons faire autrement). Ah! si l’on pouvait conjurer la douleur ou la tristesse par la révolte, il y aurait sans doute moins de gens « soumis à la volonté de Dieu ». En somme, la résignation à l’inéluctable est encore ce que l’on a trouvé de mieux pour permettre à l’humanité de prendre son mal en patience. Et ce sera encore une des gloires du Christianisme d’avoir réussi cela . Mais assez parlé de nous et de nos misères, à quoi bon vous attrister de leur récit ? Vous n’avez pas le droit de vous arrêter sur la route pour écouter les gémissements de ceux qui passent, vous qui devez rester! Où en sont les Combattants? (1) Le monument sera-t-il prêt pour le salon de cette année? Que devenez-vous? Viendrez-vous dans le Midi? (2) Si vous devez venir, je tâcherai de décider (et je crois que ce sera facile) ma cousine et sa sœur à se faire pastelliser. En conséquence, si vous deviez venir à Montauban, nous comptons que vous viendrez vous recueillir quelques jours dans notre hôpital où nous tâcherons d’attirer quelques riants modèles capables d’inspirer votre génie, et puisque nous parlons de portraits, dites-moi donc si Mme de R. s’est acquittée de sa dette envers vous. Je sais qu’au printemps dernier, se trouvant à Saint Maurice, elle dit à son frère, devant ma femme: « Il vous faudra bien régler M. Bourdelle, si vous ne l’avez pas encore fait! » J’ignore depuis lors si mon voisin s’est acquitté de la commission. Dans tous les cas, écrivez-le moi: je lui ai fait faire cette année un petit travail avec lequel il pourrait largement se libérer. Si vous n’êtes pas réglé, et que vous ayez besoin d’agent, ne vous gênez pas (vous savez ce que je vous ai dit souvent) et je me ferai un plaisir, en attendant le règlement NDLR: de Mme R., de vous en avancer le montant. (1): La conception architecturale du 'Monument aux Morts , J’ai vu récemment Quercy (3) et aussi Esculet au moment Combattants et Serviteurs du Tarn-et-Garonne' de la Guerre de des Elections Sénatoriales(4): en voilà un qui m’a l’air de 1870, un édifice grandiose, unique en son genre, destiné à la Ville faire son trou et de posséder déjà des panégyristes. Il en a, de Montauban a soulevé bien des critiques. (2): Depuis 1884, Bourdelle réside à Paris, mais il fait de nomdans le journal, les honneurs d’un article de Barrès.(5) breux séjours dans sa région natale pour fréquenter des amis tarn Sur ce, mon cher ami, je vous souhaite, au seuil de l’an- et garonnais et pour peindre des portraits au pastel. née nouvelle, toutes les prospérités et toutes les gloires. (3) L’écrivain en langue d’Oc, le Félibre Auguste Quercy, né à Lafrançaise en 1854, comptait parmi les meilleurs amis du sculpPuisse le mufflisme lui même, s’incliner en grommelant devant teur avec qui .il aimait se retrouver pour composer de la poésie. vos œuvres. Puissions-nous surtout vous revoir à Villebrumier (4): Jean De Marigny était maire et conseiller général et donc grand électeur lors les élections sénatoriales. ou à Paris. (5): Maurice Barrès (1862/1923) était écrivain et homme politique. Coeur et main Après avoir exalté le «culte du moi», il célébra les valeurs moraMarigny les nationalistes. Il entra à l’Académie Française en 1906. 22 u Entre-Nous u Dimanche 6: Fais le café. Taub a survolé à 7 h les lignes. Vive canonnade. Soir, repos. Mardi 8: Bataillon au repos 3 jours. Dormi presque 4 h. Soir, bon souper: soupe, haricots, salade, bifteck, sauce meunière, rôti mayonnaise, dessert, café. Mercredi 9 : Matin, à 6 h 30, chocolat au lait. Fais le pansage. Soir, repos. Bon souper. Fais la noce avec des camarades. Jeudi 10 : Matin, préparer pour partir à midi aux tranchées pour aller relever le 1er bataillon. Le 9 juin. bataille sanglante. Le 96 ème subi de fortes pertes. 6 h, orage épouvantable. Très forts bombardements de 6 h à 7 h» Les taches quotidiennes se répètent: Il semble que Ernest soit affecté au ravitaillement et ait un rôle de palefrenier (sa jument porte le matricule 901). On peut lire assez souvent: «Fais la cuisine. Lavé le linge. Aller porter linge lieutenant au camp. Promenade chevaux. Abreuvoir. Fais du vert aux chevaux. Garde d’écurie». Les menus sont presque toujours répertoriés et paraissent très variés, dans tous les sens du terme. On relève au hasard: «Souper: frites, gigot rôti. Soupe, pois en conserves, pommes de terre frites. Haricot, ragoût, rôti levraut. Soupe de viande, haricots pas cuits mais bu quatre bouteilles de bon vin blanc (à l’occasion du passage du capitaine et du Major). Soupe avec un bout de homard qui m’a coûté 4,50 F et 1 litre de vin 12 sous. Soupe haricots aux lardons. Soupe, bouilli, omelette, haricots verts, pommes frites, gigot rôti. Matin: chocolat au lait; haricots au maigre, artichauts, confiture, café... ». Cela paraît correct même si le mardi.1er décembre, (485/189), on trouve: « Déjeuner: jambonneau, chocolat. Dîner, rien à manger. Soir, fais la cuisine: soupe, rata. Pluie toute la nuit.». Par contre, le lundi 28 juin,(329/34), il est noté: «Matin, réveil à 4 h. Chocolat au lait. Partis à Valmy pour revue à 5 h. Défilé devant la statue de Kellerman. Dîner: soupe, bouilli, rôti. Soir repos. Souper: haricots, omelette, gigot rôti, vin blanc, champagne, biscuits». Les conditions météorologiques sont parfois notées: «Temps beau et frais (17/06), Orage (23/06); Pluie toute la nuit (26/09). Pluie Temps très froid (28/09); Fortes gelés, froid (29/09). Pluie froide (04/10). Neige (14 et 15/11). Froid très vif (20/11). Gelée blanche (18/12)» Le 24 juin, :est mentionné : «Expédier un colis pour Lieuran: caleçon, bonnet, épaulette», les 4 et 8 octobre, «Reçu un colis».et le 10 : «Reçu colis tricot». Le mois de septembre est agité: «Vendredi 6 septembre: un aéroplane boche tombé dans nos lignes. Samedi 22: première journée d’attaque: départ pour aller au front. Resté toute la journée dans les bois de 9 h du matin à 3 h le surlendemain. Éclatante journée pour nous: fait 8000 prisonniers. Dimanche 23: violent bombardement à 2 h de l’après midi. Souper avec du chocolat et un biscuit. Pluie toute la nuit. Défaite des boches. Lundi 24: Lever je ne sais quelle heure. Aller aux tranchées boches de 3èmes lignes. Rapporté une musette et un bidon boches. Fait 20.000 prisonniers. Dîner léger. 2 h bombardement terrible. Canonnade comme jamais on n’avait vu. Souper: saucisson. Mardi 25: Lever 7 h. Déjeuner: café. Vu Lombard, Closcard, Maurel, les 2 Caragols. Mercredi: Partis avec le train de combat. Camp au milieu des champs. Temps très froid et pluie. Samedi 29: Lever 6 h 30; Déjeuner: café. Dîner: boulettes. Partis à midi pour changement jument. Arrivé au campement à 10 h du soir. Fortes gelées, froid. Dimanche 30: Lever 7 h. Déjeuner: chocolat chaud. Dîner: soupe, bouilli. Soir, abreuvoir à St Jean. Souper: haricots aux lardons. Violent bombardement . Froid ». Début octobre, cela continue: «Lundi 4: 4 h, avec canonnade incessante. Artillerie de gros calibre. Mardi 5: veille d’attaque. Mercredi 6: attaque du côté de Tropez. Canonnade assourdissante. A 9 h une colonne de 139 prisonniers DÉCEMBRE 2013 boches passe. Pris la butte de Cahure. 3 blessés boches passent au cantonnement. A 11 h la canonnade ralentit. Jeudi: nuit calme. . Samedi 9: un avion boche a brûlé un ballon captif. Mardi 30 novembre: A midi, un matelot descend d’un ballon captif en parachute. Dimanche 12 décembre: Touché une veste, une capote, 1 paire de draps». Parfois, des retrouvailles ont lieu: «Vu Augustin Alos de Cazouls. (02/09). Vu Barthélémy Librac de Maureilhan (03/09). Vu Alaux qui m’a dit que Charles Fangeaud était disparu (03/10. Trouvé Lombard et passé le soir ensemble (15/10). Vu Justin Fabre, passé le soir ensemble (19/10. Vu Charles Pinel (21/10 et 08/11) La dernière page du carnet est datée du 19 décembre.1915. Elle est ainsi libellée: «Lever 8 h. Dîner fricandeau, maquereau. Soir, passé conducteur à la cuisine roulante. Allé abreuver les chevaux à Somme Suippe». Pour autant, Ernest continue son travail de soldat jusqu’à la fin du conflit. Le document recopié ci-dessous en atteste.. «CITATION A L’ORDRE DU REGIMENT n° 739 du 18 septembre 1918. Le Lieutenant Colonel Proteau, commandant le 96ème régiment d’Infanterie cite à l’ordre le soldat Jamme Ernest, classe 1895, de la 6ème Cie n° matricule Rt 633. Motif de la citation: « Soldat territorial dévoué et discipliné, maintenu à sa demande conducteur de Cie dans un régiment actif. Pris le 11 septembre 1918 sous un violent tir d’artillerie au moment du ravitaillement et ayant un cheval grièvement blessé est resté à la tête de son équipage empêchant ainsi le désordre de se répandre dans le convoi et donnant un bel exemple de devoir et de sang froid. 19 février 1919, le lieutenant colonel». GUY JAMME, petit-fils d'Ernest d'après les notes manuscrites de ce dernier DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 11 4- Jean CAUSSADE, enfant de Villebrumier, un Poilu ‘Mort pour la France’ Jean Caussade est le grand-père de Michelle Blanc. Il figure parmi les habitants de Villebrumier mobilisé en 1915 pour partir à la guerre. Son arrière-petit-fils évoque ici l’erreur qui a abouti à ce destin tragique. Jean Causade est né à Villebrumier dans la ferme familiale du coteau, chemin de la Moulinerie. Sa naissance a été enregistrée le 14 janvier 1874... mais, en réalité, elle remonte à un ou même deux ans auparavant ! Pierre Caussade signale le dimanche suivant, seul jour où il quitte ses terres et ses bois, l’arrivée au monde de son fils Jean au secrétaire de mairie de l’époque, certainement lors des rencontres dominicales, peut être au café du village. Plusieurs mois plus tard, on se rend compte que cette déclaration de naissance n’a pas été enregistrée et on décide d’attendre la prochaine date anniversaire, soit donc le 14 janvier 1874, pour régulariser cet oubli qui aura des conséquences fâcheuses sur sa vie. En 1894, Jean Caussade effectue son service militaire et se trouve classé dans les ‘services auxiliaires’ en 1897. La guerre venue, il est mobilisé le 27 janvier 1915 et affecté au ‘132ème Régiment Territorial d’Infanterie’ à Montauban. Du 5 au 25 juillet suivant, il intègre le 130ème RTI à Marmande. Il passe alors plusieurs semaines à Feltin, en Creuse, et part pour le Front le 6 septembre 1915. Il est muté le 21 septembre 1917 au 135ème RTI puis le 1er février 1918 au 73ème RTI. Il disparaît le 27 mai 1918 au ‘Chemin des Dames’ lors d’une de ces féroces batailles où les cadavres jonchent le sol, déchiquetés ou agonisants durant des jours. Il est déclaré ‘Mort pour la France’ le 4 juin 1918 par jugement rendu par le Tribunal de Montauban le 14 octobre 1921. Le document du Ministère de la Guerre du 10 janvier 1922 qui lui octroie la ‘Médaille militaire’ est ainsi libellé : «Caussade Jean, Mort pour la France. Brave soldat. Tombé glorieusement pour la France le 4 juin 1918 à 12 u Entre-Nous u Ces missives Vaux. Croix de Guerre étaient parfois destiavec étoile de bronze». nées à son fils Alban Lors de sa dernière Caussade, né en permission, il avait 1898, auquel il donconfié en substance à nait des conseils de son voisin Bezombes père pour les travaux qui le raccompagnait à des champs, la gesla gare : «Je ne reviention de la ferme, la drai pas. Ils sont tous coupe du bois de tombés à mes côtés. chauffage, sans Les balles et les obus oublier les consignes ne m’épargneront plus de prudence pour ses longtemps». premières années de D’après le comchasse… Ainsi, le 29 mentaires des Anciens, août 1917, il écrit : cette erreur d’état civil a changé le destin de «Pour aller à la Jean Caussade. En chasse, il faut que tu effet, si sa naissance sois très prudent : avait été déclarée ne pas jouer avec le Le 2ème classe Jean Caussade conformément a sa date fusil quand tu seras réelle, il n’aurait sans doute été mobilisé avec tes camarades, faire bien attenque plus tard et en aucun cas en premières tion de ne jamais tirer horizontalement lignes du front car il aurait été trop âgé. car, soit dans le maïs ou derrière une haie, il peut s’y trouver quelqu’un et ce serait bien malheureux que pour une caille tu fasses du mal à quelqu’un. Et il ne faut pas que tu laisses ton travail pour aller à la chasse, surtout dans la semaine…Le permis n’a pas augmenté mais les munitions reviennent cher, ne t’amuses pas à tirer n’importe quoi…. Tâche de dresser le chien Ralph comme il faut… ». A 17 ans, Alban était devenu le chef de famille qui faisait la navette entre ses grands-parents du coteau et ceux du village pour organiser au mieux la vie quotidienne, en attendant le retour du père soldat. La toute dernière correspondance est datée du 24 mai 1918 : «Ma chère Phine, Je te passe deux mots par un permissionnaire pour te dire que je suis toujours en bonne santé. Et que j’ai reçu ta lettre du 19 mai. Je répondrai plus longuement dès que j’aurai un moment de libre, ce soir ou au plus tard demain. Je vois que vous avez reçu le colis et tant mieux. Je te vois dans un grand travail, donc je n’avais pas à m’ennuyer de ton retard. Adieu ma Phine pour ce soir. Mes plus doux baisers». Jean envoyait quasiment chaque jour une carte postale à son épouse Joséphine Turroques qui a conservé toutes ces quelque six cents correspondances écrites entre le 26 janvier 191 et le 24 mai 1918. transmises ensuite de génération en génération. L’écriture très fine au crayon à papier s’estompe petit à petit. Elles racontent le quotidien d’un soldat de la Grande Guerre et elles expriment la passion que mes aïeux éprouvaient l’un pour l’autre avec des mots pudiques très touchants. «05/09/17 :Ma chère Phine. Suis toujours en bonne santé, mais nous ne dormons pas tranquilles. La nuit dernière, nous avons eu les gaz, il a fallu se lever à deux heures du matin et mettre les masques, et vite ! Nous avons été bombardé assez souvent dans la journée, mais pas d’accidents… J’ai reçu l’une de tes lettres du 1er… Si tu savais comme je voudrais être avec toi pour t’embrasser...». Deux jours plus tard, il poursuit : «…Dans l’après-midi, j’ai visité les jardins et j’ai trouvé ces petites pensées toutes couvertes d’herbes que j’ai ramassées délicatement pour te les envoyer… Il faut vivre dans l’espoir de te caresser un jour, mais ce jour heureux, où est-il ? Dans l’incertain…» JEAN BLANC, arrière-petit-fils de Jean Caussade. article paru dans Entre Nous n° 76 Château de Villebrumier Un des tableaux en faïence de la frise ornant la façade principale Château de Villebrumier - Détail du plafond, staff imitation boiserie. personnes a assisté à une conférence «Les Virebent, magiciens de la terre cuite», s'est arrêté à l’atelier de restauration FICAT qui perpétue la tra dition toulousaine de la statuaire terre cuite, puis est venu jusqu'au Château de Villebrumier pour y admirer les œuvres de Gaston Virebent et autres éléments provenant de la manufacture de Launaguet. Le succès de cette journée démontre le regain d’intérêt pour le patrimoine laissé par les Virebent, que l’on est d’ailleurs loin d’avoir fini d’inventorier. Les décorations réalisées par Gaston Virebent au Château de Villebrumier sont parmi les pièces maîtresses de cet inventaire. La cheminée Château de Villebrumier :Plafond du Grand Salon, œuvre de 6m x 4m en carreaux de faïence, par G Virebent d’après un tableau de Paul Baudry ornant le plafond du Grand Foyer de l’Opéra Garnier à Paris DÉCEMBRE 2013 On pourra trouver sur le site de l’Association http://www.launaguet-virebent.com de nombreuses informations sur les Virebent, ainsi que d’autres liens intéressants : http://www.societes-savantestoulouse.asso.fr/samf/geo/31/toulouse/virebent/alb1890_00.htm met en ligne un catalogue des sculptures et éléments décoratifs en terre cuite commercialisés par les ateliers de Launaguet en 1890 (266 pages, 700 objets !) BERNARD DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 21 Virebent Visite des admirateurs des au Château de Villebrumier L e 19 octobre dernier, le Château de Villebrumier a accueilli les membres et amis de l’association 'Patrimoine et Paysage de Launaguet' qui a pour principale vocation de répertorier et de mettre en valeur l’héritage des Virebent, une lignée de quatre générations d’hommes particulièrement créatifs et entreprenants : Château de Launaguet (la Mairie) de style u Entre-Nous u 5- De septembre Novembre 1919 1914 à Un camp de concentration était ouvert à Labastide-Saint-Pierre Les autorités françaises avaient institué quatre 'dépôts de triage' à MelunFleury-en-Bière (Seine-et-Marne), La Ferté-Macé (Orne), Besançon (Doubs) et LabbBastide-Saint-Pierre (Tarn-etGaronne), ce dernier recevant les internés des 32 départements du grand sud. Un camp de détention Ce 'Dépôt de triage', véritable 'Camp de concentration, est nommé parfois 'Dépôt d’Internés civils'. Il a vocation à retenir prisonnière non seulement toute personne susceptible de représenter un danger pour la Nation mais aussi des vagabonds et même des prostituées que l’on examine médicalement. Celui de Labastide-Saint-Pierre se situait dans l’ancien 'Couvent des Chartreuses', construit à la sortie du bourg vers Bressols, entre la route Montauban-Castres et le Tarn. ✓ Jacques-Pascal V. original ‘néogothique’, œuvre d’Auguste (1746-1831), architecte Virebent 1847, il comporte de nombreux éléde la ville de Toulouse ments décoratifs en terre cuite de 1782 à 1830 (aménagements de la place du Capitole, de la place Wilson …), ✓ son fils Auguste V. (1792-1857), lui aussi architecte, fondateur avec ses quatre frères de la manufacture de Launaguet où furent conçus et produits pendant plus de 120 années la plupart des éléments décoratifs en terre cuite qui ornent les façades et toitures en midi-toulousain, ainsi que développé le statuaire et les arts décoratifs en terre cuite. Auguste a aussi œuvré à la restauration ou la décoration de nombreux monuments civils et religieux. ✓ Gaston V. (1837-1925) a succédé à son père Auguste à la tête de la manufacture, et s’est spécialisé dans les terres cuites polychromes et faïences émaillées, avec des créations décoratives très originales et très variées. ✓ Raymond V. (1874-1965), fils de Gaston, a poursuivi l’exploitation de l’usine de Launaguet jusqu’à son déclin total vers 1960. ✓ Henry V. (1880-1963), autre fils de Gaston, fonde en 1924 à Puy- 20 Par ailleurs, des soldats allemands prisonniers ont séjourné dans les casernes de Montauban, notamment dans celle située quartier Pomponne, aujourd'hui réaménagée en logements. l’Evêque dans le Lot, une fabrique d’objets en porcelaine, que les successeurs ont gardée active jusqu’à aujourd’hui (arts de la table en porcelaine, cet atelier et le musée associé se visitent). Cette visite à Villebrumier a été faite à l’initiative des Détail de la cheminée monumentale conçue par G Virebent. Villebrumier, l’un des 4 cintres ornant les linteaux de portes, création très originale non signée, peut-être de Gaston Virebent responsables de l’association,dans le cadre d’une journée ‘Virebent’ en présence d'Emeline Lair guide-conférencière auprès de la Ville de Toulouse qui connaît particulièrement bien les richesses du patrimoine artistique et décoratif du 19ème siècle en Midi-Toulousain, et notamment les œuvres et productions des Virebent. Ce même jour, après avoir visité l’église de Saint-Marcel Paulel et de son autel Virebent, le groupe de 80 L’administration La direction : Le 'Dépôt d’Internés civils' est administré par un directeur et un régisseur. Le premier est chargé de veiller à l’exécution des règlements et de prendre toutes les mesures internes qu’il juge utile. Le second pourvoit aux achats et commandes nécessaires. Il tient à jour le livre de comptabilité, le registre des entrées et sorties et la liste des dépôts des prisonniers. Il assure la distribution des denrées conformément à la réglementation. Il joue le rôle de vaguemestre et censure les lettres écrites en français, limitées à deux par mois plus quatre cartes. Il contrôle que les colis livrés ne présentent pas de danger. Pour les cas litigieux, le Préfet est informé. L'administration organise les tours de corvée pour l’entretien des locaux et annexes. Elle veille à ce qu’aucune personne étrangère ne s’introduise dans le site sans autorisation écrite du Préfet ou du Directeur, cette mesure concernant les personnes qui demandent à voir un proche interné ou celles qui proposent un travail à un détenu. Quand un visiteur muni d’une telle autorisation se présente à l’entrée, la sentinelle sonne la cloche ; alors, le régisseur se rend à cet appel et fait accompagner l’intéressé(e) par un gendarme ou à défaut (mais à défaut seulement) par un soldat. Le respect des consignes est rigoureux. Le service d’ordre Les services d’ordre et de garde sont assurés d’une part par des gendarmes et d’autre part par des soldats. Pendant le jour, au moins une ronde est assurée toutes les deux heures dans l’enceinte du camp. Les attroupements de plus de dix unités sont dispersés. Pute attitude de détenu suspecte est signalée. La propreté des lieux doit être respectée.. La vérification du contenu des lettres et des colis est stricte, la saisie d'’alcool, d'armes ou d'objets prohibés est sanctionnée. Tout visiteur autorisé à entrer dans le camp est accompagné avec interdisant de converser. DÉCEMBRE 2013 Chartreuse de Labastide St Pierre A l’entrée de la nuit, on procède à l'appel. Toutes les lumières sont éteintes à neuf heures du soir. A sept heures en été et à huit heures en hiver, les détenus sont surveillés dans l’enclos réservé à leur promenade qui dure deux heures. L’opération se renouvelle l’après-midi. Les jours de pluie, les prisonniers s’abritent dans la chapelle. Quelques données sur la vie interne La consultation du dossier fait ressortir quelques précisions relatives à la vie du camp : 8 une estimation fait état d’un « nombre considérable d’Internés civils, six cents environ, de septembre 1914 à décembre 1919 » ; 8 au 10 novembre 1917, on comptabilisait 188 internés ; 8 le 8 décembre 1917, on note la réception en gare de Labastide de « 8 rouleaux de ronce » c’est-à-dire de fil de fer barbelé ; 8 le 15 avril 1918, est effectué un « triage » concernant 3 Allemands, 5 Russes, 7 Belges et 1 Luxembourgeois, soit 16 individus ; 8 le 30 novembre 1917, intervient la nomination d’un Régisseur (Auguste Combes) et d’un Contrôleur (Ellis Gauteron) rémunérés respectivement 125 F et 50 F par mois. 8 curieusement, il existait une monnaie interne sous la forme de billets de 5, 10 et 50 centimes et de 5 francs portant les mentions «Département de Tarn et DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 13 Garonne ; Camp de Concentration de Labastide-Saint-Pierre». Évacuation sur les Dépôts de triage Le 8 août 1918, le Directeur de la Sûreté générale du Ministère de l’Intérieur s’adresse aux Préfets par le biais d’une circulaire manuscrite rédigée d’une superbe écriture : «A la suite d’un accord intervenu entre les départements de la Guerre et de l’Intérieur, la Commission interministérielle d’examen des suspects de nationalité française, alliée ou neutre, évacués de la zone des armées sur les dépôts de triage, examinera dorénavant (leur) situation. (…) Ces individus (…) seront dirigés sur l’un des quatre dépôts de triage suivants :Melun-Fleury-en-Bière (Seine-etMarne), La Ferté-Macé (Orne), Besançon (Doubs) et La Bastide-St Pierre (Tarn-et-Garonne) qui recevra les évacués des 32 départements suivants (suit la liste). La Commission procédera à l’examen de leur situation en attendant que j’aie définitivement statué à leur égard. Sont concernés : 1°) Tous les étrangers frappés par un arrêté ministériel ou préfectoral d’expulsion et qui ne peuvent par suite des circonstances regagner immédiatement leurs pays d’origine (Belges, Luxembourgeois, Serbes, Roumains, Monténégrains, etc) ; 2°) Les Russes expulsés, sauf ceux qui seront autorisés à se rendre dans un pays neutre et qui auront pu se procurer un passeport ; 3°) Les sujets hellènes expulsés dont le retour dans leur pays ne serait pas autorisé par le Gouvernement Hellénique ; 4°) A titre exceptionnel et essentiellement provisoire, les sujets Scandinaves et Néerlandais expulsés dont le maintien en liberté serait 14 u Entre-Nous u notoirement dangereux pour la sécurité nationale ; 5°) Également à titre exceptionnel et provisoire, et en cas de nécessité absolue, les sujets Anglais et les citoyens Américains… Il conviendra d’adresser au Directeur du dépôt la notice individuelle des individus évacués (qui) devra mentionner l’état civil dont se réclament les intéressés ainsi que les faits motivant leur éloignement et contenir des renseignements sur leurs agissements qui auraient pu donner lieu à suspicion. Pour le Ministre de l’Intérieur, Le Conseiller d’Etat, directeur de la Sûreté Générale ». Suppression des dépôts de triage Une autre circulaire du Ministre de l’Intérieur datée du 16 juin 1919 stipule : «(…) J’ai décidé la suppression des dépôts de triage qui devront être vidés le 1er juillet prochain. Les individus indésirables ou suspects dont il y aurait lieu à l’avenir d’assurer l’internement devront être évacués directement sur les camps de concentration qui sont provisoirement maintenus ». De son côté, le Préfet du Tarn-etGaronne indique : «les deux dépôts de mon département (Labastide Saint Pierre et Moissac) ont été licenciés le 22 novembre 1919. A la date du 4 février 1920 il ne restait plus que deux internés civils qui ont été placés à l’Asile d’aliénés de Montauban». La caserne Pomponne, lieu de détention des prisonniers allemands Demande d’indemnisation Le 24 avril 1920, le mandataire de Madame Pfauwadel, propriétaire de l’ancien Couvent des Chartreuses, adresse au Préfet du département « le détail estimatif des réparations qu’il y a lieu de faire suite à l’occupation de l’établissement par les Internés civils en nombre considérable, six cents environ, depuis le mois de septembre 1914 jusqu’au 31 décembre dernier (…) ». La lettre précise «que sur cinq années et demie elle n’a reçu une indemnité de 1.800 francs que pour l’année 1919 » et réclame « une somme de 29.337 francs qui n’est certainement pas exagérée étant donné la cherté actuelle des travaux, matériaux et salaires d’ouvriers». Dans le cas contraire, l’Etat devrait «se charger de faire toutes les réparations qu’il a occasionnées». Dans sa réponse un mois après, le Ministre de l’Intérieur, saisi de cette requête, «fait offre d’une somme de 2.787,32 francs» soit plus de dix fois moins que le devis ! Cependant, il est précisé : «Dans le cas où cette proposition ne serait pas acceptée, il y aurait lieu de laisser les intéressés se pourvoir devant les tribunaux compétents». GUY JAMME, d'après une enquête de JEAN-LOUIS GARCIA Références des Archives départementales : «4 M 403, 404, 405 et 407» Au Château de Villebrumier, vers 1897, Bourdelle au centre, derrière lui Jean de Marigny, à gauche Henriette Vaïsse, à droite Charlotte Depeyre ép. Marigny, en arrière-plan le Père Marty prêtre missionnaire natif de Villebrumier ou des environs. De Marigny j'ai une grande commande à l'horizon...». Ces lettres témoignent aussi des difficultés que Bourdelle a rencontrées dans la réalisation du Monument des Combattants dédié à la Guerre de 1870 (qui trône à l’entrée du Pont Vieux de Montauban), sujet qui revient régulièrement dans son courrier. Il est vrai que cette œuvre monumentale a fait à l’époque de sa création (18971901) l’objet de maintes controverses en raison de sa puissance d’interprétation et de son non-conformisme, et qu’il a fallu à plusieurs reprises l’appui de Marigny, et même de Rodin, pour faire accepter ce mémorial, une œuvre qui marque en effet un tournant décisif dans le succès de la carrière de Bourdelle. En 1897, il indique que «Pour calmer un peu le flot montalbanais hurlant contre moi, j'ai avisé Rodin (qui) sait ce que vaut son opinion (et) a a écrit ce qu'il ne dira jamais d'un tas d’intrigants qui l'encensent». Une autre fois, il évoque l'exposition des Beaux-Arts à Montauban «dans ma ville natale que j'aime» et il précise : «J'ai un rapport favorable pour les Combattants de l'Inspecteur des BeauxArts. J'aurai donc une subvention de l’État». Il laisse poindre son amertume: «Je ne sais même pas au train où vont les travaux si j'assisterai à l'inauguration des Combattants après 1900, car les Montalbanais ont vraiment de trop mesquins esprits.» En lisant ces extraits de lettres, on est frappé par les élans poétiques, les tournures elliptiques et par leur pouvoir évocateur, ainsi que des prises de position sur des sujets philosophiques ou politiques. On y trouve aussi la mention de longs poèmes ou des Héraclès archer - 1909 extraits écrits de sa main, et soumis à son ami, comme cette strophe de sonnet: «Lorsqu'une femme éclot dans l'âme d'un artiste/ Lorsqu'elle est ce que Dieu peut créer de plus beau / L'âme est prise d'effroi d'un si divin fardeau». De même, cette lettre de vœux : «De par le givre enguirlandé d'arbres en arbres et tout aussi nombreux que des millions de blanches étincelles, je vous dépêche en style de dragées des vœux. Tous ! » ou encore cette évocation du chant des oiseaux à l'aube : «Je les entends rire à pleine gorge, quelle conversation, quel esprit ils dépensent, quel feu ! Il y doit avoir beaucoup de femmes, car tous parlent à la fois ! Quel éloge ils font de la lumière et que les oiseaux sont de braves gens ! ». Je n’ai pas pu connaître la provenance des lettres (probablement de lointains héritiers de Marigny), ni qui a pu les acheter. Elles pourraient utilement être croisées avec les nombreux courriers adressés à Bourdelle par Marigny, actuellement détenus par le Musée Bourdelle de Paris et dont l’un figure dans ce numéro. Centaure mourant 1914 BERNARD DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 19 Quand Bourdelle écrivait à Jean de Marigny au château de Villebrumier Dans leur château, Jean de Marigny et son épouse Charlotte Depeyre tenaient salon et sollicitaient les artistes, parmi lesquels “Passant incline-toi devant ces monuments ! Pense à ces femme en deuil montrant les hécatombes, Leurs yeux taris de pleurs, scrutant au loin les tombes Où dorment tant de preux, victimes du moment” A Bessens, un Mémorial complet : la stèle, le Poilu, la grille forgée... Bourdelle qui, de 1895 à 1902, se rendait régulièrement à Villebrumier, où le couple le soutenaient dans ses finances comme dans l'exercice de sa peinture. E n octobre dernier, a eu lieu à Toulouse, une vente aux enchères d’une collection de 46 lettres signées de Emile-Antoine Bourdelle adressées à Jean de Marigny au Château de Villebrumier. Leur contenu est résumé dans le catalogue de la vente avec de nombreux extraits. Ces éléments peuvent être consultés sur le site http://www.primardeco.com (vente du 24 oct 2013, lots 88 à 113). Villebrumier et son Château y sont souvent mentionnés, ainsi que le nom de personnalités de la région de Montauban, donnant ainsi de nouveaux éclairages sur la vie locale vers 1900. Les lettres sont datées de 1896 à 1917, ce qui témoigne de l’attachement entre Bourdelle et Marigny et de la solidité de leur amitié. Bourdelle, surtout au début de sa carrière, a maintes fois séjourné à Villebrumier qu'il évoque ainsi : «Un temps admirable, un pays calme comme l’eau toute proche, un village entre la vie et le sommeil et qui semble sans cesse être un rêve de soleil... et toutes les femmes charmantes…». Dans une autre correspondance, il note : «Votre château est la porte de l'amitié…Alors, chez vous, il y aura en plus de mon amie Madame de Marigny, des cousines dignes des ballades de Villon, Mame de Maurois possible à l'horizon, la petite Marguerite à qui je reste fidèle malgré ma façade d'ours et les avances rentrées de Mademoiselle la fille du commandant âgée de six mois ou dix je crois, avec laquelle j'étais en échange très vif de tendresse.» L'artiste se faisait alors un peu d’argent en réalisant les portraits de gens de l’entourage de Marigny. D’ailleurs Bourdelle ne se cache pas des sentiments amoureux que lui inspirait la cousine de Marigny, la belle Madame 18 u Entre-Nous u Vaïsse, qu'il a représentée par un pastel et un buste, et qu'il évoque en ces termes : «Ma foi, je la suivrai bien jusqu'au faîte des pyramides dussé-je l'y jucher sur mes épaules avec un peu de repos sur chaque assise en y mettant un an et en dissertant beaucoup sur toutes sortes de choses, sur la philosophie pyramidale entre autres !». Dans un autre courrier, il clame son amour pour une autre femme : «En ce moment, vient dans mon Palazzo une jeune fille dont je suis absolument épris, elle sera un pastel… c'est à la fois un oiseau, une fleur, un mot de Dieu, une femme et pourtant un ange ! Elle a pour moi un culte infini, je le lui rends, et après quelques pleurs du ciel, nous nous embrassons devant sa mère consentante ! » Bourdelle - Auto -portrait 1908 Bourdelle dans son atelier vers 1905 Dans beaucoup de ses lettres, le sculpteur s’épanche sur ses sentiments et états d‘âme, preuve de l’intimité entre les deux hommes, pourtant si différents : un Bourdelle infatigable travailleur, artiste passionné et sans le sou, et un Marigny riche et mondain. Bourdelle taquine gentiment son ami à propos de son ‘or’ et de sa vie de dilettante, tout en appréciant par ailleurs son érudition, son éloquence et sa stature. Il écrit «Parlons sérieusement mon bon ami. Voyons, tenez-vous à être estimé des voleurs, des goujats, des tartufes et des rampants ? Certes non? Donc mon ami Marigny, je suis scandalisé de votre inquiétude pour ce que vous appelez mon succès!» et ailleurs : «Et tout cela, mon cher Marigny, parce que j'ai bâti ma cheminée, que j'ai un beau feu de bois qui crie comme l'enfer du Dante et que A Montauban, Mémorial 14/18 du Cours Foucault réalisé par Bourdelle Tu n'en reviendras pas, toi qui courais les filles, Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu Quand j'ai déchiré ta chemise, et toi non plus Tu n'en reviendras pas, vieux joueur de manille Qu'un obus a coupé par le travers en deux Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre. Et toi, le tatoué l'ancien Légionnaire, Tu survivras longtemps, sans visage, sans yeux ! Déjà, la pierre pense où votre nom s'inscrit, Déjà, vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places, Déjà, le souvenir de vos amours s'efface, Déjà, vous n'êtes plus que pour avoir péri. Louis Aragon (Extrait) A Verdun-sur-Garonne, le Poilu est muni de tout son équipement Une figuration pacifiste A Orgueil, apparait l’année 1919 A Toulouse, le monument des Allées François-Verdier dédié «Aux Combattants de la Haute-Garonne», avec la flamme du souvenir, rappelle l’Arc de Triomphe qui glorifie plutôt la victoire qu'il n'honore les victimes. DÉCEMBRE 2013 DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 15 Immigrés Italie d' Les diverses arrivées au XXème siècle Comme dans le reste de la France, la population immigrée de Midi-Pyrénées est issue de vagues d’arrivées successives. Au cours du XXe siècle, diverses nationalités se sont établies dans la région : les Espagnols après la guerre d’Espagne, les Portugais à partir des années 1960, en même temps que les Algériens. Les Marocains et les ressortissants d’Afrique subsaharienne ou d’Asie ont immigré plus récemment. Quant à l’émigration italienne, c'est la pauvreté qui a poussé 27 millions d'individus à chercher ailleurs la dignité que la Botte n'arrivait pas à leur donner. En France, elle s'est échelonnée environ de 1850 à 1970. Sous le Second Empire déjà Le recensement français de 1851 dénombrait déjà plus de 63.000 Italiens. La période 1878/1882 enregistre la première émigration massive vers la France, qui s’accentue des deux décennies suivantes pour atteindre quelques 77.000 arrivées par an, ce qui fait alors de la communauté italienne la plus importante de toutes les communautés étrangères. Au début, ces populations, poussées par des motifs économiques, proviennent surtout du Piémont, de l’ÉmilieRomagne, de l'Italie centrale, puis de Sicile et progressivement des autres régions. Elles s'installent au sud de la France, mais aussi dans la capitale et dans les grandes régions minières du Nord-Est, du Nord et du Centre. Alors qu'au début du XXe siècle, notre Sud-Ouest était jusqu’alors surtout concerné par le flux transfrontalier avec l'Espagne qui fournissait l’essentiel des travailleurs étrangers présents, les Italiens de cette région, assez peu nombreux, travaillent comme ouvriers sur des chantiers de travaux publics, artisans, 16 u Entre-Nous u ...devenus... En parcourant l'annuaire téléphonique, à la rubrique 'Villebrumier', on trouve les patronymes Bernardini, Brugnara, Caliman, Carlotti, Damilano, Della-Maestra, De Vivo, Di Santolo, Esposito, Fusari, Girardi, Pizzato, Rinaldi, Zago... autant de consonances qui rappellent des origines italiennes. marchands ambulants, forestiers ou saisonniers. Entre les deux guerres, une nouvelle vague d’arrivants est enregistrée pour des raisons souvent d’ordre politique concernant des opposants au régime instauré par l’arrivée de Mussolini au pouvoir, en 1922. Si en 1921, on recense 470.000 émigrés italiens en France (avec une forte implantation dans le Sud-Ouest), on en dénombre le double dix ans plus tard, si bien qu'à cette époque-là, un travailleur étranger sur trois est transalpin. Car le mouvement d’immigration italienne prend alors un caractère de masse qui résulte de la situation démographique locale : l'exode rural met en péril les campagnes méridionales qui sont en voie de dépeuplement, la baisse de la population pour notre région est de l'ordre de 235.000 habitants (dont 23.000 pour notre département) entre les recensements de 1911 et 1921. Les causes en sont les ravages de la Grande Guerre qui font que 11 % des actifs du Tarn-et-Garonne ont succombé, parmi lesquels nombre de paysans, phénomène qui a entraîné une très faible natalité. Les besoins de main-d’œuvre Ce contexte explique que l’immigration transalpine ait été sollicitée par les pouvoirs publics et les milieux agricoles régionaux pour pallier au manque de bras dans les exploitations vouées à la polyculture, d'autant que les expériences visant à solliciter des salariés portugais, suisses ou slaves ou des familles bretonnes ou vendéennes, sont restées sans len- paysans de France demain, les Espagnols préférant généralement s’employer dans l’industrie. Comme il se trouve que l’Italie rurale connaît de fortes tensions sociales, en particulier les zones proches de la frontière autrichienne dévastées par la guerre, accentuées par les méfaits de la dictature de Mussolini, une certaine main d’œuvre transalpine part alors vers les États-Unis, l'Argentine ou les pays germaniques ; mais comme elle est jugée par les possédants locaux français comme «faisant l’affaire», elle s'est aussi implantée dans le le Tarn-et-Garonne et alentour, dans le Gers, la Haute-Garonne, le Lot-etGaronne, au cœur du Bassin Aquitain jusqu'au piémont pyrénéen. L'effet de réseau joue à plein et les premiers venus incitent leurs connaissances à les rejoindre. Cette population composée de pauvres gens quittant des lopins trop chiches, mais aussi d’agriculteurs ayant du bien à la recherche d’une situation plus avantageuse que dans leur pays d’origine, arrive avec un projet d’installation et l’espoir de réussir une ascension sociale grâce à la terre, acceptant parfois au départ des conditions avantageuses pour les propriétaires-bailleurs français. Ces paysans s’installent comme fermiers ou métayers (on en recense 1.360 en 1927 dans le département), parfois comme maîtresvalets, assez peu comme ouvriers agricoles. Certains sont même en mesure, dès leur arrivée, d'acheter une propriété, comme c'est le cas de 851 familles en 1927 en Tarn-et-Garonne. Le recensement de 1926 témoigne de ce 'rush' vers notre contrée qui amène en l’espace de quelques années près de 40.000 Italiens venus essentiellement du Nord de la Péninsule : la Vénétie fournit le plus gros contingent, suivi du Piémont, de la Lombardie, de la Toscane, de l’Émilie... Pour le Tarn-et-Garonne, repeuplé pour moitié des effectifs par les Piémontais, leurs arrivées se chiffrent à 4.500 en 1924, à 4.340 en 1925 et à 5.330 en 1926 si bien que leur proportion parmi la population étrangère y passe de 3,9 % en 1921 à 58,3 % en 1926 et 65,2 % en 1936. Un apport local qui perdure Certainement en 1932, le club local de boule lyonnaise a été créé sous l’impulsion de joueurs italiens venus dans la région comme maçons (originaires du Frioul ?) pour participer à la reconstruction suite aux immenses dégâts causés par la crue du Tarn du 3 mars 1930. Malgré quelques articles malveillants d'une certaine presse qui crient à « l'invasion et à la colonisation », cette population s'est assez vite enracinée, refusant de répondre à l'appel du 'Duce' à la fin des années 30 les incitant à «rejoindre leur mère-patrie». Au contraire, les demandes de naturalisation française affluent. La principale raison de cette attitude réside dans la fait qu'une nouvelle vie s'est organisée d’emblée en famille avec, autour du couple, les enfants, les collatéraux, et parfois les aïeux. Ces foyers qui s’implantent dans les plaines et les coteaux de la région où l'habitat rural est dispersé explique que jamais aucune «concentration ethnique» ne soit apparue hormis quelques rares lieux. De plus, l'église catholique pour faciliter l'accueil de cette population globalement acquise à cette confession, a veillé à mettre en place des réseaux et des publications pour faciliter les contacts et les aides éventuelles. Ainsi, le diocèse de Montauban a introduit l'enseignement de l'italien au séminaire à la place de l'anglais afin que les futurs curés des paroisses de campagne puissent mieux s'occuper de ces immigrants en majorité agriculteurs. De ce fait, l'abbé Matteo Alberi, lui-même enfant du Piémont établi à Beaumont-de- Lomagne, fut le premier ecclésiastique envoyé à la Faculté de Toulouse préparer une licence pour enseigner l'italien. Arrivée de réfugiés italiens Las, pour les Italiens de France, la Seconde Guerre mondiale a constitué une phase particulièrement conflictuelle et douloureuse, leur pays d'origine et celui d'adoption se trouvant dans les camps opposés ! L'annexion de fait de l'AlsaceLorraine par le IIIème Reich en juin 40 provoque un nouvel exode forcé. Ainsi, un recensement de décembre 40 fait état de la présence à Villebrumier de 60 personnes réfugiées, parents et enfants, originaires d'Italie, habitant cette région de l'Est, notamment la vallée de La Bruche, depuis les années 30 pour travailler dans les filatures, les mines ou les usines. En novembre 42, suite à l'arrivée des armées allemandes en zone Sud, la tension monte, en atteste un rapport de la gendarmerie départementale : «Dans certaines communes, il est des Français qui regardent d'un mauvais œil les Italiens pourtant installés ici depuis des dizaines d'années et parlent même de les chasser du territoire...». Certes, certains ressortissants transalpins ont sombré dans la collaboration, mais bien d'autres ont été réquisitionnés pour le STO ou ont intégré les organisations de Résistance. Si après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, des émigrés politiques retournent chez eux, d'autres restent. Et grâce aux réseaux existants, entre 1946 et 1967, quelque 560.000 transalpins entrent officiellement en France, toujours majoritairement à destination de l’agriculture, avec un pic en 1957 de 87.000 personnes (plus de 100.000 en fait), en provenance du Nord-Est de leur pays, du Sud et des îles, à destination essentiellement du Nord, de la Lorraine, de la région parisienne et de l’AlsaceLorraine. Les "réseaux" fonctionnaient à DÉCEMBRE 2013 Fermiers italiens lors de vendanges en famille plein ! Domenico Zago, ancien professeur d'italien, qui réside à Canals, indique que, sans l'appui du cousin de Villebrumier, arrivé en France dans les années '30', son père ne se serait pas établi en Tarn-et-Garonne en 1952. Un modeste mouvement migratoire se produit encore au début des années 70, mais le temps des exodes massifs est passé. Une intégration plutôt réussie Dans la mesure où ces travailleurs italiens ont contribué à revaloriser des domaines agricoles menacés d'abandon, voire en friche, leur présence a été plutôt favorablement perçue. Leur ardeur au travail, leur mode de vie proche des autochtones, leurs pratiques catholiques ont fait le reste, même si, parfois, certains termes péjoratifs comme le célèbre 'Macaroni' étaient utilisés à leur encontre, l'appellation 'Rital' n'ayant pas cours par chez nous. Aujourd’hui, les Français d’origine italienne seraient environ 4 millions. De nombreuses associations les regroupent, comme à Montech. Plusieurs communes de la région sont jumelées avec des localités italiennes comme à Villemur ou Labastide-Saint-Pierre. L’éventail de leurs activités professionnelles s’est élargi au fil du temps et des générations. Et, après avoir été un pays exportateur de main-d’œuvre, l’Italie en est devenue importatrice. Enquête d e GUY JAMME Sources : «Immigrés d'Italie, paysans de France» de Laure Teulières (Presse Universitaire du Mirail) ; sites Internet avec l'aimable collaboration de Domenico Zago. DÉCEMBRE 2013 u Entre-Nous u 17