Note de présentation du projet

Transcription

Note de présentation du projet
La Cie L’individu
NOTRE DALLAS.
Un projet écrit et dirigé par Charles-Eric PETIT
Acteurs :
Thomas Cérisola
Guillaume Clausse
Roxane Cleyet-Merle
Tonin Palazzotto
Elisa Voisin
« Généré ou Auto créé, voilà notre question. »
Note de présentation du projet
Ecrire à partir d’une matière que nous connaîtrions tous.
L'occasion d'un projet, de la réalisation d'un objet de théâtre polymorphe.
C’est ainsi qu’arriva la fameuse série télévisée : Dallas.
Dallas, un nom qui flotte du lointain des Etats unis et de ses 30 ans d'âge au dessus
de nous. Mais c'est pourtant en France que JR, Sue Ellen, Pam, Bobby, Lucy et Cie
sont - ont été - chez nous, dans notre cuisine, notre salon ou salle à manger, invités
quotidiennement au repas familial.
Comme nombre de gens de ma génération, je ne connaissais pas vraiment cette
série, je ne l’ai (je crois) jamais regardée, mais (phénomène étrange) je connaissais
parfaitement le nom des protagonistes, la musique du générique et la trame
globale. Aussi mince soit-elle, Dallas occupait une place dans mon imaginaire sans
que je ne l’y aie, à aucun moment, conviée. C’est aussi le cas de tous les amis que
j’ai interrogés et qui appartiennent à ma génération…
Le projet
Il naît de cette intuition, mais est le fruit d’une réflexion engagée depuis deux ans sur
ce que Cornelius Castoriadis appelle : « l’imaginaire collectif ».
Nous recevons bien sûr un héritage traditionnel, familial, mais aussi cette
monstrueuse forme de culture aux membres médiatiques communément appelée la
« Culture de masse ». Il faut bien reconnaître l’importance de cette dernière qui, si
elle n’a rien à voir avec le "sens commun", communitarise des personnes à échelle
mondiale.
"La question de savoir « comment l'être humain pourrait devenir
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un être humain vrai ou véritable » est inéluctablement
posée comme une question de médias,
si nous entendons par "médias" les moyens de communions
et de communication par l'usage desquels les humains
se cultivent eux-mêmes pour devenir ce qu'ils peuvent être et ce qu'ils seront."
Peter Sloterdijk, Règles pour le parc humain.
Je constate alors que Dallas fait partie du legs générationnel, que cette série existe
en moi par transmission, fruit culturel d’un héritage collectif :
Il s’agit d’abord d’un phénomène social
Dallas est le premier feuilleton fleuve, matrice de ses avatars qui hantent les chaînes
hertziennes aux heures calibrées du goûter, du repas, ou encore du repassage.
Les Ewing et les Barnes, deux familles texanes, exploitants de pétrole, s'affrontent à
coups de mensonges, manigances et autres traquenards.
Tout a commencé quand Jock Ewing, le patriarche de la famille, a volé à Digger
Barnes sa fiancée et les puits de pétrole qu'ils avaient découverts ensemble. Depuis,
la haine se transmet de père en fils et survit à toutes les tentatives de réconciliation.
Une dimension sociale et historique
La série a débuté en 1978 aux Etats-Unis. Chez nous elle est arrivée en 1980.
Aujourd'hui, elle revient toujours régulièrement à l'antenne.
L’aspect suranné de la série nous permet à la fois de prendre le recul nécessaire
avec l’objet télévisuel tout en considérant et en jouant sur les thématiques qui nous
concernent encore : le frottement de la sphère privée avec la sphère publique au
cœur du foyer capitaliste. Les premières réflexions m’emmènent cependant vers une
esthétique plus ancienne encore : celle des années 50 – Hollywood et sa force
mystificatrice.
Mythes et valeurs
S'il est une valeur qui est mise en avant durant toute la série, c'est bien celle de la
famille.
Comme dans les grands mythes, l’opprobre initial (du domaine privé) se transmet de
manière héréditaire comme un patrimoine dont on ne peut se défaire sous la loi du
Talion. On ne peut s’empêcher de penser à l’Orestie (Cliff Barnes enfilant les habits
d’Egisthe, Sue Ellen de Clytemnestre, J.R, ceux d’Agamemnon…), à la figure
d’Hamlet ou de quelque autre héros shakespearien.
Réécrire Dallas ?
Peut-on parler de ré-écriture lorsqu’il s’agit d’un objet comme celui-ci ?
Et la série Dallas ne serait-elle pas elle-même, d’une certaine façon, une ré-écriture :
celle justement de ces grands mythes, aussi bien inspirée de Shakespeare, lui même
inspiré d’Eschyle.
« Généré ou Auto créé, voilà notre question. »
Il s’agit donc d’un projet faisant directement appel à la volonté de transmission.
Il y a dans cette tentative une entreprise presque archéologique, et la question
assumée du mythe aujourd’hui.
Il s’agit, en effet : d’une écriture générationnelle (nécessairement singulière) de
cette série d’il y a 30 ans, et qui aborde "en plein" la question de l’héritage.
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Comment
La pièce
Notre Dallas, à l’instar de la série, s’inscrit dans la tradition épique, davantage
comparable aux épisodes d’Homère qu’à une œuvre linéaire.
Ainsi, les 3 premiers actes de la pièce possèdent chacun leurs intrigues (directement
inspirées de la série), qui se résolvent toutes avant la fin de chaque acte (cycle ou
épisode).
Invariablement, les trois débutent dans le cadre de cérémonies, et un élément vient
déséquilibrer et perturber le doucereux cosmos familial.
Les 3 actes sont ponctués de scènes oniriques qui dissipent la narration.
Il y a la présence d’un chœur (dont la fonction reste à interroger dans les détails),
dont le rôle principal est de donner des clefs pour accompagner l’action narrative. Il
s’agit d’un chœur contemporain (certainement nous-mêmes) – écrit sur le modèle
du chœur antique – un chœur d’anonymes – communauté radiophonique inspirée
des radios du Sud-Louisiane des années 50.
Il y a aussi, bien sûr : les figures protagonistes (JR, Bobby, Sue Ellen, Pam…), des noms
qui résonnent autant par leurs caractères que : Médée, Richard III ,ou encore
Clytemnestre… dont ils sont certainement les héritiers.
Les acteurs
La pièce réunit 5 comédiens pour 13 personnages, un chœur et des convives.
Guillaume Clausse, Elisa Voisin et Tonin Palazzotto qui jouaient dans les spectacles
précédents, Roxane Cleyet-Merle et Thomas Cérisola qui se joignent à nous pour
cette aventure.
Dans ce projet, les acteurs sont aussi musiciens.
Yann Loric continue à nous suivre à la technique en compagnie de Jean Bourgeois
au son, Emilie Chomel à la lumière et Julien Domon au plateau.
La radio
Dans sa forme, le projet propose un croisement du théâtre avec le média de la
radio. Je pense esthétiquement en premier lieu : à ces radios communautaires du
sud des Etats-Unis qui émettent en continu des annonces de speaker à l’accent
marqué, au discours naïf, un sermon biblique qui précède les Andrews Sisters avec
leur tube sirupeux : « Rum and Coca Cola »... Voilà matière à donner le corps sonore
de notre Dallassie (comme dit Florence Dupont) aux airs de Country, genre musical
à l’orée du blues, rock, boogie… genèse des futurs genres hégémoniques...
Assez naturellement est ainsi née l’idée de signifier scéniquement un "studio de radio
à l’ancienne", lieu de notre chœur contemporain où l’on jouerait des morceaux de
musique en direct (formation « guitare basse batterie » reliés à des enceintes de
radio), lieu de la communauté où la parole est possible – boite aux bruits du monde,
libre d’images.
La radio n’est pas non plus sans rappeler l’origine du feuilleton qui, avant de passer
par la télévision, était présent sur les ondes à travers des fictions radiophoniques (qui
existent encore et que j’affectionne) et qui trouve sa cohérence avec l’objet de
Dallas même.
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Concrètement
Après plusieurs temps de résidences, la création a vu le jour en janvier 2009 au
théâtre Gyptis à Marseille.
La pièce fut ensuite donnée à Munster, à Skopje, Vierzon, Aix en Provence, Cannes
et Marseille.
Un projet satellite "La Chambre de Sue Ellen" (Installation Théâtrale) a vu le jour à
l’occasion du festival des Rencontres// en avril 2009 à Marseille. Nous avons aussi
collaboré avec Radio Grenouille qui proposa un objet radiophonique à l’occasion
de la création du spectacle.
Le spectacle a reçu l’aide financière du théâtre du Gyptis et du Théâtre des
Bernardines, Association Kom’nAct, à Marseille, du 3bisF à Aix en Provence, du
Théâtre Mac Nab à Vierzon, du Conseil Général des Bouches du Rhône, de la région
PACA et de la Ville de Marseille.
Autres partenaires : La Chartreuse, La Tannerie, Librairie Histoire de L’œil, Théâtre des
Argonautes, Espace Culture, Radio Grenouille, Montévidéo, Festival Premiers Actes,
Festival Rencontres//
Vous pouvez consulter et laisser vos commentaires sur le blog créé pour ce projet :
www.projetdallas.over-blog.com.
Outres les dates en France, des négociations sont en cours pour jouer le spectacle à
Bruxelles, Rabat, Berlin et New-York (Une traduction anglaise a été réalisée par
Jérôme Nunes).
La compagnie l’individu
La compagnie est principalement constituée d’anciens élèves de l’Ecole régionale
d’acteurs de Cannes et travaille essentiellement à partir de textes écrits et dirigés
par Charles-Eric Petit.
A l’occasion d’une première résidence au Théâtre des Bernardines, elle crée Le Fruit
de la Discorde en septembre 2005.
Le Di@ble en Bouche est la deuxième création écrite et mise en scène par CharlesEric Petit avec la collaboration d’Elisa Voisin. Après une maquette au théâtre des
Bernardines à Marseille, au JTN et à Naxos Bobines à Paris, ce spectacle a été répété
et joué sur la saison 2006-2007 au Théâtre Montsabré à Blois, à La Tannerie à Barjols, à
l’Odéon/ateliers Berthier dans le cadre du festival Berthier’07, puis au théâtre des
Argonautes à Marseille.
La direction artistique de la compagnie est assurée par Charles-Eric Petit en
collaboration avec Elisa Voisin et Guillaume Clausse.
A l’écoute du mouvement du théâtre et des interactions que cela génère, la
compagnie cherche à initier des laboratoires de recherche et faire naître des
collaborations.
Elle propose également des petites formes de « lecture-concert » ou « lecturephotographique » à partir de textes de Charles-Eric Petit et avec le concours
d'artistes qui collaborent avec la compagnie.
Contact
Association Le Fruit de la Discorde - Compagnie L’Individu
48 rue de Tilsit - 13006 Marseille
Site : www.lindividu.org - Email : lindividu.info@ gmail.com
Direction artistique : Charles-Eric Petit 06 87 07 19 94
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