Figaro 17.11.2006 125 à 1000 €

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Figaro 17.11.2006 125 à 1000 €
Moteurs
37
vendredi 17 novembre 2006
La moto italienne sacrée à Milan
Les constructeurs italiens
de deux-roues, absents du Salon
de la moto de Cologne, début octobre,
se réservaient pour celui qui se tient
à Milan jusqu’au 19 novembre.
Avec une débauche de nouveautés,
ils ont transformé
la manifestation lombarde en théâtre
de leur renaissance.
De notre envoyé spécial à Milan
APRILIA, Cagiva, Ducati, Gilera, Moto Guzzi, MV,
Piaggio, Vespa... pour ne citer que les plus importantes, les marques italiennes ont fait du Salon de
Milan une véritable fête nationale, visitant ou revisitant tous les genres du deux-roues, à commencer
par l’indémodable et mythique scooter. Comme sur
ses premiers modèles, Vespa a reposé le phare de sa
« guêpe » (la traduction de son nom) sur le gardeboue avant de son modèle GTV. Livrée verte très années 1950, équipement s’inspirant de celui d’origine, Vespa joue la séquence nostalgie avec tout le
confort moderne. La S, autre modèle présenté à Milan, rejoue pour sa part les années 1970 avec son
look minimaliste.
Cette autocélébration ne doit pas faire oublier
que l’Italie, peut-être plus encore dans la moto que
dans la voiture, est la patrie de la belle mécanique.
Les constructeurs transalpins sont à l’origine, ou
ont exploité, une foule de perfectionnements et
d’astuces. Soupapes desmodromiques (plus d’affolement de la distribution dans les hauts régimes) et
bicylindres en « L » (Ducati), freinage intégral, cardan et bicylindres en « V » (Guzzi), ou encore quatre
cylindres dotés de très hautes performances (MV ),
les fabricants italiens ont au fil des décennies cultivé
leur originalité et leur spécificité. Ils ont ainsi tissé
des liens affectifs uniques avec leur clientèle. Cette
situation leur a permis de résister au tsunami japonais pendant plus de vingt ans. La renaissance du
scooter et une restructuration menée pas à pas leur
donnent maintenant les moyens de réinvestir le devant de la scène. La galaxie Piaggio avec ses six
marques (Aprilia, Derbi, Gilera, Moto Guzzi, Piaggio
et Vespa) annonce ainsi des ventes de deux-roues
motorisés en progression de 6,8 % en volume
(429 600 unités) pour les neuf premiers mois de
2006 par rapport à la même période de 2005.
Contre les Asiatiques, design et finition
La moto italienne peut aujourd’hui reprendre sa
mission première : celle d’innovatrice. Elle va d’abord
lui servir à défendre ses positions. Attaqué par des
puissances asiatiques, le vénitien Aprilia défend son
territoire avec une vaste gamme de scooters et en mi-
sant sur un design et une finition remarquables. Piaggio et sa marque sœur Gilera ont, eux, tout simplement inventé un nouveau concept de scooter avec
des machines possédant deux roues avant articulées
et disponibles en 125, 250 et 500 cm3.
Après la défense, l’attaque. Par l’innovation, on
défriche de nouveaux marchés et, plus subtilement,
on crée aussi de spectaculaires et prometteuses
convergences. Aprilia, encore, a lancé à Milan une
moto automatique de 850 cm3 tandis que Gilera met
sur les routes un scooter de 800 cm 3 . L’un s’enfourche, l’autre se chevauche. Dans les deux cas, le
conducteur n’a plus besoin de jouer du levier de vitesses. Mais en fonction de son origine (scooter ou
moto), il pourra choisir entre deux types de véhicules de même puissance et aux performances similaires. CQFD, comme on doit dire aussi de l’autre
côté des Alpes.
PHILIPPE DOUCET
APRILIA NA 850 MANA ET GILERA GP 800 : DEUX EXERCICES AUTOMATIQUES. Comme sur un scooter, le réservoir d’essence de la 850
Mana d’Aprilia est situé sous la selle et possède un coffre accueillant un casque intégral. Comme un scooter, son bicylindre en V à 90 degrés de
75 ch est couplé à une transmission automatique (type CVT) pouvant disposer à la demande de 7 rapports séquentiels. Aprilia relance avec la
Mana le marché de la moto automatique sur lequel Guzzi, avec sa 1000 Convert, et surtout Honda, avec ses 400 et 750 cm3, se sont hier cassé les
dents. Comme une moto, le scooter Gilera GP 800 est équipé d’une partie cycle élaborée et d’un puissant moteur (également de 75 ch) lui
permettant d’atteindre une vitesse... de moto : 188 km/h !
à trois roues est la version sportive du Piaggio MP3, récemment mis sur
le marché en 125, et bientôt disponible en 250 et 400 cm3. Son moteur
monocylindre de 40 ch, bien connu dans tout le groupe italien,
l’emmène à plus de 150 km/h. Son esthétique audacieuse pourrait
bien lui assurer, qui sait, un rôle dans le prochain Terminator.
MOTO GUZZI 940 CUSTOM : LA DAME EN NOIR.
DUCATI 1098 : UNE FERRARI SUR DEUX ROUES.
MV AGUSTA F 4 CC : 100 000 EUROS TOUS PLEINS FAITS.
Toujours fidèle à son bicylindre en V à 90 degrés placé
face à la route, Guzzi place son moteur fétiche dans le cadre
d’une machine aux lignes inspirées par les customs et les café racers
américains. Toute de noir vêtue, la 940 reprend le fil de la célèbre
California, mais moins massive et beaucoup mieux finie.
Son double échappement placé sur le flanc gauche
à la manière d’un scrambler participe à son allure dépouillée.
Conçu pour être puissant dès les bas régimes, son propulseur
devrait être à l’aise sur toutes les routes.
La Ducati 1098 partage un certain nombre de similitudes
avec les voitures produites par Ferrari. D’abord, sa robe est rouge.
Ensuite, et surtout, elle dispose d’une mécanique dont l’esprit
est en tout point comparable avec celui de la marque au cheval cabré.
Son bicylindre en L de 1 099 cm3 refroidi par eau, doté, selon
la technique Ducati, de soupapes desmodromiques (c’est-à-dire
rappelées mécaniquement par cames et non par ressorts), développe
pas moins de 160 ch en version libre. Avec un poids de seulement
171 kg, la 1098 est le fauve le plus gracile du bitume.
À ce prix-là, il faut s’attendre à tout. La FCC sera rare : cent
exemplaires, pas un de plus, seront produits. Elle est hyperpuissante
(198 ch) et hyperrapide (315 km/h). MV dit avoir été contraint
de limiter sa vitesse en raison de pneus un peu faiblards. Quoi d’autre
encore ? La moto est livrée avec un blouson de cuir Trussardi
et une montre Girard-Perregaux. Une plaque en platine est fixée
sur le haut de sa colonne de direction avec le numéro de l’exemplaire.
Pourquoi « CC » ? Ce sont les initiales de Claudio Castiglioni, le patron
de MV Agusta. En toute simplicité.
CONCURRENCE. Venus en force
au salon de Milan, les industriels
chinois du deux-roues sont chichement vêtus, mangent des bols
de riz sur leur stand et sont toujours disponibles. De Canton ou de
Shanghaï, ils cherchent des agents
européens. On parle vite prix. Les
125 chinoises basiques, toutes dérivées de la Honda CB 125 S lancée
en 1971, se négocient à partir de
400 dollars (313 euros) FOB (Free
On Board, franco à bord du navire) ; les modèles les plus luxueux
à 460 dollars (360 euros).
La quantité raisonnable de départ est un container (81 ou
84 pièces), mais le cantonais
Dihao serait prêt à descendre à
72 pièces. Le quad Hanlong de
110 cm 3, très bien fini et doté de
porte-bagages avant et arrière,
vaut la somme colossale de
320 dollars (250 euros). Les
Chinois attaquent donc sur les
prix. Leurs concurrents sont... les
« autres chinois », ceux de Taïwan.
« Ils vendent bien trop cher », diton d’une même voix chez Linhaï,
Tayo, et autres Haojin. Et les japonais, surtout Honda, qui ose proposer en France sa basique 125 CG
pour 2 700 euros ! « Nous, on la fabriquerait pour maximum 300 dollars (235 euros) », affirme Dihao.
Les petites motos chinoises
ont déjà été importées sur le marché français par des chaînes d’hypermarchés, et cédées aux alentours de 2 000 euros. Le service
après-vente n’a pas suivi. Un
deux-roues n’est pas un lave-linge. Mais les prix chinois laissent
de la marge à des professionnels.
Une 125 à 1 000 euros, c’est raiPH. D.
sonnablement possible.
160 € tous les costumes
Mario Dessuti,
prix unique
On aurait pu vous les vendre
beaucoup plus cher
mais d’autres marques
le font déjà !
26, rue de Berri PA
PARIS 08
55, rue de Vaugirard PARIS 06
11, rue de Rome PARIS 08
5, rue Edouard VII PARIS 09
Centre commercial Italie II, PARIS 13
80, rue d’Alésia PARIS 14
Centre commercial CNIT LA DÉFENSE
44, rue Alsace Lorraine TOULOUSE
26. place du Lion d’Or LILLE
Photo : Aglaé Bory
Une 125 à 1 000 euros ?
FUOCO 500 IE : UNE GUEULE DE CINÉMA. Le scooter Gilera Fuoco
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