L`Hôtel-Dieu - CH Carpentras

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L`Hôtel-Dieu - CH Carpentras
Un peu d’histoire...
De la notion d’hospice à la notion d’hôpital
Photo service Tourisme et Culture / CoVe
Carpentras fut une possession toulousaine (jusqu’au traité de Paris en 1229) puis pontificale
(de 1274, année où le Pape prend possession du Comtat, jusqu’en 1791).
Dès le Moyen Age elle se dota de plusieurs hôpitaux, une maladrerie... on trouve leur
souvenir dans la toponymie : rue du Vieil Hôpital (centre ville), la Malaoutière (au bord
de l’Auzon).
Charité et répression aux Temps Modernes (XVIème-XVIIème siècles)
A mentalités nouvelles, politiques et fondations nouvelles.
1669 : l’hospice de Charité ou maison de l’aumône de
Saint-Jean-de-Dieu est fondé pour “l’enfermement des
pauvres” des deux sexes. Il y aura de quatre-vingts à deux
cents pensionnaires.
A la fin XVIIème siècle les structures de secours se
développent : le chanoine Paul d’Andrée de Rainoard
fonde le couvent des Visitandines des Saintes-Maries,
soeurs soignantes et la maison Notre-Dame-de-la-Garde
pour accueillir “les jeunes filles en danger” (rue du
Refuge).
Médecine et hygiène en progrès aux XVIIème et XVIIIème siècles
Les grandes découvertes et les progrès scientifiques tels que la découverte de la
circulation sanguine influent sur la médecine et l’hygiène.
La politique des rois de France développe les établissements hospitaliers et cherche à les
spécialiser strictement dans les soins médicaux, mouvement que l’on retrouve également
dans le Comtat.
Provence et Comtat Venaissin
Ces deux provinces sont liées dans le malheur ; la peste a encore sévi en 1720.
Le Comtat ne désire pas être en reste dans les efforts généraux vers un mieux être :
- efforts de voirie : rues “caladées” plantées de cailloux roulés, dépôt de fumier interdit,
- reconstruction de l’aqueduc de Clément V (captage des sources de Caromb) par Antoine
d’Allemand (1679-1760) et Jean de Clapiès (1670-1740), tous deux “ingénieurs du Roy”,
afin de mieux alimenter en eaux de source les fontaines de la ville.
Un évêque passionné
Dom Malachie d’Inguimbert (1683-1757) devient évêque
de Carpentras, sa ville natale, en 1735.
Ancien dominicain, il a opté néanmoins pour la règle
trappiste, plus rigoureuse. Il a vécu longtemps en Italie, où
il a occupé des postes importants. A Rome, il est devenu le
confesseur du pape Clément XII. Il consacre une grosse part
de ses revenus à sa ville.
Il fonde l’une des premières bibliothèques publiques de
France et l’Hôtel-Dieu dont la première pierre est posée le
18 septembre 1750. Il confie l’exécution des travaux à
Portrait de Monseigneur d’Inguimbert,
l’architecte Antoine d’Allemand (auteur entre autres de Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras
l’aqueduc et de la synagogue) qui achève le bâtiment en
seulement 11 ans.
Son programme : «soigner les pauvres avec le progrès de la science et la beauté de l’art».
Des soeurs dévouées et compétentes
Les soeurs pharmaciennes sont des soeurs de la Miséricorde. Leur savoir semble être
transmis oralement. Les soeurs infirmières, Augustiniennes, viennent d’un couvent de
Caromb et s’installent en 1761 à Carpentras.
Description du monument
Photo service Tourisme et Culture / CoVe
L’esplanade de l’Hôtel-Dieu
Au carrefour des routes d’Avignon, Pernes, Saint-Didier et Mazan, l’Hôtel-Dieu se situe
au sud-est de la ville, sur un terrain de Monseigneur d’Inguimbert à la vue de tous, là où
les vents dominants peuvent chasser les miasmes vers la campagne. La statue de
Monseigneur d’Inguimbert y a été érigée au XIXème siècle.
Une longue façade sobre, à l’ouest, domine la ville, surmontée des pots à feu.
Plusieurs corps de bâtiments enserrent les cours et les jardins :
- au nord (c’est-à-dire à gauche du porche en entrant), l’apothicairerie, la chapelle,
le couvent sont le domaine des soeurs soignantes et pharmaciennes
- au sud (c’est-à-dire à droite du porche en entrant) sont disposées les salles des malades
dont les fenêtres ouvrent sur un grand jardin.
La façade
Corps central en pierre de taille de Saint-Didier avec de larges fenêtres
cintrées, des frontons curvilignes, des mascarons des quatre saisons
(printemps sur la photographie); agrafes en fort relief au premier
étage; balustrade et six pots à feu (3,5 m); fronton triangulaire en
forte saillie et cartouche avec l’inscription : Hôtel-Dieu.
L’entrée et le porche
Le portail monumental en plein cintre est surmonté de la dédicace à Monseigneur
d’Inguimbert. Les colonnes alternent ordres ionique et corinthien. Le porche est voûté
d’arêtes doubles avec en son centre une large rosace de pierres à la polychromie raffinée.
La cour d’honneur
A gauche, on accède à l’apothicairerie et à droite aux dortoirs des malades.
A noter : les fausses fenêtres pour la symétrie, de beaux garde-corps en fer forgé aux
balcons et deux fontaines du XIXème siècle.
La grande galerie
Le grand escalier d’honneur (1759) est une
prouesse architecturale : il est à deux volées
suspendues, orné de rampes en ferronnerie
et d’une statue de la Vierge attribuée au
sculpteur Pierre Bernard.
Les vitraux du XIXème siècle sont des allégories de la charité et du savoir et font allusion
à l’oeuvre de Monseigneur d’Inguimbert.
La grande galerie, voûtée d’arcs en anse de panier, s’orne de 281 donatifs (datant de 1731
à 1948) : tableaux peints pour commémorer les dons faits à l’hôpital par des particuliers.
La chapelle de sensibilité baroque
Les matériaux les plus riches ont été utilisés pour ce lieu sacré : décors de marbres
rouges et frise ornementée «à la romaine». Observez l’architecture soignée : voûtes
d’arêtes doubles dans la nef, coupole sur pendentifs dans le choeur, cul de four nervé dans
l’abside, et une tribune pour que les malades contagieux assistent à la messe séparés des
autres patients. Quant aux sœurs soignantes elles suivaient l’office dans la pièce contiguë
derrière le claustra.
L’autel baroque en marbres polychromes d’Italie est surmonté d’un baldaquin
à colonnettes torses. Remarquez les tombeaux de monseigneur d’Inguimbert et d’Isidore
Moricelly (industriel du XIXème siècle, mécène de Carpentras, mort en 1894).
Pour avoir une idée plus complète de l’Hôtel-Dieu, on peut en faire le tour et admirer
la vigueur des bâtiments qui s’élèvent au-dessus de la plaine.
L’apothicairerie de l’Hôtel-Dieu de Carpentras a été construite en même temps que
l’ensemble du bâtiment (1750-1763). Elle occupe toute l’aile nord.
Un inventaire détaillé du matériel est dressé par les recteurs de l’hôpital en août 1763, preuve
que, dès cette date, tout fonctionne. La pharmacopée est
bien caractéristique du siècle des Lumières.
Une formule latine inscrite au-dessus de l’armoire vitrée
qui accueille le visiteur le prouve bien :
“herbis non verbis fiunt medicamina vitae”
(Ce sont les plantes et non les discours qui soignent)
Nous voici prévenus. Ici, prévaut le souci médical, les gens vont être soignés et pas
seulement accueillis.
Le classement des médicaments, rangés dans les tiroirs, ne correspond pas aux
classements d’aujourd’hui :
- on trouve les produits traditionnels comme l’opium, narcotique expérimenté depuis les
Egyptiens (VIIIème siècle av. J.-C.) ainsi que ses succédanés : le pavot, la pivoine ou
le coquelicot.
- on trouve aussi des produits mystérieux venus du fond des âges et pour lesquels la
pharmacie savante rejoint les remèdes dits “de bonne femme” : sang de dragon,
trochisques de vipère (pâte médicamenteuse en forme de
cône), yeux d’écrevisse (dans les verres de l’armoire), et
même une momie (sur un tiroir).
- on trouve de nouvelles compositions : depuis les grandes
découvertes du XVIème siècle et les progrès scientifiques du
XVIIème siècle, la masse des produits utilisés a augmenté et les
méthodes d’élaboration des médicaments se sont multipliées.
De toutes nouvelles drogues (à chercher sur les tiroirs) sont
venues des Amériques : le quinquina du Pérou
(écorce fébrifuge), l’ipecacuhana du Brésil (racine
purgative), le gaïac d’Amérique (bois sudorifique).
Photo Office de Tourisme/Carpentras
Photo Office de Tourisme/Carpentras
La pharmacie de l’Hôtel-Dieu de Carpentras,
une pharmacopée du XVIIIème siècle
Photo service Tourisme et Culture / CoVe
Ces drogues voisinent avec des plantes locales d’autrefois
(l’alkékenge, l’absinthe, le fenouil), et avec les produits orientaux
connus depuis le Moyen Age : l’encens (diurétique et expectorant),
la myrrhe (apéritive et astringente), le galbanum (emménagogue),
la rhubarbe, la réglisse ...
Le nombre important des tiroirs et des pots prouve une volonté
de composer le remède strictement adéquat à la maladie et aux finances
du malade. Les plantes les plus communes n’étaient pas vendues car
tout le monde en avait chez soi : thym, lavande, romarin...
La boutique fait partie d’un ensemble de salles destinées à la confection
des remèdes : les gens de la ville venaient ici pour en acheter.
Les décors de lambris peints en camaïeux de bleus et de bruns et
faux marbres ont longtemps été attribués à Joseph Siffred Duplessis
(1725-1802), peintre carpentrassien, portraitiste du Roi Louis XVI.
Ils seraient plutôt l’œuvre de son père Joseph-Guillaume.
Au dessus des portes, du miroir et de la vitrine figurent les allégories des quatre saisons.
Photo service Tourisme et Culture / CoVe
Pas à pas dans la boutique ...
Les placards
Ils sont ornés de paysages arborés (rivières, cascades, architectures, promeneurs,
pêcheurs...) d’atmosphère rousseauiste.
Sur les portes des quatre placards sont représentés en ocre-brun des singes apothicaires
et infirmiers dans des scènes d’avulsion dentaire, de clystère (lavement), de saignée et
d’officine. Ce décor peint par Alexis Peyrotte reflète le goût de l’époque pour l’exotisme.
Les tiroirs
Dans les 178 tiroirs on peut trouver 80% de matières premières d’origine végétale.
Pour le reste : des minéraux (soufre, alun...) et quelques
produits animaux (cornes de cerf, ivoire, corail).
La classification générale est peu évidente.
Les remèdes sont regroupés selon les types de maux
(estomac, poumons, peau…).
Photo Office de Tourisme/Carpentras
Les meubles d’origine sont le comptoir en noyer et les archibancs.
La verrerie
Notez la série de quarante fioles à fond plat sur les étagères
supérieures pour l’eau distillée. Le “cabinet de chimie”
(armoire vitrée) renferme 35 verres environ avec pieds
émaillés et couvercles en papier huilé pour les produits les
plus rares et les plus dangereux.
Les pots : leurs formes varient selon leur usage.
Photo service Tourisme et Culture / CoVe
L’emplâtrier
Trente casiers contenant du matériel pour réaliser cataplasmes
et autres compresses...
Photo service Tourisme et Culture / CoVe
Remarquez l’écriture en caractères gothiques, l’orthographe
libre, l’usage de termes peu utilisés aujourd’hui comme
«karabé» pour l’ambre, «balauste» pour grenade ou encore
«grabeaux» pour brisures.
Les pots polychromes
Souvent très anciens, ils proviennent des hôpitaux médiévaux de la ville que l’Hôtel-Dieu
a remplacés.
Pots de Barcelone (deux pots cintrés) : vases à épices décorés en émail bleu profond avec
des palmes stylisées du XVIème siècle.
Les petites urnes en terre dorée sont du XVIème siècle.
Série de six pots au décor de grandes feuilles de vigne et de vrilles colorées bleu/orange
de la fin du XVIème siècle.
Série de six Albarelli : ateliers Syjalon (Nîmes) de la fin du XVIème siècle.
Ils sont décorés de couleurs bleu intense, vert d’eau, jaune, d’inscriptions en caractères
gothiques et de rameaux, mascarons ou dauphin jaillissant.
Trois grandes urnes de Marseille, avec
piédouches et couvercles, ornées de têtes de
bélier, mascarons et mufles de lions, volutes et
guirlandes en camaïeu de bleus et manganèse du
XVIIIème siècle.
Photo Office de Tourisme / Carpentras
Grandes séries en camaïeux de bleus
Chevrettes de Moustiers du XVIIIème siècle (remarquez les chevrettes dont l’anse est une
sylphide) et pots canons de Montpellier, début XVIIIème siècle.
Décor de volutes entourant une tête et de fruits
charnus. Camaïeu de bleus et manganèse.
Visites découvertes, commentées par un guide conférencier, programmées d’avril à octobre.
Renseignements à l’Office de Tourisme
HOTEL DIEU
Place Aristide Briand
84200 CARPENTRAS
Tel : 04 90 63 00 78 - Fax : 04 90 60 41 02
E-mail : [email protected]
Horaires d’ouverture de l’Office de Tourisme
Du 15 septembre au 15 juin
Lundi au samedi
de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h
Du 15 juin au 15 septembre
Lundi au samedi
de 9h à 13h et de 14h à 19h
Jours fériés (à partir de Pâques)
de 9h30 à 13h
Dimanches et jours fériés
de 9h30 à 13h
Comment venir
l H tel Dieu...?
Dépliant mis en page par le service Communication / Evénementiel de la Ville de Carpentras.
Rédigé par le service Tourisme et Culture de la CoVe (Communauté d’Agglomération Ventoux – Comtat Venaissin).
Portrait Mgr d’Inguimbert extrait du livre de Robert Caillet, Monseigneur d’Inguimbert, Audin, 1952).
Photo couverture : service Tourisme et Culture de la CoVe.

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