Décembre 2013 - OPI des Tescou`s

Transcription

Décembre 2013 - OPI des Tescou`s
32
u
Entre-Nous
PATRIMOINE
COMMUNAL
SPÉCIAL
n°
Ces tapisseries en papier
peint datent certainement
du premier quart du
XIXème siècle
(1820?1830?), collées à
même le mur en terre au
moment de la construction
de la maison où elles se
trouvent. Constituées de
multiples dominos rectangulaires, elles représentent Rome et sa campagne
où évoluent quelques personnages. Cette composition qui appartient au
patrimoine local est classée à l'inventaire des
Monuments Historiques.
Ces scènes, à quelques
détails près, sont visibles
au Musée des Arts
Décoratifs de Paris et ne
comportent que peu de
reproductions.
100
DÉCEMBRE 2013
écrivions un journal
Nous
Bonne Année
2
0
1
4
u
SEPTEMBRE 2013
° Mise en page : Thierry Jamme [ [email protected] ] °
Un journal fut créé afin que dans ses pages
Nous nous y retrouvions, recherchant nos aïeux
Car, chacun, nous avons des trésors prodigieux
Qui deviendront ainsi des beaux livres d’image.
Nous
écrivions
un journal...
De ce numéro Un, qui de vous s'en souvient ?
Le journal 'Entre Nous' venait juste de naître.
Nous étions satisfaits, car il pouvait paraître.
Mais allait-il durer en commençant si bien ?
Ce fut encore mieux, un vrai couronnement !
'Entre Nous' arriva loin, aux quatre coins de France,
Encore bien plus loin, au gré des préférences,
Parlant des uns aux autres, au passé, au présent.
De trimestre en trimestre, on les a vus passer
Ces journaux un à un nous racontant la vie
En récits bien divers, un brin de poésie.
Et nous, nous écrivions, toujours sans nous lasser.
D'après
Aurélie Agard
Voici qu'est arrivé le dernier exemplaire.
Grâce à vous nos amis et fidèles lecteurs,
'Entre Nous' devenu le grand élan du cœur
Fut de Villebrumier l'image populaire.
Réjouissons-nous bien, car c’est fête
aujourd’hui.
Souhaitons bonne année à tous, ceux que l’on
aime
Ou que l’on n’aime pas. Ô joie! En ce jour-même,
Il vient de naître un an nouveau depuis minuit.
Ce vieil an qui n’est plus vient d’écouler son
temps.
Il est dans le passé, n’ayant plus rien à dire,
Comme un livre fermé lorsqu’il n’est plus à lire.
De loin, nous le verrons s’éloigner prestement.
Mais l’an ne passa point sans tristesse et cafard.
Et comment oublier les instants de déveine
Quand on est imprégné de souffrance et de peine?
Heureusement, l’espoir soulage sans retard.
Comme le clair matin naissant après la nuit,
Comme l’onde suivant, en sa course éternelle,
L’eau fraîche du torrent, passant toujours nouvelle,
Cet an succède à l’an fini depuis minuit.
C'est la mémoire de Villebrumier
Et c'est l'histoire de son passé
Que nul ne voudrait oublier :
Une saga, presqu'une odyssée.
Ses créateurs, avec esprit,
Ont traité l'actualité
Et dans un style toujours fleuri
Ont écrit sans ambiguïté.
Des dictons au 'parler d'ici',
Sachons donc en tirer profit.
Si les Anciens souvent témoignent,
Que revive notre patrimoine !
Déjà, ces sept dernières années,
Pour le plaisir de ses lecteurs,
On l'avait vu s'illuminer :
Entre Nous prenait des couleurs.
Vous l'attendiez tous les trois mois,
Il donnait toujours tant de joie
Ce journal qui nous est si cher,
Disons-lui des mercis sincères.
Changement d’année
Merci à Entre Nous
Il donna quelques jours qui ne s’effacent pas,
Des moments de bonheur et de joie ineffable.
Que de bons souvenirs! Combien c’est agréable
Lorsque la vie est belle et clémente ici bas!
D'après Frédéric Pellissier
2
u
Entre-Nous
u
Hommage à Aurélie Agard
2013
2014
Ils et Elles ont apporté leur
contribution
à
Entre Nous'...
Tout au long des 100 numéros, nombreux sont celles et ceux qui ont coopéré à la réalisation du journal. Que ce soit des rédacteurs fidèles ou occasionnels, grâce à leurs articles, leurs informations, leurs témoignages, leurs photos
ou leurs dessins, leur collaboration a été précieuse et a contribué à la variété et
à la richesse des sommaires. La liste qui suit est publiée en guise de remerciement et d'hommage, en sollicitant l'indulgence en cas d'oublis.
Les chevilles ouvrières...
Depuis le n° 1, ils et elles ont assuré le bon fonctionnement de l'association et du comité de rédaction : Agard Aurélie et
Cogoreux Andrée et jusqu'à ce jour Brugnara Georgette, Jamme Guy (Président), Jamme Kléber (Trésorier), Moréno Denise,
Tournou Yves (Secrétaire)... Arrivés un peu plus tard mais toujours présents : Bizot Pierre, Jamme Thierry (maquettiste),
Laporte Bernard, Frédéric Pellissier. Ont fait partie de l'équipe durant un temps : Audy Jean-Michel, Blanc Michelle,
Brugnara Sylvette, Boyé Camille, Claulin Lucien, Dupoiron Colette, Garcia Jean-Louis, Gée Thomas (créateur du site
Internet), Guillion Bernard et Jeanine, Rougé Eliane, Tapiolas Fernand (Premier trésorier), Vialard Jean...
Les conférenciers...
Astoul Guy, Béchard Gilles, Camphin Christian, Castès Albert, Combes Gérard, Delord Jean-François, Delbouys Marcel,
Dignac Christian, Olivier Madeleine, Raynal Alain, Sabatié Norbert, Serbat Jacques...
rci
Me
Les contributeurs...
Les écoliers de la commune et de Nohic ainsi que les enfants du Centre de Loisirs, Abbé Jaubert, Amiel Gabriel,
Ambayrac Claudine, Amsellem Robert, Arqué Thierry, Ausset Serge, Astoul Etienne, Astoul Guy, Astoul Raoul, Barthélémy
Alain, Barthélémy Josiane, Blanc Jean et Damien, Blanc Michèle, Blanc Pierre, Boun Gérard et Nadine, Bourdelle Emile,
Brugnara Franck, Carrio Jacqueline, Davis Hélen et John, Bricout Maurice, Brugnara Hugues, Cayla Jean-Luc, Chauvières
Josée, Cossoul Annie et Jean-Claude, Cougoureux André, Crouzat Nicole, Depeyre Antoine, Di Santolo Brigitte, Daures
Nicolas, El Bouazati Najat, Eymeric Gilles, Fabra Amandine, Fournier Anne-Sophie et Pierre-François, Frayssine Jean,
Frigoul Philippe, Gardes Louis, Garrigues Fabrice, Gilbert SA, Gausserès Jean-Claude, Giraudie Luc, Groussac Pierre,
Guillion Henri, Hécart Roger, Issart Jean-Claude, Kleitz Francis, Koszezyo Gilbert, Leseul Pierre, Guillion Henri, Jacob
Jacqueline, Jamme Delphine, Jamme Lucien, Jamme Nunzia, Junca Christophe, Kleitz Lydie, Lacaze Nelly, Laroze Frédéric,
Laval Hubert, Leloup Georges et Noëlle, Lesage Céline et Eric, Norman ?, Marigny (de) Jean, Marini Alain, Marty JeanLouis, Massip Annie, Mauret Nicole, Monchoux Claire, Montet Maurice, Nory Jean, Orlhiac René, Pascal Fanny, Pinson
Régis, Prince Jean-Luc, Pontié Giselle, Py-Lebrun Aurélie et Marie-Paule, Raynal Jean, Rebel Hélène, Reyniès (de) Antoine,
Roca Didier, Roméro José, Sahuc Ginette et Jean, Santiago Josette et Joseph, Savy Françoise et Hervé, Schwartz Bertha,
Sellier Marie-Josée, Simian Gabrielle, Simon Georgette, Stirlé Christian, Taste René, Temporal Jacqueline, Tessier André,
Tourde Yvette, Tranier Pierre, Turroques Jean-Pierre, Vialard Jean, Vidal Paul, Vigouroux Aimé, Viliare Béatrice, Walk Jean,
? Marion... auxquels s'ajoutent les noms de ceux qui ont envoyé une correspondance ...
à
s!
Tou
Les annonceurs...
Boulangeries Gasc, Durand, Briaud et 'Chez Néné' ; Boucheries/charcuteries Galaud, 'Chez Hubert', 'Chevaline Muscat',
Jean-Claude Fontorbes ; Café/Bar/Tabac /Presse 'Chez Michel', 'Le temps des Copains', 'Quai des Brumes' ; Carrelage
Fualdès ; Carrosserie Rivière/Pavan, Bordonava Sports ; Coiffure 'Monique', 'Patricia' ; Crédit Agricole ; Dépannage
Prégno ; 'Dépan'express Augustaud', 'Dépa'Service' Balaguer ; Dessinateur Dupont ; Discomobile 'Miami', 'Félix
Organisation' ; Espaces verts 'Taup'Green' ; Garages Proto, 'Méca-Service Della-Maestra' ; Groupama ; 'Idéal Bâches'
Taste puis Monrufet ; Maçonnerie Ségato, Miotto. Peinture Bernat, 'F.G. Peinture', Taillade Jean-Pierre ; Plomberie 'ITM
Bayle', Poux ; Produits fermiers 'EARL Le Taulat Abeilhou', Pierre Blanc, Guy et Julien Delmas ; 'Publi-Max' ; 'Sud-Médic'
; Supérette 'Euco/Soldadié', 'Utile', 'Vival' ; Taxi Da Cruz ; Toilettage 'Christy Dog' ; Travaux Publics Péris...
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
31
L O PARLAR D ’ AICI
Tout au long de ses parutions, 'Entre Nous' s'est efforcé de faire vivre le langage local à travers des expressions souvent issues de l'occitan. Voici un
dernier florilège de notre parler à dire avec l'accent savoureux de notre midi.
Dis, pitchou, tu me fais un poutou ?
Boudu quel rambal dans cette salle !
Arrête de saloupéger ton cahier ! (salir)
(une bise)
(chahut)
u
A quoi peux-tu bien sousquer ? (réfléchir)
u
u
Ah, tu aimes bien poutounéjer, toi !
Tu vas encore rapetasser ces chaussettes ?
u
(embrasser)
(rapiécer)
Avec ce soleil, quelle sécade! (sécheresse)
u
u
u
J'espère que tu vas profiter en vacances ! Apporte donc ce rascle à la déchetterie !
En rentrant le bois, j'ai pris une bonne susade !
(grossir)
(vieil objet désuet)
(suée)
u
u
u
Mais qu'es aquo ce truc ?
Quand tu tires, arrête donc de raspailler ! Quel tabanard celui-là ! (écervelé)...
(qu'est-ce que c'est?)
(racler loin devant la boule)
… il donne des tèques ! (coups)
u
u
u
J'aime bien faire quatre heures moi !
Quand ils perdent, qu'est-ce qu'ils sont tignous Il faut tâcher moyen de trouver la panne !
(goûter)
(teigneux, hargneux)...
(faire en sorte)
u
u
u
Il est vraiment quelqu'un, ce gosse!
… et ils n'arrêtent pas de répoutéguer !
C'est inutile de tchaoupiner comme ça!
(spécial)
(rouspéter)...
(trifouiller)
… ou de rouméguer ! (maugréer)...
u
u
Il faut encore quicher pour que ça rentre ! …et ils font la trougne (mauvaise tête)
Il n'est bon qu'à tcharer !
… et la ruque me monte ! (colère)
(appuyer, tasser)
(parler beaucoup)
u
u
u
Le pauvre vieux va de plus en plus répaBon, à quicon près, tu as ton compte !
Tu es timboul ou quoi ? (fou)
péger ! (radoter)...
(à quelque chose près)
u
… ça devient ressègue ! (rangaine)
Il se déplace encore avec cette trapanelle !
u
Tu ne trouves pas qu'il y a quicon qui truque ?
(vieille voiture)
u
Eh bé, tu es requiquillé ! (remis)
(quelque chose qui ne va pas)
u
Comme il ne peut que se trigosser
u
u
Dis, je te sers un peu de riquiqui ?
Oh, ça raï, tout va bien !
(se déplacer difficilemen)...
(eau de vie)
(quoi qu'on en dise)
… il ne peut que trastéger .
(tâtonner, hésiter)
u
u
Quel mal rasoune, avec tous ses raisonnements ! Oh, ton affaire remonte au roi Cézet !
u
(à belle lurette)
(mauvais esprit avec ses contestation)
Il doit s'en voir, le pauvre malheureux !
(endurer)
u
u
uuu
Solution du numéro précédent
LES
I
II
MOTS CROISÉS
III IV V VI VII VIII IX X XI XII
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
DE
P IERRE
1
HORIZONTALEMENT 1- L'imprimante
les met au chômage. 2- Se préoccupent du matériel. 3- Échassier. Pour
quelqu'un de la Haute. A toutes ses
voix. 4- Satisfait le cabot. Romains.
Smart. 5- Obéissance à François. 6Voyelles. Concernent le cubitus. 7Appel du dalmatien. Amines cycliques. 8- Consonnes. Passé récent.
Blanc et bleu. 9- Article. Crique. Fan
de l'endroit. 10- Pince. Étendue
monotone.
2
3
4
5
6
7
8
9
10
O
I
S
E
A
U
L
Y
R
E
T
O
U
R
B
I
L
L
O
N
II
I
u
Entre-Nous
u
E
D
I N E S
I E R E
I E R
S A M
O
R I
E D E S
I A
E
L L O
S
S I
E T E
I
T
l’aventure de Entre Nous
se termine
C
O
e numéro 100 mérite bien un sommaire plus fourni qu'à l'ordinaire
avec quelques plongées dans l'histoire locale, notamment par le biais d'un
rappel de l'origine de notre canton ou de
l'activité de 'La Lyre', d'un dossier important consacré à la Grande Guerre 14/18 et
par une évocation des liens des artistes
Bourdelle et Virebent avec Villebrumier.
Mais après 25 ans d’existence, la, parution de 'Entre Nous' va probablement cesser. Malgré l'appel pressant fait aux bonnes volontés, malgré le projet de diffusion
par courrier électronique,.personne ne
s'est manifesté encore pour renforcer
l'équipe de rédaction.
Notre association est née en 1989.
C'est grâce à la subvention allouée par
la Municipalité, certes, mais aussi grâce à
l'apport financier que chaque association
de la commune a consenti, que le premier
numéro distribué dans chaque foyer a pu
paraître en mars. Ces aides ont été décisives. Par la suite, le montant des abonne-
R
I
A
L
ments a permis l'autofinancement pour
développer les activités: édition trimestrielle du journal et de hors-série, animations diverses comme conférences, soirées-poésies ou débats...
Bien sûr, notre équipe ressent beaucoup d'amertume à arrêter là l'aventure.
Mais ce sentiment est tempérée par une
réelle fierté, celle d'avoir réussi, au fil des
années, à mettre au jour de nombreux
pans de l'histoire locale et, par là même,
d'avoir fait connaître les personnalités
liées à la commune, d'avoir traité des
sujets d'actualité, d'avoir relaté la vie de la
commune en montrant ce qui s'y passait
de plus insolite et d'avoir fait une place de
choix à la poésie.
Un sincère merci à tou(te)s les
abonné(e)s, certain(e)s sans discontinuer
depuis le début, à tous les annonceurs, à
toutes celles et tous ceux qui ont contribué, d'une façon ou d'une autre, de faire
vivre le journal.
Le Président, Guy JAMME
PS : Lire le bilan de l’activité de l'association page 30
L'équipe de Entre-Nous organise
III IV V VI VII VIII IX X XI XII
U L O U S A
U S U R
B
U F R U I T
A
R N I
C
T E T C
L E S
S U
L
A N O S
S
U C C E
S E I L L E
E
N E E S
VERTICALEMENT I- Plonge se mettre à l'abri. II- S Réconcilier. III- Sensé.. IV-Ce n'est
pas mieux. A régler. Demi braiment. V- Mieux que TTC. Paysanne mais libre. VI- Elles
passent du jaune au vert. VII- Tout au début. VIII- Mal vu à Saint Étienne. Au battement séducteur. IX- Telle une narine enrhumée. X- Tas d’États. A l’envers : écrivain
jeune ou ancien. XI- Symbolise la rivalité. Extrémités inverties. XII- Fond de commerce. C’est à dire.
30
UN POT AMICAL
SAMEDI 18 JANVIER à partir de 17 h
salle des fêtes
Ouvert à tous
Une dernière occasion pour les volontaires de se manifester
pour assurer la survie de l'association...
Un terrain multi-sports
vient d'être installé Place de la Mairie à
l'emplacement de l'ancien court de tennis, à proximité de l’École et du Centre
de loisirs. L'espace, limité par des barrières métalliques et muni d'une
pelouse synthétique, permet de pratiquer mini-foot, handball, basket, volley
et tennis... et toute autre activité sortie
de l'imagination des utilisateurs.
4Des UNES de Entre Nous.
4Nous écrivions un journal...
4Edito. Dictons. Morale.
4Poésie.
4Un petit chef-lieu de canton.
Insolite.
4Dossier : La Guerre 14-18.
4Immigrés d’Italie.
4Quand Bourdelle écrivait
à De Marigny.
4Des admirateurs de Virebent
4Lettre de De Marigny.
à Bourdelle.
4Insolite.
4La Lyre.
4Insolite.
4Rubrique à brac.
4Collectionneuse
de tortues miniatures
4Evénements marquants
initiés par Entre Nous.
4Le coin des poètes.
4Parler d’ici. Mots croisés.
4Les contributions
à Entre Nous.
4Patrimoine communal.
1
2
3
4
5
6
16
18
20
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
DICTONS
Quand on a l’hiver avant Noël,
on est sûr d’en avoir deux.
u
Mois de janvier sans gelée
n’annonce jamais bonne année.
u
Ail difficile à peler, hiver prolongé.
u
Quand la neige naît des étoiles,
il ne faut pas demander s’il gèle.
LO
PARLAR D’AICI
Il faut encore que tu ailles porter la
voiture au mécano
(emmener).
u
Macaniche, après cette marche, j'ai
mal aux poumpils.
(mollets)
u
Quelle pousque sur cette armoire !
(poussière)
u
Le toubib m'a donné une nouvelle
poutingue
(médicament)
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
3
u
Frédéric
Villebrumier, bonjour !
82008 : «Les 20 ans d'Entre Nous» avec jeu de piste à la
découverte du patrimoine local, forum de discussion, repas,
spectacles et conférence.
Sondage
82010 : Édition de «Villebrumier, un patrimoine», monographie de 100 pages de Guy Jamme diffusée dans tous les
foyers de la commune. Décembre : Présentation du livre
«Al canton de Villebrumier» par Chistian-Guy Bedel, auteur
de l'ouvrage de 300 pages ; plus de 250 exemplaires diffusés sous l'égide de Entre Nous.
Le sondage proposé dans le numéro précédent a recueilli
26 réponses écrites et quelques autres orales sur 111
abonnés.
✔ Personne ne propose d'intégrer le comité de rédaction.
✔ 1 demande l'arrêt de l'abonnement.
✔ 4 accepteraient de recevoir le journal par courrier électronique
82011 : 6 novembre : Conférence de Guy Astoul portant sur «La
✔ 22 préfèrent la formule papier
gestion des forêts sur les coteaux de Villebrumier du XVII eu
XIXèmes siècles» et édition d'un supplément. 120 abonnements. ✔ 12 souhaitent une parution trimestrielle, 7 semestrielle,
6 n'ont pas de préférence.
82013 : n° 100-spécial... et dernier ? 111 abonnements.
L e
c o i n
d e s
p o è t e s
Sur la route des coteaux
C'est bien là, loin du fracas des villes,
Qu'on apprécie toute la douceur de vivre.
Le temps lui-même, à sa cadence, défile,
Et c'est d'air pur que l'homme ici s’enivre.
Sur le Tarn, le grand pont métallique
Semble étirer ses membres dégingandés
Tandis que le grand fleuve bucolique
Vous invite à venir gambader.
Villebrumier, entre le ciel et l'eau,
Au son de l'Angélus se réveille
Et la vie reprend dans les coteaux
Ranimés aux rayons du soleil.
Mais soudain, déchirant les nuages,
Pour teinter de feu toute la ville,
Le soleil que l'on croyait volage
Illumine d'abord la campanile.
Un lavoir incongru en ce lieu
Nous rappelle que l'on fut un empire ;
Des maisons, les briques en camaïeu,
Sur la rive en espalier, s'étirent.
J'ai connu Villebrumier dans la brume,
Un brouillard à couper au couteau :
A deux pas, on n'voit plus le bitume
Et le froid vous traverse jusqu'aux os.
La route qui s'élance à travers les coteaux Il est toujours plaisant de voir sous le soleil C'est un instant précieux qu'il faut mettre en
son cœur
Passe dans la nature où l'ombre nous Cette plaine embellie par toute la culture,
Tous ces vergers en fleurs aux beautés sans Et ressentir très fort ce doux moment de
accueille
pareil
grâce
Avec ses chants joyeux et celui du ruisseau
Qui murmure toujours dans les eaux qu'il recueille. Et toute ces maisons cachées sous la verdure. Car la petite route est celle du bonheur
Qui sait donner à tous un plaisir qui délasse.
Elle monte en douceur en méandres gracieux
Qui traversent souvent une belle campagne
Pour déboucher enfin dans un coin merveilleux
Où par un très beau temps on peut voir les
montagnes.
Tout au pied des coteaux les berges ombragées
Protègent notre Tarn qui s'écoule en silence.
Dans la douceur du jour, on aime partager
Toutes les émotions qu'on vit depuis l'enfance.
Nicole Crouzat
(extrait de «Sur les ailes du temps»)
Le sentier
Souvenirs d’une indicible tendresse…
Dans mon enfance… Un sentier d'allégresse !
Goût de liberté, premières ivresses…
Dès le printemps, on cueillait tes richesses.
Pas de trafic routier ; un vrai bonheur !
Tu séduis nouveaux ruraux, les marcheurs…
Sportifs, jeunes ou seniors, promeneurs…
Le contemplatif, poète et rêveur.
Témoin de mes escapades, jeux, rires,
Éveillant mes sens, tu m'appris à lire
Les choses de la vie, à découvrir
Trésors naturels pour m’en réjouir.
Gloire à ton nom : «Sentier de randonnée» !
A la société, tu dois pardonner ;
Elle évolue ; une autre heure a sonné.
Résiste ! Tu as tant à nous donner !
Du mystère, paix, parfums, sons, silence…
De tes qualités, prenions-nous conscience,
Tandis que bourgeonnait l’adolescence
Dont les fleurs exprimaient la quintessence?
Georgette (2013)
Sentier, tu fus depuis la nuit des temps
Compagnon de route du paysan ;
Sa sueur exhumait l’amour des champs.
Avec le progrès, plus de sentiments !
MOTS CROISES - Solution du numéro
G
R
I
B
O
U
I
L
L
E
Tu es notre patrimoine…Courage !
Au nom du profit, on t’impose outrages.
Dans ce monde inconscient et plein de rage,
Réapprends-nous à être humain et sage.
4
u
Entre-Nous
u
R
A
B
I
B
O
C
H
E
R
A P
V I
I S
S
E D
U
I
H
A
I N
H O
T A
S
I
E
N
N
E
S
V
I
L
A
I
N
E
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
L
I
M
I
N
A
I
R
E
S
O G
L L
Y
C
C E
I R
L I
N
E
T E
U E S
E N T
V O
H I C
K
S
E S
L
O I
P E
29
E
N
I
L
P
Entre-Nous
u
u
Evénements marquants
Publication d’un Hors-série : «Témoignages sur la
Seconde Guerre Mondiale: les Chantiers de Jeunesse et le
Service de Travail Obligatoire». 134 abonnements.
Conférence de Marcel Delbouys: «L’affaire Stanislas
Walezewski: 1942/1947» et diffusion d’un Hors-série à 400
81989: Création de l’association et, fin mars, édition des
premiers numéros trimestriels.
81998: Soirée « Poèmes à dire et à écouter » avec la participation des écoliers et de plusieurs associations
1989 à 2013
initiés par
Entre Nous de
exemplaires. Rencontre avec Betty et Jonh Davis, habitants du
81990: Édition d’un album de 36 reproductions de vues de
Villebrumier sous forme de cartes postales anciennes. 166
abonnements.
81991: Réalisation en juin de l’animation «Associations et
Patrimoine» en collaboration avec la plupart des associa-
Nouveau Mexique (USA) et conférence de Christian Camphin:
«Jean Pendaries, ou l’itinéraire d’un enfant de
Villebrumier en Amérique». Projection publique de la
vidéo: « Si Villebrumier m’était conté » réalisée avec le
concours de «Midi Vidéo Créations». Passage au traitement de texte informatique pour composer le journal.
tions locales. Dans ce cadre, conférence de Jean-François
Delord: «Antoine et Jean Pendaries, curés de
Villebrumier». Publication d’un Hors-série «Histoire politique et sociale de Villebrumier de 1263 à nos jours». 157
abonnements
81999: Diffusion de 130 cassettes-vidéo «Si Villebrumier
m'était conté». Conférence de Marie-Madeleine Olivier:
«L’industrie du balai» éditée en Hors-série. Publication
d’une brochure «Le Château de Villebrumier, une belle
demeure dans la vallée du Tarn». 144 abonnements.
81992: Conférences de Gérard Combes : «Pierre Gerla,
enfant de Villebrumier» et de Guy Astoul: «Villebrumier et
son seigneur au XVIIème siècle» publiées en Horsséries. 145 abonnements.
81993: Conférences de Jacques Serbat: «Origine et signification des noms propres d’Occitanie» et de Gérard
Combes: «Jean de Lettes », toutes deux éditées en Horsséries. Participation au Forum organisé à Saint Nauphary
par l’Aipadav. 144 abonnements..
81994: Récital de chant de Jean-Paul Lafargue. Conférence
de Gérard Combes: «La fin de la famille Gerla (1834/1878)»
et édition en Hors-série. 134 abonnements.
81995 : Conférences de Albert Castès : «Vie et Culte de
Saint Théodard, évêque de Narbonne de 885 à 893» et
de Guy Astoul : «Vivre à Villebrumier à la fin du XVIIème»
et éditions des Hors-séries. Organisation en collaboration
avec d’autres associations de la manifestation «39/45,
notre village», qui a connu un vif succès, et publication
d’une plaquette. 131 abonnements.
81996: Soirée occitane, avec la participation des écoliers,
de «La Clé des Chants» et du groupe «Les Reviscols» de
Saint-Nauphary, groupée avec une conférence de Alain
Raynal:
«L’Occitan
hier,
aujourd’hui,
demain».
Conférence de Gérard Combes: «Trois destins d’exception
de la famille Du Bousquet, seigneurs de Villebrumier
aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles» et édition d’un
Hors-série. Soirée rencontre sur le thème: « Pourquoi habiter et vivre à Villebrumier? ». 135 abonnements.
81997: Soirée chant avec Kathy Boyé. Conférences de JeanPaul Damaggio: «Villebrumier au temps de Front Populaire
en 1936» avec édition d’un Hors-série et de Gérard Combes:
«La vente des Biens Nationaux sous la Révolution».
28
u
Entre-Nous
u
82000: Après-midi d’initiation à Internet. Édition d’un Horssérie «Le Tarn, un atout majeur dans le développement
économique de l’Est aquitain» de Guy Astoul. Manifestation
«Villebrumier 2000» avec soirée contes, exposition
«Regards sur le XXème siècle», atelier Internet, sensibilisation à l’architecture locale, présentation de métiers d’antan
et de vieux outils. et tirage de la 'Photo de l’An 2000'. 137
abonnements.
82001: Publication d’un « Spécial n° 50 » de 48 pages. 21
octobre : journée d'étude de la Société Archéologique et
Historique du Tarn-et-Garonne portant sur des sujets locaux
qui a permis l'édition d'un livret de 44 pages extrait du
Bulletin annuel de cette association.
2002 : Conférence de Guy Astoul «L'abbé Balthazard,
curé de villebrumier de 1813 à 1831». 5 octobre : exposition relative à l'école d'antan et 24 candidat(e)s de toutes
générations présent(e)s pour subir les épreuves du
Certificat d’Études.
82003 : : conférence de Christian Dignac consacrée à la
généalogie. 127 abonnements.
82004 : Conférence de Guy Jamme pour l'édition de sa
monographie de 70 pages «Villebrumier pendant la
Guerre 39/45» diffusée très largement. 29 novembre : projections en présence du réalisateur et de la bouvière Renée
Nouveau découpage du canton
Depuis 1793
Villebrumier était chef-lieu de canton
D
ésormais, le département
comptera 15 cantons au lieu de
30. Les électeurs de chacun
d'eux éliront, au printemps 2015, un
binôme homme/femme, ce qui va assurer la parité des sexes du Conseil départemental. Le nouveau découpage paraît
garantir un meilleur équilibre démographique entre territoires ruraux et zones
urbaines avec un écart maximal de 20%
à la moyenne départementale qui s'établit à 16.100. La nouvelle circonscription dénommée 'Canton n°5 de
Labastide-Saint-Pierre' comporte 15
communes (Bruniquel, Corbarieu,
Génébrières,
Labastide,
Léojac,
Monclar, Nohic, Orgueil, Puygaillard,
Reyniès, Saint-Nauphary, La SalvetatBelmontet, Varennes, Verlhac-Tescou
et Villebrumier) et concerne environ
18.000 habitants. Cette répartition ne
tient pas compte des entités intercommunales existantes.
C'est en 1793 que Villebrumier
devient chef-lieu de canton de la
Haute-Garonne. A ce moment-là, ce
territoire rattachée au district
de Catelsarrasin, est composé de 11 communes :
Villebrumier, bien sûr,
Corbarieu, Reyniès, SaintNauphary, Varennes, VerlhacTescou, mais aussi Nohic et Orgueil,
ainsi que La Vinouze, Moulis et
Puylauron, trois localités qui avaient
alors le statut de communes. Quelques
années plus tard, en 1799 (an VII), en
vertu d’une décision du Conseil des
Cinq Cents (où siégeait Pierre Gerla),
à leur demande, Nohic et Orgueil
«sont distraites de leur canton » et
«sont réunies » à celui de Grisolles
tandis que Villebrumier est confirmé
comme chef-lieu. Cette décision .est
contestée par le notaire de Reyniès,
maître Martin Lamotte qui a présenté
un mémoire au gouvernement de
l’époque où on peut lire: «Le canton
de Villebrumier n’a donc été maintenu
que parce que quelques intrigants en
ont imposé au Gouvernement en lui
représentant que la réunion de ce canton à celui de Montech ou à celui de
Grisolles
présentait
des obstacles
de nature insurmontable ou nuisible. (...)» Il est dit aussi
que «C’est par exception à la
règle générale que ce chétif canton
existe» alors que son territoire «n’est
que d’un myriamètre au plus» et que
«la population ne s’élève qu’à 4.218
personnes de tous âges et de tous
sexes, encore même ce nombre est-il
suspect». Pourtant, «la loi exige impérativement pour population moyenne
d’un canton le nombre de 10.000 âmes
et pour étendue 125 km²»
Pierre Gerla, qui était visé par cette
diatribe, rétorque que ledit canton
mesure 150 km2 (alors que 125 suffisent) et que 4.658 habitants le peuplent
(alors que d’autres entités comptent
une population bien inférieure).
Après 220 années, Villebrumier
perd, dans les faits, son statut de 'cheflieu de canton'. Avec quelles conséquences ?
insolite
Ce magnifique meuble est en fait un... véhicule datant du règne
de Louis XV. Il s'agit en effet d'une chaise à porteurs qui se trouve
dans une maison du village... Cette cabine est munie de brancards pour déplacer à bras d'hommes une personne assise. Ce
moyen de transport fut très utilisée par les «personnes de qualité»
du XVIe au XVIIIe siècles, en France comme en Europe.
Bagelet du film «Femme paysanne» qui a réuni environ 250
spectateurs en deux séances.
82005 : Édition du recueil «Les Poésies d'Aurélie» (69
poèmes). 14 octobre : soirée poésie en présence de plus
d'une centaine de personnes.
82006 : Pièces de théâtre avec Catinou et Jacouti, personnages occitans truculents. Juin : 70ème numéro de Entre
Nous qui paraît désormais en couleur. Décembre : édition du
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
5
Dossier Dossier Dossier Dossier Dossier
la Guerre 14-18
Les célébrations du Centenaire de la Grande Guerre 14-18 vont se succéder jusqu'en 2018.
Entre Nous propose une série d'articles dont certains déjà publiés mais qui conviennent à l'actualité.
1- Quelques aspects locaux de
la Grande Guerre dans notre
région
Des statistiques impressionnantes
Les statistiques concernant ce
conflit mondial sont impressionnantes
:
8 .plus de 60 millions de soldats
engagés par les belligérants dont les
hommes français nés entre 1867 et
1899 qui représentent, par rapport au
recensement de 1911, 40,6 % de la
population masculine et 62,7 % des
travailleurs actifs ;
8 près de 10 millions de morts dont
1,4 Français, 5.223 tarn-et-garonnais
(soit 11 % de la main d’œuvre active
départementale) et 24 villebrumiérains
figurant sur la stèle ;
8 740 Poilus 'fusillés pour l'exemple'
dont 4 tarn-et-gaonnais abattus par les
balles des pelotons d’exécution français ;
8 environ 21 millions de blessés ou
invalides dont 3,740 millions de
Français;
8 550.000 prisonniers français dont
Boisset Pierre «Mort en captivité,
inhumé à la Nécropole nationale des
prisonniers de guerre français à
Sarrebourg» ;
8 7,7 millions de disparus ;
8 d'innombrables veuves et orphelins ;
8 de vastes régions dévastées ;
RUBRIQUE
À BRAC - SUITE
Cueillette : Adéfaut de trouver des cèpes, qui
se sont montrés bien discrets dans les bois
alentour cette année, au mois de novembre,
les connaisseurs ont ramassé des espèces
aussi goûteuses comme chanterelles, trompettes de la mort ou pieds de mouton...
Belle cueillette de pieds de mouton
8 baisse importante de la natalité...
La construction des Monuments aux
Morts
Pour honorer les 'Morts pour la
France', les Pouvoirs Publics ont
décidé d'ériger des Monuments aux
Morts, et, en majorité, ils l'ont été
entre 1920 et 1930. Le premier
construit dans notre commune date de
1923. En Tarn-et-Garonne, 460 plaques apposées à travers les localités
recensent les Poilus tombés au combat.
Auparavant, il n'existait que peu de
stèles listant les morts lors d'un conflit.
Les premières, dédiées aux victimes
de la Guerre de 1870, ont été élevées à
partir des années 1880. Dans le département, on en recense à Moissac ou à
Beaumont-de-Lomagne, où elle a été
inaugurée le 26 octobre 1909. A
Bardigues,
Montgaillard,
et
Puygaillard-de-Quercy, les noms sont
ajoutés à la liste de la Grande-Guerre.
A Garganvillar et Lamagistère, une
plaque apposée au cimetière rappelle
le souvenir des victimes. A
Montauban, à l'entrée rive droite du
Pont Vieux, trône l'œuvre de jeunesse
d'Antoine Bourdelle dont la construction fut lancée en 1895 pour une inauguration le 14 septembre 1902.
L'édifice est voué aux «Morts,
Combattants et Serviteurs du Tarn-etGaronne».
Monument aux Morts de la Guerre de 1870,
œuvre de Bourdelle
inaugurée à Montauban en 1902
Le registre des décès de
Villebrumier ne laisse pas apparaître
de tué lié à la Guerre de 1870. En
revanche, le 23 avril 1871, la commune a pu déplorer la mort de Léon
Botte, caporal au 51ème de Marche,
survenue à l'Hôpital Ambulance du
Vésinet où il avait été transporté deux
jours avant suite à une fracture du
crâne. La date du décès et l'emplacement de la localité, proche de la capitale, laissent penser que ce soldat par-
u
Vin nouveau : On a fêté l'arrivée du vin
nouveau au 'Quai des Brumes' le jeudi 21
novembre. Une soirée où la musique a couvert le bruit des bouchons tirés.
u
Démographie: Selon l'Insee, au 1er janvier
2014, Villebrumier compte 1.252 habitants
(+ 12 par rapport à 2013). Le canton actuel
en recense 6.813 (+ 886 depuis 2011), le
Tarn-et-Garonne 251.042, soit un accroissement de + 1,5 % par an, le plus rapide des
départements de France métropolitaine.
u
Nécrologie : Daniel Pascal et Roger Proto
nous ont quittés récemment. Ils étaient tous
deux de fidèles lecteurs du journal.
L'équipe de 'Entre Nous' partage la peine
de leurs proches.
u
Changements : Le médecin généraliste
Cyprian Mindru, installé depuis le 1er août, a
arrêté son activité fin septembre. Le docteur
Anne Saint-Palais assure des consultations au
sein du cabinet du docteur Etienne Astoul.
u
Chorale: La 'Clé des Chants' a participé à
deux concerts de haute tenue, l'un vendredi
soir 13 décembre Eglise du Breuil à Albi en
compagnie des hôtes 'Les Cançonnaïres' et
en présence de quelque 150 personnes,
l'autre le dimanche après-midi 15, Eglise
de Villemur, abondamment garnie de près
de 400 auditeurs, avec comme invité le
Choeur d'hommes du Béarn.
6
u
Entre-Nous
u
Collectionneuse
tortues miniatures
de
E
lle trouve ces objets dans des
boutiques de cadeaux, en ville,
sur des sites touristiques ou lors
de séjours à l'étranger. Ils sont exposés
dans une vitrine et attendent la venue
d'une représentation différente pour
enrichir la collection.
Depuis quelques décennies, ma fille se
passionne pour collectionner des reproductions miniatures de tortues composées
à partir de matériaux divers : corne, métal,
céramique, lave de volcan, pierre, perles,
coquillages, tissus paille tressée, peluche,
bois ajouré ou peint...
Pour en savoir plus
Les tortues forment un ordre de reptiles dont la caractéristique qui les singularise est de porter une carapace qui est
constituée d'un plastron au niveau du ventre et d'une dossière sur le dessus reliés par
deux ponts sur les côtés du corps. On distingue les tortues terrestres, les tortues
aquatiques d'eau douce (ou tortues dulçaquicoles) et les tortues marines qui composent en tout 329 espèces divisées en 14
familles dont près de la moitié est menacée de disparition. Les femelles sont ovipares et pondent environ une fois par an.
Leur alimentation varie selon les espèces
et se compose de viande ou de végétaux.
Elles vivent dans des habitats très divers
répartis sur une bonne partie du globe.
Cet animal a une importance toute particulière dans la numismatique. En effet,
parmi les premières pièces de monnaie de
l'Histoire, on trouve les drachmes d'Égine
frappés d'une tortue sur l'endroit et dont
l'existence remonte au VIIe siècle avant J.-C..
YVES
Jouer
avec le Mot
Marcher ou avancer à pas de tortue
très lentement
u
'Le lièvre et la tortue'
fable de La Fontaine
u
Former une tortue avec des boucliers
les soldats romains en formation de combat se couvraient la tête avec leurs boucliers pour se protéger des projectiles.
u
Anagrammes de 'Tortue'
'touret' et 'tourte'.
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
27
RUBRIQUE
À BRAC
Éclairage : Afin d'éviter l'éblouissement à
hauteur des yeux des conducteurs franchissant le pont, des tubes de lueur bleue ont
remplacé ceux diffusant une lumière blanche
trop vive.
u
Eléphanfare : Samedi 19 octobre aprèsmidi, dans le cadre des 'Embarcadères', un
volet de la saison culturelle en Pays
Montalbanais, en partenariat avec l’association 'REEL' et en liaison avec 'Yaka Jouer', a
eu lieu un événement festif original. La
manifestation a débuté par un défilé en musique dans les rues du village avec pour
vedette un éléphant grand format en papier
mâché créé à partir d’une histoire incroyable
par des enfants. Après une halte aux
«Chênes Verts», bien appréciée des résidents, les festivités ont continué dans la salle
des fêtes avec un spectacle de cirque présenté par 'La Boîte à Malices', l'école d’initiation aux arts du cirque de Montauban, qui
a enchanté petits et grands avant de découvrir une démonstration de percussions et
danses africaines proposée par les enfants du
centre de loisirs. Acteurs et spectateurs,
venus en famille, se sont rassemblés autour
d’un goûter offert par la Communauté de
Communes puis autour d'un repas type
'auberge Espagnole'. Une façon de mettre en
avant la culture en tant que lien social.
u
Chemins de randonnées : La Communauté
de Communes (CCTGV) a mis en œuvre
son projet de randonnées pédestres sur l'ensemble de son territoire. A ce titre, un itinéraire a été retenu sur la commune de
Villebrumier qui sera répertorié au programme départemental.
u
Téléthon : Certains pompiers de
Villebrumier sont également motards. Ils
ont rassemblé 40 motos et 61
participant(e)s pour rallier d'abord Saint-
Nicolas-de-la-Grave
puis
rejoindre
Montpezat-de-Quercy pour le repas pris au
restaurant 'Le Camillou' géré par Christelle
Contard, la fille de Camille Boyer,
aujourd’hui disparu, qui fut longtemps
chef de centre chez les sapeurs-pompiers
de Villebrumier. Le retour s'est fait via
Caylus, Saint-Antonin, Bruniquel et
Monclar-de-Quercy... soit une balade touristique de 220 km. Les bénéfices de cette
initiative qui s'inscrivait dans le cadre du
'Téléthon' ont été entièrement reversés à
l’Association Française contre les
Myopathies.
u
Rallye pédestre : Le samedi après-midi 21
septembre, l'édition 2013 a rassemblé 51
marcheurs qui ont dû parcourir 8 kilomètres
tout en répondant 24 questions ludiques et en
participant à 6 jeux alliant l'adresse, le hasard
et les connaissances. Les 5 plus perspicaces se nomment Jérémy Ségato, Emilie
u
Entre-Nous
u
constitués comme les Anciens Combattants
et leurs porte-drapeaux, la Gendarmerie et
les Sapeurs Pompiers, ainsi que des écoliers
accompagnés du directeur de l’école, des
villageois de tous âges… Comme le prévoit
le protocole, se sont succédés la levée des
couleurs, le dépôt des gerbes, les discours
officiels, l’Appel et la sonnerie 'Aux Morts',
la Minute de silence, et l’hymne national. Le
vin d’honneur qui a suivi, offert par la
Municipalité, a permis de nombreux échanges d’impressions.
u
Aînés : Les responsables du club 'Les
Joyeux Baladins' proposent régulièrement
des activités ludiques et culturelles aux adhérents. Outre les rendez-vous hebdomadaires
au local de de la Maison Gerla et les
concours de belote mensuel de la salle des
fêtes, ils ont organisé, le lundi 18 novembre,
A380 en cours de montage
Arnoul, Alexandra Pezet, Bernard Linas et
Quentin Linas. Le repas du soir a réuni 56
convives. Les organisateurs se disent
satisfaits par la venue de nouveaux visages, l'arrivée de jeux attractifs et l'excellente ambiance.
u
Soirée : Le spectacle cabaret proposé le
samedi soir 5 octobre par la nouvelle
association 'ATIP'Q' n'a réuni qu'une faible affluence. Dommage.
u
Pêche : L'habituel 'Enduro de la carpe' s'est
déroulé les 19 et 20 octobre. Les prises (toutes remises à l'eau) représentent plusieurs
dizaines de kilos, dont un spécimen de 15 kg,
u
Lotos : La tradition perdure : quelques
associations comme le Club des Aînés, 'La
Clé des Chants', la Boule lyonnaise, le
'Football Club des 2 Ponts', ont proposé un
loto en vue d'alimenter leur trésorerie.
u
Nouveauté : L’Association Modélisme
Villebrumier (AMV), présidée par Félix
Balaguer, propose, toutes les deux semaines, en soirée à la salle des
fêtes, des sessions de courses
de bolides modèles réduits sur
une piste conçue à cet effet.
u
11 novembre : Sous un soleil
agréable, une foule plus nombreuse qu'à l'accoutumé a assisté
à la cérémonie du souvenir
devant le Monument aux Morts.
Parmi l'assistance, on notait la
présence d’élus et des corps
26
une visite fort instructive du site d'assemblage de l'Airbus A380 à Blagnac. La cinquantaine de présents a pu apprécier non
seulement le gabarit impressionnant des
appareils mais également les prouesses technologiques qui permettent à ce géant des airs
de transporter jusqu'à 900 passagers sans
escale durant 14.000 km.
u
ticipait aux combats liés à la
'Commune de Paris' (18 mars/28 mai
1871) et non à la guerre de 70.
Le symbolisme des stèles
Les Monuments aux Morts sont
intégrés dans l'espace urbain et font
partie du patrimoine communal. Leur
aspect, bien différent d'une localité à
l'autre, sobre ou plus pompeux, est
parfois l’œuvre d'un artiste de la
région. Assez souvent, c'est un Poilu
qui est représenté, comme à Montech,
Nègrepelisse, Verdun-sur-Garonne,
Villemur ou Villebrumier, pour la première version. La forme d'un obélisque est courante comme c'est le cas
actuellement dans notre commune. Un
bâti type mur est plus rare mais existe
par exemple à Orgueil ou MasGrenier.
En principe, ces constructions sont
conçues comme des lieux de souvenirs, de mémoire et d'histoire locale
pour rendre hommage aux morts pour
la patrie. Souvent, placées bien en vue
sur une place publique, quelquefois
surmontées d’un coq gaulois, on y glorifie les courageux soldats, leurs combats et leurs victoires par des formules
«patriotiques» évoquant l’honneur :
«Hommage glorieux et reconnaissant
aux enfants de Montech morts pour la
France» ou «Si tu veux la paix, prépare la guerre» ou «Gloire aux enfants
de...» ou «Aux enfants de…tombés
glorieusement».
Poilu représenté à Montech
Bourse : Le dimanche 1er décembre,
l'Association de Parents d’Élèves organisait
sa bourse aux jouets, une manifestation qui a
drainé bien des curieux à l'approche de Noël.
u
CCTGV : La Communauté de Communes
des Territoires de Grisolles et Villebrumier
qui comptait 10 communes depuis sa création va s'étendre à compter du 1er janvier à
Canals, Fabas et Pompignan. Le Conseil
Communautaire formé des élus de chaque
localité a décidé la création d'un 'Centre
Social', une structure qui entend favoriser le
'Vivre ensemble' en menant des actions qui
visent quatre domaines spécifiques : l'associatif, l'adolescence, les personnes âgées et
les jeunes parents.
u
DÉCEMBRE 2013
Au Mas Grenier, en plus du Monument aux
Morts, trône le Monument des Combattants
Les stèles «classiques» ou «civiques», les plus nombreuses, sont caractérisées par leur dépouillement (c'est le cas
à Villebrumier pour l'ac“Monument du tuelle), et souvent entourées
d'une grille en fer forgé, parcombattant”
à Mas Grenier fois accompagnées d'obus,
comme à Campsas. On y lit
alors une formule plus neutre, simplement civique, comme «Aux morts pour
la Patrie. Villebrumier à ses enfants», ou
«La commune de… à ses enfants morts
pour la France (ou la Patrie)» ou simplement «A nos morts».
Quelquefois, malgré la loi de 1905
relative à la séparation des Églises et de
l’État, des plaques se trouvent dans des
églises et portent des signes religieux
comme des croix ou des inscriptions faisant appel à la foi. Il est vrai qu'elles sont
dédiées aux paroissiens.
D'autres représentations, plus rares,
d'un tout autre concept, délivrent des
messages pacifistes et montrent la douleur d'une mères et de ses enfants. Les
slogans sont sans ambiguïté : «L'union
des travailleurs fera la paix du monde »
(reprise d'une citation d'Anatole
France)», «Maudite soit la guerre et ses
auteurs » ou «La ville de …à ses enfants
victimes de la guerre», «Guerre à la
guerre, Fraternité entre les peuples». Au
Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne), existe
au sein du cimetière le Monument aux
Morts classique, une grande paroi portant
les noms des tués, mais en plus trône sur
la place le 'Monument des Combattants'
réalisé par le sculpteur toulousain
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
7
Auguste Guénot (1882-1966) : cette
œuvre originale, inspirée du 'David' de
Michel-Ange, plante un Poilu pacifiste,
bel athlète nu, sans arme, seulement protégé d'un casque, tenant pour cacher son
sexe un écu où apparaissent gravés les
noms des batailles où a péri la jeunesse
française. A Lavercantière (Lot), sous la
représentation d'une femme éplorée, on
lit : «Pauvres drôles» ('enfants' en occitan). A Cazaril-Laspènes (HauteGaronne), comme dans plusieurs cas de
la Creuse, apparaît la mention «Maudite
soit la guerre». Encore dans ce département, à Royère-de-Vassivière, sur la
tombe d'un soldat fusillé pour l'exemple
en 1915 pour délit de lâcheté, (et réhabilité en 1934) ses amis ont placé l'inscription suivante : «Maudite soit la guerre !
Maudits soient ses bourreaux ! Baudy
n'est pas un lâche, mais un martyr !».
Certains sculpteurs de renom ont été
sollicités pour concevoir un Mémorial.
Ainsi, Antoine Bourdelle a réalisé celui
de Montauban, situé Cours Foucault,
dont l'idée de création date de 1919, inauguré le 13 novembre 1932, après sa disparition, Le même auteur a créé également celui de Capoulet-et-Junac
(Ariège), classé monument historique en
2007, sensé représenter la peur, la
souffrance et la mort. A
Négrepelisse, c'est le fils du montalbanais Léon Cladel, Marius, qui a
sculpté le personnage.
Quelques particularités
A Villebrumier, la liste des morts
apparaît par année de la classe, mais
ailleurs, les noms sont gravés soit par
ordre alphabétique, soit par année du
décès.
A Bruniquel, un quatrain en
occitan est gravé sur le mémorial :
«Sus aquel monument ont ton uèlh
s’escarquilha
Passant i legiràs lo nom de la familha
Qu’a de son sang pagat de la França
un talhon
Que per ela a donat çò qu’aviá de melhor »
Ce qui signifie : «Sur ce monument
où ton œil s’écarquille/ Passant tu y
liras le nom de la famille/ Qui a, de
son sang, payé de la France un morceau/ Qui, pour elle, a donné ce
qu’elle avait de meilleur»).
A Orgueil, la date est curieuse :
8
u
Entre-Nous
u
Marius, œuvre du fils du montalbanais Léon Cladel,
à Nègrepelisse
«Guerre 1914 -1919».
A Saint-Nicolas-de-la-Grave, le
monument inauguré en 1923, présente
une iconographie exceptionnelle, non
seulement en raison de la qualité de la
sculpture, mais aussi pour le thème choisi
par l'artiste André Abbal. Le soldat est
habillé réglementairement, avec ses bandes molletières, ses cartouchières, sa
gourde, sa capote bien boutonnée. Il n’est
ni blessé ni mort. Il n’est pas dans une
Sculpture à Saint Nicolas de la Grave
position de combat, car il semble manifestement se reposer, mais il est en première ligne, car son fusil est dans un
emplacement de tir, et ses grenades se
trouvent à portée de main. Songe-t-il aux
siens, aux travaux des champs ?
ou de lâcheté. Se pose la question de les
réhabiliter globalement ou d'examiner les
dossiers au cas par cas. La réponse divise
encore les spécialistes.
Émile Busquet, de Saint-Cirice,
considéré dans ses états de service
comme un bon soldat, au demeurant
grièvement blessé le 26 septembre 1914,
est fusillé à 22 ans suite à l’arrêté d’exécution du tribunal militaire du 19 octobre
1914, accusé de mutilations volontaires.
Émile Crébessegues, de Dunes,
condamné à mort, fut renvoyé au front et
tomba sous les balles ennemies le 14
décembre 1914 dans la Marne, si bien
que son nom est donc gravé sur le monument communal.
Louis-Raphaël Périnin, natif de
Rennes, mais résidant à Castelsarrasin. lourdement condamné à quatre années de prison
militaire pour plusieurs désertions, retrouve
le 8 mai 1917 son bataillon. A nouveau
déserteur, il est fusillé pour abandon de poste
le 19 octobre 1917.
Casimir Fajournel, de Castanet. participe aux batailles de la Marne et de
Champagne. Blessé le 15 mai 1915 avec
d'autres compagnons, il se réfugie à l’arrière comme eux et est accusé d’abandon
de poste et condamné à mort. Le 1er juillet 1927, la Cour de cassation l'a
réhabilité à titre posthume.
Cyr Roques de Saint-Cirq,
après avoir participé aux grandes
batailles de Bertrix en Belgique et de
la la Marne, est d'abord blessé à une
cuisse puis le 20 décembre 1914,
lors d’une offensive, à un doigt. Il est
accusé de s'être mutilé, version qu'il
réfute, et condamné à mort par le
Conseil de Guerre le 6 janvier 1915.
Son nom figure néanmoins sur le
monument aux morts.
Par ailleurs, des prisonniers
allemands ont séjourné dans les
casernes de Montauban, notamment
dans celle du quartier Pomponne.
Edouard Duleu et son dynamique
ensemble».
Le dimanche de Sainte-Cécile,
(patronne des musiciens, fêtée le 22
novembre) «à la messe de 11 heures,
les musiciens, sous la direction de M.
Sol, ont exécuté magistralement la
marche triomphale 'L’Apothéose',
'L’Arlésienne' de Bizet, 'L’Ave Maria'
de Schubert, 'La Marche solennelle' de
Grieg, (…) A l'issue de l'office, un cortège formé de la clique, des enfants,
d'une délégation des pompiers, des
Anciens Combattants, des élus de la
Municipalité et d'une foule nombreuse
s'est rendu au Monument au Morts où
une gerbe a été déposée et où le Maire
a prononcé une allocution à la
mémoire des disparus. (…) A 12 h 30,
un délicieux et copieux repas d'une
cinquantaine de couverts a été servi à
la 'Pension de famille' préparé par
Mme Lebon»
En 1960, «à l'occasion d'un bal
organisé par La Lyre dimanche soir, a
eu lieu l'élection de la Reine du canton
et de ses demoiselles d'honneur. (…)
Le jury a désigné, entre une dizaine de
concurrentes, Melle Fanny Muratore,
20 ans, un jolie brune aux yeux noirs
et un teint de pêche, ouvrière dans une
entreprise de pâtes alimentaires. (…)
La première demoiselle d'honneur
s'appelle Wanda Jorga, 16 ans, de
Reyniès, et la seconde Solange
Mercadier, 19 ans, de SaintNauphary». Les trois lauréates ont par
la suite concouru au titre de 'Reine du
Carnaval du Quercy' à Montauban
organisé par le 'GERM'.
Les courses cyclistes
Une autre liasse montre que Michel
Lacaze se passionnait pour le sport en
général et le cyclisme en particulier. Il
y est précisé qu'avant guerre, l'homme
présida
le
'Sporting
Club
Villebrumiérain'. Le club comportait
alors une section 'football' au sein de
laquelle il joua et une autre 'cyclisme'
qui comptait 5 licenciés et organisait le
jour de l'Ascension de célèbres courses
d'envergure nationale sur le vélodrome
en terre battue situé à l'emplacement
actuel du groupe scolaire. Puis, à partir de 1947, devenu président du
Comité des Fêtes local et du célèbre
'Guidon montalbanais', il organisa un
'Gand Prix des Fêtes de Villebrumier'
le lundi de la fête votive : «Tout
d'abord, le circuit passait par Les
Sapinettes,
Saint-Nauphary,
Montauban-Les
Trois
Ponts,
Corbarieu, Reyniès et Villebrumier.
Puis, la distance fut réduite à une boucle de 870 mètres autour du village.
(…) Ce lundi 12 juillet 1954, les 50
participants auront à cœur d'inscrire
leur nom au palmarès à la suite des
Saint-Laurent,
Gury,
Pineau,
Rascagrères... (…) Plus de 30.00
francs de prix (dont 10.000 au premier) seront distribués, sans compter
les nombreuses primes proposées par
le réputé speaker Martial Paris. (…)
Le comité organisateur au sein duquel
figurent outre Michel Lacaze, Yvan
Lurdes, Roger Lages, tous trois
conseillers municipaux, et le maireconseiller général Raymond David, a
décidé d'éliminer, pour assurer le parfait contrôle de cette kermesse, un
coureur tous les deux tours jusqu'à
n'en compter que 20 ;en course»
Les aspects plus personnels
Une troisième série de coupons
concerne les manifestations départementales consacrées aux « déportés,
internés et familles de disparus ». En
effet, Michel Lacaze est un rescapé de
la déportation et était l'un des 2.521
passagers partis de Compiègne dans le
tristement célèbre 'Train de la Mort'
qui a livré 984 cadavres à l'arrivée à
Dachau. Une photo immortalise la
remise de la médaille de la déportation
en 1961.
Un quatrième lot de feuilles rappelle les engagements de Michel
Lacaze tant au plan professionnel au
sein du 'Syndicat Départemental de la
Boucherie' qu'au niveau politique
comme membre du Parti Radical. Il fut
candidat tête de liste à plusieurs reprises aux élections municipales, mais s'il
fut élu, il ne put briguer le poste de
maire faute de majorité parmi les
conseillers. Par ailleurs, l'homme fut le
premier chef du corps des sapeurspompiers créé en 1955 et le Centre de
secours porte d'ailleurs son nom.
Informations recueillies par GUY
insolite
Route de Saint-Nauphary, lieu-dit
'Valgilade', on remarque, derrière le muret,
une taille un peu spéciale de la haie : c'est
un... lapin géant qui se prénomme Lupin,
c'est un gros malin qui ne mange pas de
foin.
Fusillés pour l'exemple
Parmi les 740 Poilus 'fusillés pour
l'exemple', ont été recensés 5 cas de
Tarn-et-Garonnais. accusés de désertion
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
25
Impulsée par
Michel Lacaze,
la Lyre
animait le village dans les années 50/60
La création de la Lyre date de 1953
Une coupure datant de 1958 précise
«'La Lyre villebrumiéraine' est une
société de musique forte de quelque
soixante exécutants, fondée en 1953
par une poignée d'animateurs locaux
: Michel Lacaze, Raoul Astoul, Michel
Blanc, Andrée Cogoreux, Madeleine
Cyprien et le dévoué chef Jean Sol».
Michel Lacaze, boucher de son état, e
montrait très actif : il présidait cette
association et en animait plusieurs
autres
La lecture de ces documents donne
plusieurs informations : «Depuis 5
ans, Villebrumier célèbre avec éclat le
jour de la Mi-Carême (…) et a eu la
plaisir de recevoir, en 1957, dans la
coquette salle du Foyer Rural la délicieuse Cécile Marion en compagnie
des fameux clowns Fratelli (…) Ce
jour-là, quel monde à Vllebrumier !»
; «La Lyre donne habituellement un
concert du lundi de Pâques» ; «La
sympathique société a fait applaudir
au deuxième carnaval du Quercy à
Montauban son magnifique char
'Notre Spoutnik'».
24
u
Entre-Nous
u
2- L’histoire des Monuments
aux Morts de Villebrumier
Ginette Sahuc/Lacaze a retrouvé dans sa maison familiale, sise à l'angle des rues des Anneaux et Gambetta, des
dossiers contenant des coupures de journaux jaunies. Elle
les a confiées à 'Entre Nous' pour en tirer profit...
Séance de théâtre donné par La Lyre
La fête de la Mi-Crême
Cette année-là, la Mi-Carême a
revêtu un faste exceptionnel : «Jeudi
dernier, la Lyre a magistralement
donné un aperçu de ses talents d'organisateur. Après la matinée enfantine, le
concours de travestis et le goûter de
l'après-midi, sur le coup de 21 heures,
800 personnes (le double de la population de la commune) se pressaient sur
le parcours jalonné de feux de bengale
en dépit d'un ciel incertain. La foule a
applaudi le défilé de 7 chars illuminés
parmi lesquels la création locale
'Notre Spoutnik' et la prestation des
musiciens des lyres de Fronton et de
Villebrumier . Vers 22 h 30, cette fête
inédite se prolongea par un grand bal
avec le virtuose accordéoniste
C’est lors de la séance du Conseil
municipal du 1er avril 1920, présidée
par le Maire Irénée Coulom, qu’est
retenu le principe de «l’érection d’un
Monument commémoratif pour les
Morts de la Grande Guerre». L’œuvre
est confiée à Joseph Gabriel Sentis,
artiste sculpteur de Villemur, qui en a
conçue plusieurs autres alentour. Elle
représente «un groupe de deux figures
avec piédestal» en ciment armé, le tout
mesurant 4,65 m de hauteur. Par ailleurs, un certain Séguéla s’engage à
fournir «une plaque de marbre avec
gravure de 24 noms à fixer». Si l’on
ajoute le placement de 4 obus reliés
par une chaîne et les autres frais
d’aménagement, l’ensemble est estimé
à 5.650 francs.
Une souscription sera lancée et rapportera 1.492 francs. Cette somme sera
versée à Sentis le 12 juillet 1920 par
Joseph Valette, conseiller municipal et
Président du Comité de Souscription.
Le 1er août 1920, l’assemblée communale contracte un emprunt dont 4.500
francs serviront à financer l’ouvrage.
Le Président de la République A.
Millerand approuve, par décret du 31
janvier 1921, l’érection de cet édifice.
Mais l’exécution tarde a être réalisée
comme en atteste la déclaration du
Maire lors du Conseil municipal du 12
juin 1923 : «(…) le Monument aux
Morts de la Grande Guerre que
jusqu’ici on n’avait pu faire aménager
définitivement faute de main d’œuvre
le sera incessamment». Il présente
alors les devis relatifs au surélèvement, au dallage et à la pose de la
grille puis propose que le contrat des
travaux fasse l’objet d’un marché de
gré à gré. L’édification sera enfin réalisée cette année-là.
L’œuvre de Sentis ne durera guère
que trente ans. En effet, le 8 octobre
1953, l’assemblée communale dirigée
par le Maire Raymond David, décide
de «raser entièrement l’ancien
Monument aux Morts qui tombe en
ruine et d’en ériger un nouveau avec
un matériau résistant à l’épreuve du
temps. Le sentiment de la majorité de
l’Assemblée est que le nouveau monu-
L’ancien Monuments aux Morts
oeuvre de Joseph Sentis, 1923
L’actuelle Stèle érigée en 1953
ment devrait être en place le 11
novembre prochain». Manifestement,
cette intention n’est pas unanimement
partagée puisque la délibération indique : «Monsieur le Maire attire
l‘attention du Conseil sur le fait que la
dépense qui résultera de cette décision
n’a pas été prévue au budget, ce qui
provoquera de sérieuses difficultés
pour le financement. Le Conseil passe
outre. Monsieur le Maire propose
alors de confier à M. Daudibertières,
ingénieur des Ponts et Chaussées,
l’étude d’une maquette. Cette proposition est écartée. M. Lacaze propose
purement et simplement, sans souci de
l’irrégularité que cela représente, de
DÉCEMBRE 2013
confier l’érection du monument à un
entrepreneur, et le Conseil se range à
son avis. M. le Maire renouvelle ses
réserves».
Un marché de gré à gré est ainsi
passé entre le Maire et l’entrepreneur
Alban Delmas de Montauban pour «la
reconstruction du Monument aux
Morts conforme aux règles de l’art» à
l’aide de « matériaux de choix, chacun
suivant son espèce».
26 noms gravés sur le marbre
Parmi des 26 noms des soldats
figurant sur la stèle, deux, Louis
Viguié et Gaston Montardy, sont détachés parce que ‘Morts pour la France’
au printemps 1940, lors de la
Deuxième Guerre Mondiale. Si l’on
prête attention à la liste des morts de la
Grande Guerre, on peut noter quelques
curiosités, anomalies ou mystères.
Deux curiosité apparaissent.
D’abord, l’ordre des patronymes n’est
ni alphabétique, ni chronologique, ni par
dates de décès ; il apparaît par ‘classe’, ce
qui n’est pas d’un usage courant.
Ensuite, Boisset Pierre est un prisonnier de guerre «Mort en captivité,
inhumé à la Nécropole nationale des
français à Sarrebourg».
Enfin, deux soldats sont décédés à
l’hôpital de Vouziers (Ardennes) après
la fin officielle de la guerre, le 11
novembre 1918. Ainsi, Pélissier Jean,
classe 1896, est mort le 23 Décembre
1918 des suites de maladie contractée
en service commandé. De même,
Rouquette Jean Marius est décédé le
28 Février 1919.
Des anomalies sont à signaler.
Alors que 24 noms sont inscrits sur
la plaque, il n’existe en Mairie que 19
transcriptions d’actes et autres jugements, attestant des décès des soldats
habitant la commune tandis que sont
dûment enregistrés à Villebrumier,
mairie de leur dernier domicile connu,
les noms des soldats Pujol Jean-Louis
et Lardemelle Louis, décédés en temps
de guerre, qui n’ont pourtant pas été
gravés dans le marbre.
A contrario, d’autres y figurent, alors
que la transcription de leur décès a été
enregistrée dans une autre commune où
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
9
La liste comporte quelques anomalies
leurs noms apparaissent : Terrancle
Victor Elie, à Labastide Saint Pierre (82)
et Soulié Louis Jules, à Villemur (31).
Janis Louis est porté décédé à son domicile en avril 1917 à Reyniès (82) où est
inscrit Janis Emile né en 1894, sans doute
un frère.
Il semble que les anomalies relevées
ici se retrouvent sur beaucoup d'autres
stèles. Et si pour y être inscrit, la reconnaissance du statut de 'Mort pour la
France' est légalement nécessaire, cette
règle n'est pas strictement appliquée.
Quelques mystères subsistent.
Concernant Taillefer Louis, il existe
bien, à Villebrumier, un acte de naissance
du 12 Juin 1874, mais il s’agit d’un Louis
Tailhefer (avec un LH et non 2 L). S’agitil du même homme ?
S’agissant d’Eymeric Joseph, aucune
trace d’acte de naissance ou de décès n’a
été relevée. Et pour cause : son nom ne
figure pas dans la liste officielle des
'Morts pour la France' et cet homme,
semble-t-il, n'a jamais résidé à
Villebrumier durant la guerre, sa famille
ne s'étant installée dans une ferme du
coteau, du côté de 'Noble', qu'en 1919.
La mention ‘A Bénech’, gravée
immédiatement après le nom de Janis
Louis, n’a pas été expliquée. Le patronyme Bénech suivi du prénom avec
une initiale 'A' se retrouve à Cazals et
Montauban
(Amédée),
Fajolles
(Antonin) et Septfonds (Antoine).
Enquête de GUY JAMME avec l'aide
de JEAN-LOUIS GARCIA.
Sources : archives municipales ; journal
Entre Nous n°36 ; sites Internet.
10
u
Entre-Nous
u
3- Carnet de route du poilu
Ernest JAMME
«M. Jamme Ernest, soldat au 95
ème Régiment classe 1896 n° matricule 345 est rappelé à l’activité par
Ordre de Mobilisation Générale du
1er août 1914;
incorporé au 121 ème RIT
arrivé au corps le 13 août 1914
arrivé en renfort au 96 RI le 15 mars
1915
arrivé en renfort au GBD en exécution de la note du GBD n° 43 381 du
30 octobre et de la note ministérielle
de la 31 DI
n° 2 320 en date du 17 novembre 1918
arrivé au GBD le 19 novembre 1918
démobilisé le 29 janvier 1919.
Copie certifiée conforme
Lieuran les Béziers,
le 8 octobre 1919».
Ainsi, à l’âge de 38 ans, mon
grand-père, quitte sa femme, ses deux
jeunes enfants, (l’un de sept ans, l’autre de six mois), sa famille et son village pour aller faire la guerre...
Il note sur un petit carnet un certain nombre de repaires qui permettent de suivre son parcours dans la
Marne, non loin de Valmy, aux alentours des communes de SommeSuippe, Somme-Tourbe, Saint-Jean,
Perthes., Dommartin. .A travers ces
écrits, certes laconiques, il est possible de deviner les conditions d’existence d’un Poilu. .J’ai retrouvé ce
document dont j’ai relevé quelques
passages significatifs.
«Vu le premier aéroplane. Passé à
Châlons sur Marne sur le pont
qu’avaient démolis les boches,
remonté par le Génie porte la toute
première annotation.
Chaque feuillet indique la date, le
nombre de jours de guerre passés et la
durée de sa propre campagne.
Le lundi 24 mai 1915 (294/1),
depuis Béziers, Ernest prend le train
de combat du SP 133 pour gagner le
front. Le convoi passe et s’arrête à
Sète, Nîmes, Avignon où «une bonne
dame (lui) donne un quart de café» et
arrive à Lyon le mardi soir.
Le samedi (299/6), c’est le
contact avec les combats: « Le soir à
insolite
Un jeton de téléphone (pile et face)-1937
Ernest Jamme
5 heures, les avions français ont survolé les lignes boches. Tirs des
canons allemands. Départ à 5 h 30 du
1er bataillon pour aller dans les tranchées.». Le dimanche, est traversé un
«village bombardé par les Boches
(où) il ne reste plus que l’église et un
hangar»
Le lundi (301/8), on
lit:«Coucher dans les tranchées.
Reparti à 8 heures du matin pour
rejoindre le campement.».
Tout au long des jours, alternent
des périodes d’accalmie et des
moments à risques:
«jeudi 3 juin: Promenade des chevaux. Dormi jusqu’à 4 heures.
vendredi 4: Repos. Pansage. Deux
marmites passent sur nos têtes et
vont éclater plus loin.
samedi 5: Matin: un Taub (avion
allemand, ndlr ) survole nos lignes .
Vive canonnade. A minuit, vive canonnade. Des mitrailles incessantes.
Briquet des années 1935/1940 (??)
avec l'estampille et l'inscription :
"MINISTERE DES FINANCES"
Voilà un objet bien curieux qui date du XVème siècle, possession d'un habitant de la commune...
C'est un «baston à feu», en fait un fusil en fer coulé. La poudre noire utilisée, un mélange de salpêtre, de souffre et de charbon, était versée par la gueule et tassée puis la balle introduite par le canon.
Cet engin d'un maniement dangereux a remplacé les armes de jet comme l'arc ou l'arbalète dès le
XIVème siècle.
Citation à l’ordre
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
23
Lettre de
Jean de Marigny
à son ami
Antoine Bourdelle
La lettre de Jean De Marigny reproduite ci-dessous atteste des
relations suivies qu'il entretenait avec Antoine Bourdelle. Cette
missive montre combien ce notable local adule l’artiste dont il est
le mécène. Elle confirme que le sculpteur aimait peindre des portraits au pastel et elle témoigne aussi tout à la fois du temps qu’il
faisait à Villebrumier, de l’état de santé de son épouse, de son
imprégnation religieuse... (document trouvé par B.LAPORTE)
Villebrumier, janvier 98
Elle a bien mal fini et elle commence bien mal pour nous, mon cher ami, cette année nouvelle. Si les
vœux des humains peuvent attendrir l’implacable destinée, les vôtres seront sûrement exaucés: l’artiste,
en effet, qui est plus un esprit qu’un corps, doit avoir avec la Cause de Tout des affinités que nous
autres, vautrés dans la fange, ignorerons. Les élévations de votre âme, agenouillée aux sommets de l’art
éternel, ne sont-elles pas des prières? Et Dieu peut-il refuser quelque chose à ceux qui s’essayent à traduire quelques fragments de cette Beauté qui réside en Lui?
Nous n’avons point ici de givre étoilant les arbres, et le soleil étriqué n’a cessé de luire sur
nous pendant ces premiers mois d’hiver.
Mais nous sommes tristes, et la voie douloureuse où nous sommes condamnés à marcher s’allonge à l’infini
devant nous, sans une halte en vue pour s’y reposer. Ma pauvre femme souffre depuis 3 mois environ. Elle
garde le lit, résignée et douce comme un oiseau dont on aurait cassé les ailes. Et nous restons à son chevet, impuissants à la remettre sur pieds, et attendant qu’il plaise à la Providence de
marquer le terme de cette épreuve. Le long repos forcé a. provoqué chez la chère malade
une gastrite aiguë qui l’empêche de se nourrir et qui a augmenté sa faiblesse. Les
médecins ne sont pourtant pas inquiets de cet état , ils m’assurent même que l’affection dont souffre ma femme (en dehors de son estomac) est en bonne voie de guérison,
qu’il suffit de s’armer de patience .Ah! la patience! Nous n’avons que ça depuis 10 ans
et cela ne nous sert point à grand chose! Bref, nous sommes cloués à Villebrumier pour
une période indéterminée, peut-être pour tout l’hiver! Irons-nous à Toulouse, à Paris?
Mystère! Nous vivons au jour le jour, dans l’attente d’une amélioration qui ne vient
jamais... en nous demandant si le fatalisme des orientaux ne vaut pas mieux que notre
hypocrite résignation ( que nous avons l’habitude de n’arborer que lorsque nous ne pouvons faire autrement). Ah! si l’on pouvait conjurer la douleur ou la tristesse par la
révolte, il y aurait sans doute moins de gens « soumis à la volonté de Dieu ». En somme, la résignation à
l’inéluctable est encore ce que l’on a trouvé de mieux pour permettre à l’humanité de prendre son mal en
patience. Et ce sera encore une des gloires du Christianisme d’avoir réussi cela .
Mais assez parlé de nous et de nos misères, à quoi bon vous attrister de leur récit ? Vous n’avez pas
le droit de vous arrêter sur la route pour écouter les gémissements de ceux qui passent, vous qui devez
rester! Où en sont les Combattants? (1) Le monument sera-t-il prêt pour le salon de cette année? Que
devenez-vous? Viendrez-vous dans le Midi? (2) Si vous devez venir, je tâcherai de décider (et je crois
que ce sera facile) ma cousine et sa sœur à se faire pastelliser. En conséquence, si vous deviez venir à
Montauban, nous comptons que vous viendrez vous recueillir quelques jours dans notre hôpital où nous
tâcherons d’attirer quelques riants modèles capables d’inspirer votre génie, et puisque nous parlons de
portraits, dites-moi donc si Mme de R. s’est acquittée de sa dette envers vous. Je sais qu’au printemps
dernier, se trouvant à Saint Maurice, elle dit à son frère, devant ma femme: « Il vous faudra bien régler
M. Bourdelle, si vous ne l’avez pas encore fait! »
J’ignore depuis lors si mon voisin s’est acquitté de la commission. Dans tous les cas, écrivez-le moi:
je lui ai fait faire cette année un petit travail avec lequel il pourrait largement se libérer. Si vous
n’êtes pas réglé, et que vous ayez besoin d’agent, ne vous gênez pas (vous savez ce que je vous ai dit
souvent) et je me ferai un plaisir, en attendant le règlement
NDLR:
de Mme R., de vous en avancer le montant.
(1): La conception architecturale du 'Monument aux Morts ,
J’ai vu récemment Quercy (3) et aussi Esculet au moment Combattants et Serviteurs du Tarn-et-Garonne' de la Guerre de
des Elections Sénatoriales(4): en voilà un qui m’a l’air de 1870, un édifice grandiose, unique en son genre, destiné à la Ville
faire son trou et de posséder déjà des panégyristes. Il en a, de Montauban a soulevé bien des critiques.
(2): Depuis 1884, Bourdelle réside à Paris, mais il fait de nomdans le journal, les honneurs d’un article de Barrès.(5)
breux séjours dans sa région natale pour fréquenter des amis tarn
Sur ce, mon cher ami, je vous souhaite, au seuil de l’an- et garonnais et pour peindre des portraits au pastel.
née nouvelle, toutes les prospérités et toutes les gloires. (3) L’écrivain en langue d’Oc, le Félibre Auguste Quercy, né à
Lafrançaise en 1854, comptait parmi les meilleurs amis du sculpPuisse le mufflisme lui même, s’incliner en grommelant devant teur avec qui .il aimait se retrouver pour composer de la poésie.
vos œuvres. Puissions-nous surtout vous revoir à Villebrumier (4): Jean De Marigny était maire et conseiller général et donc
grand électeur lors les élections sénatoriales.
ou à Paris.
(5): Maurice Barrès (1862/1923) était écrivain et homme politique.
Coeur et main
Après avoir exalté le «culte du moi», il célébra les valeurs moraMarigny
les nationalistes. Il entra à l’Académie Française en 1906.
22
u
Entre-Nous
u
Dimanche 6: Fais le café. Taub a
survolé à 7 h les lignes. Vive canonnade. Soir, repos.
Mardi 8: Bataillon au repos 3
jours. Dormi presque 4 h. Soir, bon
souper: soupe, haricots, salade, bifteck, sauce meunière, rôti mayonnaise,
dessert, café.
Mercredi 9 : Matin, à 6 h 30, chocolat au lait. Fais le pansage. Soir,
repos. Bon souper. Fais la noce avec
des camarades.
Jeudi 10 : Matin, préparer pour
partir à midi aux tranchées pour aller
relever le 1er bataillon. Le 9 juin.
bataille sanglante. Le 96 ème subi de
fortes pertes. 6 h, orage épouvantable.
Très forts bombardements de 6 h à 7 h»
Les taches quotidiennes se répètent: Il semble que Ernest soit affecté
au ravitaillement et ait un rôle de palefrenier (sa jument porte le matricule
901). On peut lire assez souvent: «Fais
la cuisine. Lavé le linge. Aller porter
linge lieutenant au camp. Promenade
chevaux. Abreuvoir. Fais du vert aux
chevaux. Garde d’écurie».
Les menus sont presque toujours
répertoriés et paraissent très variés, dans
tous les sens du terme. On relève au
hasard: «Souper: frites, gigot rôti. Soupe,
pois en conserves, pommes de terre frites.
Haricot, ragoût, rôti levraut. Soupe de
viande, haricots pas cuits mais bu quatre
bouteilles de bon vin blanc (à l’occasion
du passage du capitaine et du Major).
Soupe avec un bout de homard qui m’a
coûté 4,50 F et 1 litre de vin 12 sous. Soupe
haricots aux lardons. Soupe, bouilli, omelette, haricots verts, pommes frites, gigot
rôti. Matin: chocolat au lait; haricots au
maigre, artichauts, confiture, café... ».
Cela paraît correct même si le
mardi.1er décembre, (485/189), on
trouve: « Déjeuner: jambonneau, chocolat. Dîner, rien à manger. Soir, fais la
cuisine: soupe, rata. Pluie toute la nuit.».
Par
contre,
le
lundi
28
juin,(329/34), il est noté: «Matin,
réveil à 4 h. Chocolat au lait. Partis à
Valmy pour revue à 5 h. Défilé devant
la statue de Kellerman. Dîner: soupe,
bouilli, rôti. Soir repos. Souper: haricots, omelette, gigot rôti, vin blanc,
champagne, biscuits».
Les conditions météorologiques
sont parfois notées: «Temps beau et
frais (17/06), Orage (23/06); Pluie
toute la nuit (26/09). Pluie Temps très
froid (28/09); Fortes gelés, froid
(29/09). Pluie froide (04/10). Neige
(14 et 15/11). Froid très vif (20/11).
Gelée blanche (18/12)»
Le 24 juin, :est mentionné :
«Expédier un colis pour Lieuran: caleçon, bonnet, épaulette», les 4 et 8 octobre, «Reçu un colis».et le 10 : «Reçu
colis tricot».
Le mois de septembre est agité:
«Vendredi 6 septembre: un aéroplane boche tombé dans nos lignes.
Samedi 22: première journée d’attaque: départ pour aller au front. Resté
toute la journée dans les bois de 9 h du
matin à 3 h le surlendemain. Éclatante
journée pour nous: fait 8000 prisonniers.
Dimanche 23: violent bombardement à 2 h de l’après midi. Souper
avec du chocolat et un biscuit. Pluie
toute la nuit. Défaite des boches.
Lundi 24: Lever je ne sais quelle
heure. Aller aux tranchées boches de
3èmes lignes. Rapporté une musette et
un bidon boches. Fait 20.000 prisonniers. Dîner léger. 2 h bombardement
terrible. Canonnade comme jamais on
n’avait vu. Souper: saucisson.
Mardi 25: Lever 7 h. Déjeuner:
café. Vu Lombard, Closcard, Maurel,
les 2 Caragols.
Mercredi: Partis avec le train de
combat. Camp au milieu des champs.
Temps très froid et pluie.
Samedi 29: Lever 6 h 30;
Déjeuner: café. Dîner: boulettes.
Partis à midi pour changement
jument. Arrivé au campement à 10 h
du soir. Fortes gelées, froid.
Dimanche 30: Lever 7 h. Déjeuner:
chocolat chaud. Dîner: soupe, bouilli. Soir,
abreuvoir à St Jean. Souper: haricots aux
lardons. Violent bombardement . Froid ».
Début octobre, cela continue:
«Lundi 4: 4 h, avec canonnade
incessante. Artillerie de gros calibre.
Mardi 5: veille d’attaque.
Mercredi 6: attaque du côté de
Tropez. Canonnade assourdissante. A
9 h une colonne de 139 prisonniers
DÉCEMBRE 2013
boches passe. Pris la butte de Cahure.
3 blessés boches passent au cantonnement. A 11 h la canonnade ralentit.
Jeudi: nuit calme. .
Samedi 9: un avion boche a brûlé
un ballon captif.
Mardi 30 novembre: A midi, un
matelot descend d’un ballon captif en
parachute.
Dimanche 12 décembre: Touché une
veste, une capote, 1 paire de draps».
Parfois, des retrouvailles ont lieu:
«Vu Augustin Alos de Cazouls.
(02/09). Vu Barthélémy Librac de
Maureilhan (03/09). Vu Alaux qui m’a
dit que Charles Fangeaud était disparu (03/10. Trouvé Lombard et passé
le soir ensemble (15/10). Vu Justin
Fabre, passé le soir ensemble (19/10.
Vu Charles Pinel (21/10 et 08/11)
La dernière page du carnet est datée
du 19 décembre.1915. Elle est ainsi
libellée:
«Lever 8 h. Dîner fricandeau,
maquereau. Soir, passé conducteur à
la cuisine roulante. Allé abreuver les
chevaux à Somme Suippe».
Pour autant, Ernest continue son
travail de soldat jusqu’à la fin du
conflit. Le document recopié ci-dessous en atteste..
«CITATION A L’ORDRE DU REGIMENT n° 739 du 18 septembre 1918.
Le Lieutenant Colonel Proteau,
commandant le 96ème régiment
d’Infanterie cite à l’ordre le soldat
Jamme Ernest, classe 1895, de la
6ème Cie n° matricule Rt 633.
Motif de la citation: « Soldat territorial dévoué et discipliné, maintenu à
sa demande conducteur de Cie dans
un régiment actif. Pris le 11 septembre
1918 sous un violent tir d’artillerie au
moment du ravitaillement et ayant un
cheval grièvement blessé est resté à la
tête de son équipage empêchant ainsi
le désordre de se répandre dans le
convoi et donnant un bel exemple de
devoir et de sang froid.
19 février 1919,
le lieutenant colonel».
GUY JAMME, petit-fils d'Ernest
d'après les notes manuscrites
de ce dernier
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
11
4- Jean CAUSSADE,
enfant de Villebrumier,
un Poilu ‘Mort pour la France’
Jean Caussade est le grand-père de
Michelle Blanc. Il figure parmi les habitants de Villebrumier mobilisé en 1915
pour partir à la guerre.
Son arrière-petit-fils évoque ici l’erreur
qui a abouti à ce destin tragique.
Jean Causade est né à Villebrumier
dans la ferme familiale du coteau, chemin de la Moulinerie. Sa naissance a
été enregistrée le 14 janvier 1874...
mais, en réalité, elle remonte à un ou
même deux ans auparavant !
Pierre Caussade signale le dimanche suivant, seul jour où il quitte ses
terres et ses bois, l’arrivée au monde
de son fils Jean au secrétaire de mairie
de l’époque, certainement lors des
rencontres dominicales, peut être au
café du village.
Plusieurs mois plus tard, on se rend
compte que cette déclaration de naissance n’a pas été enregistrée et on décide
d’attendre la prochaine date anniversaire,
soit donc le 14 janvier 1874, pour régulariser cet oubli qui aura des conséquences
fâcheuses sur sa vie.
En 1894, Jean Caussade effectue son
service militaire et se trouve classé dans
les ‘services auxiliaires’ en 1897. La
guerre venue, il est mobilisé le 27 janvier
1915 et affecté au ‘132ème Régiment
Territorial d’Infanterie’ à Montauban. Du
5 au 25 juillet suivant, il intègre le
130ème RTI à Marmande. Il passe alors
plusieurs semaines à Feltin, en Creuse, et
part pour le Front le 6 septembre 1915. Il
est muté le 21 septembre 1917 au
135ème RTI puis le 1er février 1918 au
73ème RTI. Il disparaît le 27 mai 1918 au
‘Chemin des Dames’ lors d’une de ces
féroces batailles où les cadavres jonchent
le sol, déchiquetés ou agonisants durant
des jours. Il est déclaré ‘Mort pour la
France’ le 4 juin 1918 par jugement
rendu par le Tribunal de Montauban le 14
octobre 1921. Le document du Ministère
de la Guerre du 10 janvier 1922 qui lui
octroie la ‘Médaille militaire’ est ainsi
libellé : «Caussade Jean, Mort pour la
France. Brave soldat. Tombé glorieusement pour la France le 4 juin 1918 à
12
u
Entre-Nous
u
Ces missives
Vaux. Croix de Guerre
étaient parfois destiavec étoile de bronze».
nées à son fils Alban
Lors de sa dernière
Caussade, né en
permission, il avait
1898, auquel il donconfié en substance à
nait des conseils de
son voisin Bezombes
père pour les travaux
qui le raccompagnait à
des champs, la gesla gare : «Je ne reviention de la ferme, la
drai pas. Ils sont tous
coupe du bois de
tombés à mes côtés.
chauffage,
sans
Les balles et les obus
oublier les consignes
ne m’épargneront plus
de prudence pour ses
longtemps».
premières années de
D’après le comchasse… Ainsi, le 29
mentaires des Anciens,
août 1917, il écrit :
cette erreur d’état civil
a changé le destin de
«Pour aller à la
Jean Caussade. En
chasse, il faut que tu
effet, si sa naissance
sois très prudent :
avait été déclarée
ne pas jouer avec le
Le
2ème
classe
Jean
Caussade
conformément a sa date
fusil quand tu seras
réelle, il n’aurait sans doute été mobilisé avec tes camarades, faire bien attenque plus tard et en aucun cas en premières tion de ne jamais tirer horizontalement
lignes du front car il aurait été trop âgé.
car, soit dans le maïs ou derrière une
haie, il peut s’y trouver quelqu’un et
ce serait bien malheureux que pour
une caille tu fasses du mal à
quelqu’un. Et il ne faut pas que tu laisses ton travail pour aller à la chasse,
surtout dans la semaine…Le permis
n’a pas augmenté mais les munitions
reviennent cher, ne t’amuses pas à
tirer n’importe quoi…. Tâche de dresser le chien Ralph comme il faut… ».
A 17 ans, Alban était devenu le
chef de famille qui faisait la navette
entre ses grands-parents du coteau et
ceux du village pour organiser au
mieux la vie quotidienne, en attendant
le retour du père soldat.
La toute dernière correspondance est
datée du 24 mai 1918 : «Ma chère
Phine, Je te passe deux mots par un permissionnaire pour te dire que je suis
toujours en bonne santé. Et que j’ai reçu
ta lettre du 19 mai. Je répondrai plus
longuement dès que j’aurai un moment
de libre, ce soir ou au plus tard demain.
Je vois que vous avez reçu le colis et
tant mieux. Je te vois dans un grand travail, donc je n’avais pas à m’ennuyer de
ton retard. Adieu ma Phine pour ce soir.
Mes plus doux baisers».
Jean envoyait quasiment chaque
jour une carte postale à son épouse
Joséphine Turroques qui a conservé
toutes ces quelque six cents correspondances écrites entre le 26 janvier 191
et le 24 mai 1918. transmises ensuite
de génération en génération.
L’écriture très fine au crayon à papier
s’estompe petit à petit. Elles racontent
le quotidien d’un soldat de la Grande
Guerre et elles expriment la passion
que mes aïeux éprouvaient l’un pour
l’autre avec des mots pudiques très
touchants. «05/09/17 :Ma chère
Phine. Suis toujours en bonne santé,
mais nous ne dormons pas tranquilles.
La nuit dernière, nous avons eu les
gaz, il a fallu se lever à deux heures du
matin et mettre les masques, et vite !
Nous avons été bombardé assez souvent dans la journée, mais pas d’accidents… J’ai reçu l’une de tes lettres du
1er… Si tu savais comme je voudrais
être avec toi pour t’embrasser...».
Deux jours plus tard, il poursuit :
«…Dans l’après-midi, j’ai visité les
jardins et j’ai trouvé ces petites pensées toutes couvertes d’herbes que j’ai
ramassées délicatement pour te les
envoyer… Il faut vivre dans l’espoir de
te caresser un jour, mais ce jour heureux, où est-il ? Dans l’incertain…»
JEAN BLANC,
arrière-petit-fils de Jean Caussade.
article paru dans Entre Nous n° 76
Château de Villebrumier
Un des tableaux en faïence de la frise ornant la façade principale
Château de Villebrumier - Détail du plafond,
staff imitation boiserie.
personnes a assisté à une conférence
«Les Virebent, magiciens de la terre
cuite», s'est arrêté à l’atelier de restauration FICAT qui perpétue la tra
dition toulousaine de la statuaire
terre cuite, puis est venu jusqu'au
Château de Villebrumier pour y
admirer les œuvres de Gaston
Virebent et autres éléments provenant de la manufacture de Launaguet.
Le succès de cette journée démontre le regain d’intérêt pour le patrimoine laissé par les Virebent, que
l’on est d’ailleurs loin d’avoir fini
d’inventorier. Les décorations réalisées par Gaston Virebent au Château
de Villebrumier sont parmi les pièces
maîtresses de cet inventaire.
La cheminée
Château de
Villebrumier :Plafond
du Grand Salon, œuvre
de 6m x 4m en carreaux
de faïence, par G
Virebent d’après un
tableau de Paul Baudry
ornant le plafond du
Grand Foyer de l’Opéra
Garnier à Paris
DÉCEMBRE 2013
On pourra trouver sur le site
de l’Association http://www.launaguet-virebent.com de nombreuses informations sur les
Virebent, ainsi que d’autres liens
intéressants :
http://www.societes-savantestoulouse.asso.fr/samf/geo/31/toulouse/virebent/alb1890_00.htm
met en ligne un catalogue des
sculptures et éléments décoratifs
en terre cuite commercialisés par
les ateliers de Launaguet en 1890
(266 pages, 700 objets !)
BERNARD
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
21
Virebent
Visite des admirateurs des
au Château de Villebrumier
L
e 19 octobre dernier, le
Château de Villebrumier a
accueilli les membres et amis
de l’association 'Patrimoine et
Paysage de Launaguet' qui a pour
principale vocation de répertorier et
de mettre en valeur l’héritage des
Virebent, une lignée de quatre générations d’hommes particulièrement
créatifs et entreprenants :
Château de Launaguet (la Mairie) de style
u
Entre-Nous
u
5- De septembre
Novembre 1919
1914
à
Un camp de concentration était
ouvert à Labastide-Saint-Pierre
Les autorités françaises avaient institué quatre 'dépôts de triage' à MelunFleury-en-Bière (Seine-et-Marne), La
Ferté-Macé (Orne), Besançon (Doubs) et
LabbBastide-Saint-Pierre
(Tarn-etGaronne), ce dernier recevant les internés des 32 départements du grand sud.
Un camp de détention
Ce 'Dépôt de triage', véritable
'Camp de concentration, est nommé
parfois 'Dépôt d’Internés civils'. Il a
vocation à retenir prisonnière non seulement toute personne susceptible de
représenter un danger pour la Nation
mais aussi des vagabonds et même
des prostituées que l’on examine
médicalement.
Celui de Labastide-Saint-Pierre se
situait dans l’ancien 'Couvent des
Chartreuses', construit à la sortie du
bourg vers Bressols, entre la route
Montauban-Castres et le Tarn.
✓ Jacques-Pascal V. original ‘néogothique’, œuvre d’Auguste
(1746-1831), architecte Virebent 1847, il comporte de nombreux éléde la ville de Toulouse ments décoratifs en terre cuite
de 1782 à 1830 (aménagements de la place du Capitole, de la
place Wilson …),
✓ son fils Auguste V. (1792-1857),
lui aussi architecte, fondateur avec
ses quatre frères de la manufacture de
Launaguet où furent conçus et produits pendant plus de 120 années la
plupart des éléments décoratifs en
terre cuite qui ornent les façades et
toitures en midi-toulousain, ainsi que
développé le statuaire et les arts
décoratifs en terre cuite. Auguste a
aussi œuvré à la restauration ou la
décoration de nombreux
monuments civils et religieux.
✓ Gaston V. (1837-1925) a succédé à son père Auguste à la tête
de la manufacture, et s’est spécialisé dans les terres cuites polychromes et faïences émaillées,
avec des créations décoratives
très originales et très variées.
✓ Raymond V. (1874-1965), fils
de Gaston, a poursuivi l’exploitation de l’usine de Launaguet
jusqu’à son déclin total vers 1960.
✓ Henry V. (1880-1963), autre fils
de Gaston, fonde en 1924 à Puy-
20
Par ailleurs, des soldats allemands
prisonniers ont séjourné dans les
casernes de Montauban, notamment
dans celle située quartier Pomponne,
aujourd'hui réaménagée en logements.
l’Evêque dans le Lot,
une fabrique d’objets en porcelaine,
que les successeurs
ont gardée active
jusqu’à aujourd’hui
(arts de la table en
porcelaine, cet atelier et le musée associé se visitent).
Cette
visite
à
Villebrumier a été
faite à l’initiative des
Détail de la cheminée
monumentale conçue par
G Virebent.
Villebrumier, l’un des 4 cintres ornant
les linteaux de portes, création très originale
non signée, peut-être de Gaston Virebent
responsables de l’association,dans le
cadre d’une journée ‘Virebent’ en
présence d'Emeline Lair guide-conférencière auprès de la Ville de
Toulouse qui connaît particulièrement bien les richesses du patrimoine
artistique et décoratif du 19ème siècle en Midi-Toulousain, et notamment les œuvres et productions des
Virebent.
Ce même jour, après avoir visité
l’église de Saint-Marcel Paulel et de
son autel Virebent, le groupe de 80
L’administration
La direction :
Le 'Dépôt d’Internés civils' est
administré par un directeur et un régisseur. Le premier est chargé de veiller à
l’exécution des règlements et de prendre toutes les mesures internes qu’il
juge utile. Le second pourvoit aux
achats et commandes nécessaires. Il
tient à jour le livre de comptabilité, le
registre des entrées et sorties et la liste
des dépôts des prisonniers. Il assure la
distribution des denrées conformément à la réglementation. Il joue le
rôle de vaguemestre et censure les lettres écrites en français, limitées à deux
par mois plus quatre cartes. Il contrôle
que les colis livrés ne présentent pas
de danger. Pour les cas litigieux, le
Préfet est informé.
L'administration organise les tours
de corvée pour l’entretien des locaux
et annexes. Elle veille à ce qu’aucune
personne étrangère ne s’introduise
dans le site sans autorisation écrite du
Préfet ou du Directeur, cette mesure
concernant les personnes qui demandent à voir un proche interné ou celles
qui proposent un travail à un détenu.
Quand un visiteur muni d’une telle
autorisation se présente à l’entrée, la
sentinelle sonne la cloche ; alors, le
régisseur se rend à cet appel et fait
accompagner l’intéressé(e) par un gendarme ou à défaut (mais à défaut seulement) par un soldat.
Le respect des consignes est rigoureux.
Le service d’ordre
Les services d’ordre et de garde
sont assurés d’une part par des gendarmes et d’autre part par des soldats.
Pendant le jour, au moins une ronde
est assurée toutes les deux heures dans
l’enceinte du camp. Les attroupements
de plus de dix unités sont dispersés.
Pute attitude de détenu suspecte est
signalée. La propreté des lieux doit
être respectée.. La vérification du
contenu des lettres et des colis est
stricte, la saisie d'’alcool, d'armes ou
d'objets prohibés est sanctionnée. Tout
visiteur autorisé à entrer dans le camp
est accompagné avec interdisant de
converser.
DÉCEMBRE 2013
Chartreuse de Labastide St Pierre
A l’entrée de la nuit, on procède à
l'appel. Toutes les lumières sont éteintes à neuf heures du soir. A sept heures
en été et à huit heures en hiver, les
détenus sont surveillés dans l’enclos
réservé à leur promenade qui dure
deux heures. L’opération se renouvelle
l’après-midi. Les jours de pluie, les
prisonniers s’abritent dans la chapelle.
Quelques données sur la vie interne
La consultation du dossier fait ressortir quelques précisions relatives à la
vie du camp :
8 une estimation fait état d’un «
nombre considérable d’Internés civils,
six cents environ, de septembre 1914 à
décembre 1919 » ;
8 au 10 novembre 1917, on comptabilisait 188 internés ;
8 le 8 décembre 1917, on note la
réception en gare de Labastide de « 8
rouleaux de ronce » c’est-à-dire de fil
de fer barbelé ;
8 le 15 avril 1918, est effectué un «
triage » concernant 3 Allemands, 5
Russes,
7
Belges
et
1
Luxembourgeois, soit 16 individus ;
8 le 30 novembre 1917, intervient la
nomination d’un Régisseur (Auguste
Combes) et d’un Contrôleur (Ellis
Gauteron) rémunérés respectivement
125 F et 50 F par mois.
8 curieusement, il existait une monnaie
interne sous la forme de billets de 5, 10 et
50 centimes et de 5 francs portant les
mentions «Département de Tarn et
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
13
Garonne ; Camp de Concentration de
Labastide-Saint-Pierre».
Évacuation sur les Dépôts de triage
Le 8 août 1918, le Directeur de la
Sûreté générale du Ministère de
l’Intérieur s’adresse aux Préfets par le
biais d’une circulaire manuscrite rédigée d’une superbe écriture : «A la
suite d’un accord intervenu entre les
départements de la Guerre et de
l’Intérieur, la Commission interministérielle d’examen des suspects de
nationalité française, alliée ou neutre,
évacués de la zone des armées sur les
dépôts de triage, examinera dorénavant (leur) situation. (…) Ces individus (…) seront dirigés sur l’un des
quatre dépôts de triage suivants
:Melun-Fleury-en-Bière (Seine-etMarne), La Ferté-Macé (Orne),
Besançon (Doubs) et La Bastide-St
Pierre (Tarn-et-Garonne) qui recevra
les évacués des 32 départements suivants (suit la liste).
La Commission procédera à l’examen de leur situation en attendant que
j’aie définitivement statué à leur
égard. Sont concernés :
1°) Tous les étrangers frappés par
un arrêté ministériel ou préfectoral
d’expulsion et qui ne peuvent par suite
des circonstances regagner immédiatement leurs pays d’origine (Belges,
Luxembourgeois, Serbes, Roumains,
Monténégrains, etc) ;
2°) Les Russes expulsés, sauf ceux
qui seront autorisés à se rendre dans
un pays neutre et qui auront pu se procurer un passeport ;
3°) Les sujets hellènes expulsés
dont le retour dans leur pays ne serait
pas autorisé par le Gouvernement
Hellénique ;
4°) A titre exceptionnel et essentiellement
provisoire,
les
sujets
Scandinaves et Néerlandais expulsés
dont le maintien en liberté serait
14
u
Entre-Nous
u
notoirement dangereux pour la sécurité nationale ;
5°) Également à titre exceptionnel
et provisoire, et en cas de nécessité
absolue, les sujets Anglais et les
citoyens Américains…
Il conviendra d’adresser au Directeur
du dépôt la notice individuelle des individus évacués (qui) devra mentionner
l’état civil dont se réclament les intéressés ainsi que les faits motivant leur éloignement et contenir des renseignements
sur leurs agissements qui auraient pu
donner lieu à suspicion.
Pour le Ministre de l’Intérieur,
Le Conseiller d’Etat, directeur de la
Sûreté Générale ».
Suppression des dépôts de triage
Une autre circulaire du Ministre de
l’Intérieur datée du 16 juin 1919 stipule : «(…) J’ai décidé la suppression
des dépôts de triage qui devront être
vidés le 1er juillet prochain. Les individus indésirables ou suspects dont il y
aurait lieu à l’avenir d’assurer l’internement devront être évacués directement sur les camps de concentration
qui sont provisoirement maintenus ».
De son côté, le Préfet du Tarn-etGaronne indique : «les deux dépôts de
mon département (Labastide Saint
Pierre et Moissac) ont été licenciés le
22 novembre 1919. A la date du 4
février 1920 il ne restait plus que deux
internés civils qui ont été placés à
l’Asile d’aliénés de Montauban».
La caserne Pomponne, lieu de détention
des prisonniers allemands
Demande d’indemnisation
Le 24 avril 1920, le mandataire de
Madame Pfauwadel, propriétaire de
l’ancien Couvent des Chartreuses,
adresse au Préfet du département « le
détail estimatif des réparations qu’il y
a lieu de faire suite à l’occupation de
l’établissement par les Internés civils
en nombre considérable, six cents
environ, depuis le mois de septembre
1914 jusqu’au 31 décembre dernier
(…) ». La lettre précise «que sur cinq
années et demie elle n’a reçu une
indemnité de 1.800 francs que pour
l’année 1919 » et réclame « une
somme de 29.337 francs qui n’est certainement pas exagérée étant donné la
cherté actuelle des travaux, matériaux
et salaires d’ouvriers».
Dans le cas contraire, l’Etat devrait
«se charger de faire toutes les réparations qu’il a occasionnées».
Dans sa réponse un mois après, le
Ministre de l’Intérieur, saisi de cette
requête, «fait offre d’une somme de
2.787,32 francs» soit plus de dix fois
moins que le devis ! Cependant, il
est précisé : «Dans le cas où cette
proposition ne serait pas acceptée, il
y aurait lieu de laisser les intéressés
se pourvoir devant les tribunaux
compétents».
GUY JAMME, d'après une enquête de
JEAN-LOUIS GARCIA
Références des Archives départementales : «4 M 403, 404, 405 et 407»
Au Château de Villebrumier,
vers 1897, Bourdelle au centre, derrière lui Jean de
Marigny, à gauche Henriette
Vaïsse, à droite Charlotte
Depeyre ép. Marigny, en
arrière-plan le Père Marty
prêtre missionnaire natif de
Villebrumier ou des environs.
De Marigny
j'ai une grande commande à l'horizon...».
Ces lettres témoignent aussi des difficultés que Bourdelle a rencontrées dans la réalisation du Monument des
Combattants dédié à la
Guerre de 1870 (qui trône à l’entrée du
Pont Vieux de Montauban), sujet qui
revient régulièrement dans son courrier.
Il est vrai que cette œuvre monumentale
a fait à l’époque de sa création (18971901) l’objet de maintes controverses
en raison de sa puissance d’interprétation et de son non-conformisme, et
qu’il a fallu à plusieurs reprises l’appui
de Marigny, et même de Rodin, pour
faire accepter ce mémorial, une œuvre
qui marque en effet un tournant décisif
dans le succès de la carrière de
Bourdelle. En 1897, il indique que
«Pour calmer un peu le flot montalbanais hurlant contre moi, j'ai avisé
Rodin (qui) sait ce que vaut son opinion
(et) a a écrit ce qu'il ne dira jamais d'un
tas d’intrigants qui l'encensent». Une
autre fois, il évoque l'exposition des
Beaux-Arts à Montauban «dans ma
ville natale que j'aime» et il précise :
«J'ai un rapport favorable pour les
Combattants de l'Inspecteur des BeauxArts. J'aurai donc une subvention de
l’État». Il laisse poindre son amertume:
«Je ne sais même pas au train où vont
les travaux si j'assisterai à l'inauguration des Combattants après 1900, car
les Montalbanais ont vraiment de trop
mesquins esprits.»
En lisant ces extraits de lettres, on
est frappé par les élans poétiques, les
tournures elliptiques et par leur pouvoir évocateur, ainsi que des prises de
position sur des sujets philosophiques
ou politiques. On y trouve aussi la
mention de longs poèmes ou des
Héraclès archer - 1909
extraits écrits de
sa main, et soumis à son ami,
comme
cette
strophe de sonnet: «Lorsqu'une
femme éclot dans
l'âme d'un artiste/
Lorsqu'elle est ce
que Dieu peut
créer de plus beau
/ L'âme est prise
d'effroi d'un si
divin fardeau».
De
même,
cette lettre de
vœux : «De par le
givre enguirlandé
d'arbres en arbres
et tout aussi nombreux que des millions de blanches
étincelles, je vous
dépêche en style
de dragées des
vœux. Tous ! » ou
encore cette évocation du chant des
oiseaux à l'aube :
«Je les entends rire
à pleine gorge,
quelle conversation, quel esprit ils
dépensent, quel
feu ! Il y doit
avoir beaucoup de femmes,
car tous parlent à la fois !
Quel éloge ils font de la
lumière et que les oiseaux
sont de braves gens ! ».
Je n’ai pas pu connaître la provenance des lettres
(probablement de lointains
héritiers de Marigny), ni
qui a pu les acheter. Elles
pourraient utilement être
croisées avec les nombreux
courriers
adressés
à
Bourdelle par Marigny,
actuellement détenus par le
Musée Bourdelle de Paris et
dont l’un figure dans ce
numéro.
Centaure
mourant 1914
BERNARD
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
19
Quand Bourdelle écrivait à
Jean de Marigny
au château de Villebrumier
Dans leur château, Jean de Marigny et son épouse Charlotte
Depeyre tenaient salon et sollicitaient les artistes, parmi lesquels
“Passant incline-toi devant ces monuments !
Pense à ces femme en deuil montrant les hécatombes,
Leurs yeux taris de pleurs, scrutant au loin les tombes
Où dorment tant de preux, victimes du moment”
A Bessens, un Mémorial complet :
la stèle, le Poilu, la grille forgée...
Bourdelle qui, de 1895 à 1902, se rendait régulièrement à
Villebrumier, où le couple le soutenaient dans ses finances
comme dans l'exercice de sa peinture.
E
n octobre dernier, a eu lieu à
Toulouse, une vente aux
enchères d’une collection de
46 lettres signées de Emile-Antoine
Bourdelle adressées à Jean de
Marigny au Château de Villebrumier.
Leur contenu est résumé dans le catalogue de la vente avec de nombreux
extraits. Ces éléments peuvent être
consultés sur le site http://www.primardeco.com (vente du 24 oct 2013,
lots 88 à 113).
Villebrumier et son Château y sont
souvent mentionnés, ainsi que le nom
de personnalités de la région de
Montauban, donnant ainsi de nouveaux éclairages sur la vie locale vers
1900. Les lettres sont datées de 1896 à
1917, ce qui témoigne de l’attachement entre Bourdelle et Marigny et de
la solidité de leur amitié. Bourdelle,
surtout au début de sa carrière, a maintes fois séjourné à Villebrumier qu'il
évoque ainsi : «Un temps admirable,
un pays calme comme l’eau toute proche, un village entre la vie et le sommeil et qui semble sans cesse être un
rêve de soleil... et toutes les femmes
charmantes…». Dans une autre correspondance, il note : «Votre château est
la porte de l'amitié…Alors, chez vous,
il y aura en plus de mon amie Madame
de Marigny, des cousines dignes des
ballades de Villon, Mame de Maurois
possible à l'horizon, la petite
Marguerite à qui je reste fidèle malgré
ma façade d'ours et les avances rentrées de Mademoiselle la fille du commandant âgée de six mois ou dix je
crois, avec laquelle j'étais en échange
très vif de tendresse.»
L'artiste se faisait alors un peu d’argent en réalisant les portraits de gens
de l’entourage de Marigny. D’ailleurs
Bourdelle ne se cache pas des sentiments amoureux que lui inspirait la
cousine de Marigny, la belle Madame
18
u
Entre-Nous
u
Vaïsse, qu'il a représentée par un pastel et un buste, et qu'il évoque en ces
termes : «Ma foi, je la suivrai bien
jusqu'au faîte des pyramides dussé-je
l'y jucher sur mes épaules avec un
peu de repos sur chaque assise en y
mettant un an et en dissertant beaucoup sur toutes sortes de choses, sur
la philosophie pyramidale entre
autres !». Dans un autre courrier, il
clame son amour pour une autre
femme : «En ce moment, vient dans
mon Palazzo une jeune fille dont je
suis absolument épris, elle sera un
pastel… c'est à la fois un oiseau,
une fleur, un mot de Dieu, une
femme et pourtant un ange ! Elle
a pour moi un culte infini, je le lui
rends, et après quelques pleurs
du ciel, nous nous embrassons
devant sa mère consentante ! »
Bourdelle - Auto
-portrait 1908
Bourdelle dans son atelier vers 1905
Dans beaucoup de ses lettres,
le sculpteur s’épanche sur ses sentiments et états d‘âme, preuve de
l’intimité entre les deux hommes,
pourtant si différents : un
Bourdelle infatigable travailleur,
artiste passionné et sans le sou, et
un Marigny riche et mondain.
Bourdelle taquine gentiment son
ami à propos de son ‘or’ et de sa
vie de dilettante, tout en appréciant
par ailleurs son érudition, son éloquence et sa stature. Il écrit
«Parlons sérieusement mon bon
ami. Voyons, tenez-vous à être
estimé des voleurs, des goujats,
des tartufes et des rampants ?
Certes non? Donc mon ami
Marigny, je suis scandalisé de
votre inquiétude pour ce que vous
appelez mon succès!» et ailleurs
: «Et tout cela, mon cher Marigny,
parce que j'ai bâti ma cheminée,
que j'ai un beau feu de bois qui
crie comme l'enfer du Dante et que
A Montauban, Mémorial 14/18 du Cours
Foucault réalisé par Bourdelle
Tu n'en reviendras pas, toi qui courais les filles,
Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise, et toi non plus
Tu n'en reviendras pas, vieux joueur de manille
Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre.
Et toi, le tatoué l'ancien Légionnaire,
Tu survivras longtemps, sans visage, sans yeux !
Déjà, la pierre pense où votre nom s'inscrit,
Déjà, vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places,
Déjà, le souvenir de vos amours s'efface,
Déjà, vous n'êtes plus que pour avoir péri.
Louis Aragon (Extrait)
A Verdun-sur-Garonne,
le Poilu est muni de
tout son équipement
Une figuration
pacifiste
A Orgueil,
apparait l’année 1919
A Toulouse, le monument des Allées François-Verdier dédié
«Aux Combattants de la Haute-Garonne»,
avec la flamme du souvenir, rappelle l’Arc de Triomphe qui
glorifie plutôt la victoire qu'il n'honore les victimes.
DÉCEMBRE 2013
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
15
Immigrés
Italie
d'
Les diverses arrivées au XXème siècle
Comme dans le reste de la France, la
population immigrée de Midi-Pyrénées
est issue de vagues d’arrivées successives.
Au cours du XXe siècle, diverses nationalités se sont établies dans la région : les
Espagnols après la guerre d’Espagne, les
Portugais à partir des années 1960, en
même temps que les Algériens. Les
Marocains et les ressortissants d’Afrique
subsaharienne ou d’Asie ont immigré plus
récemment. Quant à l’émigration italienne, c'est la pauvreté qui a poussé 27
millions d'individus à chercher ailleurs la
dignité que la Botte n'arrivait pas à leur
donner. En France, elle s'est échelonnée
environ de 1850 à 1970.
Sous le Second Empire déjà
Le recensement français de 1851
dénombrait déjà plus de 63.000 Italiens.
La période 1878/1882 enregistre la première émigration massive vers la France,
qui s’accentue des deux décennies suivantes pour atteindre quelques 77.000
arrivées par an, ce qui fait alors de la
communauté italienne la plus importante
de toutes les communautés étrangères.
Au début, ces populations, poussées
par des motifs économiques, proviennent
surtout du Piémont, de l’ÉmilieRomagne, de l'Italie centrale, puis de
Sicile et progressivement des autres
régions. Elles s'installent au sud de la
France, mais aussi dans la capitale et
dans les grandes régions minières du
Nord-Est, du Nord et du Centre.
Alors qu'au début du XXe siècle,
notre Sud-Ouest était jusqu’alors surtout
concerné par le flux transfrontalier avec
l'Espagne qui fournissait l’essentiel des
travailleurs étrangers présents, les
Italiens de cette région, assez peu nombreux, travaillent comme ouvriers sur des
chantiers de travaux publics, artisans,
16
u
Entre-Nous
u
...devenus...
En parcourant l'annuaire téléphonique, à la
rubrique 'Villebrumier', on trouve les patronymes Bernardini, Brugnara, Caliman,
Carlotti, Damilano, Della-Maestra, De Vivo,
Di Santolo, Esposito, Fusari, Girardi,
Pizzato, Rinaldi, Zago... autant de consonances qui rappellent des origines italiennes.
marchands
ambulants,
forestiers ou saisonniers.
Entre les deux guerres, une
nouvelle vague d’arrivants
est enregistrée pour des raisons souvent d’ordre politique concernant des opposants au régime instauré
par l’arrivée de Mussolini
au pouvoir, en 1922. Si en
1921, on recense 470.000
émigrés italiens en France
(avec une forte implantation dans le Sud-Ouest), on
en dénombre le double dix
ans plus tard, si bien qu'à
cette époque-là, un travailleur étranger sur trois est
transalpin. Car le mouvement d’immigration italienne prend alors
un caractère de masse qui résulte de la
situation démographique locale : l'exode
rural met en péril les campagnes méridionales qui sont en voie de dépeuplement,
la baisse de la population pour notre
région est de l'ordre de 235.000 habitants
(dont 23.000 pour notre département)
entre les recensements de 1911 et 1921.
Les causes en sont les ravages de la
Grande Guerre qui font que 11 % des
actifs du Tarn-et-Garonne ont succombé,
parmi lesquels nombre de paysans, phénomène qui a entraîné une très faible
natalité.
Les besoins de main-d’œuvre
Ce contexte explique que l’immigration transalpine ait été sollicitée par les
pouvoirs publics et les milieux agricoles
régionaux pour pallier au manque de bras
dans les exploitations vouées à la polyculture, d'autant que les expériences
visant à solliciter des salariés portugais,
suisses ou slaves ou des familles bretonnes ou vendéennes, sont restées sans len-
paysans
de
France
demain, les Espagnols préférant généralement s’employer dans l’industrie.
Comme il se trouve que l’Italie rurale
connaît de fortes tensions sociales, en
particulier les zones proches de la frontière autrichienne dévastées par la guerre,
accentuées par les méfaits de la dictature
de Mussolini, une certaine main d’œuvre
transalpine part alors vers les États-Unis,
l'Argentine ou les pays germaniques ;
mais comme elle est jugée par les possédants locaux français comme «faisant
l’affaire», elle s'est aussi implantée dans
le le Tarn-et-Garonne et alentour, dans le
Gers, la Haute-Garonne, le Lot-etGaronne, au cœur du Bassin Aquitain
jusqu'au piémont pyrénéen. L'effet de
réseau joue à plein et les premiers venus
incitent leurs connaissances à les rejoindre. Cette population composée de pauvres gens quittant des lopins trop chiches,
mais aussi d’agriculteurs ayant du bien à
la recherche d’une situation plus avantageuse que dans leur pays d’origine, arrive
avec un projet d’installation et l’espoir de
réussir une ascension sociale grâce à la
terre, acceptant parfois au départ des
conditions avantageuses pour les propriétaires-bailleurs français. Ces paysans
s’installent comme fermiers ou métayers
(on en recense 1.360 en 1927 dans le
département), parfois comme maîtresvalets, assez peu comme ouvriers agricoles. Certains sont même en mesure, dès
leur arrivée, d'acheter une propriété,
comme c'est le cas de 851 familles en
1927 en Tarn-et-Garonne.
Le recensement de 1926 témoigne de
ce 'rush' vers notre contrée qui amène en
l’espace de quelques années près de
40.000 Italiens venus essentiellement du
Nord de la Péninsule : la Vénétie fournit le
plus gros contingent, suivi du Piémont, de
la Lombardie, de la Toscane, de l’Émilie...
Pour le Tarn-et-Garonne, repeuplé pour
moitié des effectifs par les Piémontais,
leurs arrivées se chiffrent à 4.500 en 1924,
à 4.340 en 1925 et à 5.330 en 1926 si bien
que leur proportion parmi la population
étrangère y passe de 3,9 % en 1921 à 58,3
% en 1926 et 65,2 % en 1936.
Un apport local qui perdure
Certainement en 1932, le club local
de boule lyonnaise a été créé sous l’impulsion de joueurs italiens venus dans la
région comme maçons (originaires du
Frioul ?) pour participer à la reconstruction suite aux immenses dégâts causés
par la crue du Tarn du 3 mars 1930.
Malgré quelques articles malveillants
d'une certaine presse qui crient à « l'invasion et à la colonisation », cette population s'est assez vite enracinée, refusant
de répondre à l'appel du 'Duce' à la fin
des années 30 les incitant à «rejoindre
leur mère-patrie». Au contraire, les
demandes de naturalisation française
affluent. La principale raison de cette attitude réside dans la fait qu'une nouvelle
vie s'est organisée d’emblée en famille
avec, autour du couple, les enfants, les
collatéraux, et parfois les aïeux. Ces
foyers qui s’implantent dans les plaines
et les coteaux de la région où l'habitat
rural est dispersé explique que jamais
aucune «concentration ethnique» ne soit
apparue hormis quelques rares lieux. De
plus, l'église catholique pour faciliter l'accueil de cette population globalement
acquise à cette confession, a veillé à mettre en place des réseaux et des publications pour faciliter les contacts et les
aides éventuelles. Ainsi, le diocèse de
Montauban a introduit l'enseignement de
l'italien au séminaire à la place de l'anglais afin que les futurs curés des paroisses de campagne puissent mieux s'occuper de ces immigrants en majorité agriculteurs. De ce fait, l'abbé Matteo Alberi,
lui-même enfant du Piémont établi à
Beaumont-de- Lomagne, fut le premier
ecclésiastique envoyé à la Faculté de
Toulouse préparer une licence pour
enseigner l'italien.
Arrivée de réfugiés italiens
Las, pour les Italiens de France, la
Seconde Guerre mondiale a constitué
une phase particulièrement conflictuelle
et douloureuse, leur pays d'origine et
celui d'adoption se trouvant dans les
camps opposés !
L'annexion de fait de l'AlsaceLorraine par le IIIème Reich en juin 40
provoque un nouvel exode forcé. Ainsi,
un recensement de décembre 40 fait état
de la présence à Villebrumier de 60 personnes réfugiées, parents et enfants, originaires d'Italie, habitant cette région de
l'Est, notamment la vallée de La Bruche,
depuis les années 30 pour travailler dans
les filatures, les mines ou les usines.
En novembre 42, suite à l'arrivée des
armées allemandes en zone Sud, la tension monte, en atteste un rapport de la
gendarmerie départementale : «Dans
certaines communes, il est des Français
qui regardent d'un mauvais œil les
Italiens pourtant installés ici depuis des
dizaines d'années et parlent même de les
chasser du territoire...». Certes, certains
ressortissants transalpins ont sombré
dans la collaboration, mais bien d'autres
ont été réquisitionnés pour le STO ou ont
intégré les organisations de Résistance.
Si après la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, des émigrés politiques retournent chez eux, d'autres restent. Et grâce
aux réseaux existants, entre 1946 et
1967, quelque 560.000 transalpins
entrent officiellement en France, toujours
majoritairement à destination de l’agriculture, avec un pic en 1957 de 87.000
personnes (plus de 100.000 en fait), en
provenance du Nord-Est de leur pays, du
Sud et des îles, à destination essentiellement du Nord, de la Lorraine, de la
région parisienne et de l’AlsaceLorraine. Les "réseaux" fonctionnaient à
DÉCEMBRE 2013
Fermiers italiens lors de vendanges en famille
plein ! Domenico Zago, ancien professeur d'italien, qui réside à Canals, indique
que, sans l'appui du cousin de
Villebrumier, arrivé en France dans les
années '30', son père ne se serait pas établi en Tarn-et-Garonne en 1952. Un
modeste mouvement migratoire se produit encore au début des années 70, mais
le temps des exodes massifs est passé.
Une intégration plutôt réussie
Dans la mesure où ces travailleurs italiens ont contribué à revaloriser des
domaines agricoles menacés d'abandon,
voire en friche, leur présence a été plutôt
favorablement perçue. Leur ardeur au
travail, leur mode de vie proche des
autochtones, leurs pratiques catholiques
ont fait le reste, même si, parfois, certains
termes péjoratifs comme le célèbre
'Macaroni' étaient utilisés à leur encontre,
l'appellation 'Rital' n'ayant pas cours par
chez nous.
Aujourd’hui, les Français d’origine
italienne seraient environ 4 millions. De
nombreuses associations les regroupent,
comme à Montech. Plusieurs communes
de la région sont jumelées avec des localités italiennes comme à Villemur ou
Labastide-Saint-Pierre. L’éventail de
leurs activités professionnelles s’est
élargi au fil du temps et des générations.
Et, après avoir été un pays exportateur de
main-d’œuvre, l’Italie en est devenue
importatrice.
Enquête d e GUY JAMME
Sources : «Immigrés d'Italie, paysans de France»
de Laure Teulières (Presse Universitaire du
Mirail) ; sites Internet avec l'aimable collaboration de Domenico Zago.
DÉCEMBRE 2013
u
Entre-Nous
u
17

Documents pareils