Ecrire au temps de La Fontaine

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Ecrire au temps de La Fontaine
© Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite
DOSSIER PEDAGOGIQUE
REALISE PAR CHRISTIANE SINNIG-HAAS, CONSERVATEUR
MELANIE LOUISET, CHARGEE DE MISSION
MUSEE JEAN DE LA FONTAINE
12 rue Jean de La Fontaine
02400 CHATEAU-THIERRY
Tél
Fax
0033- 03 23 69 05 60
0033- 03 23 83 35 61
[email protected]
www.musee-jean-de-la-fontaine.fr
ynet.fr
Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
QUAND LA FONTAINE ECRIT
___________________________________
SOMMAIRE
FICHE EXPLICATIVE : P. 3
INTRODUCTION : P. 5
LA FONTAINE DE CHATEAU-THIERRY, ECRIVAIN
UN ECRIVAIN EST NE : P. 6
FONCTION DES REGISTRES PAROISSIAUX AU XVIIEME SIECLE
LA FONTAINE A 9 ANS : L’ECOLIER : P. 7
LA SIGNATURE DE LA FONTAINE
L’EDUCATION DES GARÇONS
LA FONTAINE A 32 ANS : L’EPOUX : P. 10
L’EDUCATION DES FILLES
LA FONTAINE A 34 ANS : LE MAITRE DES EAUX ET FORETS : P. 12
LA CHARGE DE MAITRE DES EAUX ET FORETS
LA FONTAINE A 37 ANS : L’AMI : P. 13
ENVOYER UNE LETTRE AU TEMPS DE LA FONTAINE
LA FONTAINE ECRIVAIN VOYAGE ENTRE PARIS ET CHATEAU-THIERRY
LA FONTAINE A 72 ANS : LE LECTEUR DE GAZETTES : P. 16
LA FONTAINE A 73 ANS : LE FABULISTE : P. 17
LA FONTAINE ET FURETIERE : P. 19
DEFINITION DE LA FABLE AU TEMPS DE LA FONTAINE
LES MOTS DES FABLES, LE VOCABULAIRE DU XVIIEME SIECLE : P. 20
FABLES ET CULTURE AU TEMPS DE LA FONTAINE : P. 21
L’HISTOIRE DU LIVRE AU TEMPS DE LA FONTAINE : P. 24
L’ART D’ECRIRE AU TEMPS DE LA FONTAINE : P. 27
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
QUAND LA FONTAINE ECRIT
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FICHE EXPLICATIVE
ACTIVITES
Visite du musée Jean de la Fontaine orientée sur la thématique de l'écriture au temps de La Fontaine.
Les ouvrages, les estampes d’époque, les collections du musée sont présentées dans cet objectif de visite.
Présentation de lettres et de documents autographes du poète, d’éditions originales des fables, du registre
paroissial avec mention de l’acte de baptême du poète.
Le cabinet du fabuliste au premier étage de la maison restitue l'ambiance de travail d'un homme de lettres
au temps de Louis XIV.
OBJECTIFS
Découverte du métier d’écrivain sous Louis XIV ou comment un Maître des eaux et forêts de ChâteauThierry devient célèbre dans les salons parisiens et entre à l’Académie Française.
La pratique de l’écriture sous Louis XIV : de l’école de Château-Thierry à l’Académie Française
Comment se faisait l’apprentissage de l’écriture/ la réalisation d’un livre sous le Roi Soleil.
La poste et le courrier au temps de Jean de La Fontaine : de Paris à Château-Thierry.
La littérature enfantine de l’époque : la place des fables dans l'enseignement.
Découverte de l’écrivain Jean de La Fontaine en son temps et sur le lieu d'inspiration où il écrivit ses
fables : sa maison devenue son musée.
DEROULEMENT
Présentation informative de la thématique.
Travail en groupe, possibilité de visite en autonomie ou avec un guide-accompagnateur.
Répartition du jeune public en groupes à partir des collections.
Questionnaire d’accompagnement de la visite axé sur les thèmes suivants : l’apprentissage de l’écriture et la
lecture /Ecrire une lettre au temps de Louis XIV, les formats, le papier, la poste, les plumes, l’encre,
l’affranchissement, le cachet/ Imprimer et éditer un livre avec ou sans l’autorisation du roi…
DUREE 1 heure
RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONS
Musée Jean de La Fontaine
Accueil - Réservation
12, rue Jean de La Fontaine
02400 Château-Thierry
Site Internet : www.musee-jean-de-la-fontaine.fr
Accueil – Réservations : 03 23 69 05 60
Fax :
03 23 83 35 61
Courriel réservations : [email protected]
Courriel musée : info@musee-jean-de-la-fontaine
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES :
Il est conseillé de réserver la visite le plus tôt possible.
La réservation s'effectue auprès du service accueil - réservation du Musée Jean de La Fontaine.
Stationnement des cars : parking gratuit à 50 mètres du Musée.
Possibilité de pique-nique sur l'esplanade du Vieux Château au dessus du Musée ou sur les bords de
Marne.
ACCES Autoroute A4 : sortie Château-Thierry, direction "Les Blanchards", centre-ville.
Route Nationale 3 : direction centre ville
Gare SNCF de Château-Thierry
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
INTRODUCTION
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LA FONTAINE DE CHATEAU-THIERRY, ECRIVAIN
Selon la tradition, le cabinet de travail de La Fontaine, poète mais aussi Maître des eaux et forêts, se
trouvait au premier étage, dans l’aile droite de l’hôtel particulier, devenu le musée Jean de La Fontaine. Il
pouvait alors y accéder directement de la cour par une tour. Cette tour fut définitivement détruite au
19ème siècle.
Quel était le statut social de l'écrivain au temps de La Fontaine ?
Au début du 17ème siècle, l'écrivain n'avait pas une fonction sociale reconnue. Sur la centaine d'écrivains
répertoriés, certains avaient une fortune personnelle. Beaucoup exerçaient des professions, recevaient des
pensions du roi ou vivaient chez leurs puissants protecteurs.
Né dans une famille de notables, La Fontaine vivra dans l'aisance au début de sa vie, au moment où jeune
marié et rentier, il vivait à Château-Thierry. Lorsque ses revenus diminuèrent, il bénéficia d'une pension de
Nicolas Fouquet, il sera son protégé, puis celui de Madame de la Sablière, et du financier d'Hervart et de
son épouse.
Au temps de La Fontaine, il y avait environ vingt-quatre libraires - éditeurs à Paris. Les droits d'auteur
n'existaient pas. Il faudra attendre Beaumarchais et la révolution en 1791, pour que soit adoptée la
première loi sur les droits d'auteur et la propriété littéraire. Jusque-là chaque écrivain recevait une somme
du libraire en échange de ses manuscrits.
Les revenus d’écrivain de La Fontaine sont variés, et proviennent par exemple de ses dédicaces des fables,
au Dauphin, à Madame de Montespan, au Duc de Bourgogne.
On sait qu'il reçut l'équivalent de 10 000 euros pour son ouvrage Les Amours de Psyché, et cinquante louis
d’or en espèces du jeune duc de Bourgogne pour avoir renoncé aux contes.
Les livres et gazettes étaient sous la surveillance royale et la censure était sévère : aucun livre ou journal ne
pouvait paraître sans l'accord royal, appelé privilège.
Ainsi, le libraire-éditeur Barbin obtint pour les fables un privilège qui sera prolongé jusqu'en 1761, avec
droit exclusif d'impression et d'édition. Les Fables et des Contes rencontreront un énorme succès, assurant
la prospérité à l'éditeur et des revenus à La Fontaine.
Sur les 19 millions d'habitants que comptait la France, pays d'Europe le plus peuplé à l'époque, seule une
toute petite élite d’aristocrates et de riches bourgeois était capable d'apprécier les livres édités et de les
acheter. Le tirage moyen d'un livre était d'environ 1000 volumes.
C'est cette haute société parisienne qui honorait et recevait les écrivains comme La Fontaine.
Siècle d'incertitude mais aussi d'enthousiasme, le 17ème siècle était aussi celui où les intellectuels remettaient
en cause le dogme selon lequel la réponse à toutes les questions se trouvait dans le Livre sacré, dans la
Bible.
Réflexion et contestation se développaient dans les salons et les académies, celles-là même où on lisait les
fables du poète de Château-Thierry.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
UN ECRIVAIN EST NE
______________________
8 juillet 1621
La Signature de Charles de La Fontaine,
son père et de sa famille
Registre paroissial de l’église Saint-Crépin de
Château-Thierry, mentionnant le baptême de
La Fontaine, le 8 juillet 1621.
©Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite
Transcription de l’acte de baptême
« Le VIIIe jour de ce pr(ésent) mois de juillet, es l’an mil VI vingt et un, a été baptisé par moi soussigné
curé, un fils nommé Jehan, le père Me Charles de La Fontaine , conseiller du roi et M(aître) des Eaux et
Forêts (de) la duchée de CHAURY (Château-Thierry), la mère damoiselle Françoise Pidou, la parrain
honorable homme Jehan de La Fontaine, la marraine Claude Josse, femme de Me Frcois Guvin, aussi Me
des Eaux et Forêts (de) le dit lieu.
Anth(oine) – la Vallé(e) – pp de La Fontaine. » 1
FONCTION DES REGISTRES PAROISSIAUX
AU XVIIème SIECLE
_____________________________________________________________________
Les nouveaux-nés étaient baptisés le jour même ou le lendemain de la naissance, du fait de l’importante
mortalité infantile et surtout pour des raisons religieuses car en cas de décès,
l’âme de l’enfant baptisé était sauvée.
Les registres paroissiaux étaient tenus par les prêtres avant de devenir des registres d’état civil laïques.
Les parrains et marraines se substituaient aux parents si l’enfant devenait orphelin.
1
Transcription par Mr R. Josse
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE A 9 ANS
______________________
9 janvier 1630
L’ECOLIER
Signature de La
Fontaine,
il devient parrain.
Daté du 9 janvier
1630
©Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite
IL SIGNE JEHAN DE LA FONTAINE
LA SIGNATURE DE LA FONTAINE
__________________________________
Le jeune Jean ou « Jehan » de La Fontaine devient parrain,
Il signe son nom avec les trois « fermesses » (SSS).
Il s’agit d’une approbation de signature, venant du mot latin « Suscripsi »,
abrégé avec les trois « S » : SuScripSi.
Il continuera toute sa vie à signer avec les fermesses.
La Fontaine a appris à écrire sans doute au collège de Château-Thierry, qu’il fréquenta jusqu’en troisième.
Il y apprit surtout le latin.
Il fréquenta l’Oratoire à Paris, mais les études religieuses ne l’intéressaient pas,
il n’avait pas la vocation.
Son frère Claude deviendra prêtre.
Il fera son droit à l’université de Paris.
Il décrocha en 1649, le diplôme d’avocat au Parlement de Paris.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
L’EDUCATION DES GARCONS
_____________________________
C’est à partir du XVème siècle que l’école, portée par le développement de l’imprimerie, commence à se
généraliser.
L’instruction obligatoire pour tous, nécessitera une véritable révolution des mentalités. C’est d’abord la
bourgeoisie qui eut recours à l’école. Dans les campagnes, elle est encore souvent considérée comme
inutile.
Les familles les plus pauvres, ainsi que la noblesse, n’y mettront leurs enfants que progressivement.
Dans ce phénomène apparaît un besoin de rigueur morale et de protection de l’enfant. Celui-ci est un
enfant avant d’être un petit prince ou un petit paysan. Les parents acceptent de moins en moins de se
séparer de leurs enfants, comme cela se faisait autrefois, en les confiant à d’autres familles. Les éducateurs,
qui appartiennent à l’Eglise ont d’abord à cœur de protéger la jeunesse de la corruption sociale et du
pêché.
« Dans une haute salle, qui est peut être le
logement même du maître puisqu’il s’y trouve
son lit, à droite, une vingtaine de garçons et
de filles sont réunis.
A gauche, le maître assis dans un fauteuil
derrière son pupitre, un faisceau de verges à
la main gauche, fait réciter sa leçon à un
élève.
D’autres enfants écrivent, debout, appuyés à
une longue table formée d’une planche posée
sur deux tréteaux.
A droite, des petites filles partagent des fruits
pour le goûter. Une dernière fillette, au fond,
joue avec un chat perché sur le toit du lit. » 2
Abraham BOSSE, Le Maître d’école, vers 1638
La naissance n'est rien, où la vertu n'est pas"
MOLIERE
De toutes les qualités que l'on voit dans les enfants,
il n'y en a qu'une sur laquelle on puisse compter, c'est le bon raisonnement :
il croît toujours avec eux, pourvu qu'il soit bien cultivé "
FENELON
Il est nécessaire pour un garçon d'être honnête homme pour faire carrière.
C'est sans doute Hardouin de Péréfixe, qui fut l'un des précepteurs du futur Louis XIV, qui définit le
mieux les nouveaux principes : " Premièrement se bien conduire soi-même, se remplir l'âme des meilleures maximes de la
morale et de la politique. Eclairer l'esprit sans surcharger la mémoire."
2
Abraham Bosse, savant graveur, catalogue d’exposition, BNF/Musée des Beaux-arts de Tours, 2004
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
La réputation de l'université de Paris est encore fameuse. Certes sa renommée n'attire plus comme par le
passé de nombreux étudiants étrangers. Ayant fait l'erreur de prendre parti contre le roi pendant la Fronde,
elle jouit encore d'un certain prestige.
L'université regroupe les Arts, c'est-à-dire :
- La grammaire
- La philosophie et les sciences
- Le droit
- La médecine
- La théologie
L’université reçoit ses élèves dès l'âge de neuf ans lorsqu'ils sortent des mains de leurs précepteurs ou des
Petites Ecoles - et complète leur savoir dans les collèges.
Les collèges se voient très concurrencés par les privilèges accordés aux jésuites ou aux oratoriens.
Les jésuites, concurrents sévères, suivent un programme d'études complexe et réputé abordant toutes les
sciences : le ratio studiorum.
Dans les collèges, comme Louis-Le-Grand, auquel le roi lui-même accorde sa protection, ils seront
particulièrement attentifs à la formation des futures élites.
Bien se conduire soi-même implique une bonne maîtrise de son corps, une défiance face aux tentations
de corruption charnelle, aux plaisirs grossiers.
Cette maîtrise conduit aux règles du maintien, qui ouvrent les portes de la société, par l'apprentissage de la
danse, des arts et des règles du savoir-vivre.
Certains collèges jésuites enseignent l'éloquence utile pour entrer dans le monde, en faisant travailler des
pièces de théâtre sacrées ou profanes à leurs élèves.
Seul le collège des Quatre Nations possède une académie d'escrime entre ses murs.
L'éveil de l'esprit est tourné vers la connaissance du latin et du grec, qui ouvre les portes du savoir.
Dans le quartier latin, où sont regroupés nombre de collèges, on parle plus latin que français, d'ailleurs
tous les cours sont donnés en latin.
Les thèses des enfants, des personnalités, font courir le Tout-Paris.
L'éducation du XVIIème siècle n'est pas ouverte au temps présent, mais plutôt orientée vers le passé.
L'éducation devient la marque de la reconnaissance au sein d'un monde en pleine mutation.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE A 32 ANS
__________________________
27 août 1653
L’EPOUX DE MARIE HERICART
.
Extrait de l’acte de vente de la ferme
de Jean de La Fontaine et de son
épouse Marie Héricart, à Oulchy le
Château.
Daté du 27 août 1653.
©Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite
MARIE HERICART
La jeune épouse de la fontaine avait reçu une éducation soignée. Jeune fille de bonne famille, orpheline,
elle fut éduquée à Paris par sa tante Jeannart, femme instruite et bruyante. Elle l’introduisit dans une
société raffinée, qui aiguisa l’esprit et affina le goût de la jeune fille.
A quatorze ans, Marie Héricart était instruite et connaissait les usages du monde.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
L’EDUCATION DES FILLES
__________________________
« La maîtresse ne s’occupe que des filles, dans la haute salle qui est probablement sa chambre en même temps que son école.
A gauche, la vieille femme (on
notera que, pour l’homme comme
pour la femme, les bésicles sont
l’emblème de la fonction) guide
d’une baguette un enfant s’exerçant
à lire. Au centre, un groupe de trois
fillettes semble discuter avec
acharnement un point de doctrine
abécédaire. Au fond à droite, sur
un banc près du lit, deux fillettes se
restaurent avec le pain et les fruits
qu’elles ont apportés dans leur
panier en osier. A droite, une
grande fille amène sa petite sœur
pour sa première leçon. Au fond, à
travers une porte surmontée d’un
tableau (ou d’une estampe)
présentant un crucifix, on aperçoit la
Abraham BOSSE, La Maîtresse d’école, vers 1638
servante en train de balayer le sol de l’office. » 3
A Paris, au début du 17ème siècle, cinquante sept couvents des ordres les plus variés, accueillaient les jeunes
filles de bonnes familles. Par leur enfermement strict, ils garantissent plus la formation d'esprits fermés et
obscurs que l'élévation de jeunes filles à l'éducation protégée. Ils en assurent surtout la pureté. L’éducation
étriquée des couvents sera critiquée par des femmes éclairées telles que Julie d'Angennes, Madame de
Lambert, Mademoiselle de Scudéry, Madame de La Fayette, et même Madame de Maintenon qui créa son
école pour ses demoiselles de Saint-Cyr.
A côté de l'enseignement traditionnel, quelques supérieures comprendront le bénéfice d'une éducation
protégée et soignée.
L'éducation institutionnelle à la finalité sociale nettement définie, recule peu à peu sous la pression des
élites, qui voient dans l'assujettissement à l'obscurité de l'esprit des femmes, non plus un moyen de
protection de privilèges masculins, mais une faille dans le système familial.
Lentement, les filles accèdent au savoir car une femme instruite seconde plus efficacement un mari, voire
une famille, dans les carrières mondaines qu'une parfaite ignorante.
C'est sans doute Madame de Maintenon, et ses demoiselles de Saint-Cyr, qui ouvre la plus grande brèche
dans ce domaine, réservé jusque-là aux hommes. Si elle recommande la plus grande modestie, ç'est parce
qu'elle est le plus sûr rempart : « Accoutumez-vous de bonne heure à être secrètes », mais le travail acharné reste la
base de la réussite : « travaillez sans cesse mais sans affectation ».
Ces grandes dames savent qu'une femme ne peut prétendre rivaliser avec le savoir des hommes, elle n'en a
pas encore le droit.
En revanche faire apprécier sa propre culture, les feux de son esprit est tout en son pouvoir. La rivalité
serait une faute grossière, une faute de goût, un travers bien ridicule. Les lumières de l'esprit doivent
dialoguer entre les femmes et les hommes.4
3
4
Abraham Bosse, savant graveur, catalogue d’exposition, BNF/Musée des Beaux-arts de Tours, 2004
Jacqueline Queneau et Jean-Yves Patte, L’art de vivre au temps de Madame de Sévigné, Nil éditions, Paris, 1996
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE A 34 ANS
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18 janvier 1655
LE MAITRE DES EAUX ET FORETS
Extrait du traité entre les officiers des Eaux et Forêts :
entre Jean, son père Charles de La Fontaine, et Monsieur
Lambermon, concernant la coupe et la vente de bois de
chauffage.
Daté du 18 janvier 1655.
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LA CHARGE DE MAITRE DES EAUX ET FORETS
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La Fontaine aimait la nature.
C’est en 1652 qu’il devient Maître des Eaux et Forêts du canton de Château-Thierry.
Il avait pour rôle de surveiller et de contrôler.
Le Maître particulier avait également, dans ses attributions, la visite générale, tous les six mois des forêts,
bois et buissons, et des rivières.
De ces visites, il dressait des procès-verbaux.
Il constatait les ventes de futaies et de taillis, l’état des fossés, des bornes et des chemins, etc...
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE A 37 ANS
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16 mars 1658
L’AMI
Lettre manuscrite de Jean de La Fontaine
Datée du 16 mars 1658
Cette lettre de La Fontaine est adressée à
Jacques Jannart, son oncle par alliance qui
résidait à Paris, quai des Grands Augustins.
Il était l’homme important de la famille et sera
le soutien de La Fontaine.
Le couple demeurait chez lui à Paris.
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La lettre fut rédigée par le poète dans sa maison de Château-Thierry dit alors « Chaury », le 16 mars 1658,
son père Charles est malade et s’éteindra quelques mois plus tard.
La Fontaine y mentionne des affaires en cours. L’année 1658 fut une année difficile pour le poète.
Les allers-retours de La Fontaine se firent
de plus en plus fréquents et ses séjours dans
la capitale de plus en plus longs.
La gloire littéraire se trouvait à Paris.
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Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
ENVOYER UNE LETTRE
AU TEMPS DE JEAN DE LA FONTAINE
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Si La Fontaine ou une personne de qualité à Paris souhaitait envoyer un
billet à une personne ou à un ami dans la capitale, il s’adressait à un
domestique ou à un laquais. Se tenant aux portes des demeures et
faisant presque partie du décor, le laquais était chargé de ce type de
commission.
On lui confiait un pli qu’il courait remettre à l’adresse indiquée.
Si ce n’était pas urgent, il déposait la lettre entre les mains du suisse. Ce
dernier la transmettait à un autre laquais, qui lui-même la remettait au
destinataire.
Le laquais pouvait avoir reçu l’ordre de remettre la lettre en main
propre, avec toute la courtoisie d’usage.
S’il n’y avait pas de réponse demandée, le laquais s’en allait, mais si une
réponse était attendue, le laquais soulignait par sa présence insistante le souhait qu’un billet de retour ou
qu’une réponse orale soit donnée. « On attend une réponse » était le formule habituelle.
Abraham BOSSE, Lettre amoureuse duCcapitaine
extravagant à sa maîtresse, vers 1636
Ce petit service de poste par l’entremise des laquais était très parisien.
S’il s’agissait d’envoyer une lettre plus loin, les laquais portaient la lettre au bureau de poste en charge de la
région de destination du courrier, à la poste de Lyon, de Bretagne, de l’Est etc...
Le courrier était transporté par un système de porteurs à cheval, les chevaucheurs. Ce système efficace
permettait d’envoyer les lettres dans tout le royaume et à l’étranger.
Les chevaucheurs profitaient des relais de la poste aux chevaux, établis toutes les sept lieues (environ 28
kilomètres) et entretenus par les maîtres de poste.
Les chevaucheurs parcouraient régulièrement et rapidement les routes de poste, acheminant les missives en
tout lieu et en tout temps. Ils pouvaient parcourir jusqu’à quatre vingt dix kilomètres par jour.
Ils galopaient de relais en relais, accompagnés d’un postillon qui ramenait au pas le cheval emprunté au
maître de poste.
D’abord réservés aux seuls messages royaux, les services de cette
poste aux lettres furent ouverts en 1603 aux particuliers.
Cela répondait à un besoin réel et les riches particuliers avaient
pris très tôt l’habitude de rémunérer les « chevaucheurs » du roi
pour acheminer clandestinement leurs propres lettres.
Cet usage deviendra officiel sous Henri 4.
Le service des départs n’était pas régulier : le plus souvent le maître de poste attendait que le nombre de
lettres soit suffisamment important pour remplir la sacoche attachée à la selle de son chevaucheur.
En 1622, est instauré pour chaque ville un calendrier des jours de départ des courriers.
Les lettres seront alors acheminées avec régularité.
En 1627 est crée une taxe d’acheminement qui était proportionnelle au poids de l’objet transporté et de la
distance à parcourir : deux sous entre Paris et Dijon, trois sous entre Paris et Lyon.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
Contrairement à aujourd’hui, ç’est le destinataire de la lettre qui payait cette taxe : en effet les
expéditeurs des lettres craignaient qu’elles n’arrivent jamais si le prix était payé d’avance !
Cette coutume ne disparaîtra qu’en 1849, avec la création du timbre poste. Mais le courrier n’arrivait pas
toujours à domicile et il fallait envoyer un domestique chercher les lettres.
En 1653 est mis en place un service de remise de courrier à domicile, dont l’affranchissement devait être
acquitté par l’expéditeur.
Louvois, ministre de Louis XIV, sera à l’origine de la mise en place de la poste moderne.
Du vivant de La Fontaine, il fut nommé Surintendant des postes en 1668, avec pour mission de pouvoir
transmettre rapidement des ordres et des messages. Il réformera dans une période de troubles et de
conflits, ce système d’acheminement du courrier qui était vital pour le royaume.
Louvois créa le système des postes à l’étranger et deviendra le maître du fameux « cabinet noir », pour la
surveillance de la correspondance diplomatique et privée, qui mènera plus d’un grand personnage en
prison.
LA FONTAINE ECRIVAIN VOYAGE
ENTRE PARIS ET CHATEAU-THIERRY
______________________________________
Château-Thierry se trouve à 23 lieues Est-Nord-Est de paris : la lieue commune dite géographique était de
2282 toises (1 mètre 949), la lieue de poste valait 200 toises ce qui donne 102 km en lieues communes et
89 km en lieues de poste.
La Fontaine pouvait se rendre à Paris à cheval, en
profitant des relais de poste sur la grande route de
l’Est : Paris -Strasbourg, qui passait par Château-Thierry
Il pouvait aussi prendre la « voiture publique » ou la
diligence, attelée de six chevaux, qui partait de Paris de
l’Hôstellerie du Grand Cerf à l’emplacement du 145 rue
Saint Denis, à 6 heures du matin pour arriver à
Château-Thierry le soir à 7 heures.
Le prix des diligences était alors de seize sols (ou sous)
par lieue de poste, environ 150 euros.
On peut se rendre compte du coût des voyages au siècle de La Fontaine.
La Fontaine pouvait également prendre « le coche d’eau » très lent, mais plus économique, sur le quai Saint
Paul ou sur celui de la Tournelle.
Le prix variait suivant la localité et le sens du courant. Les gros bagages se payaient au poids.
La ville de Château-Thierry comptait alors environ 4000 habitants dits les castrothéodoriciens.
Source : Mr André lefebvre,
Vice-président de la Société Historique et Archéologique de Château-Thierry
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE A 72 ANS
________________________
1693
LE LECTEUR DE GAZETTES
Le mot gazette vient de l’italien gazzetta qui
signifie « feuille volante « et qui coûtait une
gazeta, nom d’une pièce de monnaie
vénitienne.
Le
terme
s’applique
aux
feuilles
d’information.
En France, ç’est à l’initiative de Richelieu
qu’est lancée le 30 mars 1631 La Gazette
dont la direction est confiée à Théophraste
Renaudot et qui absorbe les Nouvelles
Ordinaires de Divers Endroits
fondées
quelques mois plus tôt.
Quatre pages, une présentation très proche
de celle du livre, des nouvelles, surtout de
l’étranger.
Ce journal était considéré comme l’organe
officieux de la cour du roi de France.
En quelques années ces journaux, bien
qu’étroitement contrôlés par les autorités, se
multiplient et ne se contentent plus de
donner des nouvelles brèves et dépourvues
de commentaires.
Certains sont spécialisés, tels le Journal des
savants, fondé par Colbert en 1665, consacré
à l’information bibliographique de grande
renommée.
Au 17ème siècle, les périodiques ont un tirage
très limité, dû à la lenteur de la diffusion.
La Gazette de Renaudot tirée à moins de
3000 exemplaires, devance la plupart des
autres journaux européens.
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On peut s’y abonner, l’acheter chez un libraire ou à la criée auprès du « crieur », ou attendre le volume
annuel.
La Fontaine lisait régulièrement les gazettes et ses fables paraîtront entre autres dans le Mercure Galant.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE A 73 ANS
__________________________
Septembre 1694
LE FABULISTE
Septembre 1694
FABULISTE.......
Chaque fable est la réécriture de
fables précédentes, orales ou
écrites.
Un fabuliste comme La Fontaine
ne copie pas, ne traduit pas au
sens strict, il imite, comme on
imite au 17ème siècle, en actualisant
le sujet, lui donnant une
apparence contemporaine de
texte.
La Fontaine est à la fois
traducteur d’Esope, de Phèdre, de
Pilpay et de tous les autres
adaptateurs et imitateurs.
La Fontaine acquiert des uns et
des autres respectabilité et autorité.
Il est la synthèse de tous les Esopes passés pour montrer la voie de la sagesse.
Un fabuliste au 17ème siècle sait se couler dans son temps et rappeler que la fable est un plaisir.
Les fables comme les énigmes étaient le quotidien des salons du temps : on savait en quelques heures
écrire une fable sur un sujet d’actualité, pour la plus grande joie des participants, on cherchait alors les clés.
On savait ainsi reconnaître la satire d’un homme sous les apparences animales.
Ce jeu de salon, typique de l’époque, s’accompagnait rarement d’une publication et la règle était de se
distraire, et non nécessairement de délivrer une morale. C’est la tradition mondaine ou galante de la fable.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
A la même époque, de nombreux érudits composaient ou traduisaient des fables pour qu’elles servent à
l’édification des jeunes gens ou de leurs contemporains, c’est ce qu’on appelle la tradition savante des
fables.
Un fabuliste comme La Fontaine, est lié à la fois à la mode des jeux mondains et à la tradition savante des
théoriciens et des érudits, en faisant sa propre synthèse.
Cependant la fable ne se place pas seulement dans la ligne pédagogique, comme les fables de Fénelon
écrites pour le petit fils de Louis XIV, visant uniquement un public d’enfants, elles s’inscrivent aussi dans
la lignée des textes qui s’autorisent de la pédagogie pour s’adresser aux adultes au nom du gai savoir :
Rabelais et Montaigne en sont les références à la suite d’ Erasme.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LA FONTAINE ET FURETIERE
__________________________
Paris, 1690
DEFINITION DE LA FABLE AU TEMPS DE LA FONTAINE
SELON FURETIERE
_________________
En janvier 1685, l’académie exclut Furetière, coupable d’avoir obtenu par surprise et
contrairement aux règles, un privilège pour son dictionnaire, achevé avant celui de l’Académie.
La Fontaine vote l’exclusion et subit les attaques virulentes de son ancien ami auquel il réplique
par des épigrammes.
FABLE
_______
Fiction d’un entretien d’un ou de plusieurs animaux, ou de choses inanimées, d’où on tire quelques
moralités ou plaisanteries. Il y a de belles moralités dans les fables d’Esope, de Phèdre etc.…Le prophète
Nathan se servit d’une fable pour que David se condamna lui-même sur la mort d’Urie. On n’ose parler aux
princes d’Orient de leurs défauts que sous le voile de quelques fables, comme on apprend par celles de
Pilpay, l’Indien.
FABLE se dit aussi de la fiction qui sert de sujet aux poèmes épiques et dramatiques et aux romans.
La belle disposition de la fable est aussi nécessaire dans un poème que celle des figures dans un tableau.
FABLE signifie aussi absolument fausseté.
Tout ce que les Païens ont dit de leurs dieux sont des fables, l’histoire du lion baptisé par saint Paul, que
quelques-uns attribuaient à saint Luc, est une fable, dit saint Hierosme de Sript.Eccles.
On dit proverbialement qu’un homme est la fable du peuple, pour dire qu’il est tourné en ridicule, méprisé
dans toutes les compagnies où on parle de lui. Ce mot vient du latin fabula où il signifie aussi pacte,
convention, pourparler, entretien comme on voit dans ce proverbe Lupus in fabula , qui répond au nôtre,
Qui parle du loup en voit la queue, d’où on a fait confabulari et confabulation et les italiens favella pour dire parole.
Les espagnols disent Morir sin fabla ou fabula pour dire Mourir intestat.
FURETIERE
Dictionnaire universel Paris, 1690
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LES MOTS DES FABLES
__________________________
LE VOCABULAIRE DU XVIIème SIECLE
Le loup et la cigogne
Le loup et l'agneau
Frairie : fête de village, d’où festin
Tout à l'heure : sur l'heure
Je tette : aujourd'hui on orthographie : je tête
Le rat des villes, et le rat des champs
Reliefs d’ortolans : restes d’ortolans
Le rat qui s'est retiré du monde
Rôt : rôti
(Petits oiseaux)
Levantins : peuple du Moyen-Orient
Dervis : derviche- religieux turque
La cigale et la fourmi
Les deux mulets
Bise : vent du nord, ici : l'hiver
L'oût : le mois d'août, la moisson
Gabelle : autrefois impôt sur le sel
La besace
Le coq et le renard
Matois : rusé
Poste : distance entre deux relais de poste
Les feux : des feux de joie
Tire ses grègues : s'enfuit
Glosa : fit des commentaires
Ciron : animal minuscule, nom ancien des mites
de la farine
Jupin : surnom de Jupiter
Besacier : porteur de besaces, sacs à une ou
deux poches
Gagne au haut : s'éloigne
La grenouille qui se veut faire aussi
grosse que le bœuf
Le coche et la mouche
Etait rendu : était épuisé
Nenni : non
Pécore : animal
Le laboureur et ses enfants
L'oût : le mois d'août, la moisson
Le lion et le rat
Le corbeau et le renard
Il avint : il advint, il arrive
Rêts : filets à grosse mailles
Ramage : chant, langage
Phénix : oiseau fabuleux
La colombe et la fourmi
Croquant : paysan
Tire de long : s'enfuit
Obole : ancienne monnaie grecque de peu de
valeur, aumône
Conseil tenu par les rats
Son soûl : à sa faim
Sabbat : grand bruit
Chapitre : assemblée de religieux
Le chêne et le roseau
Le renard et la cigogne
Caucase : les monts du caucase
Roîtelet : petit oiseau
Aquilon : vent du nord
Zéphyr : vent doux
Toute besogne : toute chose
Brouet : soupe
Le prie : l'invite
La politesse : ici, l'ordonnance du festin
Friande : tendre, délicate
Le lièvre et la tortue
Ellébore ou hellébore : plante contre la folie
Aux calendes : jamais
Gageure : pari
Au bout de la carrière : au bout de la course
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
Le lion et le moucheron
Les deux coqs
Me soucie : m'inquiète
Dans l'abord : tout d'abord
A son faîte montée : à son apogée, maximum
L'entour : autour
Qui n'en peut mais : qui n'y peut rien
Sur les dents : las et fatigué
Troie : la guerre de Troie dans l'antiquité
Xanthe : fleuve de la plaine de Boétie
Hélène : Beauté (Reine pour qui eut lieu la
guerre de Troie)
L'âne chargé d'éponges, et l'âne chargé de
sel
Porter les bouteilles : marcher lentement
Pèlerins : voyageurs
Grison : âne parce qu'il est souvent gris
Faire raison : boire à la santé d'un autre buveur
Le renard, le singe, et les animaux
Chartre : autrefois une prison
Cache : cachette
Baîlle après la finance : veut avidement de
l'argent
Démis : destitué, renvoyé
Diadème : tiare, couronne
L'âne vêtu de la peau du lion
Animal sans vertu : animal sans courage
La fourbe : la fourberie, la tromperie
Office : métier
Apologue : petit fable
Le paon se plaignant à Junon
Nué : nuancé
Panades : pavanes
Lapidaire : marchand de pierres précieuses
Ramage : chant, langage
Le lion s'en allant en guerre
Prévôts : chargés de mission
Selon sa guise : selon ses talents
Le loup, la chèvre, et le chevreau
La poule aux œufs d'or
Mot du guet : mot de passe
Papelarde : hypocrite
Un point : une qualité
Gens chiches : cupides, avares
Le corbeau voulant imiter l'aigle
Polyphème: cyclope contre qui Ulysse combattit
Volereaux : petits voleurs
Le pot de terre et le pot de fer
Il ferait que sage : il agirait sagement
De son débris : d'être mis en pièces
Le renard, le loup et le cheval
Des plus madrés : des plus rusés
Franc novice : tout à fait nouveau ou débutant
Enfiler la venelle : prendre la fuite (venelle,
petite rue)
Le vieillard et l'âne
Grison : l'âne parce qu'il est souvent gris
Paillardun : qui couche sur la paille
Les poissons et le cormoran
Les grenouilles qui demandent un roi
Jupin : surnom de Jupiter
Soliveau : petite solive, pièce en bois posée sur
des poutres
Coi : tranquille
Astreindre : soumettre
Débonnaire : bon
Le long âge : la vieillesse
Pourvoyeur : fournisseur
Réseaux : filets pour prendre les oiseaux
L’émute : l'émeute
En soin : inquiet
Humaine engeance : espèce humaine
Le loup et le chien
Les oreilles du lièvre
Aux petites maisons : à l'hôpital des malades
mentaux
Mettre en quartiers : mettre en pièces, dévorer
Mâtin : gros chien de garde
Entre en propos : se met à lui parler
Cancres : hommes pauvres
Hères : miséreux
Franche lippée : bon repas qui ne coûte rien
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
FABLES ET CULTURE
AU TEMPS DE LA FONTAINE
____________________________________
Apologue :
Courte leçon morale satirique ou politique, petite fable.
Les isopets
Recueils manuscrits de fables ésopiques, chers à Marie de France, dans la deuxième moitié du 12 e siècle.
Ils jouent sur la simplicité et s’intègrent aux bestiaires
Les fables de La Fontaine sont dites « choisies» car puisées chez le fabuliste
grec ESOPE, traduit en vers latin par PHEDRE, qui écrivit ses propres
fables également, suivi par APHTONIUS et AVIENUS.
A l’époque de la Fontaine, les ouvrages de référence pour l’enseignement des
fables étaient nombreux, Les textes des fabulistes de l’antiquité et leurs
traductions étaient régulièrement éditées.
©Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite
Citons entre autre :
•
NICOLAS NEVELET, la Mythologia Aesopica, 1610.
•
LOUIS-ISAAC LE MAISTRE DE SACY, Fables de Phèdre, affranchies d’Auguste,
traduite en français avec le latin à côté, pour servir à bien entendre la langue latine
et à bien traduire en français, de 1647.
ABSTEMIUS : ses fables d’Esope tournées en vers latins seront traduites en
français en 1572, sous le nom d’Hecatonmythium.
VERDIZZOTTI, Cent fables morales (1570, grand recueil illustré de fables paru en
Italie.
Gabriele FAERNE, Cent fables choisies des anciens auteurs, Mises en vers latins, 1564,
seront traduites en français par Charles PERRAULT en 1699.
Marcus GHERAERT, un recueil de fables de 1567.
•
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La Fontaine connaissait aussi:
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
•
GUILLAUME HAUDENT, les Trois cent soixante et six apologues d’Esope, traduits en
rithme françoise, 1547.
•
GILLES CORROZET, les fables du très ancien Esope, phrigien, premièrement écrites en
graec et depuis mises en rithme françoise de 1542.
•
BONAVENTURE DES PERIERS, Récréations et joyeux devis, de 1510-1544.
•
ISAAC DE BENSERADE, Fables d’Esope en Quatrains.
•
GILBERT GAULMIN, le traducteur de fait du Livre des Lumières ou la conduite des
Roys, composé par le sage Pilpay, traduit en français par David Souhid d’Ispahan, Ville capitale
de Perse.
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
L’HISTOIRE DU LIVRE
AU TEMPS DE LA FONTAINE
___________________________
COMPOSITION D’UN LIVRE
L’EDITION DES LIVRES
___________________________
Le XVIIème siècle est un période charnière dans l’histoire du livre. Alors que s’affirment les grands genres
littéraires, il acquiert sa présentation moderne et devient un objet usuel. Ainsi, la production du livre
imprimé ne cesse d’augmenter.
Les textes autorisés par l’église, doivent être connus de tous les fidèles. Les lecteurs se font de plus en plus
nombreux, dans les villes notamment, mais il lui reste à conquérir les couches les plus larges de la société.
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
En France, la diffusion des livres se fait dans un cadre très réglementé : des privilèges sont octroyés à un
nombre limité d’imprimeurs ou libraires, dont certains détiennent un véritable monopole, tel Sébastien
Cramoisy à Paris, principal éditeur des jésuites. D’autres bâtissent des fortunes grâce à la publication
d’ouvrages prisés, tel Guillaume Desprez, éditeur des jansénistes de Port-Royal. Tous affrontent la censure
du pouvoir royal, qui brode le commerce du livre, favorisant le développement de contrefaçons dans et
hors des frontières.
LES BONS ET LES MAUVAIS IMPRIMEURS
_________________________________________
Richelieu avait créé en 1639, au Louvre, l’Imprimerie Royale (ancêtre de l’Imprimerie Nationale). Elle était
sous l’autorité de l’Etat, et publiait des livres de prestige, en collaboration avec les plus grands artistes.
Louis XIII, alors ministre, développe le système des « imprimeurs du Roi », titre attribué à des hommes de
confiance.
LES PRIVILEGES DU ROI
________________________
Colbert est le grand artisan de cette « mise au pas » de la profession du livre. Leur surveillance passe par la
limitation, à Paris en 1667 du nombre de libraires et imprimeurs autorisés. Les ventes de matériels
d’imprimerie sont réglementées, les colis de livres sont contrôlés, et les ateliers de production sont visités.
Les contrevenants le payent très cher. Cette politique, qui n’épargne que les « bons » libraires,
s’accompagne dans l’attribution des indispensables privilèges d’un favoritisme très net pour les
Parisiens, plus faciles à surveiller, au détriment des provinciaux. Privés alors de nouveautés, ils se lancent
dans des pratiques frauduleuses, de contrefaçons et d’impressions de livres interdits.
LES COLPORTEURS
___________________
Le contact avec un livre imprimé ne se limite pas à la possession d’un livre. Sans parler de l’utilisation
collective, à l’église ou à la veillée, l’habitant de la campagne et celui de la ville ont diverses occasions de
l’utiliser. A travers l’image d’abord, outil de la propagande politique, instrument de christianisation, ou
divertissement qu’on retrouve selon les cas affichés dans les églises, ou sur les murs de la maison ou de
l’atelier. La ville est dès le XVIème siècle, le lieu de circulation de documents souvent éphémères appelés
« occasionnels » ou « canards ». Simples feuilles ou brochures, recourant à l’illustration, vendus dans la rue,
ils décrivent les événements qui marquent l’opinion : entrée du roi dans la ville, naissance d’un dauphin,
haut fait d’armes, catastrophe naturelle ou fait divers, de préférence sensationnel...
Le colporteur qui diffuse ces brochures est un personnage familier à la ville comme à la campagne.
Pourchassé par les autorités qui le soupçonnent souvent de transporter des écrits prohibés, il est l’objet
d’une réglementation stricte. A la ville, il offre ses marchandises sur un étalage de fortune. Dans la
campagne, il accomplit un parcours périodique identique desservant les régions parfois même très isolées.
LES ALMANACHS
_________________
Prenant le relais des occasionnels, ces livrets de petite taille, à la couverture bleue et vierge, connurent un
développement considérable. On les achète alors pour un ou deux sous.
Leurs rôles : édifier, distraire, être utiles. La littérature religieuse y est très abondante.
S’adressant à un public peu ou pas lettré, l’almanach est probablement le livre le plus anciennement
répandu dans les campagnes, celui qu’on peut posséder sans savoir bien lire. D’abord simple calendrier et
ouvrage d’astrologie, il devient ensuite l’encyclopédie du pauvre, regroupant l’essentiel de ce qu’il faut
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
savoir pour vivre, cherchant à divertir et à instruire. L’écolier le déchiffrera dès qu’il aura acquis quelques
rudiments de lecture.
GENRES NOUVEAUX
____________________
Le livre semble avoir quelque peu perdu sa capacité d’innovation du temps de l’humanisme. La boutique
du libraire et l’atelier de l’imprimerie ne sont plus les pôles d’un échange fécond avec l’auteur , que l’on
retrouve plutôt à la cour des grands de ce monde, ou dans certains passages obligés de la gloire littéraire,
comme les salons, ces hauts lieux de la conversation, ou bien encore les académies, en plein essor, si
nombreuses en Italie et en France. Mais cela n’empêche pas le développement de genre inédit. Si le livre
religieux occupe encore plus du tiers de la production, le livre d’histoire, souvent magnifiquement illustré,
privilégie les pouvoirs en place, retraçant par exemple « les entrées royales ». Certains genres littéraires
émergent, comme le roman et le théâtre, qui consacrent le statut social nouveau dont bénéficient les
écrivains, symbolisé par la création de l’Académie française en 1635.
La littérature destinée aux enfants émerge, comme l’œuvre de certains fabulistes et notamment
Jean de La Fontaine
SOURCE : Bruno BLASSELLE A pleines pages histoire du livre, éd. Découvertes Gallimard,
Paris 1997
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
L’ART D’ECRIRE
AU TEMPS DE LA FONTAINE
__________________________
L’écritoire de l’écrivain du 17ème siècle contient : la plume, l’encre, le papier, la cire et le sceau.
Ces petits textes nous donnent quelques indications d’époque sur l’art d’écrire à la plume.
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
Musée Jean de La Fontaine
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LES TYPES D’ECRITURE
________________________
LA CAROLINE
La caroline ou minuscule caroline doit son nom à Charlemagne.
Le renouveau culturel entrepris sous son règne se manifeste, entre autres, dans les scriptoria et favorise une
large diffusion de cette écriture dont le premier exemple date de 778.
L’abbé Alcuin et l’école de Tours participent activement à l’évolution formelle de la caroline, qui se répand
dans toute l’Europe occidentale jusqu’à la fin du XIe siècle. Elle est interprétée au XXe siècle par
E. Johnston, calligraphe anglais qui en crée une version contemporaine.
LA GOTHIQUE TEXTURA
Elle doit son nom au latin textus, tissu. Son aspect est celui d’une trame serrée.
Dès la fin du XIe siècle, l’évolution de la caroline mène vers un nouveau type d’écriture la gothique.
Plus anguleuse que la caroline, elle nécessite moins de place en cette époque où la production de livres et
de textes augmente avec la fondation de nouvelles universités, alors que le parchemin se fait rare.
La gothique textura succède à la gothique primitive. Il s’agit d’une écriture livresque,
très usitée du XIIIe au XVe siècle.
D’autres styles de gothiques voient le jour : la rotunda, la gothique cursive et la gothique bâtarde, puis la fraktur.
LA CHANCELLERIE
La cancellaresca, ou écriture de chancellerie, doit son nom au style utilisé dans les actes émanant de la
chancellerie du Vatican.
La cancellaresca est née au début du XVIe siècle en Italie, elle semble découler directement de la cursive
humanistique qui rompt avec la morphologie des gothiques et s’inspire de la caroline. Ecriture officielle au
Vatican, elle se développe par la suite dans les milieux administratifs et intellectuels avant de se propager
en Europe. Les célèbres maîtres d’écriture Arrghi dit Vicentino, Tagliente ou Palatino ont créé chacun leur
style de chancellerie, dont les modèles furent souvent gravés dans le bois et plus tard sur cuivre
avant d’être imprimés.
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
LES MAJUSCULES
LES MINUSCULES
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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine
_________________________________________
QUAND LA FONTAINE ECRIT
MUSEE JEAN DE LA FONTAINE
12 Rue Jean de La Fontaine
02400 CHATEAU-THIERRY
Tél
Fax
0033- 03 23 69 05 60
0033- 03 23 83 35 61
[email protected]
www.musee-jean-de-la-fontaine.fr
Courriel musée : [email protected]
Courriel réservations scolaires : [email protected]
Document reproduit par le Service Imprimerie de la ville de Château-Thierry
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