DL_5_1_SH7sDBL_CP EPREUVE_PDF - Phelma
Transcription
DL_5_1_SH7sDBL_CP EPREUVE_PDF - Phelma
HIER AUJOURD’HUI DEMAIN De la houille blanche à la microélectronique L’ENSERG, MINATEC et PHELMA... Nanotechnologies : les nouveaux défis p. 2 & 3 p. 4 & 5 p. 6 & 7 SUPPLEMENT GRATUIT AU NUMERO XXXXX DU JEUDI 8 NOVEMBRE 2007 50 ans, ça se fête ! 1957 : À l’heure du tube électronique et de l’enfance du transistor, l’Ecole d’Ingénieurs Electroniciens accueillait sa première promotion d’élèves ingénieurs. Rebaptisée quelques années plus tard ENSERG (Ecole Nationale Supérieure d’Electronique et de Radioélectricité de Grenoble), elle s’installait rue des Martyrs sur le polygone scientifique et devenait un acteur majeur du formidable développement de la micro électronique grenobloise. 50 ans plus tard, l’avènement des nanotechnologies lui donne un nouvel élan : avec la création de Phelma, école issue du mariage de la physique, de l’électronique et des matériaux qui s’est donné une mission : « Inventer aujourd’hui les technologies de demain ». 2 8 novembre 2007 Le fabuleux destin de l’ENSERG HISTORIQUE De la houille blanche La Houille Blanche, moteur de la révolution industrielle grenobloise Jean Benoît 1942 Le Professeur Jean BENOIT crée la Section Spéciale « Hautes Fréquences » qui assure secrètement la continuité des enseignements de cette spécialité hautement stratégique. 1946 Il met en place une Section Spéciale en Radioélectricité au sein de l’Institut Polytechnique de Grenoble. La propagation des ondes hertziennes et le traitement des signaux qu’elles transportent nécessitent la conception et la réalisation d’appareillages électroniques plus ou moins complexes. Grenoble ne peut pas laisser cette discipline en dehors de ses compétences. 12 août 1957 L’Ecole d’Ingénieurs Electroniciens de Grenoble (EIEG) est créée. Le temps presse, la rentrée 1957 est proche. Des locaux sont rapidement aménagés au 3ème étage d’une ancienne peausserie, victime du déclin de cette activité dans le bassin grenoblois, rue de Paris. Les cours peuvent commencer, l’EIEG fonctionne ! Des travaux pratiques sont montés. Des cours de spécialités sont assurés par des représentants du monde industriel et de la recherche. Une bonne partie de la 3e année est consacrée à la réalisation d’un projet de fin d’études encadré par un industriel. Cette disposition qui paraît banale de nos jours, constitue, en 1957, une réelle innovation. A la fin du 19e siècle que la ville a vu se développer des activités importantes dans le domaine de l’électricité lié es à la pro duction d’énergie. La manifestation la plus significative fut la réalisation, par Aristide BERGES en 1878, d’un générateur d’électricité à l’aide d’une chute d’eau afin de fournir aux papeteries de la vallée du Grésivaudan l’énergie nécessaire à leur fonctionnement. Cette expérience marqua le début d’une gigantesque aventure qui vit, au cours de la première moitié du 20e siècle, le bassin grenoblois s’investir massivement dans les processus hydrauliques de la production d’énergie électrique. Entre les deux guerres mondiales, trois industriels grenoblois participent à l’ e ss o r d e l a H o u i l le Blanche et de Grenoble : BOUCHAYER et VIALLET : installation de conduites forcées. NEYRET, BEYLIER et PICARD (NEYRPIC) : fabrication de turbines pour transformer l’énergie hydraulique en électricité. MERLIN et GERIN : matériel pour la production et la distribution d’électricité. Une formation qui répond aux besoins industriels L’Université n’était pas en reste. Dès 1896, une loi regroupe toutes les facultés et écoles supérieures d’une même ville au sein d’une Université. En 1899 est créé le Brevet d’Etudes d’Electricité Industrielle suivi, en 1900, de la création de l’Institut d’Electrote chn iq ue ( le f ame ux « Insti ») qui à partir de 1903 délivre le Diplôme d’Ingénieur Electricien. De 1908 à 1914 de nouveaux enseignements sont créés : Hydraulique, Electrochimie et Métallurgie conduisant, entre les deux guerres mondiales, aux créations successives de l’Institut d’Electrochimie et l’Ecole d’Ingénieurs Hydrauliciens. En pleine guerre (1942) le Professeur Jean BENOIT crée la Section Spéciale « Hautes Fréquences » qui assure secrètement la continuité des enseignements et développe des applications militaires. Après guerre, on voit trois grands précurseurs de la collaboration université industrie travailler ensemble pour le plus grand bien de la notoriété du bassin grenoblois. Il s’agit des fameux « trois Louis » : Louis NEEL : Directeur du C e n t r e d ’ E t u d e s N ucléaires et de l’Institut Polytechnique de Grenoble Paul Louis MERLIN : Directeur de la Société MERLIN GERIN Louis WEIL : Doyen de l’Université de Grenoble. 1948, le Professeur Louis NEEL, chassé de Strasbourg par la seconde guerre mondiale, trouve l’université de Grenoble suffisamment attractive Aristide Bergès et le berceau de la houille blanche, Lancey et le massif de Belledonne, fin XIXe siècle (collection Musée de la Houille Blanche, Lancey-38) pour s’y installer. Grâce à une collaboration étroite entre les mondes universitaire et industriel et bénéficiant de la disponibilité d’anciens terrains militaires, dés 1956, le Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble (CENG) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) sont construits et dotés de moyens sur le polygone d’artillerie rebap- tisé polygone scientifique. La maîtrise de l’énergie nucléaire requiert une expertise dans le domaine de l’électronique et de la physique. Le Labora toire d’Electronique et des Techniques de l’Informatique (LETI) est créé. Août 1960 Des crédits sont obtenus et un terrain cédé sur le polygone (devenu depuis scientifique), chemin des Martyrs. Ce n’est pas encore une avenue et le chemin se termine dans les broussailles ! Le Général De Gaulle inaugure les nouveaux locaux. Station du Riondet vue intérieure, 1924 (collection Musée de la Houille Blanche, Lancey-38) 1960 : le bâtiment de l’ENSERG en construction 8 novembre 2007 Le fabuleux destin de l’ENSERG 3 HISTORIQUE à la microelectronique Au début était le tube Comme discipline autonome, l’électronique voit le jour en 1907, au moment de l’invention de la triode à vide par LEE de FOREST, inspiré luimême par la diode à vide que FLEMING avait découverte en 1904. Ces fondations posées, toute une famille de nouveaux composants va faire son apparition comme les tétrodes et les pentodes. D’ailleurs un proche parent, le tube cathodique, communément appelé écran de télévision est resté, jusqu’à la fin du 20ème siècle, le moyen le plus utilisé pour visualiser une image électronique. Maurice Buyle Bodin 1968 L’Ecole d’Ingénieurs Electroniciens de Grenoble (EIEG) intègre la Section Spéciale en Radioélectricité et devient l’Ecole Nationale Supérieure d’Electronique et de Radioélectricité de Grenoble (ENSERG) L’ENSERG dans les années 60 La révolution du transistor En 1948, une invention bouleverse le monde encore jeune de l’électronique. Le 24 décembre 1947, William SHOCKLEY, Walter BRATTAIN et John BARDEEN mettent au point le premier transistor dans les laboratoire s de BELL TELEPHONE. Ils ne se rendent pas compte de l’importance de leur découverte qui leur vaudra cependant le prix NOBEL de physique en 1956. En effet, il faut une bonne dizaine d’années de tâtonnements avant que ce transistor dit « bipolaire » atteigne un niveau techniquement acceptable. Les premiers utilisent, dès 1950, un matériau dit « semiconducteur », le germanium qui est bientôt supplanté par un autre plus performant : le silicium. Les progrès de la technologie et de la physique des semiconducteurs aboutissent rapidement à deux orientations nouvelles : La mise au point du transistor à effet de champ dont le principe avait été établi dès les années 1930 mais qui n’avait jamais été réalisé faute de moyens technologiques appropriés. La miniaturisation qui commence par le développement des circuits imprimés puis des circuits intégrés. La course à la miniaturisation est engagée On ne parle plus de transistors mais de « microélectronique » et de « puces » comprenant de plus en plus de transistors dans un espace de l’ordre du mm2 . Gordon MOORE, co-fondateur de la firme INTEL est le premier à risquer une prévision chiffrée de cette croissance : le nombre de transistors par De 1957 à 1975 Jean BE NOIT dirige l’EIEG, puis l’ENSERG avec l’autorité que chacun lui reconnaît. Après avoir procédé à la création de l’école, il en assure la pérennité au sein de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (INP Grenoble). De 1975 à 1983 Le bâtiment rue des Martyrs aujourd’hui puce devrait doubler tous les 18 mois. Cette prophétie reçoit un accueil dubitatif au début mais s’est régulièrement confirmée depuis à tel point que les industriels concernés ne jurent plus que par « la loi de MOORE », l’œil rivé sur le graphique la représentant. Explosion de la microélectronique Les années 70-80 sont très dures, la microélectronique occidentale est sinistrée (en 1985, sur les 10 premiers fabricants m ondiaux, on compte 7 japonais). Cependant, la résistance s’organise, au sein même du bassin grenoblois. Dès 1975, la société EFCIS, issue du LETI, est créée, son objectif est de revitaliser la microélectronique française en proposant des circuits spécifiques à la demande. Depuis lors, plus de 20 « start ups » essaiment à partir du LETI. L’impulsion initiale est donnée ; on connaît la suite : l’association avec THOMSON, puis avec SGS qui donne naissance à St MICROELECTRONICS, le choix de CROLLES pour l’un des principaux sites, l’extension de CROLLES2, l’implication de MOTOROLA et PHILIPS, etc... Pendant ce temps, l’université poursuit sa collaboration avec le monde industriel. Ses équipements, nécessaires à une formation en adéquation avec les exigences de l’évolution des techniques, de- mandent des efforts financiers au-delà des moyens de son Ministère de tutelle. Les entreprises concernées l’ont parfaitement compris en acceptant de participer. Le rapprochement des trois entités formation - recherche monde industriel est devenu un aspect incontournable de l’économie moderne. Dans le domaine de la microélectronique, les atouts du bassin grenoblois se sont révélés importants, voire déterminants ; encore faut-il savoir les faire valoir de façon opportune... Tubes éléctroniques Transistor de puissance La direction est assurée par Maurice BUYLE BODIN. Cette période est consacrée aux premières approches de ce qu’on appelle déjà la microélectronique. La plateforme pédagogique CIME (Centre Interuniversitaire de MicroElectronique) est inaugurée par le Premier Ministre Laurent FABIUS. Elle est conçue comme un outil au service des établissements qui souhaitent que leurs étudiants bénéficient d’un enseignement pratique de la microélectronique. Elle permet de concevoir, réaliser et tester des circuits intégrés. 4 8 novembre 2007 Le fabuleux destin de l’ENSERG 8 novembre 2007 Le fabuleux destin de l’ENSERG HISTORIQUE 5 HISTORIQUE L’ENSERG, Minatec et Phelma Michel Baribaud 1990 Max Verdone 1983 L’ENSERG innove encore en choisissant comme nouveau directeur Max VERDONE, jusque là directeur adjoint du LETI CEA. Dès sa prise de fonction, il s’attache à insuffler un esprit nouveau au sein de l’école. Il porte ses efforts dans deux directions : Donner aux laboratoires de recherche associés à l’ENSERG les moyens de leurs ambitions et la possibilité d’une reconnaissance du CNRS. Doter l’enseignement de plateformes pédagogiques modernes afin de rendre les diplômés de l’ENSERG directement opérationnels à leur sortie de l’école. Ceci implique évidemment une collaboration plus étroite avec le monde industriel. C’est donc avec l’aide de partenaires issus du monde de l’électronique qu’il parvient à mettre sur pied deux plateformes technologiques de haut niveau, conçues pour être utilisées à la fois pour l’enseignement et la recherche : Le Laboratoire d’Hyperfréquences et d’Optique Guidée (LHOG) Le Laboratoire d’Electronique des Systèmes et du Traitement de l’Information (LESTI). Si l’implantation de l’ENSERG sur MINATEC et son intégration au sein de la nouvelle école Phelma sont les événements majeurs du moment, il ne faut pas oublier que l’ouverture vers l’internationalisation des formations constitue un enjeu et une préoccupation importants pour une école d’ingénieurs aujourd’hui. L’ENSERG, sous la direction de Bernard Guérin, a ainsi suscité la mise en place de cursus internationaux communs avec l’Italie (Politecnico di Torino) et la Suisse (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) pour aboutir à la naissance de deux Masters internationaux : Nanotech et Communication System Engineering. Les enseignements sont dispensés en anglais et répartis dans les différents établissements partenaires. Entourée en rouge, l’ENSERG sur le site Minatec L’école est implantée sur le pôle d’innovation Minatec. L’ENSERG et l’ENSPG (école de l’INP Grenoble spécialisée en physique) étouffaient dans des locaux trop étroits. Le CEA Grenoble s’interrogeait sur sa vocation au moment de la baisse d’intérêt du programme nucléaire. Les industries de la microélectronique locales manifestaient le souhait de se rapprocher des dispositifs de formation et de recherche afin d’assurer un recrutement de haut niveau et de s’appuyer sur une recherche performante. Les conditions de la création d’un grand centre réunissant ces trois entités étaient totalement réunies. La concrétisation de ce projet eut lieu le 18 janvier 2002 avec la création du pôle MINATEC (micro et nanotechnologies) représentant un investissement de 152 millions d’euros afin de réaliser : l 8 hectares de terrains l 60 000 m2 de nouveaux bâtiments l 1 200 chercheurs l 1 000 élèves ingénieurs l 500 stagiaires de formation continue l 120 enseignants-chercheurs l 3 000 emplois induits (dont l 1 000 directs) Il convient de se féliciter de ce projet gigantesque qui suscite déjà l’admiration. Naissance de l’école Phelma Jamais l’avancée des technologies issues de la physique, des matériaux et de l’électronique n’a été aussi fulgurante qu’aujourd’hui. Des nouvelles générations de puces électroniques aux technologies de communication à haut débit, des microsources d’énergie aux centrales nucléaires, des laboratoires biologiques sur puces aux générations d’appareils multimédias les plus avancés, des nouveaux matériaux aux piles à combustible, les progrès modifient durablement notre mode de vie ainsi que l’organisation de l’économie au niveau mondial. Forte de ce constat, L’ENSERG fusionne avec deux autres école de l’INP Grenoble (l’ENSPG et l’ENSEEG, spécialisée dans les matériaux et les procédés) pour donner naissance à Phelma, école nationale supérieure de physique, électronique, matériaux et répondre à tous les défis de l’innovation technologique. à ses étudiants qui bénéficient de moyens de formations pratiques uniques en Europe tant en sciences fondamentales qu’en technologie. Un large éventail thématique Phelma délivre une formation sur trois ans adaptée aux évolutions des métiers dans des domaines aussi variés que les micro et nanotechnologies, l’électronique, la physique et l’énergétique nucléaire, l’élaboration des matériaux et la mise au point de nouveaux procédés, les télécommunications, l’instrumentation physique ou encore les biotechnologies. Un contexte scientifique et industriel unique L’école s’appuie sur une très forte densité de laboratoires publics et privés. Elle bénéficie également d’un important tissu industriel à dimension internationale et a mis en place des partenariats forts, pérennes et reconnus avec les grands leaders mondiaux. Phelma offre ainsi un environnement exceptionnel Le Master international CSE (Communication Systems Engineering) - télécommunications en informatique, en électronique et en traitement du signal (Grenoble INP + Politecnico di Torino) L’objectif de la formation est de former des ingénieurs spécia- listes capables de concevoir et de gérer les systèmes de communications numériques modernes, les télécommunications et les réseaux. Les étudiants acquièrent des compétences technologiques en informatique, électronique et traitement du signal mais aussi des compétences axées "Entreprises" et des techniques de gestion de projet et de la qualité. Les enseignements se font sur 4 semestres : À Turin, pour les 1er et 2ème semestres et à Grenoble pour le 3ème semestre. Le 4ème semestre est consacré au stage de fin d’étude réalisé en entreprise ou laboratoire de recherche, en France ou à l’étranger. Le Master international Nanotech (Micro and nanotechnologies for integrated systems) - micro et nanotechnologies (Grenoble INP + Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne + Politecnico di Torino) Depuis septembre 2004, cette formation a pour objectif de former des ingénieurs ayant une culture large dans les différents aspects liés aux micro et nanotechnologies. Cette discipline est actuellement en pleine effervescence, avec des applications dans pratiquement tous les secteurs du monde socio-économique et pas seulement liées à l’électronique, comme par exemple les matériaux, les microsystèmes, les biotechnologies. Cette formation s’appuie sur les compétences complémentaires de trois universités européennes de pointe en formation et en recherche dans le domaine des micro et nanotechnologies. Le cursus pédagogique, proposé sur 4 semestres, est localisé sur un site unique pour chaque semestre : 1er semestre à Turin, 2ème semestre à Grenoble et 3ème semestre à Lausanne. Le stage de fin d’étude du 4ème bimestre vient clore la formation. Michel BARIBAUD, Professeur à l’école, est le premier ancien élève qui accède au poste de Directeur. Il s’inscrit dans la continuité de l’action de son prédécesseur. C’est encore avec l’aide d’un partenaire industriel, MOTOROLA, qu’il met en place la plateforme MISTI (MicroInformatique et Systèmes de Traitement de l’Information). Cet enseignement pratique des microprocesseurs est hautement original pour l’époque. Depuis l’ENSERG a été copiée. L’action de Michel BARIBAUD a également permis : Une collaboration plus étroite entre les écoles et universités. La création de la fédération ELESA, souhaitée par le CNRS, regroupement de laboratoires de recherche dans le domaine du génie électrique. La création du CPP (Cycle Préparatoire Polytechnique), en collaboration avec l’INP de Toulouse et l’INP de Lorraine. La création du Département TELECOM de l’INP Grenoble en collaboration avec l’ENSIMAG. Le parvis Louis Néel Michel BARIBAUD, avec les directeurs successifs de l’ENSPG, lance le projet de la construction de nouveaux locaux pour les deux écoles. 6 8 novembre 2007 Le fabuleux destin de l’ENSERG HISTORIQUE Nanotechnologies : Dans la course à la miniaturisation, la microtechnologie arrive en bout de course. En effet, la réduction de taille des objets manipulés (de l’ordre du millionième de mètre pour les microtechnologies) induit un changement d’échelle qui nous fait basculer dans le domaine de la nanotechnologie. Bernard Guérin 31 décembre 2000 L’ENSERG démarre le 21ème siècle avec un nouveau Directeur, Bernard GUERIN, directeur adjoint depuis 10 ans et également ancien étudiant de l’école. Sa première tâche est de s’atteler à la rénovation des locaux. C’est pour lui un excellent exercice, en vue de ce qui l’attend en avril 2006 : l’implantation de l’ENSERG au sein du pôle MINATEC. Bernard Guérin contribue également à l’ouverture vers l’internationalisation des formations en suscitant des cursus communs avec le Politecnico di Torino et l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Les formations conjointes « Nanotech » et « Communication System Engineering » sont ainsi créées. Parallèlement, il travaille à l’intégration de l’électronique au sein du Groupe Grenoble INP. A la rentrée 2008, l’ENSERG, l’ENSPG et l’ENSEEG fusionneront pour devenir Phelma : l’Ecole Nationale Supérieure de Physique, Electronique, Matériaux. Le nombre de secteurs touchés par les nanotechnologies est très grand : technologies de l’information et de la communication, matériaux, énergie, eau, espace, médecine, etc. Dans tous les domaines ces technologies s’annoncent comme une révolution que les chercheurs sont en passe de réaliser. Partout dans le monde, les nanotechnologies sont devenues un thème stratégique majeur de recherche et développement auquel on alloue des budgets importants. L’électronique : plus petit, plus rapide C’est le premier secteur auquel profitent déjà les nanotechnologies, en particulier en ce qui concerne les mémoires de masse et les microprocesseurs avec la miniaturisation des transistors. Aujourd’hui, on pourrait écrire jusqu’à 4 milliards de 0 et de 1 sur 1cm2 de support ce qui augmenterait de 300 fois les performances des meilleurs disques durs actuels. Le disque dur de la taille d’un grain de riz est pour bientôt : IBM a mis au point un système avec lequel il est possible d’écrire plusieurs centaines de mégabits/secondes sur un morceau de polymère de 3x 3 mm2. Mais cette miniaturisation ne peut pas être poursuivie sans imaginer et réaliser de nouvelles structures comme, par exemple, le transistor optique qui est constitué d’une petite lentille dont l’opacité varie selon l’intensité du courant qui la traverse. Cette lentille peut ainsi arrêter un faisceau laser (0 logique) ou le laisser passer (1 logique). L’information voyageant sous forme de lumière serait mémorisée sous forme d’hologramme. Une autre solution serait le transistor moléculaire : une molécule, entre deux électrodes faisant voyager le signal, laisse (ou pas) passer les électrons sous l’effet d’une tension. La médecine : l’aventure intérieure La recherche actuelle met au point des aides au diagnostic et des traitements utilisant des instruments dont la taille est inférieure à celle d’une cellule. Des capteurs microscopiques construits atome par atome pourraient donner une vision extrêmement précise des tissus et des fonctions physiologiques en voyageant dans les groupes de cellules. Ainsi les médecins connaîtraient l’activité cellulaire avec des instantanés détaillés et une carte rigoureuse des concentrations de divers composés et de nombreux paramètres physiologiques. Aujourd’hui, chez les animaux, des micro capsules préalablement remplies de substances actives ont atteint avec précision les régions ci- blées d’un organe. La surveillance se fait par échographie et des ondes à ultrasons font vibrer les parois des capsules en libérant une petite quantité de substance sur la cellule malade. Les applications de cette méthode de traitement sont multiples : éliminer les métastases cancéreuses, dissoudre les caillots de sang, améliorer les circulations sanguines détériorées, Certains scientifiques ont également pour projet de réduire la taille d’un laboratoire actuel à celle d’un morceau de sucre. Ce projet porte le nom de "lab-onchip" (le laboratoire sur puce). Ce laboratoire sera capable d’évaluer un taux de cholestérol, de reconnaître une séquence d’ADN, d’analyser une biopsie,... Pour cela il suffira de déposer une goutte de sang qui sera aspirée et divisée en plusieurs gouttelettes. Ces gouttelettes seront acheminées par des canaux (d’environ 50 nanomètres de diamètre) jusqu’à des chambres de réaction. Le produit de cette réaction sera analysé in situ par des capteurs ou récupéré à la sortie en quelques minutes. Les puces à ADN vont transformer le diagnostic médical et ouvrir la voie à la détection de dizaines de maladies en quelques minutes, à l’observation des effets génétiques induits par certaines maladies et même à la conception de capteurs de virus. 8 novembre 2007 Le fabuleux destin de l’ENSERG Qu’est-ce-que le Nanomètre ? les nouveaux défis Cette technologie se base d’abord sur la biologie de la conception des brins d’ADN. Puis, pour améliorer la recherche de gènes et de molécules de forme trop complexe, les chercheurs s’associent aux électroniciens pour exploiter les propriétés des puces de silicium. Les bio-puces ont mis en évidence de nouveaux gènes s’exprimant dans le tissu cérébral de l’enfant, ou apparaissant associés à des pathologies inflammatoires rhumatismales ou intestinales. Les bio-puces devraient contribuer à l’identification de cibles thérapeutiques pour la recherche pharmaceutique et à déterminer la résistance aux antibiotiques de certaines souches microbiennes pour permettre de mieux lutter contre celles-ci. Elles permettront aussi : de mieux comprendre certains mécanismes d’action des médicaments, d’identifier les effets secondaires d’un produit et, lors des essais cliniques, de faire des mesures de toxicité, de détecter la présence d’agents infectieux dans l’alimentation, l’air ou l’eau (Salmonella, Listeria, Legionnella) et d’identifier rapidement les produits chimiques (mercure, dioxine...) ou bactériologiques (bacille du charbon ou de la diphtérie...). Aérospatiale Du fait des propriétés remarquables des nanotubes de carbone, de nombreuses applications leur ont été trouvées comme par exemple le revêtement thermique de futures navettes spatiales : ils résistent efficacement aux températures extrêmes atteintes lors du passage dans l’atmosphère. Les nanos au quotidien ? Si les nanotechnologies venaient à faire partie de notre vie de tous les jours, rien ne devrait changer radicalement, vu de l’extérieur. Les gens aimeront toujours s’asseoir aux terrasses des cafés, peut-être même plus qu’avant parce que le bruit des moteurs à explosion aura été remplacé par un bourdonnement discret. L’odeur de l’essence aura cédé la place à l’odeur passagère du méthanol utilisé dans les piles à combustible. Le service sera très rapide, le menu électronique ayant automatisé la cuisine. Il sera possible 7 Déplacement (saut) d’un nanotube de carbone à l’aide d’un AFM de payer son addition en passant simplement une carte de paiement sur le symbole imprimé au coin du menu. Les pourboires seront toujours versés en liquide parce que le bruit de pièces est agréable, mais celles-ci seront recouvertes de nanoparticules à fonction antibactérienne. Les fenêtres du café résisteront à la saleté et aux griffures, seront plus foncées automatiquement quand la lumière sera trop claire, transformeront la lumière en électricité et s’allumeront quand cela sera nécessaire. On peut aussi imaginer un agenda numérique de la taille d’une carte de crédit constitué d’une monoplaque noire sans structures reconnaissables, la surface noire collectant la lumière solaire et la transformant en électri- cité. Elle serait recouverte d’une couche piézoélectrique convertissant le son en électricité et vice versa afin de permettre la communication vocale. Elle pourrait voir au moyen d’une lentille plate et d’une puce de conversion d’images à haute définition, s’allumerait comme un écran et servirait de magnétophone, d’appareil photo, de magnétoscope, de télévision, de téléphone mobile et de GPS. Elle lirait, traduirait et expliquerait le menu d’un restaurant japonais, passerait la commande et paierait l’addition. Elle pourrait reconnaître la voix et les empreintes digitales du propriétaire, protégeant ainsi celui-ci de tout abus. Le préfixe « nano » est utilisé par les scientifiques dans les unités de mesures pour exprimer le milliardième d’une grandeur. Un nanomètre c’est environ : l 500 000 fois plus fin que l’épaisseur d’un trait d’unvstylo à bille l 30 000 fois plus fin que l’épaisseur d’un cheveu l 100 fois plus petit qu’une molécule d’ADN l 20 atomes d’hydrogène mis côte à côte. Le problème de la miniaturisation À ces échelles, les dimensions se rapprochent des distances entre atomes. Or, à l’échelle de l’atome, de nouveaux phénomènes physicochimiques apparaissent. En effet les lois de la physique classique ne permettent plus d’expliquer le comportement des objets physiques et l’on devra faire appel aux lois de la mécanique quantique. La mécanique quantique prédit des comportements inhabituels et difficiles à accepter par notre intuition immédiate. De plus en plus près des atomes Deux instruments permettent aujourd’hui d’observer et de manipuler les atomes pour construire des objets nanométriques. Le premier est le microscope à effet tunnel (STM pour Scanning Tunneling Microscope) qui a été inventé en 1981 par deux chercheurs d’IBM, et qui permet d’explorer des surfaces en utilisant un phénomène quantique. On peut ainsi sonder la topologie de surfaces à des échelles aussi petites que le dixième de nanomètre. Le second est le microscope à force atomique (AFM pour Atomic Force Microscope) qui est un dérivé du STM pour l’étude de matériaux non conducteurs. Microscope à force atomique utilisé par les étudiants du Master Nanotech nos partenaires Remerciements : Albert Mollard, Philippe Denoyelle, René Carré, Michel Baribaud, Max Verdone et le Musée de la Houille Blanche.