Chapitre 2
Transcription
Chapitre 2
MEMOIRE DE MASTER 2 MASTER EFE-ESE ANNEE 2010-2011 Ecole Interne IUFM-Midi-Pyrénées/UT2 En partenariat avec : UT1, UT3 et CU-JF Champollion Présenté et soutenu par : Manon VEZAT TITRE DU MEMOIRE : Les métamorphoses d’Ovide de la Petite Section Section au CM2 SOUS L’ENCADREMENT DE : Marie-José FOURTANIER TRAJET RECHERCHE : Littérature de jeunesse 2 A mes professeurs de latin de 3ème et de lycée qui m’ont tant donné le gout de la littérature gréco-latine… 3 Je te demande de lire les vers où j’ai chanté les métamorphoses des hommes, ouvrage maudit interrompu par l’exil de son maître. Ovide, Tristes, I, 7, vers 13-15 4 Remerciements aux personnes qui m’ont soutenue dans la rédaction de ce mémoire. Remerciements en particulier à Marie-José FOURTANIER pour ses précieux conseils. 5 SOMMAIRE INTRODUCTION : PEUTPEUT-ON OSER REVER L’ETUDE L’ETUDE DES METAMORPHOSES DE LA PS AU CM2 ? 6 PREMIERE PARTIE : EXEMPLES DE TRANSPOSITIONS TRANSPOSITIONS DE MYTHES EN LITTERATURE DE JEUNESSE JEUNESSE 10 CHAPITRE 1 : LA REECRITURE SIMPLIFIEE ET ADAPTEE AU JEUNE LECTEUR 12 CHAPITRE 2 : LA TRADUCTION ILLUSTREE 13 CHAPITRE 3 : LA RETRANSCRIPTION ORALE DU MYTHE PAR UN PERSONNAGE CONTEMPORAIN DU LECTEUR 14 CHAPITRE 4 : LA REECRITURE PARODIQUE 15 DEUXIEME PARTIE POURQUOI ETUDIER LES METAMORPHOSES DES LA LA PETITE SECTION ET JUSQU’AU CM2 ? CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 : : : : UN TEXTE PATRIMONIAL POUR UNE CULTURE COMMUNE LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE LA CONSTRUCTION DE SOI A TRAVERS UNE REFLEXION SUR LE MONDE LE DEVELOPPEMENT DE LA CAPACITE IMAGEANTE 16 18 20 22 23 TROISIEME PARTIE : COMMENT METTRE EN ŒUVRE ŒUVRE CET ENSEIGNEMENT ? (EXEMPLES DE PISTES PEDAGOGIQUES) CHAPITRE 1 : CHOIX DES ŒUVRES CHAPITRE 2 : EXEMPLES DE PISTES PEDAGOGIQUES 1. Cycle 1 2. Cycle 2 3. Cycle 3 CHAPITRE 3 : BILAN DE LA MISE EN ŒUVRE DE CES PISTES 24 26 27 27 29 32 35 CONCLUSION LES METAMORPHOSES : DE LA LECTURE VERS LA LITTERATURE 36 6 INTRODUCTION : PeutPeut-on oser rêver l’étude des des Métamorphoses de la PS au CM2 ? 7 Essais de définition « mythe », « mythologie » D’après le dictionnaire Le Petit Robert, la mythologie est la « science, l’étude des mythes, de leurs origines, de leur développement et de leur signification1 » et le mythe est un « récit fabuleux, transmis par la tradition, qui met en scène des êtres incarnant sous une forme symbolique des forces de la nature, des aspects de la condition humaine2. ». Ces définitions restent quelque peu sommaires, je vais donc exposer trois autres définitions et les comparer. Tout d’abord, voici un extrait de la définition du Dictionnaire de la littérature de jeunesse à l’usage des professeurs des écoles : « Le mythe, du grec muthos (suite de paroles qui ont un sens) est un récit relatant des évènements imaginaires situés dans des temps primordiaux. Il est transmis par la tradition, de façon orale et collective, avant d’intégrer dans certains cas la culture écrite. Le mythe renvoie donc à un événement fondateur, qui s’est déroulé dans un temps d’avant l’histoire3. » Ensuite, Jocelyne Giasson compile différentes définitions de genres ou de sous genres littéraires dont la notion de mythe qu’elle expose ainsi : « Roux-Lanier et al. (1998, p.251) définissent ainsi le mythe : Un mythe est une histoire exemplaire, qui se raconte depuis la nuit des temps, qui n’a pas d’auteurs précis, et qui explique pour un peuple donné les grandes énigmes du monde et les comportements humains. Le mythe est au carrefour de la civilisation, de la religion, de la mémoire de la culture.4 » 1 Dictionnaire Le Petit Robert 2006. 2 Ibid. 3 Boutevin, Richard-Principalli, Dictionnaire de la littérature de jeunesse à l’usage des professeurs des écoles, Vuibert, 2008, p.179-180 4 Jocelyne Giasson, Les textes littéraires à l’école, De Boeck, 2005, p. 48-49 8 Enfin, Catherine Tauveron donne elle aussi sa définition du mythe : « Le mythe est un récit connu de toute une communauté culturelle, qui développe et rationalise une configuration imaginaire et qui l’oriente en distinguant les valeurs. Le mythe, même s’il est le plus souvent connu par un texte « classique », peut apparaître sous beaucoup de formes de réécriture : variantes, adaptations, parodies, 5 […] » Pour conclure, de nombreuses autres définitions existent et la présence de cette multitude de définitions souligne la difficulté de définir la notion de mythe. C’est pour cela que j’ai nommé cette partie « essais de définition ». Elles sont variables, insistent plus sur un point que sur l’autre, essayent d’être complètes. Je reprendrais la réflexion de Colette Briffard : « Pour entrer dans une réflexion sur la lecture des mythes, nous pourrions nous accorder sur l’idée qu’un mythe est, pour une société donnée, une tentative d’expliquer le monde, de dire comment les hommes le voient, le pensent, se pensent tout en se donnant une origine et une identité, bref le moyen de se représenter ses origines dans un passé indéfini, immémorial tout en visant à comprendre son propre présent 6? » Présentation et caractérisation de l’œuvre d’Ovide Quinze volumes, plus de 12000 vers, 230 récits de métamorphoses : voici un des poèmes les plus longs de l’Antiquité. Cette œuvre a traversé le temps et continue à inspirer de nombreux artistes. Elle fait partie du patrimoine culturel de l’Europe : c’est un texte patrimonial. Lire Les Métamorphoses signifie « entrer dans le tissu génétique des mythes fondateurs de la Méditerranée préexistant à Rome et à l’empire » (Umberto Todini): Ovide réélabore des sources qu’il a lui-même recueillies en Grèce. Les merveilles (mirabilia) du monde sont racontées dans les douze premiers livres, et constituent les formes et les corps transitoires de la doctrine des quatre éléments. Elles illustrent une vision de 5 Catherine Tauveron, lire la littérature à l’école-Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? - De la GS au CM, Hatier, 2002 6 Dossier « mythologie et intertextualités » sur le site du CRDP de Créteil (http://www.crdp.accréteil.fr/telemaque/comite/) 9 l’histoire réglée par les mutations, les échanges et les réincarnations. Ovide suit dans son livre un fil conducteur chronologique : la création du monde et les débuts de l’humanité (livre I), les temps légendaires (ceux des héros et des dieux, le récit de leurs exploits), les temps homériques (la guerre de Troie), les origines de Rome, et enfin le temps du poète (du meurtre de Jules César au règne d’Auguste. Ovide se fixe à lui-même la tâche de raconter (dicere), en tant que poète, l’histoire du monde et il attribue à un philosophe la fonction d’enseigner (docere) la doctrine qui constitue le fondement de son œuvre. Un constat Les Métamorphoses d’Ovide est une œuvre très peu étudiée en cycles 1 et 2, quelque peu en cycle 3 mais elle est très souvent jugée trop difficile pour des élèves de l’école primaire. Ce constat a été le point de départ de ma problématique. Problématique L’enseignement des Métamorphoses d’Ovide est-il à préconiser à l’école primaire ? Dès la Petite Section et jusqu’au CM2 ? Annonce du plan Pour répondre à cette problématique, je vais d’abord exposer des exemples de transpositions de mythes en littérature de jeunesse ; ensuite, j’expliquerai pourquoi étudier les métamorphoses dès la petite section et jusqu’au CM2 ; enfin, je donnerai des exemples de pistes pédagogiques. 10 PREMIERE PARTIE : Exemples de transpositions de mythes en littérature de jeunesse 11 Lors de mes lectures, j’ai pu observer que les éditions n’étaient pas avares en matière de classiques adaptés pour la jeunesse. Ces ouvrages ont souvent pour but de séduire le jeune lecteur par des récits susceptibles de marquer son imagination mais aussi de développer sa culture patrimoniale. En ce qui concerne Les Métamorphoses, la plupart des adaptations proposent un recueil qui s’inspire des récits les plus célèbres d’Ovide le plus souvent extraits des premiers livres sur la création du monde, les débuts de l’humanité et les temps légendaires. Les autres parties, c’est-à-dire les temps homériques (la guerre de Troie), les origines de Rome, et enfin le temps du poète (du meurtre de Jules César au règne d’Auguste) sont le plus souvent délaissées. A la lumière de mes différentes lectures, j’ai pu recenser quatre types d’adaptations de Les Métamorphoses en littérature de jeunesse. En voici la description et l’intérêt de chacun d’eux. 12 Chapitre 1 : La réécriture simplifiée et adaptée au jeune lecteur (Contes et légendes, Les métamorphoses d'Ovide, Gillot Laurence ; 16 métamorphoses d'Ovide, Françoise Rachmuhl) Tout d’abord, je vais présenter le type d’adaptation le plus répandu : la réécriture simplifiée et adaptée au jeune lecteur. L’intérêt étant de faciliter l’abord de l’œuvre, la faire découvrir, la faire apprécier, pour en permettre peut-être un jour la lecture complète : « Il s’agit d’une adaptation, non d’une traduction, l’expérience montrant qu’un texte trop fidèle, hérissés de mots compliqués, bardé de références mythologiques, semble incompréhensible aux jeunes lecteurs et les lasse vite… Le souci de sélectionner des passages variés, captivants et significatifs m’a guidée dans mes choix. J’ai pris soin de conserver le mouvement de chaque texte et le déroulement des épisodes, de respecter le caractère des personnages et la tonalité de chaque extrait. Mais pour rendre le récit plus facile à suivre et à savourer, j’ai souvent dû abréger, condenser, supprimer parfois certaines longueurs, gardant seulement quelques détails expressifs. Ovide s’adressait à des esprits cultivés, pour lesquels la mythologie n’avait pas de secrets. Il pouvait procéder par allusion sûr d’être compris. Ce n’est plus le cas à présent : bien des éléments de la vie compliquée des dieux et de leur généalogie nous échappent. J’ai donc simplifié les nomenclatures, exprimé en clair les allusions et, pour ne pas alourdir à l’excès le texte par des notes, incorporé quelquefois au récit les explications indispensables. Tel qu’il est, ce petit recueil ne prétend pas à la perfection. Mais il voudrait donner à ceux qui le liront une idée juste d’un grand auteur latin, de la richesse de son œuvre, de la beauté de son écriture et leur permettre de pénétrer, le temps de la lecture, dans le monde d’Ovide, à la fois réaliste et merveilleux7. » Ces intentions sont louables et il est vrai que l’œuvre d’Ovide est très complexe surtout pour des élèves d’école primaire. Cependant, à trop simplifier, à trop expliquer, le texte perd parfois tout son intérêt. Ce type d’adaptation est donc intéressant à lire avec des élèves d’école primaire mais il ne faut pas tomber dans l’excès en oubliant le texte source. 7 Françoise Rachmuhl, 16 métamorphoses d'Ovide, introduction. 13 Chapitre 2 : La traduction illustrée (Les Métamorphoses d’Ovide, Sara) Ensuite, certains auteurs font le choix d’isoler un ou plusieurs épisodes de l’œuvre d’Ovide. En effet, ils reprennent une traduction du texte latin et l’illustrent par des images : la relation texte/image aide alors à la compréhension du texte. Le texte reste ainsi au plus près de la version authentique et garde donc tout son intérêt littéraire. L’auteure Sara a fait ce choix, elle a extrait de l’œuvre complète traduite certaines des métamorphoses : les textes ainsi isolés, le lecteur n’est pas noyé dans l’œuvre colossale d’Ovide et il peut mieux apprécier cet écrit littéraire : « Ce livre propose au lecteur des images de métamorphoses. Ecoutons les plaintes d’Actéon, de Io, de Callisto et de Daphné. Observons les évolutions que subissent leurs corps8. » Ce type d’adaptation est surtout envisagé pour des métamorphoses physiques, métamorphoses plus faciles à illustrer que les métamorphoses psychologiques. 8 Sara, Les Métamorphoses d’Ovide, introduction. 14 Chapitre 3 : La retranscription orale du mythe par un personnage contemporain du lecteur (Orphée et la morsure du serpent, Yvan Pommaux ; Œdipe, l’enfant trouvé, Yvan Pommaux) Ancré dans le présent de l’auteur donc plus ou moins contemporain du lecteur, un personnage raconte un mythe à un autre personnage. C’est donc un conte oral : à la manière d’un aède, le personnage conteur transmet le mythe à d’autres personnages et le transmet ainsi au lecteur. Il y a une mise en abîme de l’histoire, une histoire dans l’histoire, des récits enchâssés. Yvan Pommaux est un spécialiste de ce type d’adaptation, il est donc respectueux de ce qu’était Ovide et de son écriture. En effet, Ovide était avant tout un excellent conteur capable de prendre tous les tons, d’interrompre un récit pour en conter un autre, à la manière de Shérazade dans Les Milles et Une Nuits, d’établir des liens d’un conte à l’autre, grâce au rappel d’un épisode précédent, à la présence d’un personnage déjà connu. « Donner une nouvelle mais énième version de celui dont on parle ici, se justifiaitil ? Je crois que oui… dans le plus grand respect de l’original, bien sûr : ne pas ajouter de fioritures, ne pas improviser, restituer les passages souvent édulcorés, se comporter, au fond, comme un aède, humble transmetteur, chaînon d’une très longue chaîne9. » Cet album peut paraître complexe à cause de cette mise en abîme, de ces références mais c’est tout ce qui fait sa richesse et son intérêt. Tout d’abord, le lecteur peut se projeter plus facilement : il passe de la vie réelle à la vie mythique via une réalité fictionnelle. Enfin, il peut s’habituer à ce type de lecture à travers un seul mythe pour ensuite pouvoir mieux lire d’autres extraits de la traduction voire même lire l’œuvre intégrale. 9 Yvan Pommaux, Thésée, Comment naissent les légendes, introduction. 15 Chapitre 4 : La réécriture parodique (L’extraordinaire aventure d’Alcibiade Didascaux : La Grèce, langue et civilisation d’alpha à oméga, scénario : Clanet/Clapat, illustrations : Clapat, Athéna éditions) Il existe des réécritures parodiques de mythes. Une des plus originales que j’ai pu lire est L’extraordinaire aventure d’Alcibiade Didascaux. C’est une bande dessinée humoristique et insolite qui relate l’histoire d’un professeur de Grec qui remonte le temps jusqu’aux origines de l’humanité : il traverse donc toute l’histoire du monde grec. La pertinence d’un traitement pédagogique de ce support à l’école primaire serait à réfléchir de façon approfondie. C’est en tous les cas un traitement de la mythologie original. Ce type d’adaptations peut être intéressant à étudier en comparant par exemples plusieurs versions d’un même mythe. 16 DEUXIEME PARTIE Pourquoi étudier les métamorphoses dès la petite section et jusqu’au CM2 ? 17 L’étude de Les Métamorphoses d’Ovide à l’école primaire pourra, selon moi, permettre aux élèves de se construire en réfléchissant sur le monde et sur soi, de développer une culture commune patrimoniale, d’accroître leur capacité imageante, d’acquérir un langage plus précis, de travailler l’interdisciplinarité, de faire des liens entre différents textes d’hier et d’aujourd’hui. De plus, par cette étude, on assure la liaison école/collège puisque c’est une œuvre qui est au programme du collège. Pour les plus jeunes, notamment les enfants de maternelle, l’enjeu est d’initier les élèves à la lecture littéraire le plus tôt possible à travers l’étude d’extraits d’une œuvre complexe : Les Métamorphoses. « Le présent ouvrage […] prétend démontrer la nécessité de semer les graines de la lecture littéraire à la bonne saison, sur le terrain laissé en friche de l’école élémentaire. Il plaide pour une initiation précoce des jeunes enfants, dès leur premier contact avec l’écrit, à un moment où se fixent (souvent définitivement) les comportements adéquats ou inadéquats, où se forgent les représentations adéquats ou inadéquats de la part qui revient au sujet lecteur dans l’achèvement du texte littéraire et du plaisir que l’on peut retirer d’une recherche active du sens10. » 10 Tauveron Catherine, op. cit., Hatier, 2002, introduction 18 Chapitre 1 : Un texte patrimonial pour une culture commune Dans le socle commun des compétences et des connaissances, la compétence 5 concerne la culture humaniste : « être préparé à partager une culture européenne par une connaissance des textes majeurs de l’Antiquité » « la culture humaniste que dispense l’école donne aux élèves des références communes… elle a pour but de cultiver une attitude de curiosité… pour les autres pays du monde (histoire, civilisation, actualité. Elle développe la conscience que les expériences humaines ont quelque chose d’universel11. » Les textes de la mythologie et notamment Les Métamorphoses sont adaptés à cette définition. En effet, l’œuvre d’Ovide appartient à la culture commune européenne, c’est un texte patrimonial que l’école se doit de transmettre afin de donner des références culturelles aux élèves. Certaines parties de cette œuvre ont été fréquemment reprises voire réécrites dans des œuvres artistiques (littéraires, plastiques, cinématographiques…) et notamment des œuvres de littérature de jeunesse. Ainsi, les mythes fournissent des repères indispensables à la compréhension de ces œuvres. De nombreux clins d’œil mythologiques sont à repérer dans les œuvres artistiques d’hier et d’aujourd’hui. Le travail de l’enseignant est de permettre aux élèves de les remarquer, de faire les rapprochements nécessaires pour mieux appréhender la valeur de ces œuvres : « Les mythes font partie des références culturelles communes qui facilitent la compréhension et l’échange intersubjectif. […] Le maître a ici comme ailleurs un devoir d’acculturation12. » 11 Socle commun des compétences et des connaissances de juillet 2006, compétence 5 : la culture humaniste 12 Tauveron Catherine, op.cit., Hatier, 2002, p. 68. 19 En outre, créer une culture commune au sein de la classe notamment à travers ce genre de texte permet de créer un sentiment d’appartenance à un groupe, le groupe classe et plus largement à une communauté européenne voire mondiale : « Avant de cultiver la différence, il faut construire un fond commun qui rassemble, sur lequel doivent s’appuyer toute les activités d’apprentissage. […] Si nous voulons que tous les élèves se sentent concernés par l’activité de la classe, enrichissons d’abord le terrain sur lequel nous voulons semer13. » 13 Serge Boimare, Ces enfants empêchés de penser, Dunod, 2008, p. 166. 20 Chapitre 2 : Le développement du langage Beaucoup d’enseignants sont frileux quand on parle de l’enseignement de Les Métamorphoses en école primaire, et encore plus en maternelle. Une des raisons les plus fréquentes est la difficulté et la complexité de l’œuvre, de ses tournures de phrases, de son vocabulaire. Pourtant, c’est justement l’un des intérêts de cette œuvre. En effet, être fréquemment et le plus tôt possible confronté à des textes quelque peu complexes, utilisant notamment parfois un vocabulaire difficile permet aux élèves d’apprendre à surmonter les obstacles, à utiliser des stratégies de lecture afin de comprendre le texte. Il est important que les élèves sachent comprendre un mot en contexte pour éviter une lecture faite d’arrêts et de blocages (dû à la présence d’un mot « difficile » ou inconnu). « Les pratiques habituelles ont pour volonté de simplifier la situation d’apprentissage, par exemple en sélectionnant des supports ’simples’, en élucidant le vocabulaire difficile, en recourant à des questionnaires… Notre démarche, à l’inverse, postule qu’il est possible et nécessaire d’apprendre à comprendre et qu’on ne peut apprendre à comprendre que sur des textes qui posent des problèmes de compréhension ou d’interprétation. Elle met donc au centre la difficulté avec pour seul objectif d’apprendre à la surmonter14. » Par exemple, lors de l’étude de la métamorphose de Daphné en cycles 1 et 2, les élèves ont compris, au moins dans sa globalité, la trame de l’histoire, pourtant les tournures de phrases sont peu habituelles ainsi que le vocabulaire. Ils ont su employer des stratégies de lecture pour s’adapter et comprendre. Ces stratégies ne sont pas toujours venues d’eux-mêmes, c’est là le rôle de l’enseignant : mettre en œuvre un enseignement qui permette de développer la compréhension et l’interprétation de textes littéraires. Un de ces dispositifs repose sur les échanges oraux. C’est par ce type de dispositif et par le choix d’œuvre comme Les Métamorphoses que le langage peut se développer. Les élèves acquièrent un vocabulaire de plus en plus riche en étant confrontés à des mots 14 Catherine Tauveron, op.cit., Hatier, 2002, introduction. 21 nouveaux à plusieurs reprises. Lire plusieurs fois un même texte, organiser des échanges oraux sur ces lectures qui vont traiter différents points de compréhension et d’interprétation, permettront à l’élève de s’approprier de plus en plus le langage. 22 Chapitre 3 : La construction de soi à travers une réflexion sur le monde « Des mots compliqués pour apprendre à lire… […] Vous allez me dire que je ne donne pas dans la simplicité, pourquoi aller choisir des mots aussi compliqués, d’un usage aussi peu courant […] je dirais qu’en leur racontant certains récits ou histoires choisis pour leur qualité d’évocation et de figuration des conflits qui préoccupent les enfants, je suis entré en concurrence de façon directe et féroce avec les thèmes qui font habituellement disjoncter leur pensée15. » Les Métamorphoses prennent en compte les peurs et les inquiétudes des enfants. En effet, cette œuvre traite d’événements qui correspondent au développement de l’enfant, à ses questionnements intérieurs (recherche des origines, devenir de l’homme, interprétation de faits). « Ovide connaît aussi le cœur humain dans toute sa complexité. Ses héros sont en proie au doute, au regret, à la passion, à la folie. L’écrivain nous livre leurs monologues intérieurs, nous les montre pesant le pour et le contre avant d’agir et nous fait partager ainsi leurs émotions et leurs sentiments16. » Ainsi, elle permet aux élèves de se questionner sur un certain nombre de choses et de répondre à des questions existentielles sur le sens de la vie. Ils peuvent donc grandir, se construire à travers ce texte qui aide à formuler leurs inquiétudes, à en prendre conscience, ce qui permet d’y répondre. « Comme les contes de fées, les mythes abordent nos mystères comportementaux, relationnels, fouillent nos inconscients, nos zones les plus troubles. A la différence des contes, ils ne finissent pas toujours bien, mais leur résonance avec le monde actuel est plus forte17. » 15 Serge Boimare, L’enfant et la peur d’apprendre, Dunod, 2004, p. 97-98. 16 Françoise Rachmuhl, 17 Yvan Pommaux, op.cit., introduction. op.cit., introduction. 23 Chapitre 4 : Le développement de la capacité imageante La capacité imageante c’est la capacité à faire des images à partir de mots. Cette capacité est essentielle dans la lecture : elle permet l’imagination au service de la compréhension du texte. Ainsi, cette capacité imageante est un élément essentiel pour prendre plaisir à lire. « Je prétends qu’il faut en priorité les aider à mettre en route et à faire fonctionner cette capacité à fabriquer de l’image avec le mot lu. C’est pratiquement toujours cette insuffisance qui les empêche d’aborder efficacement l’apprentissage de la lecture18 » La lecture à voix haute de textes mythologiques et les échanges autour de cette lecture permettent de travailler cette capacité imageante. Les Métamorphoses est une œuvre notamment intéressante à étudier dans cette perspective. En effet, la notion même de métamorphose, qu’elle soit physique ou psychologique, est propice à l’imaginaire, l’imagination et à la capacité imageante. D’autant plus lorsque l’œuvre d’Ovide est adaptée de façon pertinente dans la littérature de jeunesse. Par le texte mais aussi par les illustrations, les élèves peuvent plus facilement mettre en route leur capacité imageante. 18 Poslaniec. C, Pratique de la littérature de jeunesse à l’école : comment élaborer des activités concrètes, Hachette Education, 2003, « le mythe de la métamorphose » 24 TROISIEME PARTIE : Comment mettre en œuvre cet enseignement ? (exemples de pistes pédagogiques) 25 Lors de mes deux stages en responsabilité, j’ai pu mettre en œuvre des séquences sur Les Métamorphoses d’Ovide. Une séquence a été menée en cycle 1, en classe de petite et moyenne section ; l’autre séquence a été menée en cycle 2, en classe de CP/CE1. Dans cette partie, je vais donc présenter de façon succincte ces deux séquences ainsi qu’un bilan de cette mise en œuvre. De plus, je donnerai quelques pistes pédagogiques pour le cycle 3. Les objectifs principaux de ces pistes pédagogiques étant de permettre aux élèves de rencontrer des textes patrimoniaux ayant une importance dans notre civilisation à travers des adaptations de la littérature de jeunesse ainsi que d’amener les élèves à développer des compétences littéraires tout en prenant plaisir à lire. J’ai bien entendu choisi de n‘étudier que quelques extraits de l’œuvre car elle est trop longue et difficile pour des élèves de cet âge : « Ce qui est actif, là-derrière, c’est un mythe multiséculaire, celui de la métamorphose. […] Dès l’antiquité, ce mythe a nourri la littérature (par exemple Les Métamorphoses d’Ovide), et ce phénomène a perduré jusqu’à nos jours (par exemple, La Métamorphose de Kafka). Ce mythe est trop vaste et trop complexe pour être étudié, dans son intégralité, à l’école primaire. En revanche, il est tout à fait possible de l’introduire, par le biais de quelques livres mis en réseau19. » 19 Poslaniec. C, op.cit., Hachette Education, 2003, « le mythe de la métamorphose » 26 Chapitre 1 : Choix des œuvres Lors de mes stages en responsabilité en cycles 1 et 2, j’ai choisi de construire ma séquence autour de l’œuvre de Sara, Les Métamorphoses d’Ovide. Cette œuvre est une traduction illustrée : l’auteure a repris des extraits de la traduction de Georges Lafaye et les a illustrés. J’ai choisi de m’appuyer sur cet album pour diverses raisons. Tout d’abord, comme c’est une traduction illustrée, le texte reste au plus près de la version authentique et garde donc tout son intérêt littéraire. Il est certes difficile pour des enfants de cet âge d’appréhender ce texte dans sa globalité et d’en comprendre toutes les subtilités, notamment à cause du vocabulaire et des tournures de phrases employés, mais il est important que les élèves soient fréquemment confrontés à la difficulté littéraire et à sa richesse afin de progresser en lecture et en maîtrise de la langue. En effet, ce n’est pas en écartant systématiquement les difficultés de lecture que l’élève peut progresser : c’est en y étant confronté de façon raisonnée. En outre, les illustrations posent un regard sur ce texte qui peut aider à mieux l’appréhender. Enfin, Sara a choisi de ne traiter que cinq métamorphoses : celles de Daphné, de Callisto, d’Io et d’Actéon. En effet, elle a extrait de l’œuvre complète de courts textes racontant chacune de ces métamorphoses : les textes ainsi isolés, le lecteur n’est pas noyé dans l’œuvre colossale d’Ovide et il peut mieux apprécier cet écrit littéraire. Cette technique amène le jeune lecteur à découvrir une œuvre complexe sans être découragé par la longueur et la masse d’informations, ce qui pourra peut-être permettre un jour une lecture complète. Je n’ai pas pu mettre en place de séquence en cycle 3 mais je présenterai quelques pistes pédagogiques qui s’appuieront essentiellement sur l’œuvre d’Yvan Pommaux : Orphée et la morsure du serpent. Dans cette œuvre, le mythe est conté par un personnage contemporain du lecteur. Ainsi, le lecteur peut se projeter plus facilement : il passe de la vie réelle à la vie mythique via une réalité fictionnelle. 27 Chapitre 2 : Exemples de pistes pédagogiques 1. Cycle 1 Lors de mon stage en classe de petite et moyenne section, j’ai réalisé une séquence autour de l’album Les Métamorphoses d’Ovide de Sara. J’ai choisi de travailler essentiellement sur les métamorphoses de Daphné et d’Io, j’ai fait également une lecture offerte de la métamorphose de Callisto et j’ai décidé de ne pas traiter la métamorphose d’Actéon à cause de son caractère violent, surtout pour des élèves de maternelle. En travaillant à partir de cet album, j’ai mis en avant la notion de métamorphose comme passage d’un état à un autre et résultat d’une transformation. Pour comprendre ce concept complexe, les élèves de maternelle ont besoin selon moi de vivre cette notion de métamorphose avec leur corps mais aussi métamorphoser eux-mêmes des éléments en d’autres éléments en parallèle de l’étude de l’album. C’est pour cela que j’ai mené une séquence d’expression corporelle et une autre d’arts visuels en même temps que la séquence de littérature proprement dite. Les objectifs étant d’amener les élèves à : • écouter et comprendre un texte lu par l’adulte. • reformuler ce qu’ils ont compris et interroger sur ce qui reste obscur. • devenir sensible à des manières de dire peu habituelles. • comprendre des récits de plus en plus complexes ou longs et à les raconter à leur tour. J’ai abordé mes premières séances avec la métamorphose de la chenille en papillon. Les élèves avaient déjà traité ce thème en sciences lors de la deuxième période. J’ai donc commencé par la lecture de l’album Camille la chenille d’Antoon Krings pour réactiver les connaissances des élèves sur cet animal et en même temps introduire le terme de métamorphose. Ensuite, nous avons travaillé, en expression corporelle, la 28 métamorphose de la chenille qui rampe en papillon qui vole (action motrice des élèves : se déplacer de façon légère, comme un papillon, en déployant ses bras et en sautillant éventuellement) : le cocon étant une étape nécessaire à cette métamorphose, les enfants devaient « faire le cocon » avant de « faire le papillon ». (Cf. en annexe le schéma du praticable lors de la séance d’EPS) Puis, nous avons réellement commencé le travail autour de l’album de Sara. Tout d’abord, dans la première séance, j’ai lu le titre de l’album, j’ai montré les illustrations aux élèves et j’ai conduit un échange sur les hypothèses de lecture des élèves à partir de ces illustrations en pointant le doigt sur la trame de l’histoire : c’est une dame qui court et qui se métamorphose en arbre (réinvestissement du vocabulaire utilisé pour le papillon). A la suite de cela, nous avons réalisé une séance d’EPS dont les objectifs étaient de passer de la narration à l’évocation et de transformer des actions motrices en mouvements dansés. Ensuite, dans une deuxième séance, nous avons vu de nouveau les illustrations de la métamorphose de Daphné ce qui a permis un rappel de la trame générale de l’histoire ; puis une dictée à l’adulte a pu mettre en évidence les hypothèses des élèves sur la main et le pied rouges (Qui est-ce ? Est-il méchant ? Est-il gentil ?). Exemples d’hypothèses : le pied rouge est un géant parce que c’est un grand pied et il est méchant (pas vraiment de justification). Et puis, j’ai commencé à introduire la notion de progressivité dans la métamorphose (est-ce que la dame se métamorphose d’un coup en arbre ?). Cette notion étant difficile pour des enfants de cet âge, elle a été éprouvée petit à petit tout au long des séances d’expression corporelle : d’abord les élèves courent et s’arrêtent au signal pour faire l’arbre, ensuite la notion de ralentissement progressif est introduite à l’aide d’un tambourin qui donne le rythme de marche à suivre. (Cf. en annexe le schéma du praticable lors de la dernière séance) Puis, dans une troisième séance, nous avons lu de nouveau les hypothèses de lecture des élèves pour nous en souvenir et j’ai expliqué que j’allais lire le texte (en montrant les illustrations) pour vérifier leurs hypothèses. Après la lecture, une discussion a suivi notamment guidée par mon questionnement : qu’est-ce que cette histoire raconte ? Aviez-vous raison ou non ? Quelles informations peut-on rajouter ? Avons-nous le nom des personnages ? Est-ce que le pied rouge est un géant ? Comment s’appelle t-il dans le 29 texte ? Pourquoi Daphné se métamorphose-t-elle ? Est-ce un choix ? Qui la métamorphose ? Dans une quatrième et une cinquième séance, j’ai réalisé une relecture du texte d’abord en montrant les illustrations et ensuite sans les montrer. Lors d’une sixième séance, les élèves avaient pour tâche de remettre dans l’ordre les illustrations de l’histoire. Enfin, dans les séances suivantes, les élèves ont raconté l’histoire en reprenant des expressions et des mots du texte (les noms et les substituts des personnages, métamorphose, …) d’abord avec un support visuel et l’aide de l’enseignant puis seul. En prolongement, un travail sur la métamorphose d’Io aurait pu être mené et les deux métamorphoses auraient pu être comparées : la métamorphose d’Io est une métamorphose « inversée » par rapport à la métamorphose de Daphné ; en effet, Io est une vache qui retrouve forme humaine alors que Daphné est une humaine qui se transforme en arbre ; de plus, les raisons de leur métamorphoses ne sont pas les mêmes. De plus, en parallèle de cette séquence en littérature sur les métamorphoses physiques, j’ai mené une séquence en arts visuels sur le même thème à partir d’un album sans texte (Les aventures d’une petite bulle rouge, Iela Mari). Dans cet album on suit les aventures d’une petite bulle rouge qui se transforme, se métamorphose en ballon, en pomme, en papillon, en parapluie,… Les élèves ont notamment transformé des boules de pâte à modeler en d’autres éléments. (Cf. en annexe quelques photos de ces séances) 2. Cycle 2 Lors de mon stage en classe de CP/CE1, j’ai réalisé une séquence autour de l’album Les Métamorphoses d’Ovide de Sara. J’ai choisi de travailler essentiellement sur les métamorphoses de Daphné et d’Io, j’ai fait également une lecture offerte de la métamorphose de Callisto. 30 J’ai choisi de travailler sur cet album car il traite la notion de métamorphose physique, notion plus facile à appréhender pour des élèves de cycle 2 que la notion de métamorphose psychologique. Les objectifs étant d’amener les élèves à : • écouter et comprendre un texte lu par l’adulte. • Trouver dans le texte ou son illustration la réponse à des questions concernant le texte lu ; reformuler son sens. • S’appuyer sur le contexte pour comprendre une histoire dans sa globalité sans être bloqué dans sa lecture par des mots qu’on ne rencontre pas habituellement. • comprendre des récits de plus en plus complexes ou longs, les lire et les raconter à leur tour. Pendant les quinze jours de stage, j’ai choisi de ritualiser la lecture de contes mythiques. En effet, tous les matins vers 9h15, je lisais un épisode de l’œuvre de Murielle Szac illustrée par Jean-Manuel Duvivier, Le feuilleton d’Hermès, La mythologie grecque en cents épisodes, édition Bayard jeunesse. Cette ritualisation a permis aux élèves de plonger dans un « bain mythologique ». Ainsi, ils ont pu entrer dans cet univers que nous offre le mythe en suivant les aventures d’Hermès et commencer à se construire une culture littéraire commune. Pour l’étude de l’album de Sara proprement dit, nous avons commencé par l’analyse du titre : Les métamorphoses d’Ovide. A travers une discussion (connaissances personnelles des élèves) et des recherches (dictionnaire, internet, …) les élèves ont défini la notion de métamorphose et ils ont trouvé qu’Ovide était le nom d’un auteur latin, on a essayé de situer son existence dans le temps. A partir de cette recherche, les horizons d’attente étaient plus précis et je pense que cela leur a permis d’entrer plus facilement dans l’histoire. Ensuite, après avoir lu le titre de l’épisode de Daphné, j’ai lu son histoire sans montrer aux élèves les illustrations afin de faire travailler la capacité imageante. S’en est suivi une discussion autour de ce que chacun avait compris de l’histoire. 31 Après quelques séances décrochées sur la description, j’ai lu de nouveau l’histoire, j’ai demandé aux élèves d’écrire une courte description des deux personnages pour les CE1 et quelques mots qui pourraient décrire les personnages pour les CP. La consigne était d’écrire comment chacun voyait les personnages dans sa tête à la lecture de l’histoire. Ainsi, nous avons ensuite confronté ces différentes descriptions pour nous rendre compte qu’elles ne se ressemblaient pas toutes : j’ai donc amené les élèves à remarquer que ni Daphné, ni Phébus ne sont décrits que ce soit physiquement ou mentalement. Lors de la quatrième séance, j’ai lu de nouveau l’histoire de Daphné et les élèves ont exprimé leur interprétation à travers un dessin : « Comme l’écriture, le dessin permet, dans un autre registre sémiotique, d’exprimer une interprétation et d’en discuter la pertinence à partir d’un support tangible. En libérant les élèves de la difficulté de la mise en mots, il peut même se révéler plus efficace que l’écriture, […]20 » Puis, les élèves ont commenté leurs dessins, ce qui a permis la confrontation de différentes interprétations, la validation de certaines par un retour au texte systématique et l’invalidation d’autres interprétations qui étaient en réalité des contre-sens. Les élèves devaient ensuite résumer l’histoire en une phrase minimum pour les CP et trois phrases minimum pour les CE1 et ils devaient intégrer ce résumé à leur dessin. (Cf. en annexe quelques travaux d’élèves) Dans une septième séance, après avoir lu le texte silencieusement, les élèves l’ont lu à voix haute. Enfin, lors de la dernière séance je leur ai montré les illustrations de Sara pendant la relecture du texte. Ils ont ensuite échangé sur leurs premières impressions : généralement ils ont été déçus par les illustrations, ce qui est un peu normal puisqu’elles sont très neutres alors qu’eux avaient imaginé tout autre chose. J’ai alors, par mon questionnement, amené les élèves à réfléchir et à se demander pourquoi Sara avait choisi de représenter les personnages ainsi. On a alors touché la particularité de certains personnages mythiques comme les dieux gréco-romains qui ne survivent principalement 20 Catherine Tauveron, op.cit., Hatier, 2002 32 que par le récit de leurs aventures et de leurs exploits plus que par une image ou une description : les dieux, certains y croient, d’autres non, certains croient en plusieurs dieux, d’autres en un seul dieu ; quoi qu’il en soit, ils existent dans la littérature et certains artistes ont essayé de les imaginer, de les décrire et/ou de les représenter comme. Sara a elle aussi essayé de les représenter à sa manière, elle a choisi de ne pas les faire de façon très précise comme la description du texte de base : elle a retranscrit la puissance du Dieu par une taille disproportionnée, ce qui lui a aussi permis d’éviter de représenter le visage du dieu Phébus ; et elle a représenté Daphné de la façon la plus épurée possible, en blanc avec des contours noirs et donc sans autres couleurs distinctives (couleurs des yeux ou des cheveux), afin de mettre plus en relief la métamorphose que le personnage humain. Les élèves n’ont pas fait une interprétation telle mais ont tout de même compris qu’il existait plusieurs représentations possibles d’un même personnage, que Sara avait fait un choix (exemple de remarque d’élèves : « elle a représenté le dieu comme un géant parce qu’il est très très fort ») et qu’en fait dans cette histoire le plus important c’était la métamorphose. 3. Cycle 3 Je n’ai pas pu mener de projet en cycle 3 puisque je n’ai pas fait de stage dans ce cycle et que je n’ai pas eu le temps de trouver un enseignant susceptible de mettre en place un tel projet. Cependant, j’ai réfléchi à la mise en place de celui-ci et je vais présenter des pistes pédagogiques en cohérence avec le sujet s’appuyant notamment sur l’œuvre d’Yvan Pommaux : Orphée et la morsure du serpent (édition l’école des loisirs). Les objectifs auraient pu notamment être d’amener les élèves à : • Construire une culture littéraire commune • Développer le plaisir de lire des textes anciens en lien avec la littérature contemporaine • Mettre en relation des textes entre eux • Donner une interprétation du texte en s’appuyant sur des éléments du texte 33 • Confronter son interprétation du texte et celle des autres notamment dans des débats et être capable d’autres interprétations et d’en invalider certaines en justifiant Lors de la lecture suivie de cet album, il est primordial, à travers des questionnaires bien construits, des discussions et des débats interprétatifs bien menés, de permettre aux élèves de bien comprendre ce mythe (les personnages, leur rôle, la trame de l’histoire) mais aussi d’accéder à une compréhension de plus en plus fine et d’oser des interprétations en s’appuyant sur le texte. Selon moi, cet album peut arriver après un travail sur la mythologie ou peut être le tout premier d’une lecture en réseau sur le thème de Les métamorphoses d’Ovide et plus largement sur la mythologie gréco-latine. En effet, il explique et reprend des topoi et des personnages mythiques : ceci peut donner l’envie aux élèves de faire des recherches sur toutes ces références et de lire d’autres histoires issues de la mythologie. D’ailleurs, je pense qu’il est essentiel d’immerger les élèves dans un « bain mythologique » sans les faire sombrer bien évidemment mais en les accompagnant dans la lecture de ces récits fascinants, riches et complexes qui font partie de notre culture et dont on trouve encore les échos dans la littérature contemporaine. En outre, la structure en abîme avec ces récits enchâssés est une particularité de l’œuvre d’Ovide que reprend Yvan Pommaux : un récit en appelle un autre. Ainsi, cela pourra peut-être permettre aux élèves de lire plus tard quelques extraits de cette œuvre plus facilement. A la suite et/ou en parallèle de ce travail sur la compréhension et l’interprétation de cette histoire, un projet autour de la mise en voix et de la mise en scène de ce texte peut voir le jour (écrire les dialogues, prévoir éventuellement une voix off/un aède, travailler la mise en voix des différents personnages avec support écrit puis sans, penser au décor, aux costumes, aux déplacements des personnages sur la scène, éventuellement à la musique). On peut aussi comparer différentes versions du mythe d’Orphée ou étudier d’autres passages de Les métamorphoses d’Ovide. De nombreux liens interdisciplinaires sont possibles avec l’étude de cet album. Tout d’abord, en sciences avec l’étude de différents serpents par exemple. Ensuite, en arts visuels et en histoire de l’art avec l’étude de différentes œuvres artistiques reprenant le mythe d’Orphée (les textes fondateurs par les images, Daniel Salles, Bordas ; les mythes 34 racontés par les peintres, Marie Bertherat, Bayard Jeunesse). Puis, en maîtrise de la langue, de nombreuses pistes pédagogiques peuvent être suivies : étude des expressions mythologiques (On peut parler d'un supplice de Tantale quand on en a assez de ne pas pouvoir atteindre l'objet de ses désirs alors qu'on en est tout proche ; Dire à un gardien peu aimable que c'est un Cerbère ne risque pas de lui rendre le sourire ; etc.), travail autour de l’étymologie (répertorier des mots usuels d’origine grecque, les classer en fonction de leurs caractéristiques et trouver l’origine de ces orthographes) et des familles de mots (notion de radical), etc. Enfin, Les Métamorphoses d’Ovide sont une mine de renseignements sur la manière de vivre des Anciens. Cette approche est à développer en lien interdisciplinaire : les élèves peuvent commencer à accéder à l’histoire des Anciens par le biais de cette littérature. 35 Chapitre 3 : Bilan de la mise en œuvre de ces pistes Avant de penser, voire de mettre en œuvre ces projets, ma première crainte était liée à la présence de tournures et de vocabulaires complexes pour des élèves d’école primaire. Cependant, j’ai fait le pari que ce ne serait pas un obstacle ou du moins que cet obstacle serait source d’apprentissage pour les élèves : « Au lecteur revient encore la tâche de tisser des liens entre les mots ‘tremblants’, ces mots qui vacillent quand on les rapproche d’autres mots et qui, rassemblés en réseaux pluriels exhibent à chaque confrontation de nouvelles strates de sens21. » En réalité la lecture à voix haute, les différents débats interprétatifs, l’utilisation de l’écriture et du dessin ont permis aux élèves de comprendre l’histoire et même de l’interpréter. Certes, il reste des différences notables entre les élèves mais après ces quinze jours de stage, les élèves avaient tous compris les récits mythologiques au moins dans leur globalité et si ce n’est dans leur finesse. Cependant, la période de quinze jours est réellement trop courte pour mener à bien ce genre de projets. 21 Catherine Tauveron, op.cit., Hatier, 2002 36 CONCLUSION Les Métamorphoses : de la lecture vers la littérature 37 De la mise en œuvre à ses apports L’objectif de ce mémoire était d’expérimenter la mise en œuvre d’un projet pédagogique s’appuyant sur Les Métamorphoses d’Ovide sur les trois cycles de l’école primaire ; et ainsi essayer de prouver non seulement la possibilité de cette mise en œuvre mais aussi son intérêt. A la lumière des expériences que j’ai pu acquérir en cycles 1 et 2 et au regard des pistes pédagogiques que j’ai pu préparer pour le cycle 3, il est évident qu’il est possible de mettre en œuvre un tel enseignement dès la petite section de maternelle et jusqu’au CM2. Cependant, certaines conditions sont nécessaires pour que cet enseignement soit mené au mieux. En effet, l’œuvre d’Ovide a beau être d’excellente qualité littéraire et d’un intérêt indéniable pour le développement de la culture commune, si l’étude de cette œuvre en classe n’est pas aussi de bonne qualité : elle perd tout son intérêt. Ainsi, le rôle de l’enseignant est de réfléchir et de préparer en amont ce qu’il va mettre en place en classe : il doit notamment faire un choix parmi tous les supports que nous offre la littérature de jeunesse. En effet, il doit faire le choix de la meilleure adaptation de l’œuvre d’Ovide sans jamais oublier de faire ce choix en prenant en compte l’âge de ces élèves ainsi que la qualité et l’intérêt de ces adaptations. De plus, Les Métamorphoses est un texte long et complexe, il est donc plus judicieux de n’en choisir que quelques extraits, qu’on pense significatifs, adaptés et/ou traités intelligemment; le but étant d’amener les élèves à entrer plus facilement dans le monde d’Ovide et de leur permettre d’accéder à une lecture littéraire de cette œuvre sans être perdu par sa complexité. En analysant cette mise en œuvre et grâce à mes différentes lectures, je me suis rendu compte des travers dans lesquels l’enseignant peut tomber dans l’étude d’une œuvre littéraire mais j’ai surtout compris tout ce qu’apporte l’étude d’une œuvre comme Les Métamorphoses à des enfants de 3 à 12 ans… Apprendre à écouter, à lire et à interpréter des extraits de cette œuvre. En effet, elle permet la création d’une culture littéraire commune et donc la possibilité de comprendre des références et des inférences, de faire des liens entre des textes anciens et contemporains. De plus, elle favorise le développement du langage et de la capacité imageante notamment par son utilisation 38 des mots pour retranscrire une métamorphose physique mais aussi une métamorphose psychologique. Enfin, grâce à elle, l’élève peut se construire parce que la mythologie prend en compte ses inquiétudes ; ainsi la connaissance du monde et la réflexion sur celui-ci conduisent l’enfant à un retour sur soi. De Les Métamorphoses aux métamorphoses Les récits de l’œuvre d’Ovide ont souvent été repris et adaptés en littérature mais aussi au cinéma, en peinture, en sculpture, … Beaucoup d’œuvres artistiques se sont emparées de ces histoires. C’est notamment pour cela qu’il est important que les élèves connaissent le texte source au moins en partie. Au-delà même de l’œuvre, le mythe de la métamorphose a souvent été repris notamment dans la littérature (La Métamorphose de Kafka) et plus précisément dans la littérature de jeunesse. En voici quelques exemples : Alice au pays des merveilles de Caroll Lewis, La petite sirène d’Andersen, Cendrillon de Perrault, Une histoire à quatre voix d’Anthony Browne, Les aventures d’une petite bulle rouge d’Iela Mari, Harry Potter de J. K Rowling, etc. Après avoir pris racine dans la religion et la mythologie, le thème de la métamorphose s’est donc ensuite élargi dans le genre du conte, du fantastique et du surnaturel. Pour conclure… Le plaisir de lire, de comprendre, d’interpréter des textes aussi anciens que celui de Les Métamorphoses est donc à développer. L’imaginaire dans lequel nous plonge une telle œuvre est d’ailleurs une source de plaisir pour tout lecteur auquel on fait découvrir l’univers d’Ovide. 39 BIBLIOGRAPHIE Le corpus Les Métamorphoses, Ovide, folio Les Métamorphoses d’Ovide, Sara, Circonflexe Orphée et la morsure du serpent, Yvan Pommaux, l’école des loisirs Dictionnaires et usuels • Poslaniec. C, Pratique de la littérature de jeunesse à l’école : comment élaborer des activités concrètes, Hachette Education, 2003 • Boutevin, Richard-Principalli, Dictionnaire de la littérature de jeunesse à l’usage des professeurs des écoles, Vuibert, 2008 • Grimal Pierre, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, PUF, 1951 Articles de revues • L’école aujourd'hui n°1 SEPTEMBRE 2009, dossier sur l'aide personnalisée. • revue NRP, n°3 NOVEMBRE 2000 et n°5 JANVIER 2004. • revue TDC, n°935, MAI 2007 sur le mythe des Atrides. Ouvrages • Boimare Serge, Ces enfants empêchés de penser, Dunod, 2008 • Fourtanier Marie-José, Les Mythes dans l’enseignement du français, BertrandLacoste, 2000 40 • Tauveron Catherine, lire la littérature à l’école-Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? - De la GS au CM, Hatier, 2002 • Fourtanier Marie-José, Métamorphoses d’Ovide, collection « Parcours de lecture », Bertrand-Lacoste, Paris, 1996 • Dutriaux Rémy, Ferrand Françoise, Lire les textes fondateurs, DelagraveCRDP Midi-Pyrénées, 2001 • Boimare Serge, L’enfant et la peur d’apprendre, Dunod, 2004 • Giasson Jocelyne, Les textes littéraires à l’école, De Boeck, 2005 Ressources en ligne • 3 dossiers sur le site du CRDP de Créteil (http://www.crdp.accréteil.fr/telemaque/comite/) : « contes et mythologie », « mythologie et intertextualités », et « Les métamorphoses ». • Intérêt de l’enseignement du mythe à l’école, G.Thibault, http://recherche.aixmrs.iufm.fr/publ/skhole/pdf/04.HS1.5-10.pdf, • Site de l’auteure/illustratrice Sara, http://universdesara.org/article.php3?id_article=81 • Site officiel de L’Ecole des Loisirs, www.ecoledesloisirs.com 41 ANNEXES 42 Annexe 1 Essais de définition « mythe » • Boutevin, Richard-Principalli, Dictionnaire de la littérature de jeunesse à l’usage des professeurs des écoles, Vuibert, 2008 43 • Giasson Jocelyne, Les textes littéraires à l’école, De Boeck, 2005 44 • Tauveron Catherine, lire la littérature à l’école-Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? - De la GS au CM, Hatier, 2002 45 Annexe 2 Le texte source dans tous ces états Le texte latin et sa traduction La métamorphose de Daphné 1, 452 Primus amor Phoebi Daphne Le premier amour de Phébus fut Peneia, quem non Daphné, fille de Pénée, amour inspiré fors ignara dedit, sed saeua non par un sort aveugle, mais par la Cupidinis ira, colère du cruel Cupidon. Delius hunc nuper, uicta serpente Le dieu de Délos, fier de sa récente superbus, victoire sur le serpent, 1, 455 uiderat adducto flectentem cornua avait vu Cupidon tendre et resserrer neruo les cordes de son arc : « Quid » que « tibi, lasciue puer, « Que fais-tu, enfant délicat, avec ces cum fortibus armis ? » armes puissantes ? » avait-il dit ; dixerat : « Ista decent umeros « Cette charge convient à mes gestamina nostros, épaules, à moi qui suis capable qui dare certa ferae, dare uulnera de frapper à coup sûr une bête féroce possumus hosti, ou un ennemi ; 46 qui modo pestifero tot iugera je viens en effet de percer uentre prementem d'innombrables traits l'énorme Python 1, 460 strauimus innumeris tumidum qui de son ventre venimeux pressait Pythona sagittis. d'innombrables arpents de terre. Tu face nescio quos esto Toi, borne-toi à provoquer avec ta contentus amores torche je ne sais quels amours inritare tua, nec laudes adsere et ne tire pas à toi des éloges qui me nostras ! » reviennent. » filius huic Veneris : « Figat tuus Le fils de Vénus lui répond : « Ton omnia, Phoebe, arc a beau tout transpercer, Phébus, te meus arcus » ait ; « quantoque mais le mien peut te transpercer, toi ; animalia cedunt 1, 465 cuncta deo, tanto minor est tua en gloire je l'emporte sur toi autant qu'un dieu l'emporte sur tous gloria nostra. » les vivants. » Dixit et eliso percussis aere Il dit et, fendant l'air du battement de pennis ses ailes, inpiger umbrosa Parnasi constitit se posa sans tarder sur la cime arce ombragée du Parnasse. 47 eque sagittifera prompsit duo tela De son carquois plein de flèches, il pharetra tira deux traits diuersorum operum : fugat hoc, aux effets opposés : l'un chasse facit illud amorem ; l'amour, l'autre le fait naître. 1, 470 quod facit, auratum est et cuspide Celui qui le fait naître est doré, muni fulget acuta, d'une pointe acérée et brillante ; quod fugat, obtusum est et habet celui qui le chasse est émoussé et sub harundine plumbum. cache du plomb sous son roseau. Hoc deus in nympha Peneide fixit, C'est le premier que le dieu lança sur at illo la nymphe, fille de Pénée ; laesit Apollineas traiecta per ossa mais, avec l'autre, il blessa Apollon, medullas ; perçant ses os jusqu'à la moëlle. protinus alter amat, fugit altera Lui aussitôt se met à aimer ; elle, elle nomen amantis, fuit jusqu'au nom d'amante. 1, 475 siluarum latebris captiuarumque Retirée dans les cachettes des forêts, ferarum en émule de la vierge Phébé, exuuiis gaudens innuptaeque elle aimait se parer de peaux de bêtes aemula Phoebes : sauvages ; uitta coercebat positos sine lege un bandeau retenait ses cheveux 48 capillos. disposés sans ordre. Multi illam petiere, illa auersata Bien des prétendants l'ont courtisée ; petentes mais, sourde à leurs prières, inpatiens expersque uiri nemora ne supportant pas de connaître un auia lustrat époux, elle parcourt les bois profonds, 1, 480 nec, quid Hymen, quid Amor, quid et ne se soucie ni d'Hymen, ni sint conubia curat. d'Amour, ni d'union conjugale. Saepe pater dixit : « generum Souvent son père lui dit : « Ma fille, mihi, filia, debes », tu dois me donner un gendre ». saepe pater dixit : « debes mihi, Souvent son père lui dit : « Mon nata, nepotes ». enfant, tu me dois des petits-enfants ». Illa uelut crimen taedas exosa Elle, qui détestait les torches nuptiales iugales comme une infâmie, pulchra uerecundo suffuderat ora avait senti son beau visage rougir de rubore honte, et, caressante, 49 1, 485 inque patris blandis haerens posant ses bras autour du cou de son ceruice lacertis : père, elle lui dit : « Da mihi perpetua, genitor « Accorde-moi, père très aimé, de carissime, » dixit jouir à jamais de ma virginité ; « uirginitate frui ! dedit hoc pater Diane, autrefois, a obtenu cette faveur ante Dianae ». de son père. » Ille quidem obsequitur, sed te Pénée cède, bien sûr ; mais ton decor iste quod optas charme, Daphné, interdit esse uetat, uotoque tuo tua forma la réalisation de ton souhait et ta repugnat. 1, 490 Phoebus amat uisaeque cupit beauté fait obstacle à ton voeu. Phébus aime et désire s'unir à Daphné conubia Daphnes, qu'il a aperçue, quodque cupit, sperat, suaque il espère ce qu'il désire, abusé par ses illum oracula fallunt, propres oracles. utque leues stipulae demptis Comme les chaumes légers brûlent, adolentur aristis, une fois les épis coupés, ut facibus saepes ardent, quas comme une haie s'embrase sous le feu forte uiator qu'un voyageur par mégarde uel nimis admouit uel iam sub a placé trop près d'elle ou qu'il a luce reliquit, abandonné au lever du jour, 50 1, 495 sic deus in flammas abiit, sic pectore toto ainsi le dieu s'est enflammé ; totalement embrasé, uritur et sterilem sperando nutrit il espère et entretient dans son coeur amorem. un amour stérile. Spectat inornatos collo pendere Il regarde les cheveux sans apprêts capillos flottants sur la nuque de Daphné et « quid, si comantur ? » ait. et dit : « Que serait-ce, s'ils étaient Videt igne micantes coiffés ! » Il voit ses yeux sideribus similes oculos, uidet étinceler, semblables à des astres, il oscula, quae non voit sa bouche mignonne, 1, 500 est uidisse satis ; laudat digitosque manusque mais voir ne lui suffit pas ; il louange ses doigts, ses mains, bracchiaque et nudos media plus ses poignets et ses bras plus qu'à parte lacertos ; moitié dénudés ; si qua latent, meliora putat. Fugit ce qui est caché, il l'idéalise. Elle ocior aura s'enfuit, plus rapide que le vent léger, 51 illa leui neque ad haec reuocantis et ne s'arrête pas malgré les propos de uerba resistit : l'amoureux qui la rappelle : « Nympha, precor, Penei, mane ! « Nymphe, fille de Pénée, je t'en prie, Non insequor hostis ; reste ; ce n'est pas un ennemi 1, 505 nympha, mane ! Sic agna lupum, qui te poursuit. Nymphe, attends. sic cerua leonem, Ainsi l'agnelle fuit le loup, sic aquilam penna fugiunt la biche le lion, ainsi les colombes, trepidante columbae, d'une aile tremblante, fuient l'aigle ; hostes quaeque suos : amor est chacune a son ennemi. Moi, je te suis mihi causa sequendi ! par amour. Ô malheur ! Me miserum ! Ne prona cadas Ne tombe pas tête en avant, que les indignaue laedi ronces ne griffent pas des jambes crura notent sentes et sim tibi qui ne le méritent pas, je ne veux pas causa doloris ! être pour toi cause de douleur. 1, 510 Aspera, qua properas, loca sunt : Les endroits où tu passes sont moderatius, oro, difficiles ; cours moins vite, curre fugamque inhibe, je t'en prie, refrène ta fuite ; moi- moderatius insequar ipse. même, je suivrai plus lentement. Cui placeas, inquire tamen : non Sache pourtant qui tu as séduit ; moi, 52 incola montis, je ne suis ni un montagnard non ego sum pastor, non hic ni un berger, ni un vulgaire gardien de armenta gregesque bétail et de moutons. horridus obseruo. Nescis, Inconsciente, tu ignores, tu ignores temeraria, nescis, qui tu fuis 1, 515 quem fugias, ideoque fugis : mihi et c'est pourquoi tu me fuis. J'ai pour Delphica tellus me servir et Claros et Tenedos Patareaque le pays de Delphes, Claros et regia seruit ; Ténédos, et le palais royal de Patara ; Iuppiter est genitor ; per me, quod Jupiter est mon père ; je révèle eritque fuitque l'avenir, le passé et le présent ; estque, patet ; per me concordant je fais s'accorder les poèmes aux sons carmina neruis. de la lyre. Certa quidem nostra est, nostra Certes, ma flèche est sûre ; il en est tamen una sagitta une pourtant plus sûre encore, 53 1, 520 certior, in uacuo quae uulnera celle qui a blessé mon coeur resté pectore fecit ! indemme jusqu'ici. Inuentum medicina meum est, Je suis l'inventeur de la médecine et, opiferque per orbem dans le monde entier, dicor, et herbarum subiecta je suis réputé secourable ; je possède potentia nobis. la maîtrise des plantes. Ei mihi, quod nullis amor est Hélas pour moi, puisqu'aucune herbe sanabilis herbis ne guérit l'amour, nec prosunt domino, quae prosunt mon art, utile à tous, est inutile à son omnibus, artes ! » 1, 525 Plura locuturum timido Peneia maître. » Il allait parler encore mais, dans une cursu course éperdue fugit cumque ipso uerba la fille de Pénée a fui et l'a planté là, inperfecta reliquit, lui et ses paroles inachevées. tum quoque uisa decens ; À ce moment aussi, elle lui parut nudabant corpora uenti, belle ; les vents la dénudaient obuiaque aduersas uibrabant et, soufflant de face, agitaient les flamina uestes, vêtements qui leur résistaient, et leuis inpulsos retro dabat aura tandis qu'une brise légère gonflait ses capillos, cheveux rejetés en arrière. 54 1, 530 auctaque forma fuga est. sed enim La fuite accentuait encore sa beauté. non sustinet ultra Mais le jeune dieu, en fait, perdere blanditias iuuenis deus, ne supporte pas de se perdre plus utque monebat longtemps en propos caressants ; ipse Amor, admisso sequitur inspiré par son amour même, d'un pas uestigia passu. vif, il suit la nymphe à la trace. Vt canis in uacuo leporem cum Ainsi, quand un chien gaulois a vu un Gallicus aruo lièvre dans un champ dégagé, uidit, et hic praedam pedibus les deux courent, l'un pour saisir sa petit, ille salutem ; proie, l'autre pour assurer son salut ; 1, 535 alter inhaesuro similis iam le premier, sur le point de toucher le iamque tenere lièvre, croit déjà le tenir, sperat et extento stringit uestigia et, museau tendu , il serre de près ses rostro, traces ; alter in ambiguo est, an sit le lièvre, ne sachant s'il va être pris, conprensus, et ipsis s'arrache aux crocs 55 morsibus eripitur tangentiaque et échappe à la gueule qui le frôle. ora relinquit : Ainsi le dieu et la vierge, sic deus et uirgo est hic spe celer, poussés, l'un par l'espoir, l'autre par la illa timore. 1, 540 Qui tamen insequitur pennis crainte, accélèrent l'allure. Lui cependant, porté par les ailes de adiutus Amoris, l'amour, continue sa poursuite ; ocior est requiemque negat plus rapide, il renonce au repos, tergoque fugacis talonne le dos de la fugitive, inminet et crinem sparsum et de son haleine effleure les cheveux ceruicibus adflat. épars sur sa nuque. Viribus absumptis expalluit illa Elle est à bout de forces, livide et, citaeque dans sa fuite éperdue, uicta labore fugae spectans vaincue par l'effort, elle dit en Peneidas undas : regardant les eaux du Pénée : 1, 545 « Fer, pater, inquit, opem ! Si « Ô père, aide-moi, si vous les flumina numen habetis, fleuves, avez un pouvoir divin ; [...] [...] qua nimium placui, mutando en me transformant, détruis la beauté 1, 546 1, 547 56 perde figuram ! ». qui m'a faite trop séduisante. » Vix prece finita torpor grauis La prière à peine finie, une lourde occupat artus, torpeur saisit ses membres, mollia cinguntur tenui praecordia sa poitrine délicate s'entoure d'une libro, 1, 550 in frondem crines, in ramos écorce ténue, ses cheveux poussent en feuillage, ses bracchia crescunt, bras en branches, pes modo tam uelox pigris des racines immobiles collent au sol radicibus haeret, son pied, naguère si agile, ora cacumen habet : remanet une cime d'arbre lui sert de tête ; ne nitor unus in illa. subsiste que son seul éclat. Hanc quoque Phoebus amat Phébus l'aime toujours et, lorsqu'il positaque in stipite dextra pose la main sur son tronc, sentit adhuc trepidare nouo sub il sent encore battre un coeur sous une cortice pectus nouvelle écorce ; 57 1, 555 conplexusque suis ramos ut serrant dans ses bras les branches, membra lacertis comme des membres, oscula dat ligno ; refugit tamen il couvre le bois de baisers ; mais le oscula lignum. bois refuse les baisers. Cui deus : « At, quoniam coniunx Le dieu lui dit : « Eh bien, puisque tu mea non potes esse, ne peux être mon épouse, arbor eris certe » dixit « mea ! au moins tu seras mon arbre ; Semper habebunt toujours, tu serviras d'ornement, te coma, te citharae, te nostrae, ô laurier, à mes cheveux, à mes laure, pharetrae ; cithares, à mes carquois. 1, 560 tu ducibus Latiis aderis, cum laetaTu accompagneras les généraux du Triumphum Latium, quand une voix joyeuse uox canet et uisent longas chantera leur triomphe, quand le Capitolia pompas ; Capitole verra leurs longs cortèges. postibus Augustis eadem fidissima Tu te dresseras aussi, gardien fidèle, à custos l'entrée du palais d'Auguste, ante fores stabis mediamque protégeant le portail orné en son tuebere quercum, milieu d'une couronne de chêne. utque meum intonsis caput est De même que ma tête reste jeune avec iuuenale capillis, sa chevelure intacte, 58 1, 565 tu quoque perpetuos semper gere toi aussi, laurier, porte comme un frondis honores ! » honneur un feuillage toujours vert. » Finierat Paean : factis modo Péan en avait terminé ; le laurier laurea ramis approuva de ses branches adnuit utque caput uisa est à peine formées et on le vit agiter sa agitasse cacumen. cime comme un signe de tête. Orphée et Eurydice 10, Inde per inmensum croceo uelatus S'éloignant de là, enveloppé d'un voile 1 amictu couleur de safran, aethera digreditur Ciconumque Hyménée traverse l'immense éther et Hymenaeus ad oras gagne les rives des Cicones, tendit et Orphea nequiquam uoce tandis que l'appelle, bien inutilement, la uocatur. voix d'Orphée. Adfuit ille quidem, sed nec Il y est venu, sans doute, mais sans y sollemnia uerba apporter 59 10, nec laetos uultus nec felix attulit formules solennelles, visage réjoui ou 5 omen. présage heureux. Fax quoque, quam tenuit, Et même la torche qu'il tenait ne cessa lacrimoso stridula fumo de grésiller et de fumer usque fuit nullosque inuenit à tirer des larmes : il l'agitait sans en motibus ignes. faire jaillir aucune flamme. Exitus auspicio grauior ; nam La suite du présage fut pire ; en effet, nupta per herbas tandis que dans l'herbe dum noua Naiadum turba se promène la jeune épousée avec son comitata uagatur, escorte de Naïades, 10, occidit in talum serpentis dente elle meurt, mordue au talon par la dent 10 recepto. d'un serpent. Quam satis ad superas postquam Le poète du Rhodope, après l'avoir Rhodopeius auras beaucoup pleurée ici-bas, defleuit uates, ne non temptaret et n'hésita même pas à aller explorer le umbras, monde des Ombres, ad Styga Taenaria est ausus et osa descendre vers le Styx par la descendere porta ; porte du Ténare. perque leues populos Traversant foules inconsistantes et simulacraque functa sepulcro fantômes honorés de sépulture, 60 10, Persephonen adiit inamoenaque il rejoint Perséphone et le maître du 15 regna tenentem lugubre royaume des Ombres. umbrarum dominum pulsisque ad Alors, accompagnant son chant des carmina neruis accords de sa lyre, il dit ainsi : sic ait : « O positi sub terra « Ô puissances divines du monde numina mundi, placé sous la terre, in quem reccidimus, quicquid où tous nous retombons, mortelles mortale creamur ; créatures que nous sommes ; si licet et falsi positis ambagibus si je puis négliger les détours d'un oris discours hypocrite, 10, uera loqui sinitis, non huc, ut si vous me permettez de parler vrai, je 20 opaca uiderem ne suis pas descendu ici Tartara, descendi, nec uti uillosa pour visiter l'obscur Tartare ni pour colubris enchaîner le monstre terna Medusaei uincirem guttura de la race de Méduse, avec sa triple monstri ; gorge hérissée de serpents ; causa uiae est coniunx, in quam la raison de ma venue, c'est ma 61 calcata uenenum femme : elle a mis le pied uipera diffudit crescentesque sur une vipère qui lui a insufflé son abstulit annos. venin, la privant de sa jeunesse. 10, Posse pati uolui nec me temptasse J'ai cru pouvoir supporter ce deuil, j'ai 25 negabo ; essayé, je ne le nierai pas, uicit Amor. Supera deus hic bene mais l'Amour l'a emporté. Il est un dieu notus in ora est ; bien connu, là haut, sur terre. an sit et hic, dubito ; sed et hic L'est-il aussi ici ? Je ne sais ; pourtant, tamen auguror esse ; je présume qu'il l'est ici aussi. famaque si ueteris non est mentita Si le récit d'un rapt ancien n'est pas une rapinae, fable mensongère, uos quoque iunxit Amor. Per ego vous aussi, l'Amour vous a unis. Par haec loca plena timoris, ces lieux d'épouvante, 10, per Chaos hoc ingens uastique par cet immense Chaos et ce vaste 30 silentia regni, royaume du silence, je vous en prie, Eurydices, oro, properata retexite tissez un nouveau destin à Eurydice, fata. qui connut une fin prématurée. Omnia debentur uobis paulumque Tout doit vous revenir, et même si nous morati nous attardons un peu, serius aut citius sedem plus tard ou plus tôt, nous nous hâtons 62 properamus ad unam. vers cet unique séjour. Tendimus huc omnes, haec est C'est ici que tous nous tendons, c'est ici domus ultima, uosque notre dernière demeure, 10, humani generis longissima regna et vous détenez bien la souveraineté la 35 tenetis. plus longue sur le genre humain. Haec quoque, cum iustos matura Elle aussi, lorsque elle aura vieilli et peregerit annos, vécu un juste nombre d'années, iuris erit uestri ; pro munere elle sera sous vos lois ; je ne réclame poscimus usum. pas un don, mais un usufruit. Quod si fata negant ueniam pro Si les destins refusent cette faveur à coniuge, certum est mon épouse, je ne veux pas, nolle redire mihi ; leto gaudete c'est certain, m'en retourner ; jouissez duorum. » de notre mort à tous deux. » 10, Talia dicentem neruosque ad Tandis qu'il parlait, s'accompagnant des 40 uerba mouentem accords de sa lyre, exsangues flebant animae ; nec il arrachait des larmes aux âmes Tantalus undam exsangues ; Tantale cessa captauit refugam stupuitque de saisir l'onde toujours fuyante et la Ixionis orbis, roue d'Ixion s'immobilisa, 63 nec carpsere iecur uolucres les vautours ne rongèrent plus leur foie, urnisque uacarunt les Bélides laissèrent Belides inque tuo sedisti, Sisyphe, leurs urnes, et toi, Sisyphe, tu t'assis sur saxo. ton rocher. 10, Tunc primum lacrimis uictarum Ce fut la première fois, dit la tradition, 45 carmine fama est que se mouillèrent de larmes Eumenidum maduisse genas, nec les joues des Euménides, vaincues par regia coniunx son chant ; l'épouse du roi, sustinet oranti nec, qui regit ima, ni non plus le roi des Enfers, n'ont le negare, coeur de repousser sa prière. Eurydicenque uocant ; umbras Ils appellent Eurydice. Elle se trouvait erat illa recentes parmi les Ombres arrivées inter et incessit passu de uulnere récemment, et elle s'avança d'un pas tardo. ralenti par sa blessure. 10, Hanc simul et legem Rhodopeius Le héros du Rhodope obtient de la 50 accipit heros, reprendre, à une condition : ne flectat retro sua lumina, donec celle de ne pas tourner ses regards en Auernas arrière, avant d'être sorti exierit ualles ; aut inrita dona des vallées de l'Averne ; sinon, la futura. faveur sera annulée. 64 Carpitur accliuis per muta silentia Dans un silence total, ils s'engagent sur trames, un sentier en pente, arduus, obscurus, caligine densus abrupt, obscur, plongé dans un opaca. brouillard dense et opaque. 10, Nec procul afuerant telluris Ils étaient tout près d'aborder la surface 55 margine summae ; de la terre. hic, ne deficeret, metuens Orphée eut peur qu'Eurydice ne auidusque uidendi l'abandonnât et, avide de la voir, flexit amans oculos et protinus illa amoureux, il tourna les yeux. Aussitôt relapsa est ; elle tomba en arrière, bracchiaque intendens prendique tendant les bras, luttant pour être saisie et prendere certans, et pour le saisir, nil nisi cedentes infelix arripit mais la malheureuse n'attrape que l'air auras. qui se dérobe. 10, Iamque iterum moriens non est de Et, mourant à nouveau, elle ne reprocha 60 coniuge quicquam rien à son époux questa suo (quid enim nisi se – de quoi d'ailleurs se serait-elle quereretur amatam ?) plainte, sinon d'avoir été aimée ? supremumque « uale », quod iam Elle lui fit un suprême « adieu », qu'il uix auribus ille n'entendrait plus qu'à peine, 65 acciperet, dixit, reuolutaque puis elle retourna sur ses pas à l'endroit rursus eodem est. d'où elle venait. La traduction des métamorphoses de Daphné et Orphé par Georges Lafaye Daphné 66 67 68 69 Orphée et Eurydice 70 71 La traduction et l’adaptation dans l’album de Sara 72 73 74 Annexe 3 Les Métamorphoses dans la littérature de jeunesse Daphné, la fille du Fleuve (extrait de Les Métamorphoses d’Ovide de Sara) 75 Thésée, Comment naissent les légendes, Yvan Pommaux Orphée et la morsure du serpent, Yvan Pommaux 76 Œdipe, l’enfant trouvé, Yvan Pommaux 77 L’extraordinaire aventure d’Alcibiade Didascaux : La Grèce, langue et civilisation d’alpha à oméga, scénario : Clanet/Clapat, illustrations : Clapat, Athéna éditions 78 Annexe 4 La mise en œuvre Cycle 1 : • Les séances en EPS C ESPACE CHENILLE : O ESPACE PAPILLON : C Les enfants rampent O Les enfants « volent » N S Les cercles avec le mot « cocon » représentent des cerceaux : les élève deviaent y entrer et se mette en boule tel un cocon. 79 Les élèves représentaient Daphné par trois et un élève représentait Phébus qui poursuivait la belle nymphe. Le rythme de course était donné par un tambourin : plus le rythme ralentissait plus les élèves devaient ralentir jusqu’à la métamorphose complète en arbre. Les cercles représentent des cerceaux, c’était un repère pour les élèves : ils devaient s’y arrêter lorsque le tambourin s’arrêtait. • Les séances en arts visuels (photos) : la petite bulle rouge, bleue, jaune, … s’est métamorphosée La petite bulle rouge s’est métamorphosée en bonhomme puis en sous marin… Cycle 2 : • Quelques exemples de dessins d’élèves 80 81 82 83 84 85 • Les descriptions de Daphné des élèves Alexandre C : elle a des cheveux bouclés et son pull est rose son pantalon bleu et des yeux verts Julia : elle a les cheveux beiges la couleur du visage est rouge elle a les yeux beiges. Alexandre D : elle a des cheveux blonds les pieds beiges les bras beiges. Mélina : Daphnée a des cheveux blonds et des cheveux grands. Mila : elle a les cheveux noirs, les yeux marrons, les mains beiges. Tilia : elle a des yeux bleus. La peau blanche. Des cheveux noirs pas très longs un peu bouclés. En taille elle est moyenne. Elle est habillée en noir. Cheyenne : les cheveux sont noirs, les yeux sont marrons et elle est petite. Matis : elle a le cheveu noir et elle a les yeux noirs gros. Elle est petite, elle a la peau blanche. Elle a le manteau cuir. Zoé : elle a les cheveux blonds et elle a les yeux bleus. Lexane : Daphnée court. Elle a les cheveux blonds, les yeux bleus, la peau rose, robe jaune Manon : elle est grande elle a les cheveux blonds les yeux bleus Lucie : elle a les cheveux blonds. Elle est grande. Elle a les yeux bleus. Elle a une robe blanche. Solenne : elle a les cheveux blonds et le corps blanc elle a les yeux marrons et elle a une jupe. Mathis : elle a les cheveux blonds elle a les yeux bleus elle est petite elle a une jupe. 86 RESUME J’ai osé rêver que Les Métamorphoses d’Ovide étaient un texte possible à enseigner dès la Petite Section de maternelle et jusqu’au CM2 et qu’il y avait un intérêt à le faire. Cette œuvre souvent étudiée en collège n’est pas l’œuvre favorite des enseignants de l’école primaire : trop complexe, trop longue. Pourtant, j’ai essayé de tenir ce pari un peu fou. Fou pas tant que ça, j’ai mené un travail réfléchi afin d’essayer de prouver que c’était possible. Et effectivement c’est, selon moi, possible, on peut même en retirer un intérêt mais sous certaines conditions…